lundi 30 septembre 2013

3860 - rompre le combat

... à la cinquième salve du Sheffield, trois projectiles de 152mm trouvent leur chemin jusqu'au Hipper.

L'un explose dans une chaufferie, faisant immédiatement chuter la pression et ramenant la vitesse du croiseur allemand à 23 nœuds; un deuxième obus le traverse quasiment de part en part sans exploser, alors qu'un troisième pulvérise le hangar à avions et déclenche un début d'incendie.

Aussi consternants soient-ils, ces dégâts n'ont cependant rien de décisif : les canons de 203mm du Hipper demeurent en effet opérationnels, et ceux-ci, alliés aux pièces de 280mm du Lützow - que l'on sait quelques kilomètres plus au sud - seraient parfaitement en mesure de tenir tête aux 152mm des croiseurs anglais, faisant alors de la "Bataille de la Mer de Barents" un classique affrontement à deux contre deux, où les Allemands bénéficieraient par ailleurs d'un sérieux avantage en portée comme en puissance de feu.

Seulement voilà, les Anglais, eux, ont l'avantage de tirer au radar,... et les Allemands le handicap d'ignorer totalement à quoi ils ont réellement affaire : après tout, si deux croiseurs anglais ont pu s'approcher à moins de 13 000 mètres sans que personne ne les aperçoive dans le camp allemand, rien ne dit que d'autres croiseurs anglais, voire même un cuirassé, ne se trouvent pas à proximité, tapis dans la pénombre ou, pire encore, déjà occupés à couper la retraite vers l'Altenfjord...

Aussi, à 11h40, au moment-même où le Lützow, qui ignore tout de cette nouvelle situation, se décide enfin à ouvrir le feu sur le convoi, le Hipper décide-t-il pour sa part de rompre l'engagement et d'abattre vers le sud-ouest, en rappelant ses destroyers d'escorte au passage...

dimanche 29 septembre 2013

3859 - la surprise

... sans nouvelle du JW-51B, qu'ils recherchaient beaucoup trop loin au nord, les Sheffield et Jamaïca ont finalement été aiguillés dans la bonne direction par les premiers messages de détresse.

Reste néanmoins à retrouver le convoi dans l’immensité de la Mer de Barents et, surtout, dans les détestables conditions de visibilité de l'hiver arctique.

Heureusement pour eux, les deux croiseurs anglais disposent d'un sérieux atout dans leur manche, ou plus précisément de radars bien plus efficaces que ceux de leurs adversaires allemands.  Et de fait, peu après 11h00, les opérateurs britanniques repèrent les échos de deux bâtiments (1), que les vigies aperçoivent bientôt en train de tirer sur d'autres navires situés dans leur sud.

A 11h30, le Sheffield, rapidement imité par le Jamaïca, ouvre le feu sur l'écho le plus fort, en l’occurrence le Hipper, distant d'environ 13 000 mètres

Sur le croiseur allemand, c'est la stupéfaction : personne ne s'attendait à une attaque venue de cette direction, et personne, du reste n'avait repéré quoi que ce soit ! Pour ne rien arranger, les quatre tourelles de l'allemand sont pointées sur tribord, puisqu'occupées à tirer plein sud, vers le destroyer Obedient, alors que les obus qui s'abattent maintenant sur lui proviennent de babord, donc du bord opposé.

Le temps de les faire pivoter et de répliquer à cette nouvelle menace, que le Sheffield, qui en est déjà à sa quatrième salve, a eu tout le loisir de régler son propre tir...

(1) le second écho était celui d'un des destroyers d'escorte allemands accompagnant le Hipper

samedi 28 septembre 2013

3858 - l'attrition

... les Allemands craignent les torpilles difficilement repérables - donc difficilement évitables - des destroyers britanniques, ce qui les empêche d'attaquer le JW-51B avec la détermination qui conviendrait.

Décidés à ne courir aucun risque, le Hipper et Lützow, qui disposent de pièces de 203 et 280mm à longue portée, se contentent donc, depuis maintenant plus de deux heures, de manœuvrer de manière à maintenir leurs petits adversaires à une distance telle qu'ils ne soient pas en mesure de lancer leurs torpilles, ni même de les canonner avec leurs modestes 100 et 120mm

Et cette prudente tactique d'attrition commence à porter fruits puisque les escorteurs anglais, victimes de coups directs ou à proximité du Hipper comme du Lützow, ces escorteurs sont occupés à succomber l'un après l'autre.

Le Bramble a déjà été envoyé par le fond et l'Achates n'est plus qu'une épave bientôt condamnée à l'y rejoindre. L'Onslow, qui a perdu ses deux tourelles avant, est hors de combat et, bien que toujours opérationnels, l'Obediant et l'Obdurate ont également subi divers dommages.

Encore une heure, et toute résistance digne de ce nom aura cessé, ce qui permettra enfin aux deux navires allemands, et à leurs bâtiments d'escorte, de pulvériser les cargos à leur aise, et de faire ainsi du JW-51B un nouveau PQ-17.

Mais c'est alors que la Chance, qui a toujours été une maîtresse fort versatile, se décide à changer de camp...

vendredi 27 septembre 2013

3857 - le retour du Hipper

... 11h40

Peu après 11h00, et après un énième changement de cap, le Hipper a en effet repris la direction du convoi, lequel est toujours noyé par les torrents de fumée vomis par ses plus petits escorteurs et en particulier par l'Achates qui, bien que déjà endommagé par ce même Hipper une heure auparavant, n'en continue pas moins sa mission.

A nouveau pris pour cible vers 11h15, le malheureux destroyer britannique encaisse cette fois un coup direct, qui tue tout le personnel de passerelle en même temps qu'une quarantaine de marins, prélude à une lente agonie qui va se prolonger jusque 13h30 lorsque l'Achates, s'avouant enfin vaincu, chavirera soudainement par bâbord, emportant plus de la moitié de son équipage dans la tombe (1)

Pour les pointeurs du Hipper, et après la destruction du Bramble, c'est un succès de plus, et un succès qui leur permet d'ailleurs de reporter leur tir sur l'Obedient, que plusieurs salves encadrent, sans néanmoins lui causer de dommages, à partir de 11h25.

Pour autant, l'amiral Kummetz a peu de raisons de s'estimer satisfait puisque le Lützow, loin de profiter de l'aubaine, se contente, comme nous l'avons vu, d'effectuer de forts inutiles ronds dans l'eau, n'ouvrant finalement le feu que vers 11h40.

Encore le dit feu s'avère-t-il particulièrement inefficace puisque les pointeurs du Lützow, plutôt que de se concentrer sur une seule cible, ne cessent d'alterner entre les cargos du convoi et leurs escorteurs, avec pour résultat de ne causer de sérieux dommages à personne...

(1) 81 survivants seront recueillis par le chalutier armé Northern Gem

jeudi 26 septembre 2013

3856 - la chance passe...

... bien plus que l'ivresse du combat, c'est plutôt l'indécision, pour ne pas dire la crainte, qui règne sur la passerelle du Lützow.

Aussitôt après la conclusion - que chacun espère évidemment favorable - de Regenbogen, il est en effet prévu que le Panzerschiff prenne la route de l'Atlantique pour ce qui constituerait alors la première sortie d'un grand navire de ligne allemand depuis le Bismarck, en mai 1941.

Pour ce faire, il est cependant impératif d'économiser les munitions, donc de ne tirer qu'à coup sûr sur les cargos du JW-51B. Et c'est bien là le problème puisque les conditions météorologiques,... et l'écran de fumée que le destroyer Achates continue de tendre avec obstination, réduisent la visibilité à presque rien.

Pour tout arranger, l'efficacité du radar allemand, déjà fort limitée, est elle-même considérablement entravée par les bourrasques de neige en sorte que, dans ces conditions, chacun craint de tirer à côté ou - bien pire ! - de toucher un des navires amis - le Hipper ou un de ses destroyers d'escorte - que l'on sait dans les parages mais dont on ignore la position exacte.

Stange, qui a reçu pour instructions de ne prendre aucun risque, laisse donc passer sa meilleure chance et ce n'est que vers 11h40 que, profitant d'une brève éclaircie, les pointeurs allemands ouvrent enfin le feu en direction du convoi qui, entre-temps, a de nouveau vu le Hipper revenir à la charge...

mercredi 25 septembre 2013

3855 - quand le Lützow entre en scène

... 11h00

Peu avant 11h00, les vigies de la corvette Rhododendron aperçoivent de la fumée, et bientôt un grand bâtiment de surface, venant du sud-ouest.

Avec 900 tonnes, un seul et ridicule canon de 100mm, et une vitesse de seulement 16 nœuds, la corvette n'est évidemment pas de taille à affronter quelque navire allemand que ce soit, et a fortiori un Panzerschiff de 12 000 tonnes doté de six pièces de 280mm, ce pourquoi le Rhododendron se contente de donner l'alerte... aux destroyers qui, plus loin au nord, sont eux-même occupés à barrer la route à un possible retour du Hipper

L'Obedient, l'Obdurate et l'Orwell se précipitent donc vers le sud mais, même à leur vitesse maximale, il leur faudra de longues minutes pour arriver à portée du Lützow et de ses propres destroyers d'escorte, lesquels, dans l'intervalle, bénéficient donc d'une formidable opportunité pour massacrer les cargos sans défense.

Pourtant, à la surprise générale, le Lützow, qui est à présent à moins de 5 000 mètres du convoi, le Lützow ne tire pas !

Les pointeurs allemands sont, il est vrai, terriblement gênés par des conditions de visibilité détestables et encore agravées par une tempête de neige qui fait écran au radar - par ailleurs fort rudimentaire - de leur Panzerschiff; un Panzerschiff que son commandant, le capitaine Stange doit de son côté préserver de tout danger selon les directives de l'État-major et d'Hitler lui-même...

mardi 24 septembre 2013

3854 - le mystère Bramble

... 10h35

Après avoir laissé l'Onslow en flammes, le Hipper s'est éloigné de quelques kilomètres vers le nord-est mais, vers 10h35, ses pointeurs ont la surprise de voir apparaître un nouveau navire de guerre britannique, qu'ils prennent d'abord pour un destroyer, ou peut-être un frégate, mais qui s'avère finalement n'être qu'un banal et fort peu dangereux dragueur de mines.

C'est le Bramble qui, le 29 décembre, en début d'après-midi, était parti à la recherche des traînards du JW-51B  et qui, en guise de cargos égarés, vient carrément de découvrir un croiseur lourd allemand !

Le Hipper ouvre immédiatement le feu sur le Bramble, lequel s'empresse de répliquer, mais que peut faire un dragueur de mines de 900 tonnes équipé de deux ridicules canons de 105mm contre un croiseur lourd de 18 000 tonnes doté de huit pièces de 203mm ?

En quelques salves, le malheureux Bramble est transformé en amas de ferraille, que le Hipper délaisse aussitôt pour le confier au destroyer Z-16 Friedrich Eckoldt, lequel l'envoie bientôt par le fond avec tout son équipage de quelque 120 officiers et marins

Il n'y a aucun survivant.

Inconnu des Britanniques, qui l'ont simplement porté disparu, le sort exact du Bramble ne sera connu qu'après la fin de la guerre et l'ouverture des archives allemandes mais, aujourd'hui encore, l'histoire des dernières heures de ce petit dragueur de mines demeure un mystère : qu'avait-il fait et pourquoi n'avait-t-il donné aucun signe de vie durant près de 48 heures ?

Et pourquoi s'était-il finalement retrouvé là, c-à-d au mauvais endroit et au pire moment possible...

lundi 23 septembre 2013

3853 - le chat et les souris

... 10h15

 A 10h15, il y maintenant une demi-heure que le Hipper joue au chat avec les souris britanniques, faisant mine de se rapprocher du convoi, échangeant quelques salves avec elles,... puis rompant le combat dès que celles-ci se mettent à leur tour à feindre une attaque à la torpille.

A ce petit jeu, et même si  le véritable but de Kummetz consiste tout simplement à attirer l'escorte loin du JW-51B, le Hipper, avec ses canons de 203mm, est néanmoins en mesure d'infliger de sérieux dommages à ses adversaires, et en particulier à l'Onslow qui, frappé par un coup direct peu avant 10h20, perd ses deux tourelles avant et se retrouve en flammes.

A 10h30, le Hipper, qui vient d'être rejoint par ses propres destroyers, se trouve à présent à une quinzaine de kilométres au nord-est du convoi qui, privé de la plus grande partie de ses défenseurs, fait pour sa part route vers le sud,... c-à-d vers le Lützow, lequel n'en est plus séparé que par une douzaine de kilomètres.

Le plan Regenbogen se déroule donc comme prévu, et l'amiral Kummetz a d'autant plus de raisons d'être satisfait qu'un invité-surprise va bientôt faire les frais de la puissante artillerie du Hipper et disparaître avec tout son équipage, aussi mystérieusement qu'il était apparu...


dimanche 22 septembre 2013

3852 - échapper aux torpilles

... avec leurs modestes canons de 120mm, les destroyers britanniques ne peuvent pas grand-chose contre un navire dix fois plus lourd qu'eux et armé de pièces de 203mm.

Mais ils disposent néanmoins d'armes qui, bien qu'à usage unique, n'en sont pas moins potentiellement mortelles contre un croiseur comme le Hipper : des tubes lance-torpilles de 533mm.

Lancées à vue, et courant à faible profondeur, ces torpilles sont en principe repérables, donc évitables,... si les conditions de mer et de visibilité sont bonnes.

Mais en Mer de Barents, et dans l'hiver arctique, suivre le lancement puis la trajectoire d'une torpille en immersion relève de la mission impossible !

L'amiral Kummetz le sait, tout comme il sait que l'impact d'une torpille, ou même de plusieurs, ne suffirait pas à couler son croiseur de 18 000 tonnes, mais pourrait en revanche le ralentir considérablement,... et donc en faire une proie facile pour les croiseurs ou les cuirassés britanniques rameutés par les messages de détresse du convoi.

Pour échapper à cette menace, le Hipper décide donc de cesser le feu et d'abattre vers le nord-est.

Pour Kummetz, ce n'est cependant que partie remise, et de toute manière, son rôle se limite en fait à attirer, et occuper, les escorteurs britanniques en sorte que le convoi, privé de défenseurs, tombe comme un fruit mûr sous les obus du Lützow...

samedi 21 septembre 2013

3851 - et soudain, le Hipper...

... 09h40

Alors que les destroyers britanniques sont occupés à manœuvrer pour s'interposer entre le convoi et leurs adversaires allemands, la silhouette d'un immense navire émerge soudainement de la pénombre.

Le Tirpitz ? Non : il ne s'agit - si l'on ose dire - "que" d'un croiseur lourd, en l’occurrence l'Admiral Hipper ! Mais c'est tout de même un bâtiment dont la puissance de feu surclasse, et de très loin, celle des destroyers anglais !

De fait, le Hipper ouvre immédiatement le feu... en direction du vieil Achates qui, bien que touché, n'en continue pas moins de couvrir la mer d'un épais nuage de fumée.

Après quelques salves, les pointeurs allemands décident de changer de stratégie et d'orienter leur tir vers le serre-file du JW-51B, l'Empire Emerald , un tanker de 8 000 tonnes bourré d'essence pour avions mais qui en a vu - et en verra (1) -  encore bien d'autres et poursuit donc lui aussi sa route comme si de rien n'était.

La situation n'est pourtant guère tenable ce pourquoi, à 09h45, le convoi tout entier décide d'abattre de 45 degrés vers le sud-est.

Entre-temps, la distance entre les destroyers britanniques et le croiseur lourd allemand est tombée à moins de 10 000 mètres, ce qui permet aux premiers d'ouvrir à leur tour le feu sur le second....

(1) de tous les convois depuis sa mise en service, fin 1941, l'Empire Emerald survivra à la guerre et ne sera ferraillé qu'en 1959

vendredi 20 septembre 2013

3850 - premier contact

... 08h20

A 08h20, par le tribord du JW-51B, les destroyers Hybderabad et Obturate voient soudainement les échos de deux bâtiments inconnus apparaître sur leurs écrans radars.

Peut-être s'agit d'escorteurs soviétiques venus de Mourmansk, ou alors du Bramble accompagné de l'un ou l'autre cargo égaré ? Dans le doute, Sherbrooke décide d'envoyer l'Obdurate en reconnaissance.

A 09h00, les guetteurs du destroyer britannique aperçoivent non pas deux mais bien trois navires en ligne de front.

Quinze minutes plus tard, alors que la distance est tombée à moins de 9 000 mètres, on voit des lueurs apparaître sur les flancs de ces mystérieux bâtiments. Encore quelques secondes, et les premiers obus tombent dans le sillage du britannique, qui vire aussitôt de bord de toute la vitesse dont il est capable.

Les Allemands sont là ! Branle-bas de combat... et au diable le silence radio : maintenant que l'ennemi a découvert le convoi, il importe au contraire de couvrir les ondes de messages de détresse afin de rameuter au plus vite le Sheffield et le Jamaïca, voire même l'Anson, dont chacun connaît la présence dans les parages à défaut d'en connaître la position exacte.

Mais dans l'intervalle, il faut tenir à tout prix ! Rompant la formation, l'Onslow, l'Orwell et l'Obediant se précipitent donc à la rescousse de l'Obdurate, laissant le convoi à la garde des plus petits bâtiments, et en particulier de l'Achates, déjà occupé à vomir des torrents de fumée pour dissimuler les navires du convoi à la vue des pointeurs allemands...

jeudi 19 septembre 2013

3849 - confusion

... 31 décembre 1942, 08h00

Le 27 décembre, les croiseurs Sheffield et Jamaïca, accompagnés de leurs destroyers d'escorte, ont quitté Mourmansk pour se positionner sur la trajectoire du JW-51B et lui offrir protection au cas où la flotte allemande se déciderait pour sa part à sortir de l'Altenfjord.

Mais encore faudrait-il savoir où il se trouve ! Et c'est bien là le problème, puisqu'en raison de la tempête qui a fait rage pendant 48 heures, le JW-51B, non content de se trouver à plus de 100 kms de la position qu'il était supposé occuper, a perdu plusieurs de ses éléments en cours de route, lesquels sont actuellement occupés à errer en Mer de Barents.

Au matin du 31, et après plusieurs changements de cap infructueux, les croiseurs de l'amiral Burnett font désormais route vers le nord-ouest... sans savoir que le convoi se trouve en réalité à quelque 50 kms derrière eux !

Si le destroyer Oribi est quant à lui occupé à faire route isolément vers Mourmansk, le chalutier armé Vizalma et le cargo Chester Valley se trouvent pour leur part à près de 80 kms au nord de ce même convoi où personne - silence radio oblige ne sait par ailleurs où peut bien être le dragueur de mines Bramble, parti à la recherche des traînards près de 48 heures auparavant !

Côté allemand, la situation n'est guère plus claire : si les destroyers qui accompagnent le Hipper ont réussi repérer le convoi, leur chef de file n'a encore rien vu, et le Lützow, qui se trouve à quelque 80 kms dans son sud, ignore quant à lui tout des positions relatives des uns et des autres...

mercredi 18 septembre 2013

3848 - les deux branches de la tenaille

... Mer de Barents, 31 décembre 1942, 05h30

Pour Kummetz, refuser le combat même "contre un ennemi de force égale" pose d'autant plus problème que Regenbogen implique déjà de scinder en deux les maigres forces dont il dispose !

Regenbogen est en effet en action en tenaille : la première branche, menée par Kummetz lui-même, doit remonter vers le nord, puis abattre à l'est vers la dernière position connue du convoi.

En apercevant les bâtiments allemands, les destroyers britanniques devraient alors, en bonne logique militaire, se porter à leur rencontre et se sacrifier afin de couvrir la retraite des cargos,... lesquels, sans le savoir, se précipiteront ainsi vers la deuxième branche de la tenaille, demeurée quelques dizaines de kilomètres en arrière.

A 05h30, le "groupe Hipper" (l'Admiral Hipper et trois destroyers) se sépare donc du "groupe Lützow" (composé du Lützow et de trois autres destroyers) et s'éloigne vers le nord.

Au moment d'abattre à l'est, à 08h00, les deux groupes sont maintenant distants de plus de 100 kms, ce qui est sans doute parfait sur une carte d'État-major mais pose néanmoins un grave inconvénient sur mer et dans l'hiver arctique puisque, totalement invisibles l'un de l'autre, et soumis au silence radio absolu, le Hipper et le Lützow n'ont aucun moyen de coordonner leur attaque ni même de s'échanger la moindre information sur le déroulement de celle-ci... 

mardi 17 septembre 2013

3847 - l'appareillage

... Altenfjord, 30 décembre 1942, 18h00

Vers midi, l'U-354 a donc communiqué la position et le cap du convoi, puis a commencé à suivre ce dernier comme son ombre à travers la Mer de Barents car, compte tenu des conditions de visibilité quasi-nulles, il est en effet  vital de maintenir le contact si l'on veut que le Hipper et le Lützow aient la moindre chance de le rejoindre le lendemain

Dans l'Altenfjord, justement, le branle-bas a sonné sur les navires prévus pour Regenbogen, lesquels appareillent sur le coup de 18h00.

Deux heures auparavant, l'U-354 est cependant passé à l'action, décochant une pleine salve de torpilles... dont aucune n'a pourtant réussi à trouver sa cible. Nullement découragé, le sous-marin allemand a alors fait surface mais, repéré par l'escorte britannique, a bien vite été contraint de replonger et de renoncer à une nouvelle attaque.

Sur le Hipper, qui remonte à présent vers le nord-est, l'amiral Kummetz est occupé à peaufiner ses plans... et à trouver le moyen de concilier sa volonté d'en découdre avec les ordres très stricts reçus de l'État-major, lesquels lui interdisent non seulement d'engager le combat "contre un ennemi supérieur en force" mais même, selon un télégramme reçu à peine une demi-heure après l'appareillage, de l'engager "contre un ennemi de force égale attendu qu'il n'est pas souhaitable pour les croiseurs [allemands] de courir des risques"

Comment faire la guerre dans ses conditions...

lundi 16 septembre 2013

3846 - rassembler les traînards

... 29 décembre 1942

Dans la matinée du 29 décembre, le capitaine Sherbrooke, qui commande l’escorte rapprochée du JW-51B et a son pavillon sur le destroyer Onslow, décide de profiter d'une accalmie pour tenter de rassembler les navires de son convoi qui, depuis deux jours, se sont éparpillés sur des dizaines de kilomètres carrés de mer en furie.

Ironiquement, le navire le mieux équipé pour cette tâche, c-à-d celui qui dispose du meilleur radar, n’est autre que le Bramble, un minuscule dragueur de mines de seulement 900 tonnes !

Vers 12h30, alors qu’ils sont eux-mêmes occupés à nettoyer les ponts des tonnes de glace qui s’y sont accumulées, les équipages des cargos voient donc le Bramble quitter la formation pour se mettre à la recherche des traînards.

Ils ne le reverront plus.

Le lendemain matin, alors que le chalutier armé Vizalma, dont on était sans nouvelle depuis deux jours, vient pour sa part de découvrir et de rallier le cargo Chester Valley, aussi isolé et perdu que lui dans l'immensité arctique et à des dizaines de kilomètres au nord du convoi, Sherbrooke décide d’envoyer un second bâtiment - le destroyer Obdurate - à la recherche des disparus.

Presque au même moment, le sous-marin U-354, après plusieurs jours de patrouille, voit lui-même ses efforts enfin récompensés en apercevant le convoi à quelque 150 kms au sud de l’Île aux Ours...

dimanche 15 septembre 2013

3845 - la tempête

... Loch Ewe, 22 décembre 1942

La première victime d’une bataille est toujours le plan de la bataille, et c’est particulièrement vrai sur mer, où les conditions météorologiques dictent leur loi bien plus souvent - et plus efficacement ! - que les amiraux.

Le 22 décembre, le convoi JW-51B appareille du Loch Ewe à destination de l’Islande. Le jour de Noël, rejoint par son escorte, il met le cap sur Mourmansk mais, deux jours plus tard, le voilà au beau milieu d’une violente tempête qui va bouleverser les plans des Britanniques comme des Allemands et faire de ce que l'Histoire appellera la "Bataille de la Mer de Barents" le parfait exemple du combat où personne ne sait où se trouve l’adversaire, et où tout le monde tire de partout mais sans jamais savoir sur quoi ni sur qui !

Le 28 décembre, à mi-chemin entre l’Île Jan Mayen et l’Île aux Ours, leurs ponts couverts de glace, cargos et escorteurs se retrouvent à présent dispersés sur des kilomètres carrés de mer déchaînée.

Le lendemain, alors que le vent se calme enfin, le Daldorch a vu une bonne partie de son pont emportée par une lame mais cinq autres cargos manquent carrément à l’appel, de même que deux escorteurs : le chalutier armé Vizalma et, surtout, le destroyer Oribi, un 1 500 tonnes de la classe "O" qui, en panne de gyrocompas, et ayant perdu tout contact avec le convoi durant la nuit, s’est retrouvé le lendemain seul sur la mer, et a décidé de prendre ce qu’il pense être le cap vers Mourmansk...

samedi 14 septembre 2013

3844 - une escorte conséquente

... côté britannique, et bien que moitié moins imposant que les PQ-17 ou PQ-18, le JW-51B, qui appareillera du Loch Ewe le 22 décembre, va disposer d’une escorte que l’on peut qualifier de conséquente.

Comme toujours, celle-ci se déploiera sur plusieurs niveaux, plus ou moins proches du convoi lui-même.

A partir de l’Islande, la force la plus rapprochée, car directement intégrée au convoi, comprendra six destroyers (dont l’Onslow, victorieux du U-589 en septembre), deux corvettes, un dragueur de mines - le Bramble - et deux chalutiers armés (dont le Northern Gem, survivant du PQ-17).

Une première force de soutien, articulée autour des croiseurs légers (1) Sheffield et Jamaïca, accompagnés de deux destroyers, se tiendra pour sa part prête à intervenir en Mer de Barents, et une seconde, qui comprend le cuirassé Anson, le croiseur lourd Cumberland et trois destroyers, se positionnera à l’est de l’Île aux Ours.

Compte tenu des conditions de visibilité et de mer anticipées, aucun porte-avions - fut-il d'escorte - ne sera du voyage mais la Royal Navy pourra néanmoins compter sur six sous-marins, qui patrouilleront au large du Cap Nord et même, en cas de besoin, sur les six destroyers affectés à l’escorte du convoi retour (RA-51) qui appareillera de Mourmansk vers l’Angleterre le 30 décembre.

(1) rappelons une fois de plus que le qualificatif "léger" ou "lourd" accolé aux croiseurs désigne le calibre de leur artillerie (152 ou 203mm) et pas leur tonnage proprement dit




vendredi 13 septembre 2013

3843 - à moitié

... si Regenbogen offre de nombreuses similitudes avec Rösselsprung, sa principale différence réside hélas dans la faiblesse des moyens dont disposent à présent les Allemands.

Seule une demi-douzaine de sous-marins - c’est moitié moins qu’en juin - est en effet disponible pour attaquer mais aussi, et peut-être surtout, pour repérer un convoi qui, contrairement au mois de juin, bénéficiera quant à lui du couvert de la nuit arctique pour se soustraire aux regards car, à cette époque de l’année, et sous ces latitudes, on peut tout au plus compter sur deux à trois heures de relative clarté par jour !

Si on y ajoute le fait qu’avec seulement quinze cargos le JW-51B est lui-même moitié moins important que les PQ-17 et -18, donc bien moins visible qu’eux sur la mer, et que la Luftwaffe, elle-même réduite dans ses moyens et ambitions, aura bien du mal à mettre en l’air les quelques avions d’observation dont elle dispose, le repérage du convoi, de son escorte, et le relevé de leur positions, caps et intentions respectives, s’annoncent donc tout sauf évidents.

Mais la flotte de surface, stationnée dans l’Altenfjord et tributaire de ces renseignements pour son appareillage, est également moitié moins puissante qu’en juin-juillet, puisque se résumant en fait au croiseur lourd Admiral Hipper, au Panzerschiff Lützow et à une demi-douzaine de destroyers (1) qui, pour ne rien arranger, devront se répartir en deux forces égales mais séparées, l’une se chargeant de détruire le convoi proprement dit, et l’autre de distraire son escorte de destroyers...

(1) bien que lui aussi disponible dans l'Altenfjord, le croiseur léger Köln ne devait pas participer à cette opération



jeudi 12 septembre 2013

3842 - l'arc-en-ciel

... pour intercepter le JW-51B, la Kriegsmarine a mis sur pieds un plan qui, et c’est bien tout ce qu’on peut en dire, ne brille pas vraiment par son originalité

De fait, "Regenbogen" ("arc-en-ciel") ressemble à s’y méprendre à une version réduite du "Rösselsprung" du printemps précédent.

Avec la collaboration forcée d’une Luftwaffe toujours aussi désireuse de tirer son épingle du jeu sans tenir compte des marins, la Kriegsmarine va donc tendre un barrage de sous-marins au large de l’Île aux Ours, point de passage obligé pour entrer en Mer de Barents.

Sitôt le convoi repéré, par des avions ou des sous-marins, la flotte de surface, stationnée dans l’Altenfjord, doit prendre la mer et, tout en repoussant les navires d’escorte britanniques, détruire tous les cargos qui se retrouveront à sa portée,... avant de battre elle-même en retraite afin d’échapper aux cuirassés et aux croiseurs que la Royal Navy ne va évidemment pas manquer d’envoyer à la rescousse du JW-51B dès les premiers coups de canons.

Voilà pour la théorie.

Mais en pratique, et sans même parler des sempiternelles réticences du Führer à exposer ses rares (et précieux) navires de surface, l’affaire ne s’annonce pas sous les meilleurs augures...

mercredi 11 septembre 2013

3841 - rater le coche

... face à ce nouveau "JW-51A", et après ses propres pertes contre le PQ-18, l’Allemagne peut théoriquement compter sur une dizaine de sous-marins, une grosse centaine de bombardiers-torpilleurs Junkers 88 et Heinkel 111,... ainsi que sur le Panzerschiff Lützow (1), le croiseur lourd Admiral Hipper, et une demi-douzaine de destroyers qui, une fois de plus tapis dans l’Altenfjord, n’attendent que l’ordre d’appareillage.

Mais si le retour de l’hiver a ramené les convois, il a aussi ramené des conditions météorologiques détestables, en sorte que, durant plus d’une semaine, ni les U-Boot en patrouille, ni les (rares) avions d’observation qui ont pu prendre l’air ne sont en mesure de repérer quoi que ce soit !

A la consternation des marins et des aviateurs allemands, et à la grande fureur d’Hitler, le JW-51 va donc parvenir à rallier l’URSS à la fin du mois de décembre sans subir le moindre dommage !

Qu’ils appartiennent à la Lufwaffe ou à la Kriegsmarine, et à la flotte de surface ou à celle des sous-marins, chacun est bien conscient de l’impérieuse nécessité de réagir au plus vite, et donc de "frapper un grand coup" dès l’arrivée du convoi suivant - JW-51B - qui appareille du Loch Ewe le 22 décembre...

(1) le 23 octobre 1942 le Panzerschiff Admiral Scheer était rentré en Allemagne pour entretien et réparations. Sa place en Norvège avait été reprise par son jumeau Lützow qui, après trois mois de réparations et de tests suite à son échouage du 3 juillet, était arrivé à Narvik le 12 novembre

mardi 10 septembre 2013

3840 - de PQ à JW

... 15 décembre 1942

En cette fin d’année 1942, la réussite du débarquement en Afrique du Nord et, à des milliers de kms de là, le retour de la nuit arctique, semblent à nouveau autoriser la traversée de convois escortés vers l’URSS.

Le 15 décembre, un convoi quitte donc le Loch Ewe à destination de Mourmansk.

C’est un test, et un test à petite échelle puisqu’il ne concerne qu’une quinzaine de cargos, contre près d’une quarantaine aux PQ-17 et PQ-18.

Malgré sa modeste ambition, ce convoi bénéficie néanmoins de la protection d’une vingtaine de navires de guerre, dont le cuirassé King George V, répartis, comme à l’accoutumée, en plusieurs échelons.

Comme pour conjurer le mauvais sort, on a également décidé de rompre avec la tradition des "PQ" au profit de celle - tout aussi poétique - des "JW" - pourquoi faire simple - va même débuter au numéro... 51-A.

Pour compliquer encore un peu plus les choses, les convois de retour, jusque-là codés «QP», ont été rebaptisés... «RA», et débuteront eux aussi au numéro 51...

lundi 9 septembre 2013

3839 - l'éternelle attente de la proie

... automne 1942

Après son échec de septembre, où elle n’a pas été autorisée à prendre la mer pour se lancer à la poursuite du convoi PQ-18, la flotte de surface de la Kriegsmarine espère évidemment prendre sa revanche au passage du convoi suivant.

Mais la décision des Britanniques de suspendre les dits convois jusqu’au retour de l’hiver condamne à nouveau les navires à l’inaction et les équipages à la déprime !

Et ce ne sont certes pas les quelques cargos lancés isolément dans l’Arctique qui vont permettre aux uns et aux autres de se refaire une santé : mobiliser un croiseur lourd de 1 600 hommes ou, a fortiori, un cuirassé comme le Tirpitz et son équipage de 2 000 marins, pour traquer et détruire l’un ou l’autre cargo esseulé, n’aurait en effet aucun sens, surtout si l’on considère la situation déjà dramatique des réserves allemandes de mazout ainsi que la consommation gargantuesque de leurs gros bâtiments de guerre (1)

De fait, tout au long de l'automne 1942, la seule victoire d’un navire de surface allemand sera obtenue par un vulgaire destroyer : le Z-27, un 3 000 tonnes de la classe Narvik qui, le 7 novembre, parviendra à envoyer par le fond le pétrolier soviétique Donbass (2)

Peu de choses donc pour consoler les marins allemands qui, insulte suprême, n’entendront parler du nouveau convoi que les Britanniques s’apprêtent à lancer dans l’Arctique qu’après l’arrivée de celui-ci en URSS...

(1) en seulement 4 jours, la sortie - par ailleurs infructueuse - du cuirassé Tirpitz contre le convoi PQ-12, en mars 1942, avait ainsi coûté 7 000 tonnes de mazout, soit plus de la moitié de la dotation mensuelle de toute la Kriegsmarine en Norvège !
(2) le Donbass était lui-même un rescapé du convoi PQ-17



dimanche 8 septembre 2013

3838 - ... aux résultats très mitigés

... entre le 29 octobre et le 2 novembre 1942, treize cargos (sept britanniques, cinq américains et un soviétique) vont donc appareiller d’Islande.

Séparés les uns des autres par un intervalle de douze heures, ces navires vont chacun prendre la direction de Mourmansk sans autre protection que celle, fort théorique, d’une poignée de chalutiers armés dispersés ici et là tout au long du parcours.

Sur le papier, un cargo isolé dans l’immensité arctique est sans doute moins repérable, et moins tentant, qu’un convoi entier mais, en pratique, cette "Opération FB" ne va donner que des résultats fort mitigés : sur les treize navires partis d’Islande, trois, victimes d’avaries, seront forcés de faire demi-tour, quatre seront coulés par des sous-marins allemands, et un cinquième par des bombardiers de la Luftwaffe, en sorte qu'au décompte final, cinq cargos seulement arriveront à bon port !

Échec pour les uns, réussite pour les autres, FB se situe donc, avec un taux de pertes de 50%, à mi-chemin entre les convois PQ-17 et PQ-18, et représente finalement bien davantage une manœuvre politique qu’une réelle contribution à l’effort de guerre soviétique.

Ses conséquences sur la flotte de surface allemande sont néanmoins importantes...


samedi 7 septembre 2013

3837 - un changement de tactique...

... malgré son relatif succès lors de PQ-18, la Royal Navy n’a pas les moyens de mobiliser une fois encore pareilles forces... et d’autant moins qu’une bonne partie des dites forces - à commencer par le porte-avions d’escorte Avenger - est elle-même requise dans le cadre de la future Opération Torch : le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (1)

Faute d’escorteurs en nombre suffisant, tout nouveau convoi vers l’URSS est donc impossible jusqu’au retour de l’hiver,... mais cela reviendrait alors à concéder la victoire aux Allemands... en plus de scandaliser les Soviétiques, actuellement occupés à mourir par milliers dans Stalingrad !

Une solution existe cependant pour, au moins sauver la face : en revenir à la pratique qui prévalait dans l’Atlantique au début de la guerre, avant l’introduction du système des convois, c-à-d laisser les cargos voyager isolément et sans escorte

A Londres, on estime en effet qu’un cargo isolé dans les immensités arctiques passera bien plus facilement inaperçu des Allemands - et sera bien moins tentant pour eux - qu’un convoi entier, ce qui paraît d’autant plus vrai qu’avec le PQ-18, les forces allemandes de Norvège sont elles-mêmes passablement affaiblies, puisqu'ayant perdu le quart de leurs sous-marins et de leurs bombardiers !

(1) cette opération, menée du 8 au 16 novembre 1942, verra d’ailleurs la fin du porte-avions Avenger, torpillé le 15 novembre au large de Gibraltar par le sous-marin U-155

vendredi 6 septembre 2013

3836 - ... les autres aussi

... côté allemand, les treize navires coulés, et les 66 000 tonnes envoyées par le fond peuvent aussi être considérés comme un victoire, surtout si l'on considère le nombre de bâtiments mobilisés par les Britanniques pour assurer la protection du convoi.

Pour autant, ce résultat est néanmoins très en retrait de celui - il est vrai exceptionnel - obtenu, à peine deux mois plus tôt, au détriment du malheureux PQ-17.

Surtout, les pertes subies - trois sous-marins, une quarantaine de bombardiers-torpilleurs - sont cette fois autrement préoccupantes : l'industrie du Reich a certes les moyens de remplacer les U-Boot coulés et les avions abattus, mais il en va tout autrement des équipages expérimentés, dont l'absence se fera cruellement sentir dans les mois qui vont suivre.

Pour les grands navires de surface de la Kriegsmarine, le problème est cependant tout autre puisque, au grand déplaisir de Kummetz, ni le Hipper ni le Scheer n'ont eu, une fois de plus, l'occasion de prendre la mer pour montrer ce dont ils étaient capables.

Pour l'amiral allemand, ce n'est que partie remise.

Il se trompe.

jeudi 5 septembre 2013

3835 - les uns crient victoire...

... sur les trente-neuf navires marchands du PQ-18 qui ont appareillé d'Islande le 8 septembre 1942, treize (douze cargos et un pétrolier) ont été envoyés par le fond, soit environ 66 000 tonnes sur 230 000, ce qui peut donc être considéré comme un progrès par rapport au PQ-17, qui avait quant à lui perdu vingt-quatre navires sur trente-cinq et 140 000 tonnes sur 200 000.

Lors de la traversée, l'escorte du PQ-18 a également coulé trois sous-marins, et abattu une quarantaine d'avions, ce qui, là encore, se compare favorablement à la demi-douzaine d'appareils (et aucun sous-marin) perdu par les Allemands lors de leurs différentes attaques sur le PQ-17.

Si on y ajoute le fait que, cette fois, le convoi ne s'est pas débandé et, malgré les pertes subies, est au contraire arrivé en bon ordre à Mourmansk, les Britanniques ont sans doute raison de crier victoire.

Pour autant, cette victoire a été acquise à un prix démesuré. La Royal Navy, en cet automne de 1942,  ne peut en effet se permettre le luxe de mobiliser semblable armada à chaque appareillage de convoi vers la Russie : la Méditerranée et, surtout, l'Atlantique sont autrement prioritaires - et vitaux - pour la survie de la Grande-Bretagne.

Pour Churchill, de toute manière, l'essentiel est acquis puisque l'Honneur anglais a été restauré et puisque Staline a reçu la plus grande partie des fournitures militaires qui lui avaient été promises, en sorte que la suspension des convois jusqu'au retour de l'hiver peut désormais être envisagée sans honte...

mercredi 4 septembre 2013

3834 - le lot de consolation

...18 septembre 1942

Victorieux le 13 septembre, mais défaits le 14, aviateurs et sous-mariniers allemands ne sont guère plus chanceux dans les jours qui suivent.

Le 15, toutes les attaques aériennes et sous-marines sont défaites par les bâtiments de l'escorte qui, le 16, parviennent même à envoyer l'U-457 par le fond, vengeant ainsi non seulement la disparition de l'Atheltemplar, mais aussi celles des Christopher Newport (1) et Aldersdale, coulés en juillet par ce même U-457 lors de la traversée du convoi PQ-17 !

Le 18, la Luftwaffe perd trois appareils supplémentaires mais parvient quand même à s'offrir un lot de consolation, sous la forme du Kentucky américain, déjà endommagé lors de l'attaque du 14 septembre.

Mais le lendemain, la partie est terminée puisque le PQ-18 embouche enfin la Baie de Kola, ultime étape avant Mourmansk.

Au bilan final, les Alliés ont donc perdu douze cargos, un pétrolier ainsi que cinq chasseurs Hurricane du porte-avions Avenger, et les Allemands trois sous-marins et une quarantaine d'avions, ce qui, ironiquement, va permettre aux deux camps de crier victoire...

(1) Saviez-vous que... 3420
(2) Saviez-vous que... 3449

mardi 3 septembre 2013

3833 - de la victoire à la défaite

... 14 septembre 1942

A la guerre, la victoire du jour peut fort bien devenir la défaite du lendemain, et le convoi PQ-18 ne va pas faire exception.

Après leur triomphe du 13 septembre, où ils sont parvenus à couler huit cargos en une seule attaque massive, les aviateurs du KG-26 sont donc de retour le lendemain, avec leurs torpilles, leurs Heinkel 111... et la conviction de faire à nouveau carton plein contre le malheureux convois.

Mais cette fois, les Britanniques sont prêts : les Hurricane du porte-avions Avenger ont pris l'air et, sur mer, les destroyers, frégates et croiseurs antiaériens de l'escorte ouvrent un feu d'enfer sur les assaillants contraints, pour larguer leur torpille, de se présenter à très basse altitude et sur un cap constant.


A la fin de la journée, le bilan est lourd... pour les aviateurs allemands, qui ont perdu une vingtaine d'appareils mais ne sont parvenus qu'à endommager l'américain Kentucky et, surtout, à pulvériser le Mary Luckenbach, un 4 000 tonnes bourré de TNT qui, touché par une torpille, se désintègre dans une formidable explosion emportant tout l'équipage... et le Heinkel-torpilleur !

Maigre bilan en vérité... et d'autant plus que la Kriegsmarine n'est pas mieux lotie : si l'U-457 est parvenu, aux toutes premières heures de la matinée, à torpiller le tanker britannique Atheltemplar (qui sera achevé par l'U-408 en début d'après-midi), elle a aussi perdu l'U-589, attaqué par des Swordfish de l'Avenger, et finalement coulé par le destroyer Onslow...

lundi 2 septembre 2013

3832 - l'attaque parfaite

... en quelques secondes, les Keinkel 111 du KG-26 viennent de réussir l'attaque parfaite : à la première ligne de la colonne, le russe Sukhona, le panaméen MacBeth et l'américain Oregonian sont touchés par une ou plusieurs torpilles de même, à la seconde ligne, que le panaméen Afrikander, l'américain Wacosta et le britannique Empire Stevenson.

Et le massacre ne s'arrête pas là, puisque d'autres torpilles frappent également l'américain  John Penn, à la quatrième ligne, et même le britannique Empire Beaumont, qui évolue pourtant à la septième ligne du convoi !

En une seule attaque menée de main de maître, les bombardiers-torpilleurs allemands, bénéficiant il est vrai de circonstances exceptionnellement favorables, viennent de blesser mortellement huit cargos, faisant du 13 septembre 1942 la journée la plus "productive" des forces aériennes allemandes en Norvège !

Dans l'aventure, la Luftwaffe a certes perdu cinq appareils, chiffre néanmoins parfaitement acceptable en regard du résultat obtenu.

Un résultat que les aviateurs allemands espèrent d'ailleurs bien rééditer dès le lendemain... 

dimanche 1 septembre 2013

3831 - le peigne doré

... tirant les leçons de son relatif échec contre le PQ-17, en particulier lors de l'attaque du 4 juillet, le colonel Martin Harlinghausen, commandant du KG-26, a imaginé une nouvelle tactique, dite Goldene Zange, pour ses bombardiers-torpilleurs Heinkel 111

Schématiquement, Goldene Zange, que l'on pourrait traduire par "peigne d'or", consiste à se présenter au ras de l'eau, perpendiculairement au convoi, avec le maximum d'avions placés en ligne de front et larguant leurs torpilles simultanément.

A raison de deux torpilles par avion, une quarantaine de Heinkel, séparés les uns des autres par une trentaine de mètres, peuvent ainsi ratisser - d'où l'image du peigne - un secteur de plus d'un kilomètre de large avec la certitude de toucher plusieurs navires évoluant en convoi.

De fait, le premier usage du "peigne", le 13 septembre 1942, va se révéler pour le moins... percutant, puisqu'après une attaque infructueuse menée par des bombardiers Junkers 88 du KG-30, et qui n'a servi en fait qu'à distraire les défenseurs britanniques, 42 Heinkel se présentent soudain, comme à la parade, par le tribord du PQ-18, sur lequel ils larguent leurs torpilles à environ 1 000 mètres

En les voyant, le commodore du convoi ordonne aussitôt d'abattre sur tribord (2) mais, dans la confusion, la manœuvre n'est pas exécutée...

(1) Saviez-vous que... 3426-3427
(2) la meilleure manière d'éviter une torpille consiste à prendre une route parallèle à sa course, lui offrant ainsi la cible la plus réduite possible