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Churchill, en chasseur maladroit, caricature de 1920 |
Car cette guerre qui se prolonge en Europe, et l'ampleur des pertes que l'on est occupé à subir aux Dardanelles, c-à-d dans une opération qui devait en principe être aussi rapide que facile, ont mis le gouvernement de Herbert Henry Asquith sous pression !
En ces temps difficiles où le pays a plus que jamais besoin de tous ses enfants, ne conviendrait-il pas d’en finir avec les jeux politiques et de former un véritable gouvernement d'union nationale, où l'on offrirait quelques sièges aux Conservateurs, par trop occupés en ce moment à tirer à boulets rouges sur le gouvernement ?
Mais qui dit offrir des sièges aux uns implique nécessairement d'en retirer aux autres, et en particulier à Winston Churchill qui, de plus ardent défenseur d'une attaque sur les détroits est tout naturellement devenu le plus grand responsable de son échec !
Et comme les Conservateurs exigent du reste le départ du Premier Lord de l’Amirauté comme préalable obligé à toute participation, Churchill est sacrifié le 25 mai, et remplacé à son poste par le Conservateur Arthur James Balfour, 67 ans et vieux routier de la politique britannique (1)
"Les Dardanelles l'ont hanté pour le restant de ses jours. Il y a toujours cru. Quand il a quitté l'Amirauté, il se croyait fini… " dira de lui son épouse.
De fait, "l’Affaire des Dardanelles", qui pour beaucoup est devenue synonyme "d’Affaire Churchill", va le hanter durant de nombreuses années. Mais elle va aussi - et on l’oublie trop souvent ! - hanter les dizaines de milliers de malheureux qui auront eu l’infortune d’y participer, et malgré tout la chance d’y survivre.
Car les combats, eux, sont encore loin d’être terminés…
(1) Arthur Balfour est surtout connu pour sa lettre ouverte de décembre 1917, dite "Déclaration Balfour", où l’intéressé, entretemps devenu Ministre des Affaires étrangères, déclare que la Grande-Bretagne se prononce en faveur de l'établissement, en Palestine, d'un foyer national juif.