mercredi 3 avril 2019

5981 - "des forces terrestres seront nécessaires"

Le Canopus, en action dans les Dardanelles : les gros canons ne suffisaient pas...
… 23 mars 1915

Pour l'heure, le principal intéressé, John Michael de Robeck, ne semble en tout cas nullement décidé à baisser les bras

Dans son esprit, il s'agit maintenant de reprendre son souffle, de panser les plaies, et aussi, comme il l'écrit à Churchill le 20 mars,... de profiter du fait que de nombreux marins, rescapés du naufrage des trois pre-dreadnought, se retrouvent disponibles pour remplacer les équipages civils des dragueurs de mines, dont chacun a pu mesurer, depuis le début de cette affaire, à quel point ils manquaient d'enthousiasme à l'idée de risquer leur vie sous la mitraille !

Et Churchill est bien de son avis : dans cette guerre où les hommes ne comptent pas, et où les navires perdus, à l'exception de l'Inflexible - qui n'est d'ailleurs qu'endommagé - étaient de toute manière obsolètes, donc sacrifiables (1) il importe de reprendre l’attaque au plus vite, ce pourquoi informe-t-il de Robeck de sa décision d'en envoyer quatre autres en remplacement !

Reste que de Robeck, comme Carden avant lui, commence à douter : les champs de mines dont on connait l’existence et dont on avait voulu se débarrasser le 18 mars, demeurent largement intacts, et la perte des trois pre-dreadnought, à présent attribuées à des mines, prouve qu’il en existe d’autres, et peut-être aussi d’autres canons et d’autres torpilles, dissimulés en d’autres endroits de cet infernal goulet de plus de 60 kms de long

Rien ne garantit donc qu’une nouvelle attaque connaitrait cette fois un meilleur sort, ce pourquoi, le 23 mars, de Robeck se résout à jeter l’éponge et à reconnaître la défaite de la Marine, en soulignant, dans un télégramme à l’Amirauté, que "des forces terrestres seront nécessaires"...

(1) près de trente ans plus tard, à quelqu’un qui lui faisait observer l’ampleur des pertes subies par la Royal Navy en Crète, Churchill, devenu Premier Ministre, soulignera encore que les bâtiments de guerre "devaient tous être risqués pour le bien commun" car après tout, "pourquoi croyez-vous qu’on les construit ?"

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