vendredi 26 avril 2019

6004 - de la fiction à la réalité

Mules, dans une tranchée de Gallipoli
... dans les films de guerre, et le "Gallipoli" de Peter Weir ne fait pas exception, l'accent est presque toujours mis sur quelques individualités caricaturales - tantôt lâches tantôt héroïques, tantôt clairement conscientes de la situation, tantôt totalement aveugles à celle-ci - et sur des scènes qui font la part belle à "l'action", et en particulier aux combats qui, victorieux ou non, et se soldant au final par le triomphe ou, au contraire, la mort du héros, attirent et retiennent l'attention du spectateur.

Mais la réalité de la guerre de tranchées, spécialement à Gallipoli, c'est d'abord et surtout l'attente, l'ennui et la peur, ainsi que l'odeur omniprésente du moisi, de la transpiration, de l'urine, du vomi et des excréments; c'est aussi la faim et, surtout la soif, et le combat quotidien que l'on mène contre les poux, les mouches ou les rats, en pataugeant en permanence dans un cloaque innommable fait de boue et de déchets humains divers.

Tout cela passe évidemment très mal, et en pratique jamais, à l'écran mais n'en contribue pas moins, et bien davantage que les charges infructueuses, le sifflement des balles ou le fracas des explosions d'obus, à démoraliser les soldats et à les rendre de moins en moins aptes au combat.

L'ennemi, dira-t-on, est confronté à des problèmes semblables, mais là où le soldat ottoman tire encore satisfaction et réconfort dans le fait de résister victorieusement aux étrangers qui envahissent sa patrie et son sol natal, le soldat allié est pour sa part contraint de se battre loin de chez lui, pour une cause dont il perçoit de moins en moins la finalité et l'intérêt, et pour des chefs qui - et c'est bien le moins qu'on puisse en dire - ne lui donnent pas franchement l'impression de savoir dans quelle direction ils s'en vont ni, surtout, comment ils entendent se sortir de l'impasse où ils ont plongé leurs hommes...

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