lundi 22 avril 2019

6000 - "Les Français sont à Koum Kaleh"

Koum Kaleh, sur la rive orientale : une opération de diversion aussi réussie que rapidement soldée
… sur la rive orientale, devant Koum Kaleh, les Français de l’AFO montent dans les embarcations à l’heure prévue, mais le courant s’avérant trop fort pour les canots à moteur qui les tractent, il faut faire demi-tour et solliciter - sous l’œil des Ottomans ébahis ! - l’aide de chalutiers et même de contre-torpilleurs compatissants!

Au bout du compte, le rivage est atteint avec plus de deux heures de retard sur l’horaire prévu, ce qui n’empêche pourtant pas les soldats coloniaux, une fois rendus à pieds secs, d’emporter les positions ennemies les unes après les autres !

Et l’affaire parait en vérité si bien engagée que l’on se verrait bien continuer plus avant,…  n’était le fait que sur l’autre rive, le général Hamilton ne tarde pas à réclamer le retour du contingent français

 "Les Français sont à Koum Kaleh", câble-t-il à Kitchener, "mais je ne puis m’engager plus loin en Asie avant d’avoir réglé la question d’Atchi-Baba (1). Nous ne sommes pas assez forts pour attaquer des deux côtés du détroit."

Et du point de vue militaire, le raisonnement tient parfaitement la route : il n’a en effet jamais été prévu que l’attaque sur la rive orientale soit autre chose qu’une manœuvre de diversion, et au contraire clairement été établi depuis le début qu’une fois cette diversion obtenue, le corps expéditionnaire rembarquerait aussitôt afin de prêter main forte aux opérations du Cap Helles, où les affaires vont indubitablement fort mal.

Mais les batailles se gagnent aussi sur la capacité du commandant-en-chef à saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent, quitte, au besoin, à s’écarter ou même à renoncer au plan prévu, en sorte que l’on est en droit de se demander si, en agissant de la sorte, Hamilton ne se prive pas volontairement de sa meilleure chance de l’emporter à Gallipoli.

La question est cependant, et demeurera à jamais, sans réponses, le contingent français, conformément aux ordres reçus, commençant en effet à rembarquer dès la matinée du lendemain...

(1) colline dominant la Péninsule de Gallipoli et cible principale de l’attaque du 25 avril
(2) Schiavon, op cit, page 67

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellente information sur ce blog...le plus frustrant pour les français (déjà démoraliséss par le naufrage du Bouvet) c'est que le Haut commandement anglais leur a fait évacuer la position fortifiée de Kum Kaleh, conquise au prix du sang...qui sera vite réoccuppée par les Turcs, et, comme liman Von Sanders est tout sauf un idiot, fortifiée à nouveau, équipée d'une artillerie plus moderne , au point de devenir inexpugnable et de faire peser une très sérieuse menace sur les navires s'en approchant de trop près.