mardi 31 mai 2016

4844 - Hexen-Sonderauftrag

L'inventaire des procès en Sorcellerie : une des nombreuses lubies d'Himmler
… encore la création d’une véritable armée parallèle peut-elle finalement sembler raisonnable en regard des autres lubies du Reichsführer qui, pensant ainsi décrédibiliser les églises, a commandé, en 1936, une vaste et très exhaustive étude sur… la Sorcellerie !

L’Hexen-Sonderauftrag ("Projet spécial sur la Sorcellerie"), vise en fait à collecter tous les document et  écrits relatifs aux persécutions menées au fil des siècles par l’Église à l’endroit de ceux et celles soupçonnés de sorcellerie.

"Nous pouvons voir les buchers sur lesquels les dizaines de milliers de corps martyrisés et torturés des femmes et filles de notre Nation sont réduits en cendres à cause de procès en sorcellerie" (1) s’exclame, dans un grand élan lyrique, un Himmler… qui n’hésitera pourtant pas une seconde à en envoyer des centaines de milliers, et même des millions, d’autres dans des fours crématoire simplement parce que Juifs…

Jusqu’en 1944 - donc en pleine guerre ! - pas moins d’une quinzaine de collaborateurs à temps plein vont donc éplucher les archives de toutes les villes et villages allemands, jusqu’à constituer un édifiant dossier de près de 34 000 pages (!)… qui ne serviront jamais à rien, pas plus d’ailleurs que les ouvrages et films prévus sur ce thème mais jamais terminés…

(1) Longerich, op cit, page 224

lundi 30 mai 2016

4843 - le triomphe de l'Irrationnel

La SS finirait par avoir les mêmes tanks que la Wehrmacht. Ici un Tiger 1 en 1944
… pour les observateurs étrangers, et pour les Allemands eux-mêmes, le Troisième Reich peut certes entretenir des comportements d’un autre âge, mais il demeure néanmoins un État moderne, technologique et rationnel, comme le montreront d'ailleurs, et jusqu’à la fin, les images de sa Propagande.

Encore dominante aujourd’hui, cette croyance est pourtant largement erronée, car rien n’est en fait plus irrationnel que le comportement d’Hitler, qui contemple le Reich bien plus qu’il ne le dirige, qui se jette dans des paris de plus en plus risqués, qui planifie de nouvelles conquêtes avant-même d’en avoir fini avec les précédentes, ou qui, à partir de 1942, ne sera même plus intéressé à voir le Monde tel qu’il est, et se perdra dans d’effrayants et interminables monologues qui consterneront jusqu’à ses supporters les plus convaincus.

Et ses féaux, uniquement préoccupés par la volonté d’accroître leur Pouvoir personnel au détriment de l’intérêt supérieur de l’État, ne sont pas en reste, à commencer bien sûr par Himmler, qui ne cesse d’imaginer des moyens pour étendre la sphère d’influence de la SS dans toutes les directions possibles.

Non contente d’avoir mis la main sur toutes les forces de Police du Reich, et sur les camps de concentration, la SS va donc disposer de sa propre Infanterie, et bientôt de ses propres canons, de ses propres tanks, et même, au bout du compte, de sa propre Aviation (!), ce qui, inévitablement, la placera en concurrence avec l’Armée régulière pour l’attribution des crédits, de la main d’œuvre et des ressources disponibles…

dimanche 29 mai 2016

4842 - "Si nous ne faisions aucun sacrifice et ne combattions pas sur le Front, nous perdrions l’autorité morale d’abattre ceux qui, au pays, tentent de se soustraire à leurs obligations et se comportent comme des couards"

… Berlin, 17 aout 1938

Car le 17 aout, en prévision des conquêtes à venir, le Führer a entériné l’existence, mais aussi tenté de définir, cette Waffen-SS réclamée par Himmler depuis plusieurs années.

En pratique, et même si la frontière entre l’une et l’autre est loin d’être étanche, il importe d’abord de distinguer les Einsatzgruppen de la Verfügungstruppe, c-à-d la future Waffen-SS.

Si la première incorpore des agents du SD ainsi que des policiers de la SIPO (Gestapo + Kripo), la seconde, par ailleurs beaucoup plus nombreuse, est, pour l’heure, très majoritairement composée d’hommes des SS-Totenkopfverbände - c-à-d de gardes des camps de concentration, appelés à délaisser leurs miradors pour quelques mois.

De cette différence dans le recrutement dérive très logiquement celle des missions : là où les Einsatzgruppen se chargeront de "tâches spéciales de nature policière", la Verfügungstruppe sera quant à elle "mise à la disposition exclusive du Führer"

Volontairement vagues, ces formulations se prêtent évidemment à toutes les interprétations possibles, ce qui, au bout du compte, arrange bien tout le monde,… à commencer bien sûr par Himmler lui-même, qui ne voit aucune contradiction entre les tâches de police jusque-là traditionnelles des SS et celles du Front 

"Si nous ne faisions aucun sacrifice et ne combattions pas sur le Front, nous perdrions l’autorité morale d’abattre ceux qui, au pays, tentent de se soustraire à leurs obligations et se comportent comme des couards" (1)

(1) Longerich, op. cit. page 248

samedi 28 mai 2016

4841 - le "pari tchécoslovaque"

La Tchécoslovaquie : les germanophones étaient minoritaires, sauf dans les Sudètes
… mais contrairement au "pari autrichien", le "pari tchécoslovaque" s’avère plus complexe… et surtout beaucoup plus risqué !

Prague, personne n'entend en effet renoncer au cinquième de sa population, et à une fraction presque aussi considérable du territoire national !

Des deux côtés de la frontière, chacun mobilise donc ses troupes ce qui, vu les alliances passées entre Prague et Paris, risque fort de déboucher sur une nouvelle guerre mondiale.

Cette guerre, la SS s’y prépare d'ailleurs fiévreusement : "partout où c'est possible, le SD et la Sipo (1) devront suivre directement les forces d'invasion afin d'y sécuriser, tout comme ils le font dans le Reich, tous les aspects de la vie politique" (2) déclare ainsi Heydrich

Et Heydrich et ses collaborateurs de dresser la liste de tous les "ennemis de l'État" (communistes, socio-démocrates, prêtres "politiques" et bien évidemment Juifs) que deux "Einsatzgruppen" - ou "groupes d'intervention" - devront mettre hors d'état de nuire sitôt la frontière franchie...

Car depuis l'annexion de l'Autriche, Heinrich Himmler a enfin obtenu ce qu'il voulait...

(1) constituée le 26 juin 1936, la Sicherheitspolizei, « Police de Sécurité » ou SIPO regroupait la Gestapo et la Krio
(2) Gerwarth, op. cit., page 131

vendredi 27 mai 2016

4840 - le "droit des peuples"

Hitler, toujours à Vienne, mais dans une autre Mercedes
… si l’annexion de l’Autriche avait été un échec, si elle s’était traduite par des pertes importantes, ou si les démocraties occidentales avaient montré les dents, Hitler aurait - peut-être - dû mettre un terme à ses ambitions, et la Seconde Guerre mondiale n’aurait - peut-être - pas eu lieu.

Mais la réussite spectaculaire de l’Anschluss, opérée sans la moindre perte, à coût quasiment nul, et sous les vivats des milliers d’Autrichiens massés tout au long des routes pour apercevoir son convoi de Mercedes - Hitler ne circule jamais qu’en Mercedes - ne peut hélas que l’inciter à la récidive contre tous les pays européens - et ils sont nombreux - qui hébergent des communautés germanophones.

Le premier sur la liste est évidemment la Tchécoslovaquie, constituée de bric et de broc après 1918 et abritant en son sein plus de trois millions de germanophones, certes minoritaires dans ce pays de quelque quinze millions d'habitants, mais largement majoritaires - et c’est bien là le problème - dans les quatre régions, dites "des Sudètes", où ils résident.

Et ces germanophones - faut-il s'en étonner - sont massivement favorables aux thèses du parti nazi local, le Sudetendeutsche Partei (SdP), et de son "führer", Konrad Henlein, qui prône le rattachement pur et simple des Sudètes au Reich allemand.

A l'été 1938, invoquant le "droit des peuples" - ou du moins son interprétation toute personnelle de celui-ci - Hitler exige donc la "libération" des germanophones "opprimés" par le gouvernement tchécoslovaque, et l'annexion des Sudètes au Reich pour le 1er octobre suivant…

jeudi 26 mai 2016

4839 - et l'Autriche devint Ostmark

Hitler, à Vienne, avec sa Mercedes W31 à six roues
... Hitler a donc - une fois de plus - gagné son pari : comme il l'avait prévu, les réactions des Chancelleries occidentales se limitent - une fois de plus - à de simples et fort vagues protestations de principe, personne, à Paris, Londres ou ailleurs, n'étant disposé à mourir pour Vienne et quelques grands principes....

Et conformément à son habitude, c'est par un plébiscite a posteriori que le Führer va maintenant légitimer ce qui relève tout de même du coup de force : dès le lendemain de l'entrée des troupes allemandes, et deux jours avant son propre couronnement sur la Heldenplatz de Vienne, il charge ainsi Joseph Bürckel (1), gauleiter de Sarre-Palatinat, d'organiser, tant en Autriche qu'en Allemagne-même, un scrutin "libre et à vote secret" (sic) qui doit consacrer l'annexion de l'Autriche au Reich.

Le 10 avril 1938, 99,75% des Autrichiens, et 99,08% des Allemands) se prononcent en faveur de l'Anschluss, faisant ainsi de l'Autriche - officiellement devenue Ostmark - un nouveau Land allemand.

Pour Hitler, c'est un triomphe de plus, un triomphe dont l'ampleur peut certes paraître forcée, mais un triomphe qui n'en démontre pas moins que la grande majorité des Autrichiens était désireuse d’épouser la cause de l'Allemagne et du national-socialisme...

Du reste, dans les années à venir, comme s'ils entendaient démontrer qu'ils sont aussi et même davantage Allemands que les Allemands, et plus Nazis que les Nazis, les Autrichiens vont se distinguer au service du Reich, formant par exemple 14% des effectifs de la SS alors qu'ils représentent moins de 8% de la population allemande (2)

(1) en janvier 1935, Bürckel avait déjà mené de main de maître la campagne pour le rattachement de la Sarre, laquelle s'était soldée par plus de 90% de voix en faveur du oui.
(2) l'Autriche de 1938 comptait environ 6,7 millions d'habitants

mercredi 25 mai 2016

4838 - tout recommencer

Juifs viennois contraints de nettoyer les trottoirs de la ville, mars 1938
... avec plus de 200 000 Juifs autrichiens eux aussi incorporés - mais bien contre leur gré ! - à la population du Reich, tous les efforts antérieurs d'Himmler et d'Heydrich pour s'en débarrasser ont ainsi été réduits à néant !

Il faut donc tout recommencer à zéro, et notamment en ouvrant à Vienne, où habitent l'immense majorité des Juifs autrichiens, un "Office central pour l'émigration juive" 

Un Office dirigé par le déjà inévitable Adolf Eichmann et ayant ses bureaux - admirez la symbolique - ... dans l'ancien Palais Rotschild

Et comme Himmler, comme Heydrich, comme la plupart des responsables nazis, Eichmann veut lui aussi que l'émigration des Juifs s'effectue de manière "ordonnée" mais aussi, et peut-être surtout,... à coût nul pour l'Allemagne (!), ce pourquoi il importe de mettre à contribution les membres les plus éminents de la communauté juive de Vienne, lesquels, en échange d'une relative "protection" - que ces derniers espèrent permanente mais qu'Heydrich et Eichmann savent temporaire - sont ainsi "invités" à financer le départ de leurs coreligionnaires les moins fortunés.

Comme le résumera, avec son cynisme habituel, Heydrich lui-même, "le problème, ce n'est pas de se débarrasser des Juifs les plus riches, mais bien de la plèbe juive" (1) 

Reste qu'ordonnée ou non, et financée ou pas par les Juifs eux-mêmes, la dite émigration exige toujours de trouver des pays désireux de devenir terre d'accueil... 

(1) Gerwarth, op cit, page 124

mardi 24 mai 2016

4837 - des tas de nouveaux "ennemis"

Hitler - et l'inévitable Mercedes - Vienne, 15 mars 1938
... Hotel Regina, Vienne, 13 mars 1938 

Alors que dans les rues de Vienne, pavoisées de drapeaux nazis, la foule continue de célébrer bruyamment l'arrivée des troupes allemandes et l'intégration de facto de l'Autriche au Reich, Reinhard Heydrich et ses principaux subordonnés sont occupés, dans les salons feutrés de l'Hôtel Regina, à écrire quelques-unes des pages les plus noires de l'Histoire autrichienne 

Il faut dire qu’Heydrich, fidèle à ses habitudes, a déjà dressé la liste de plus de 20 000 "ennemis" autrichiens, et confié à une équipe de la Gestapo, arrivée dans sa foulée, le soin de procéder à leur arrestation... 

A la fin de 1938, la quasi-totalité des Communistes autrichiens va ainsi se retrouver dans des camps de concentration, de même que de nombreux monarchistes et opposants déclarés à l’Anschluss. 

Mais le "gros morceau", ce sont évidemment les Juifs autrichiens, qui sont quelque 200 000

Et c’est bien là le problème ! Car avec sa politique d'émigration forcée, faite d'humiliations, de spoliations et de restrictionss des libertés et droits individuels, l'Allemagne nazie avait réussi, entre 1933 et 1938 à se "débarrasser" du tiers de ses quelque 600 000 Juifs. 

Mais en s'emparant de l'Autriche le 12 mars, elle se réveille soudain avec près de 200 000 Juifs supplémentaires, ce qui, du coup, réduit à néant tous les efforts et les résultats des années antérieures !

lundi 23 mai 2016

4836 - SS 1, Wehrmacht 0

Jeunes autrichiennes accueillant les soldats allemands, Salzbourg, 12 mars 1938
... sous pression depuis des mois, le Chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg (1) décide, le 9 mars, de jouer le tout-pour-le-tout en annonçant, pour le 13 mars suivant, la tenue d'un référendum sur l'Indépendance de l'Autriche. 

Pour Hitler, c'est la goutte de trop : dès le lendemain, après quelques heures de discussion avec les principaux responsables militaires, le Führer ordonne à la Wehrmacht d'envahir l'Autriche deux jours plus tard... à moins que Schuschnigg n'accepte d'ici-là de faire annuler son référendum. 

Pris à la gorge, ce dernier n'a d'autre choix que de se démettre : annoncée à la radio, sa démission jette aussitôt des milliers d'Autrichiens enthousiastes dans les rues. 

Dans la soirée du 11 au 12 mars, les Nazis autrichiens commencent quant à eux à investir les bâtiments publics de Linz, Innsbruck, Graz ou Vienne, résultat appréciable mais pourtant encore insuffisant aux yeux d'Hitler, lequel, soucieux d'éviter la répétition du fiasco de 1934, donne, peu avant 21h00, l'ordre formel d'invasion afin, comme le titrera la Presse allemande du lendemain, de "sauver l'Autriche du chaos". 

A l'aube, les soldats allemands franchissent donc la frontière et marchent sur Vienne... sans rien rencontrer d'autre que les vivats des milliers de villageois massés le long des routes. 

Mais si la Wehrmacht progresse avec aisance, la SS l'a déjà prise de vitesse : sur le coup de 05h00, soit bien avant l'arrivée des premiers Panzers, Himmler et Heydrich ont en effet atterri à Vienne ! 

Pour eux, il importe en effet de mettre la main, avant tout le monde, sur l'ensemble des forces de sécurité autrichiennes, et ce afin de les intégrer sine die à la SS... 

(1) le 29 juillet 1934, Kurt von Schuschnigg avait succédé à Engelbert Dollfuss, assassiné quatre jours plus tôt lors d'une tentative de coup d'État orchestrée, de près ou de loin, par Hitler

dimanche 22 mai 2016

4835 - "L'Autriche allemande doit revenir à la grande patrie allemande !"

La terrasse du Berghof : c'est ici qu'Hitler rêvait à l'Autriche, puis à l'Europe
... bien que né en Autriche de parents autrichiens, Adolf Hitler a toujours profondément détesté l'Empire austro-hongrois.

Sa patrie, il l'a reniée par trois fois : d'abord en émigrant à Munich au printemps de 1913, puis en s'engageant dans l'armée bavaroise (et non pas autrichienne) en août 1914, et enfin en rédigeant, en mars 1925, une déclaration formelle d'abandon de la citoyenneté autrichienne, qui lui a été accordée le 30 avril suivant.

Allemand dans l'âme, et reconnu comme tel par les Allemands eux-mêmes, Hitler considère néanmoins que l'Autriche, de par la langue, la Culture ou encore l'Histoire, est "naturellement" allemande et doit donc tout aussi "naturellement" intégrer la "Nouvelle Allemagne" qu'il appelle de ses voeux.

"L'Autriche allemande doit revenir à la grande patrie allemande !", a-t-il écrit dans Mein Kampf, "Un seul sang exige un seul Reich !".

De fait, dés son arrivée au Pouvoir, le Führer s'est juré de faire entrer l'Autriche dans le Grand Reich allemand, et au besoin par la force.

Sa première tentative, en juillet 1934, s'est néanmoins soldée par un échec, dû en grande partie au comportement de Benito Mussolini qui, en cette affaire, a ouvertement soutenu le Chancelier Engelbert Dollfuss et l'Indépendance de l'Autriche. 

Mais en ce début de 1938, le spectaculaire redressement politique, économique et, surtout, militaire du Reich, l'inévitable attrait exercé par celui-ci sur les Autrichiens, ainsi que l'effacement de l'Italie, désormais condamnée à ne plus jouer que les seconds rôles, offrent de bien meilleures perspectives...

samedi 21 mai 2016

4834 - les grands bénéficiaires

Himmler fut, avec Hitler, le grand bénéficiaire des événements de 1938
… en confiant au très accommodant général Walther von Brauchitsch le poste de commandant-en-chef de l'armée de Terre, en reprenant pour lui-même celui de Ministre de la Guerre, avant d’en transférer les responsabilités à un nouvel Oberkommando der Wehrmacht" (1) placé sous le commandement de l’encore plus servile Wilhem Keitel, en attribuant au parfait homme-lige Joachim von Ribbentropp le Ministère des Affaires étrangères, et en remplaçant, dans la foulée, près d'une centaine (!) d'officiers supérieurs et de diplomates davantage acquis à sa personne et à l'idée de partir en guerre, Hitler a de fait sérieusement rapproché l'Allemagne du nouveau conflit auquel il aspire depuis 1918.

Aujourd’hui encore, le rôle exact d’Himmler et, surtout, d’Heydrich, dans ces événements reste controversé, mais qu’ils aient été organisateurs machiavéliques ou alors simples spectateurs opportunistes, les deux hommes sont incontestablement, et avec Hitler, les grands bénéficiaires de ces semaines ô combien décisives pour l’avenir de l’Allemagne et bientôt de l’Europe entière.

Car avec une Armée rendue bien plus docile, la SS peut à nouveau parler d’expansion, et Himmler se reprendre à rêver de Gloire et de champs de bataille.

Les champs de bataille, du reste, sont désormais à portée de fusils, même si le premier d’entre eux, l’Autriche, va s’avérer singulièrement paisible…

(1) conçu pour remplacer le Ministère de la Guerre, et totalement inféodé à Hitler, l’OKW a en théorie autorité sur les Etats-majors des trois Armes, à savoir l’Oberkommando des Heeres (OKH), l’Oberkommando der Luftwaffe (OKL), et l’Oberkommando der Marine (OKM). En pratique, celles-ci conservent néanmoins une large indépendance… tout en demeurant elles-mêmes soumises aux constantes directives d’Hitler

vendredi 20 mai 2016

4833 - rebrasser les cartes

von Ribbentrop, en 1938,... et en uniforme de colonel de la SS
... mais après avoir obtenu la démission de Blomberg (27 janvier), puis celle de Fritsch (3 février) Hitler se retrouve confronté à la peur du vide : à quelle personne véritablement digne de confiance pourrait-il bien confier les postes ô combien stratégiques de commandant-en-chef de l'armée de Terre et, surtout, de Ministre de la Guerre,… un poste convoité par plusieurs grosses pointures du régime, à commencer par Hermann Goering et Heinrich Himmler !

Pour ne pas donner plus de pouvoir à l'un ou l'autre de ces deux hommes, le Führer décide alors… d’ajouter le poste de Ministre de la Guerre à sa propre couronne qui, rappelons-le, comprend déjà celles de chef de l'État, de chef du Gouvernement et de chef des Armées !

Et tant qu’à rebrasser les cartes, autant en profiter pour éjecter également quelques dizaines de généraux et officiers supérieurs... ainsi que le Ministre des Affaires étrangères Konstantin von Neurath (4 février) qui, comme nous l'avons vu, s'était lui aussi montré fort critique à son endroit lors de la réunion décisive du 5 novembre 1937.

Dans son cas du moins, le Führer dispose déjà d’une parfaite solution de remplacement, ou plus exactement d’un parfait homme-lige : un ancien représentant en vins de Champagne - par ailleurs colonel dans la SS... et ami d'Himmler (!) - à l'expérience diplomatique certes fort limitée, mais qui offre du moins l'avantage de ne jamais le contredire...

... Joachim von Ribbentrop

"En définitive, l'affaire Blomberg-Fritsch fut, après l'incendie du Reichstag et le "putsch de Röhm", la troisième étape de la consolidation du pouvoir absolu du Führer et, tout spécialement de sa domination sur l'armée. Avec un appareil militaire émasculé et un Ribbentrop belliciste aux Affaires étrangères, c'en était fini de toutes les forces qui auraient pu donner à Hitler des conseils de prudence et le freiner dans son désir personnel de l'expansion la plus rapide possible" (1)

(1) Kershaw, Hitler, tome 2, page 123

jeudi 19 mai 2016

4832 - blanchi... pour rien

von Runstedt, von Fritsch et von Blomberg, en 1934
… le scandale Fritsch n’est cependant pas terminé puisque l’intéressé, bien qu’ayant lui aussi conservé solde et garantie de retraite complète, a la ferme intention de laver son Honneur devant un tribunal militaire qu'Hitler - notez là encore la différence avec Staline - n'a d’ailleurs d'autre choix que de lui concéder.

Et contrairement à ce qui se passe au même moment en URSS, le dit procès tourne vite au désastre pour l’Accusation, incapable, malgré tous les efforts d’Heydrich (1), de démontrer l'homosexualité du prévenu.

Ulcérés du traitement subi par leur ancien chef, des responsables de l’Armée réclament à présent la démission d’Heydrich, évoquent un possible Coup d'État plus ou moins soutenu par l'Amiral Canaris, tandis qu'Himmler se voit lui-même menacé d’un duel par un von Fritsch décidément revanchard.

L’affaire pourrait donc fort mal tourner pour les deux hommes, et pour la SS dans son ensemble, si Hitler ne décidait, le 12 mars, de suspendre le procès le temps de réaliser l’Anschluss - l’annexion de l’Autriche - un Anschluss si facile et si formidablement populaire - y compris au sein de l’Armée ! - qu’il fait taire toutes les critiques et tomber dans l’indifférence ce procès pour homosexualité qui, le 18 mars, voit von Fritsch blanchi de toutes les accusations portées à son endroit.

Blanchi,… mais pas réintégré dans ses fonctions, puisque proprement placardé "colonel honoraire" d’un régiment d’Artillerie, poste sans responsabilité mais manifestement pas sans risque puisque l’intéressé sera tué par une balle perdue devant Varsovie, le 22 septembre 1939…

(1) faisant le maximum pour valider le dossier compilé par ses subordonnés, Heydrich, avait été jusqu’à envoyer des agents de la Gestapo enquêter dans toutes les villes de garnison autrefois fréquentées par Fritsch, et même jusqu'en Égypte, où l'intéressé venait de passer ses vacances…

mercredi 18 mai 2016

4831 - le fardeau de la preuve

von Fritsch : une démission "pour raison de santé"
... Berlin, 26 janvier 1938

Mais malgré les dénégations de von Fritsch, le doute et la peur sont encore bien présents dans l'esprit d'Hitler... et d'autant plus qu'ils sont savamment entretenus par un Hermann Goering qui brigue lui aussi le poste de Ministre de la Guerre !

Dans la soirée du 26 janvier, ce dernier obtient d'ailleurs que von Fritsch soit reconvoqué d'urgence à la Chancellerie du Reich pour y être cette fois confronté, en présence de lui-même, du Führer et d'Himmler, à son accusateur de 1936, à savoir le fameux Otto Schmidt,... fort opportunément sorti par Himmler du camp de concentration de Börgermoor où il se morfondait depuis plusieurs mois !

Face à cette assemblée pour le moins impressionnante, Schmidt réitère son affirmation et affirme d'autre part avoir reçu quelque 1 500 Reichsmarks des mains-même de Fritsch en échange de son silence !

Comme Fritsch, de son côté, continue de nier en bloc, tout ceci revient, faute de la moindre preuve matérielle, à opposer la parole de l'un à celle de l'autre ou, plus exactement, et comme le notera le Ministre de la Propagande Joseph Goebbels dans son journal, "la parole d'un maître-chanteur homosexuel contre celle du chef de l'armée. Et le Führer n'a plus confiance en Fritsch, une situation diabolique"

A la recherche d'une issue, Hitler décide alors de confier l'affaire au Ministre de la Justice Franz Gürtner qui, à la vitesse de l'éclair - et même s'il se déclare incapable de trancher sur le fond ! - n'en estime pas moins, renversant ainsi le fardeau de la preuve, que Fritsch n'a pas été en mesure "de démontrer son innocence", ce qui, le 3 février suivant, suffit alors à Hitler pour obtenir sa démission, officiellement "pour raison de santé"...

Deux de moins...

mardi 17 mai 2016

4830 - l'ombre du doute

Accusé d'homosexualité Werner von Fritsch fut lui aussi contraint à la démission
… Berlin, 24 février 1938

Aussi désagréable soit-il pour Hitler, le scandale Blomberg lui permet en tout cas de se débarrasser à bon compte d'un Ministre de la Guerre... fort peu pressé de la faire !

Reste que le dit scandale vient subitement de raviver chez lui le souvenir d'accusations formulées par Heydrich et Himmler en 1936, et selon lesquelles Werner von Fritsch, commandant-en-chef de l'Armée de Terre, serait homosexuel !

Dans le dossier alors soumis par Heydrich, von Fritsch était accusé aux dires d'un certain Otto Schmidt - par ailleurs faussaire, maître-chanteur et délinquant notoire - de s'être livré, près de la gare de Wannsee, à des activités sexuelles contre-nature en compagnie d'un gigolo du nom de Martin Weingärtner.

L'affaire était grave, mais la preuve si légère qu'Hitler avait refusé d'y croire, et plutôt ordonné à Heydrich de détruire le dossier.

Mais au soir du 24 janvier 1938, la crainte d'un nouveau et possible scandale est maintenant si forte que le Führer ordonne à Himmler de reconstituer le fameux dossier,...ce qui s'avère d'autant plus facile qu'Heydrich l'a en réalité fait conserver pour un éventuel usage futur !

Au premières heures du lendemain, le dit dossier se retrouve donc entre les mains d'Hitler,... en même temps que Fritsch, qui nie tout en bloc, crie au complot et s'avère à ce point convaincant dans ses dénégations qu'Hitler - s'il faut du moins en croire son aide-de-camp - paraît même disposé à lui proposer... le poste de Ministre de la Guerre aussitôt qu'il l'aura formellement retiré à Blomberg !

lundi 16 mai 2016

4829 - le maréchal et la putain

Blomberg et son épouse, à Java, en 1938 : une punition dorée
… conscient qu'il marche en plein champ de mines, Müller se précipite chez son supérieur et chef de la KRIPO, Artur Nebe qui - s'il faut du moins en croire l'Histoire officielle - juge alors plus sage de tenir son propre supérieur, Reinhard Heydrich, à l’écart de toute cette affaire, pour plutôt en informer le chef de la police de Berlin, Heinrich von Helldorf et, à travers lui, Wilhelm Keitel, adjoint, et futur successeur de Blomberg à la tête du nouvel OKW - nous y reviendrons

Toujours selon l'Histoire officielle - dont on peut sérieusement douter de la véracité - Keitel, qui n'a pas assisté aux noces de son supérieur, se déclare néanmoins incapable d'identifier la jeune-femme des photos et conseille alors à Helldorf d'en appeler directement à Hermann Goering qui, en compagnie du Führer, a quant à lui servi de témoin lors du mariage.

A la vue des photographies, Goering se précipite aussitôt chez Hitler, lequel, abasourdi, et choqué, réalise bien vite le danger d'un pareil scandale : "si un maréchal allemand épouse une putain, alors tout est possible !", s'exclame-t-il.

Rappelé d'urgence à Berlin, Blomberg, au profond dégoût d'Hitler, refuse pourtant de faire annuler le mariage, ne laissant dès lors plus d'autre choix au Führer que de réclamer sa démission, rendue effective le 27 janvier et tout de même assortie - dans le plus pur style hitlérien - de la garantie d'une retraite pleine et entière, que le maréchal continuera d'ailleurs de percevoir, dans le plus complet anonymat, jusqu'à la fin de la guerre (1)

Un de moins…

(1) discrètement rentré en Allemagne au déclenchement de la 2ème G.M., Werner von Blomberg  sera arrêté par les Alliés au terme de celle-ci, et mourra d'un cancer, dans un camp de prisonniers près de Nuremberg, le 14 mars 1946.

dimanche 15 mai 2016

4828 - un veuf pas tellement joyeux

Blomberg et son épouse en vacances à Ceylan, en 1938
... Berlin, 12 janvier 1938

Militaire de carrière, maréchal, et Ministre de la Guerre depuis janvier 1933, Werner von Blomberg est un ultra-conservateur qui, bien que n'ayant adhéré au parti nazi qu'en 1937, n'en est pas moins un fervent supporter d'Hitler.

Mais c'est aussi un homme qui, à l'aube de la soixantaine, supporte si difficilement son veuvage qu'il a fini par jeter son dévolu sur une jeune-femme de 35 ans sa cadette, rencontrée par hasard - mais en est-ce vraiment un ? - lors d'une promenade dans le Parc du Tiergarten.

Après un cour-éclair, Blomberg a décidé de l'épouser, ce qui, compte tenu de la différence d'âge mais aussi, et surtout, de son propre statut personnel, exige néanmoins l'approbation du Führer en personne, une approbation qu’Hitler lui accorde cependant sans difficulté, insistant même pour lui servir de témoin, en compagnie d'Hermann Goering.

Le 12 janvier 1938, après une brève cérémonie au Ministère de la Guerre, Blomberg et sa jeune épouse partent en voyage de noces.

Mais douze jours plus tard, une étrange enveloppe anonyme atterrit sur le bureau d’Helmutt Müller, Chef du Service d'Identification à la KRIPO (1) de Berlin

Et ce brave fonctionnaire de Police est bien embêté, puisque la dite enveloppe est en vérité remplie de photos pornographiques au verso desquelles figure le nom d'une certaine Luise Margarethe Gruhn, une jeune-femme déjà arrêtée à plusieurs reprises pour racolage mais qui, surtout, porte le même nom que... la jeune épouse du Ministre de la Guerre Werner von Blomberg !

(1) abréviation de Kriminal Polizei

samedi 14 mai 2016

4827 - revenir à la charge

Heydrich - ici avec Alfred Naujocks - en novembre 1934
... alors-même qu’il n’était encore que l’obscur Adjoint à la Propagande d'un Parti nazi alors  insignifiant, Heinrich Himmler avait déjà compris que "l'Information, c'est le Pouvoir"

Quelques années plus tard, grâce à l'aide inestimable d'Heydrich, le Reichsführer dispose maintenant de dossiers bien tenus, et aussi complets que possibles, sur tous les personnages importants d’Allemagne, que ce soit pour en prévoir les réactions face à un événement donné, pour les faire chanter... ou tout simplement pour être en mesure de s'en débarrasser une fois pour toutes si le besoin s'en fait sentir !

A l'automne 1934, dans leur volonté de prendre le contrôle des forces armées, Himmler et Heydrich ont d'ailleurs présenté au Führer un dossier accablant sur Werner von Fritsch, accusant le commandant-en-chef de l'Armée de Terre de fomenter un coup d'État contre le régime,... à l’instar du défunt Ernst Röhm

Mais Hitler, comme nous l'avons vu, a balayé ces "preuves" du revers de la main et a au contraire incité les deux hommes à collaborer davantage avec Fritsch,... tout en leur rappelant au passage que l’Armée était - et resterait - le seul véritable bras armé du Reich.

Trois ans plus tard, sachant Blomberg et Fritsch désormais sur la corde raide, Himmler et Heydrich sont pourtant bien décidés à revenir  à la charge...

vendredi 13 mai 2016

4826 - la solution du placardage

Les germanophones européens : le prétexte à toutes les guerres d'Hitler
… à l’issue de l’interminable monologue hitlérien, les plus violentes critiques émanent du trio Neurath/Blomberg/Fritsch, non parce qu'ils contestent le bien-fondé de guerres de conquêtes, ou en réprouvent l'immoralité, mais tout simplement parce qu'ils estiment que l'Allemagne n'est pas encore prête pour se lancer dans pareille aventure.

Mais le Führer - c'est là son moindre défaut - n'est nullement disposé à accepter - ni même à entendre ! – une quelconque objection à ses monologues : hanté par la crainte de mourir avant d'avoir vu la concrétisation de son "grand-oeuvre", il veut au contraire brûler toutes les étapes… et donc partir en guerre le plus rapidement possible, que son Ministre des Affaires étrangères et ses généraux soient ou non d'accord avec lui.

Reste qu'Hitler n'est pas Staline, et que le Troisième Reich, aussi dictatorial et répressif soit-il, n'est pas l'URSS ! 

Pas question donc, comme Staline est pourtant occupé à le faire de son côté (1), et comme le souhaiterait sans doute Himmler, d'emprisonner et exécuter les milliers d'officiers et hauts fonctionnaires considérés comme trop indécis, trop mous, ou idéologiquement "peu sûrs" : la solution du "placardage" est de loin préférable et, comme nous l’avons vu, bien plus conforme à l’habitus hitlérien. 

Mais en cette fin de 1937, la simple mise à l'écart de personnages aussi importants et influents que Blomberg et Fritsch ne va pas de soi : l'idéal serait plutôt que les intéressés en viennent à démissionner d'eux-mêmes et pour des raisons n'ayant rien à voir avec leur fonction ou leur opposition à une nouvelle guerre… 

… un résultat qu’Himmler et Heydrich cherchent précisément à obtenir depuis trois ans !

(1) de 1936 à 1938, les purges staliniennes entraîneront l'exécution des 11 vice-commissaires à la Défense de l'URSS, de 75 des 809 membres du Conseil militaire suprême, des 8 amiraux de la flotte, de 2 des 4 maréchaux, de 14 des 16 généraux d'armée, des 9/10e des généraux de corps d'armée, des 2/3 des généraux de division, de plus de la moitié des généraux de brigade, et de plus 35 000 officiers supérieurs. Au total, plus d'un million de personnes auraient ainsi été exécutées ou seraient décédées dans les goulags du régime

jeudi 12 mai 2016

4825 - le problème du lebensraum,

Hitler voulait voir le lebensraum de son vivant : il allait débuter par l'Autriche
... Berlin, 5 novembre 1937 

À la Chancellerie du Reich, en ce 5 novembre 1937, Konstantin von Neurath (ministre des Affaires étrangères), Werner von Blomberg (ministre de la Guerre), Werner von Fritsch (commandant en chef de la Wehrmacht), Hermann Göring (ministre de l'Économie du Reich et commandant en chef de la Luftwaffe) et Erich Raeder (commandant en chef de la Kriegsmarine) sont donc venus pour discuter acier 

Mais Hitler, qui ne déteste rien tant que de devoir jouer les arbitres entre ses différents féaux, a une toute autre idée en tête, une idée qu’il va leur exposer au cours d’un effrayant monologue de plus de deux heures (!) et que l’Histoire retiendra sous le nom de Protocole Hoßbach (1)

Pour lui, l'Allemagne n'a à présent plus d'autre choix que de s'emparer de vastes territoires à l'Est, donc de partir en guerre,... mais surtout de partir en guerre le plus rapidement possible, c.-à-d. avant que la France et la Grande-Bretagne aient eu le temps de compléter leur propre réarmement. 

Le problème du lebensraum, déclare Hitler, doit impérativement être réglé, par la force, avant 1943, l'Autriche - pays "frère" dont il est lui-même originaire - et la Tchécoslovaquie - où vit une importante minorité germanophone - constituant à cet égard les premiers objectifs de conquête. 

Si l'analyse hitlérienne, considérée sous le seul angle de la froide rationalité, ne manque pas de logique, elle n'en jette pas moins la consternation parmi les invités présents, qui sont certes des militaires et/ou des politiciens ultra-conservateurs largement acquis au fascisme et au Führerprinzip, mais aussi des hommes qui, contrairement à Hitler, redoutent la réaction des Britanniques et, surtout, des Français, qu'ils ont combattus lors de la 1ère G.M. et dont ils ont pu mesurer la résistance durant quatre ans... 

(1) du nom de Friedrich Hoßbach, aide-de-camp d'Hitler, qui, sans que personne lui ait rien demandé (!), allait consigner les minutes de cette étrange réunion

mercredi 11 mai 2016

4824 - quand l'Armée ne veut rien savoir de la Guerre...

Le Tirpitz : l'équivalent en acier d'une année de production de chars Tiger !
… mais même présenté sous un jour inoffensif – pour la Wehrmacht s’entend ! – le plan d’Himmler a peu de chances d’aboutir... tant et aussi longtemps que les principaux responsables des forces armées demeureront viscéralement opposés à toute idée de voir les hommes en noir circuler sur ou même à proximité de leurs futurs champs de bataille !

Pour ne rien arranger, les dits responsables sont du reste fort loin de partager l’enthousiasme du Führer à l’idée de repartir en guerre à peine vingt ans après le catastrophique Armistice de 1918 !

Pour eux, l’armée allemande, dont le réarmement massif vient à peine de commencer, ne sera en effet pas en mesure d’affronter ses rivales françaises, britanniques et soviétiques – ni a fortiori les trois réunies ! – avant longtemps.

Et c’est particulièrement vrai pour la Kriegsmarine, quasiment réduite à rien en 1919, et dont les nouveaux cuirassés, pour la plupart encore à l’état de projets, ne seront certes pas prêts avant 1945 ou 1946,… et uniquement à la condition que le grand-amiral Erich Raeder réussisse à obtenir la priorité absolue sur l’acier… que convoitent également Hermann Goering et Werner von Fritsch - respectivement Ministre de l'Économie et de l'Air, et commandant-en-chef de la Wehrmacht - … sans même parler des responsables civils ! 

A la fin de 1937, cette "querelle de l’acier" (1) impossible à résoudre vient d'ailleurs d'être soumise à l’arbitrage personnel du Führer,… créant ainsi pour Himmler une opportunité totalement imprévue mais dont il va s’empresser de profiter…

(1) pour donner une idée du problème, chaque cuirassé de 56 000 tonnes du plan Z représentait une année de production du futur char Tiger...

mardi 10 mai 2016

4823 - ne pas éveiller les soupçons

En Pologne, la Wehrmacht défile devant Hitler... qui a impérativement besoin d'elle
... et en effet n'anticipons pas car, pour l'heure, l'ennemi le plus redoutable n'est certes pas l'Armée rouge, mais bien... l'Armée allemande elle-même, devenue la Wehrmacht depuis le 21 mai 1935.

Et cette Wehrmacht n'acceptera jamais la création d'unités militaires dirigées par des "amateurs" qui ne seraient pas issus de ses rangs et, surtout, opérant en-dehors de son contrôle !

Plus que tout autre, Himmler est d'ailleurs bien placé pour le savoir, lui qui, lors de la tragique Nuit des Longs Couteaux du 30 juin 1934 a écrasé son ancien mentor Ernst Röhm et ses SA... précisément parce qu'ils menaçaient le monopole de la dite Armée !

Et il sait aussi qu'il ne peut espérer le moindre soutien d'Hitler dans cette affaire : à l'aube de partir en guerre, une crise ouverte entre la SS et la Wehrmacht est sans conteste la dernière chose que souhaite le Führer !

Il faut donc jouer serré, et surtout sans éveiller le moindre soupçon et la moindre inquiétude auprès des généraux de la Wehrmacht.

Pour cela, Himmler a un plan : présenter sa Waffen-SS (ou "SS-en-armes") non pas comme une véritable formation militaire mais bien comme une "force de police et de sécurité" chargée de protéger les troupes régulières en opérant immédiatement derrière la ligne de Front contre les "terroristes", "saboteurs" et autres "ennemis" - en particulier Juifs - susceptibles de les menacer...

lundi 9 mai 2016

4822 - concrétiser un rêve de jeunesse

Gebhard Ludwig : frère aîné et "héros de la famille"
... et il y a aussi, et peut-être surtout, cette grande frustration d'Himmler, qu'il rumine depuis 1918, à l'endroit de sa carrière avortée d'officier.

Depuis l'Armistice, d'abord dans les Freikorps puis dans la SS, le Reichsführer n'a en effet cessé de courir après les honneurs militaires dont il estime avoir été injustement privé,... et dont son frère aîné a en revanche pu jouir et qui ont fait de lui, et pour longtemps, le "héros de la famille" !

Avec le SD, la Gestapo, la Police régulière et, bien entendu, les camps de concentration, l'Himmler adulte dispose certes d'un immense pouvoir d'influence et de répression, mais il n'a toujours pas oublié les rêves de l'Himmler adolescent, qu'il s'efforce donc de réaliser, depuis 1919, à travers des formations paramilitaires de substitution.

En transformant ses SS en véritables soldats d'élite, puis en les envoyant courir tous les risques sur les champs de bataille, l'Himmler adulte espère donc, sinon s'emparer du Graal, du moins accéder enfin à la Gloire.

Et c'est aussi dans cette logique qu'on le verra d'ailleurs, à la fin de la guerre, devenir lui-même le très officiel - mais très inefficace - chef suprême du fantomatique "Groupe d'armées de la Vistule", regroupant toutes les unités, en ce compris celles de l'Armée régulière, chargées d'interdire le passage de ce fleuve stratégique.

Mais n'anticipons pas... 

dimanche 8 mai 2016

4821 - la Nouvelle Chevalerie teutonique

La Waffen-SS : la "Nouvelle Chevalerie" teutonique
... avec les Juifs d'Allemagne (et bientôt de l'Europe entière), mais aussi les Communistes, les Protestants, les Catholiques et les Témoins de Jehovah, sans parler des homosexuels, des Tziganes, des criminels de droit commun, et même de toutes les femmes tentées par l'avortement (!), les hommes d'Himmler ne manquent certes plus "d'ennemis" à combattre.

Mais, le Reichsführer veut bien davantage ! Il veut faire de sa SS le véritable fer de lance des guerres de conquête qu'Hitler se prépare à lancer !

Deux raisons au moins militent en faveur de cette nouvelle expansion... à commencer bien sûr par la manière dont il conçoit la formation qu'il dirige.

Avant-même qu'il n'en prenne officiellement la tête, Himmler, sans doute influencé par ses lectures de jeunesse, a en effet toujours considéré la SS comme une élite raciale et une sorte de "Nouvelle Chevalerie teutonique, pour ne pas dire européenne, quasi-surhumaine et en tout cas largement au-dessus des contingences du vulgaire.

Et en vérité, à l'heure où des millions d'Allemands bien plus "ordinaires" s'apprêtent à partir au combat, et pour un grand nombre d'entre-eux à y laisser leur vie, comment pourrait-on admettre que tous ces nobles et valeureux chevaliers se contentent de rester tranquillement au pays, avec rien de plus dangereux - et de plus glorieux - à faire que de traquer, arrêter et emprisonner des "sous-hommes" désarmés... 

samedi 7 mai 2016

4820 - l'Art nazi du gâchis

La Pologne : plus de deux millions de Juifs supplémentaires pour le Reich...
... mais avant de poursuivre, il importe de bien prendre la mesure de cet "Art nazi du gâchis", de cette propension à se créer des "ennemis" et à en faire un "problème" que l'on s'ingénie ensuite à résoudre à grands frais et par tous les moyens possibles,... pour finalement l'aggraver bien davantage au moment précis où on était justement sur le point d'y mettre un terme !

Après avoir créé de toute pièce un"problème juif"... inexistant, puis réussi, de peine et de misère, à le réduire de moitié, laissant ainsi en entrapercevoir la fin à plus ou moins brève échéance, les Nazis, de leur propre initiative, vont, en s'emparant de la Pologne en 1939, soudainement le multiplier par quatre !

Maîtres de la Pologne, ils vont de surcroît s'apercevoir qu'ils partagent à présent une frontière commune avec l'URSS, autrement dit avec l'Empire du Communisme,... alors-même qu'ils venaient tout juste de réussir à éradiquer le communisme en Allemagne !

Cette "découverte" les incitera, deux ans plus tard, à mener une guerre supposément "préventive" en URSS, une guerre qui, au début du moins, se déroulera conformément aux prévisions, mais qui aura tout de même pour effet d'aggraver à nouveau considérablement le "problème juif" et le rendre ainsi définitivement insoluble... 

... du moins par la solution jusque-là classique de l'émigration forcée.

vendredi 6 mai 2016

4819 - le retour au point de départ

Les conquêtes nazies eurent pour effet d'amplifier le "problème juif"
… mais le drame, et le nœud du problème, c'est qu'aucun pays du monde n'est véritablement disposé à accueillir tous ces Juifs dont l’Allemagne ne veut plus !

Chacun multiplie au contraire embûches et obstacles divers pour en interdire ou du moins en limiter l'afflux, ce qui, d'une certaine manière, ne peut évidemment que renforcer les Nazis eux-mêmes dans leur conviction que "les Juifs" constituent bel et bien une "race" indésirable et à part entière.

En novembre 1938, devant l'afflux soudain de réfugiés fuyant la "Nuit de Cristal", les Hollandais vont ainsi décider de doubler les gardes-frontières, puis de fermer carrément leurs portes le 17 décembre suivant, et ce après l'arrivée de quelques sept mille Juifs allemands supplémentaires.

Au même moment, les Britanniques vont quant à eux accepter l'entrée de dix mille enfants juifs sur leur territoire,... mais refuser la demande de vingt et un mille adultes désireux d'immigrer en Palestine, où la venue de milliers de leurs coreligionnaires au cours des mois précédents n’a, il est vrai, fait qu'attiser les tensions avec la population musulmane.

Reste qu'à longue, le rêve nazi d'une Allemagne judenrein pourrait sans doute devenir réalité… n’était la volonté d’Hitler d'envahir la Tchécoslovaquie en 1938 puis, surtout, la Pologne l'année suivante, deux décisions qui, non content de précipiter le monde entier dans une nouvelle guerre, vont de facto, piéger les Juifs allemands où ils se trouvent et, surtout, dramatiquement amplifier l'ampleur du "problème juif" puisque, rien qu'en Pologne, le Reich va ainsi mettre la main sur quelque deux millions cinq cents mille Juifs supplémentaires, soit quatre à cinq fois plus qu'en Allemagne-même !

jeudi 5 mai 2016

4818 - "Les Juifs doivent ficher le camp d'Allemagne"

... en cette seconde moitié des années 1930, Himmler rêve certes d'une Allemagne - voire même d'une Europe - judenrein, "libérée des Juifs", mais jusqu'au déclenchement de la guerre, personne en Allemagne, à l'exception peut-être de quelques antisémites maladifs comme Julius Streicher, ne parle encore "d'extermination".

Sur le plan pratique, et au besoin par la force, il s'agit plutôt de "convaincre" les quelque 600 000 Juifs et métis du Reich que leur présence n'est plus "désirée" sur le sol allemand, et qu'ils doivent donc débarrasser le plancher en émigrant au plus vite dans les pays voisins,... de préférence sans leurs biens et dans tous les cas en acquittant un impôt de sortie !

"Les Juifs doivent ficher le camp d'Allemagne, que dis-je, de l'Europe entière. Cela demandera encore quelque temps. Mais cela se fera et doit se faire. Le Führer y est résolu", écrit ainsi Joseph Goebbels, le 15 novembre 1936

Persécutés verbalement et physiquement, exclus d'une multitude de professions, spoliés de leurs biens et, in fine, privés de leur citoyenneté et considérés comme des étrangers à l'intérieur de leur propre pays, quelque 300 000 Juifs allemands - soit un Juif ou métis sur deux - vont ainsi prendre le chemin de l'exil entre 1933 et 1939...

mercredi 4 mai 2016

4817 - le début des problèmes

... mais si le fait d’être classé dans telle ou telle catégorie raciale peut représenter la différence entre l'emploi et le chômage et, plus tard, entre la Vie et la Mort, ceux qui se retrouvent dans la catégorie la plus inférieure, c-à-d celle des "Juifs", bénéficient parfois de la simple réticence des autorités à appliquer la Loi jusqu'au bout.

Ainsi en va-t-il des mariages mixtes contractés avant 1935 : en pratique, et même s'ils sont officiellement reconnus comme "Juifs", les conjoints d'Aryens feront rarement l'objet de mesures d'expulsion, et plus tard de déportation, vu que  celles-ci risqueraient de provoquer des troubles sociaux, en raison de la réaction prévisible du conjoint aryen !

De même, les "Schutzjuden" ("Juifs protégés"), bénéficieront également  d'une certaine protection pour avoir "rendu de grands services à l'Allemagne" (comme ceux décorés - comme Hitler - de la Croix de Fer lors de la 1ère Guerre mondiale), ou parce qu’ils vivent en Allemagne en tant que nationaux ou bi-nationaux de pays neutres, comme la Suisse, la Suède ou le Portugal..

Reste qu'en additionnant tous ceux reconnus comme "Juifs" ou "Mischlinge" au sens des Lois de Nuremberg de 1935, on arrive à un total de quelque 600 000 "ennemis", soit à peine… 1 % de la population allemande de l'époque !

Ceci dit, comment s’en débarrasser puisque ces "ennemis" - à la différence des Catholiques, des Protestants, des Témoins de Jéhovah, voire même des communistes - ne sont pas "réformables" ?

mardi 3 mai 2016

4816 - confusions

Les Lois de Nuremberg... qui est Juif, qui ne l'est pas
… reste que s'il est aisé de s'entendre sur des notions comme le "mariage" ou la "filiation", la détermination de la religion des grands-parents est beaucoup moins évidente qu'il n'y parait.

Si les églises allemandes, qui jusqu'en 1875 étaient les seules à enregistrer les naissance et les baptêmes, ne voient guère d’objections à livrer leurs registres aux hommes d’Himmler (1), il peut néanmoins arriver que les dits registres aient disparu du fait d'une guerre ou d'un incendie, que ces documents soient matériellement inaccessibles (par exemple si la paroisse est située dans une zone devenue russe ou polonaise après 1918), que des enfants juifs aient été adoptés par des aryens (et inversement), que des enfants soient nés de père inconnu, ou que des parents ou grands-parents aient changé de nom,

Il peut aussi arriver que celui reconnu comme "Juif" ou "Mischling" allègue que les parents ou grands-parents que lui attribuent les documents officiels ne sont pas les bons, et s’adresse alors aux tribunaux afin d’être reclassé dans une catégorie supérieure (par exemple de "Juif" à "Mischling au premier degré", de "Mischling du premier degré" à "Mischling au second degré", ou même à "Aryen")

Dans l’Allemagne d’Hitler, la profession de généalogiste agréé est vite devenue, avec celle de faussaire (!), une des plus populaires, non seulement chez les "Juifs" et "Mischlinge" avides d'un "reclassement", mais aussi chez les "Aryens" à qui l'Administration, l'Armée, et bien entendu la SS d’Himmler, réclament un "Certificat d'aryanité" en bonne et due forme...

(1) l'église luthérienne de Berlin ira même, de sa propre initiative, et sans que personne ne lui demande rien, jusqu'à dresser une liste alphabétique de toutes les conversions de Juifs entre 1800 et 1874...

lundi 2 mai 2016

4815 - les Lois de Nuremberg

La classification des Juifs et Mischlinge selon les Lois de Nuremberg
… selon ces deux deux éminents juristes, et quelle quoi soit la religion pratiquée (ou non) par l'intéressé, est à présent considéré comme "Juif" "a) tout individu ayant au moins trois grands-parents juifs ou b) tout individu ayant deux grands-parents juifs et étant lui-même soit de confession israélite, soit marié à un Juif ou une Juive, soit issu d'un mariage où l'un des époux était juif si le mariage avait été contracté après la promulgation de la Loi, soit enfant illégitime d'un parent juif si la naissance se produit après le 31 juillet 1936" !

Mais pour rendre les choses encore plus compliquées, Stückhart et Lösener ont également créé une sorte de "troisième race", celle des "Mischlinge", c-à-d des "individus métissés de Juifs", soit tous ceux qui, bien que n'étant pas officiellement reconnus comme "Juifs", possèdent néanmoins - et malheureusement pour eux - une certaine quantité de "sang juif" !

Sont donc considérés comme "Mischlinge au premier degré" tout individu ayant deux grands-parents juifs mais qui n'était pas lui-même de confession israélite ni marié à un Juif ou une Juive, et "Mischlinge au second degré" tout individu n'ayant qu'un seul grand-parent juif"

Bien que considérés comme "non-aryens", ce qui les prive de facto de nombreuses opportunités d'emploi et de toute chance de promotion en raison de leur "tare raciale », les "Mischlinge" échappent cependant au sort commun des "Juifs" ce qui, en pratique, va permettre à la plupart d'entre eux d'échapper aux déportations et massacres des années à venir (1)

(1) cette définition du "Juif" demeurera d'application jusqu'à la fin de la guerre,... du moins en Allemagne, étant bien entendu que dans tous les territoires occupés par l'Allemagne, ses nombreuses subtilités échapperont souvent aux SS moyens, qui auront alors tendance à rafler, déporter et exécuter comme "Juifs" tous ceux - y compris les musulmans ! - qui leur sembleront mériter ce qualificatif...

dimanche 1 mai 2016

4814 - protéger le sang et l'honneur allemand

Une Aryenne et un Juif : un "péché contre la race et le sang allemand"...
… en dépit des affirmations d'antisémites rabiques comme Julius Streicher et des caricatures régulièrement publiées dans la Presse ou reproduites en pamphlets et affiches, l'examen des "traits raciaux" - dont Himmler, comme nous l’avons vu, fait lui-même grand usage dans le recrutement pour la SS - s'avère rarement probant et risque même de provoquer à tout moment de regrettables méprises, c-à-d de classer un "Juif" comme "Aryen" ou, pire encore, de déclasser un "Aryen" en "Juif" !

A cela s'ajoutent tous les problèmes liés aux mariages mixtes, et surtout à leur descendance : un métis est-il d'abord un  "Juif" ou alors un Allemand ? et qu’en est-il de ses enfants ?

Dès l’arrivée des Nazis au Pouvoir, nombre de citoyens allemands, encouragés ou non par la SA ou la SS, ont commencé, dans le plus grand désordre, à harceler et molester tous ceux qui leur "semblaient Juifs", ou "dont les voisins affirmaient qu'ils étaient Juifs".

Ces débordements s’avérant par trop dommageables à l’image du régime, Hitler a exigé, le 13 septembre 1935, la rédaction en extrême urgence d’une "Loi pour la protection du sang et de l'honneur allemands", que les juristes présents au grand rassemblement annuel du parti à Nuremberg, exténués et bientôt à court de papier, ont fini par rédiger… sur des cartons de menus (!)

Toute tentative basée sur la classique pratique religieuse étant exclue par principe, les docteurs Wilhelm Stuckart et Bernhard Lösener ont donc accouché d’un texte légal qui, bien que se voulant le plus simple possible, finira au bout du compte par poser plus de questions qu’il n'apportera de réponses,,,