samedi 30 avril 2011

2976 - le pétrolier qui ne voulait pas mourir

... dans l'après-midi du 13 août, l'Ohio n'est plus qu'une épave, que son équipage a d'ailleurs abandonné pour se réfugier sur le destroyer Penn.

Mais aussi incroyable cela puisse-t-il paraître en regard des dommages qu'il a déjà subi, le grand pétrolier refuse de mourir. Et comme l'essence qu'il contient - et qui miraculeusement ne s'est pas encore embrasée - est vitale pour le sort de Malte, décision est bientôt prise de renvoyer des hommes à bord afin qu'ils aident au remorquage.

Espoir futile : malgré tous ses efforts, le Penn, qui ne jauge que 1 500 tonnes, s'avère incapable de hâler un navire non seulement dix fois plus lourd que lui mais aussi sur lequel les Allemands, flairant la proie facile, continuent de s'acharner : dans la soirée, ayant encaissé plusieurs bombes supplémentaires, l'Ohio est donc abandonné pour la deuxième fois.

Au matin du 14, l'increvable pétrolier est pourtant encore à flots ! L'arrivée d'un dragueur de mines - le Rye - va même permettre au Penn de reprendre un remorquage que les Allemands, comme la veille, viennent cependant interrompre une fois de plus, contraignant l'équipage à abandonner pour la troisième fois (!) un navire qui, au passage, encaisse encore quelques bombes supplémentaires.

Mais comme il faut toujours croire en la Providence, celle-ci se matérialise sous la forme de deux destroyers supplémentaires - les Branham et Ledbury - lesquels vont bientôt offrir aux l'incroyable spectacle d'une carcasse de pétrolier hâlée par deux navires et littéralement prise en sandwich par deux autres !

S'il ne tenait qu'à eux, les aviateurs Allemands briseraient aussitôt la magie mais l'incroyable équipage est à présent suffisamment proche de Malte pour se voir secouru par les "Spitfire" de l'île.

Malgré quelques attaques supplémentaires, c'est donc sous les acclamations d'une foule aussi incrédule qu'hystérique que l'Ohio parvient enfin à pénétrer dans le port de La Valette, dans la matinée du 15 août...

vendredi 29 avril 2011

2975 - ça passe ou ça casse

... pour les Britanniques, Pedestal a en tout cas très mal commencé puisque le 11 août, vingt-quatre heures après franchi le Détroit de Gibraltar, le porte-avions Eagle est victime des torpilles du sous-marin allemand U-73, et expédié par le fond en moins de cinq minutes, alors que le convoi, et en particulier le pétrolier Ohio, est encore à plus de 1 000 kms de Malte !

Et l'affaire ne va certes pas s'arranger dans les heures qui suivent, car Kesselring, bien conscient de l'enjeu, a en effet a mobilisé la quasi-totalité des forces de l'Axe encore présentes en Méditerranée, soit plus de 600 avions au total.

Dans l'après-midi, à présent à portée des appareils germano-italiens postés en Sardaigne, le convoi devient la cible d'innombrables bombes et torpilles, qui n'occasionnent néanmoins que des dommages mineurs.

Partie remise car, dès le lendemain, les attaques reprennent de plus belle, entraînant cette fois la mise hors-service du porte-avions Indomitable, mais aussi de sévères dommages à l'Ohio, qui, vers 20h00, est la victime de la torpille d'un sous-marin italien.

Et ce n'est pas fini puisque le 13 août, rameutés par le sang, des dizaines de Junkers -87 et -88 pilonnent les navires à présent privés de support aérien (1), ciblant tout particulièrement l'Ohio, régulièrement encadré par des explosions qui ne font qu'accroître les dommages causés par la torpille du jour précédent.

Pour couronner le tout, un "Stuka", abattu par la DCA du pétrolier, a la mauvaise idée de s'écraser sur le flanc tribord de celui-ci.

Quelques instants plus tard, deux autres bombes soulèvent littéralement hors de l'eau un navire qui, à 10h50, machines noyées, et prenant l'eau de toute part, n'est plus qu'une épave promise à une mort certaine...

(1) comme à l'habitude, les porte-avions britanniques avaient fait demi-tour à l'entrée du Détroit de Sicile

jeudi 28 avril 2011

2974 - Pedestal

... août 1942

Dans la première quinzaine de juin, bombardiers et avions-torpilleurs germano-italiens, mais aussi navires de surface de la Regia Marina, ont multiplié les attaques contre les convois Vigorous (parti de Port-Saïd et d'Haïfa) et Harpoon (parti de Gibraltar)

Le bilan de ces attaques s'est avéré particulièrement lourd pour les britanniques, puisque Vigorous a dû faire demi-tour après avoir perdu plusieurs cargos (mais aussi un croiseur et trois destroyers), tandis que Harpoon, en plus de causer la perte de deux destroyers, n'a finalement amené à Malte que deux cargos sur les cinq (plus un pétrolier) qui étaient partis de Gibraltar.

Incontestables échecs britanniques, ces deux opérations simultanées ont néanmoins, une fois encore, démontré qu'en dépit de tous les efforts germano-italiens, Malte demeurait ravitaillable.

Mais le véritable et ultime test va se produire du 9 au 15 août avec Pedestal, grand convoi de quatorze navires marchands partis de Gibraltar, et littéralement centré autour du pétrolier américain Ohio (1)

Car plus que de nourriture, de médicaments ou de munitions, c'est surtout l'essence, et en particulier l'essence pour avion, qui manque le plus dramatiquement à Malte, ce pourquoi la protection de ce navire de 10 000 tonnes - ce qui en fait à l'époque le plus gros pétrolier du monde ! - est assurée par rien moins que trois porte-avions (dont l'Eagle), deux cuirassés, sept croiseurs et trente-deux destroyers...

(1) appartenant à la Texaco, et battant pavillon américain, l'Ohio avait été réquisitionné par les Britanniques après son arrivée en Grande-Bretagne, en juin 1942, et son équipage remplacé par un équipage britannique

mercredi 27 avril 2011

2973 - les charmes de la pensée magique

... Juin 1942

Dans ses mémoires, Kesselring écrira qu'après des mois d'attaques et des milliers de tonnes de bombes, le haut-commandement de la Luftwaffe considéra que "le succès de l'attaque aérienne contre Malte avait amené une telle détente de la situation, qu'il transféra sur le Front Est la plupart des forces aériennes"

"Naturellement, s'empressera-t-il d'ajouter, "il resta assez de forces pour pouvoir surveiller encore Malte" (1)

Le haut-commandement - et Kesselring lui-même - se trompait-il à ce point ou, à l'instar d'Adolf Hitler, avait-il tout simplement succombé aux charmes de la pensée magique ?

Car si une Luftflotte de plusieurs centaines d'appareils n'avait pas réussi à imposer un blocus complet à cette île maudite, comment imaginer qu'une force de "surveillance" réduite à la seule Regia Aeronautica italienne, et à quelques dizaines d'avions allemands, y parviendrait davantage ?

Et comment s'imaginer que les Britanniques - comme ils l'avaient d'ailleurs fait l'année précédente - ne chercheraient pas à profiter de ce relâchement pour expédier tous les navires possibles à Malte afin qu'ils réapprovisionnent l'île et lui permettent ensuite de repartir à l'attaque contre le trafic maritime germano-italien à destination de l'Afrique du Nord...

(1) Fana de l'Aviation, HS 41, page 70

mardi 26 avril 2011

2972 - migrer vers d'autres cieux

... les pertes de la Luftwaffe au-dessus et autour de Malte - 500 avions depuis le début du mois de janvier 1942 - sont évidemment élevées et, du moins en ce qui concerne les pilotes et navigants, difficilement remplaçables.

Mais l'essentiel est ailleurs, et d'abord à l'Est, où le redoutable hiver russe, et la non moins détestable période de rasputitsa, sont à présent terminées, ce qui a naturellement poussé Hitler à repartir à l'offensive, afin d'en finir une bonne fois pour toutes avec l'ours soviétique.

Et puis il y a Rommel qui, désormais convenablement réapprovisionné grâce aux sacrifices de cette même Luftwaffe en Méditerranée, est lui aussi reparti à l'attaque en Libye (21 janvier), a enfin réussi à s'emparer de Tobrouk (21 juin), contre laquelle il butait depuis plus d'un an, et, poursuivant sur sa lancée, a pénétré en Égypte, avec l'objectif manifeste de s'emparer d'un Canal de Suez vital pour l'Empire britannique.

Ces deux offensives, qui se déroulent à des milliers de kilomètres l'une de l'autre, réclament naturellement de nombreux bombardiers de soutien, ainsi que leurs chasseurs d'accompagnement.

Mais le problème est une fois encore celui de la couverture trop petite : la Luftwaffe ne peut faire face à ses engagements russes et égyptiens qu'à la seule condition de dégarnir - une fois encore - ses autres Fronts, ce qui, concrètement, signifie qu'il va falloir réexpédier de Méditerranée en Russie la plupart des avions qu'on avait rapatrié de Russie en Méditerranée six mois plus tôt !

Résultat immédiat, le nombre de sorties des appareils de la Luftflotte 2, qui était de près de 9 000 en avril, va tomber à moins de 900 en juin !

Ce n'est pourtant que la conséquence la moins grave...

lundi 25 avril 2011

2971 - tristes attritions

... mai 1942

A Malte comme ailleurs, le perdant ne sera ni le plus couard, ni le pire combattant, ni le moins habile manœuvrier, mais tout simplement celui qui se verra contraint de jeter l'éponge avant l'autre.

Dit autrement, la guerre aérienne au-dessus et autour de Malte, et à vrai dire la guerre en Afrique du Nord et dans tout le bassin méditerranéen, est une simple guerre d'attrition, dont l'issue se joue à la capacité - ou l'incapacité - de remplacer les soldats blessés ou tués, et le matériel endommagé ou détruit.

En mai 1942, donc, Allemands et Italiens semblent, tout comme l'année précédente à la même époque, sur le point de triompher mais, tout comme l'année précédente à la même époque, la victoire va une fois de plus leur échapper.

Malte est certes plus isolée que jamais, et moins en mesure que jamais de rendre coup pour coup,... mais la victoire qui se dessine pour l'Axe est une victoire qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir.

Passe encore pour les centaines d'appareils détruits depuis le mois de janvier, que l'Industrie - du moins l'Industrie allemande, pour l'italienne, c'est une autre affaire - est en mesure de remplacer.

Mais on ne remplace pas les équipages expérimentés aussi facilement que les avions... surtout si les dits équipages sont également requis sur d'autres Fronts que le Führer, à tort ou à raison, juge bien plus essentiels...

dimanche 24 avril 2011

2970 - un mutuel acharnement

... le 20 avril, une cinquantaine de "Spitfire" décollent du porte-avions Wasp à destination de Malte.

C'est la première intervention américaine en Méditerranée, et la première manifestation de l'aide américaine aux Maltais.

Peu de choses en vérité : jugé - provisoirement - trop petit pour le Pacifique (1), le Wasp n'a été envoyé dans l'Atlantique, puis en Méditerranée, que par défaut et, comme tous ses homologues britanniques avant lui, il s'est contenté de s'approcher le plus près possible de Malte avant de faire décoller les avions britanniques stationnés sur son pont d'envol.

Les Allemands, du reste, attendent ces avions de pied ferme, et vont en détruire la moitié au sol, dans les trois jours qui suivent (!), forçant les Britanniques à organiser deux nouveaux convoyages en mai (64 et 16 "Spitfire") et un autre en juin (55 "Spitfire").

Si ces renforts continuels ne changent strictement rien à la situation générale de l'île - qui continue d'être bombardée et demeure incapable de s'en prendre sérieusement au trafic maritime ennemi - ils ont au moins le mérite de propulser jour après jour le compteur des pertes germano-italiennes vers de nouveaux sommets : entre janvier et mai 1942, la seule Luftflotte 2 va ainsi perdre près de 500 avions, dont la moitié sur le seul mois d'avril...

(1) à la fin juin, après les batailles de la Mer de Corail et de Midway, où les USA avaient à chaque fois perdu un porte-avions, le Wasp fut rappelé dans le Pacifique, puis détruit par un sous-marin japonais le 15 septembre, au large des îles Salomon

samedi 23 avril 2011

2969 - sauvageries

... avril 1942

Comme aucun des deux camps n'entend céder, les combats ne tardent à verser dans la sauvagerie.

A maintes reprises, des pilotes britanniques qui se sont parachutés de leur avion en perdition sont mitraillés par les pilotes allemands, lesquels sont quant à eux lynchés par les habitants de Malte lorsqu'ils ont la malchance de tomber entre leurs mains.

Et les Maltais, parlons-en : soumis à plusieurs alertes aériennes par jour, les quelque 270 000 habitants de l'île passent désormais leur vie dans les caves et les abris, en priant Dieu pour que leurs maisons, déjà lourdement endommagées, ne soient pas purement et simplement pulvérisées par les bombes allemandes et italiennes.

Et puis, il y a la faim et le manque de soins : pour assurer les besoins élémentaires de la garnison, mais aussi des Maltais eux-mêmes, il faut des dizaines de tonnes d'approvisionnement par jour.

Allemands et Italiens le savent, qui bombardent ou torpillent systématiquement tout ce qui s'approche de l'île assiégée. Mais comme les avions ne peuvent voler en permanence, ni être partout à la fois, des sous-marins, et même quelques cargos forceurs de blocus, parviennent néanmoins à passer de temps à autres, ce qui prolonge l'espoir - et donc la lutte - de quelques jours ou quelques semaines supplémentaires

Le 15 avril, lors d'une réunion au sommet, Churchill va d'ailleurs réitérer sa résolution de défendre Malte à tout prix... même si cela implique de continuer à sacrifier les uns après les autres les bâtiments de la Royal Navy qui, en Méditerranée, va définitivement perdre son rang de première marine du monde...

vendredi 22 avril 2011

2968 - accentuer la pression

... mars 1942

En ce début de mars 1942, la situation à Malte n'est pas sans évoquer celle - dramatique - qui y prévalait l'année précédente.

Privée de ravitaillement, l'île est à nouveau à bout de souffle, et en particulier à court de chasseurs, abattus ou détruits au sol les uns après les autres.

Si l'on veut la sauver, il faut - une fois de plus - y expédier de nouveaux avions toutes affaires cessantes.

Mais plus question cette fois de "Hurricane" démodés, qui ne pèseraient pas lourd face aux Me-109F de la Luftwaffe : ce qu'il faut, ce sont des "Spitfire", et en l’occurrence des Mk V, que l'antique, mais décidément indestructible Argus, va délivrer en vol le 7 mars.

Engagés au combat dès le 10, ces "Spitfire", bien qu'en nombre toujours très insuffisant, représentent un progrès indéniable dans la défense de l'île, et d'autant plus que deux autres convoyages vont porter leur effectif à une cinquantaine d'exemplaires à la fin mars.

Pour Kesselring, il n'est cependant pas question de baisser les bras, mais au contraire d'accentuer la pression sans égard pour les pertes, lesquelles croissent cependant elles aussi dans des proportions inquiétantes : le 22 mars, quatre Messerschmitt 110 sont ainsi envoyés au tapis par les "Spitfire" maltais, qui ne déplorent eux-mêmes aucune perte.

Mais il en faudrait bien plus pour stopper la Luftwaffe : en avril, 7 000 tonnes de bombes - soit sept fois plus qu'en janvier ! - vont être déversées sur l'île, y causant une dévastation inimaginable, et contraignant ses malheureux habitants à se précipiter aux abris près d'une dizaine de fois... par jour !

jeudi 21 avril 2011

2967 - retournement de situation

... dès le début du mois de janvier, le retour de la Luftwaffe va se faire douloureusement ressentir dans le ciel maltais.

En quelques semaines, le nombre de sorties quotidiennes d'avions frappés de la croix gammée va passer de moins d'une dizaine à plus de deux cents, avec pour résultat de gratifier l'île de plus d'un millier de tonnes de bombes supplémentaires sur le seul mois de janvier.

Les "Hurricane" font certes ce qu'ils peuvent, mais ils sont désormais irrémédiablement surclassés par les Me-109F allemands, tandis qu'au sol, le pilonnage systématique des terrains rend de plus en plus difficile la mise en œuvre des bombardiers et torpilleurs chargés de s'en prendre au trafic maritime de l'adversaire.

De fait, les pertes de navires, qui avaient atteint 60 % en novembre 1941, ne sont plus que de 25 % en janvier. Le mois suivant, l'Afrika Korps va même réceptionner 30 cargos sur 33, soit 90 % des approvisionnements qui lui sont destinés, ce qui va permettre à Rommel de repartir à l'offensive, de regagner le terrain perdu à l'automne, puis de poursuivre jusqu'en Égypte.

Si les approvisionnements de l'Axe à destination de l'Afrique du Nord sont maintenant au beau fixe, ceux de la Grande-Bretagne vers Malte sont à nouveau au plus mal : le 12 février, deux des trois cargos destinés à l'île sont expédiés par le fond, et le troisième dérouté sur Tobrouk (1), avec pour conséquence d'affaiblir encore un peu plus "l'incoulable porte-avions maltais" qui, début mars, ne dispose plus que d'une dizaine de "Hurricane" à bout de souffle pour assurer sa défense...

(1) capturé par les Britanniques le 22 janvier 1941, cet important port stratégique fut repris par Rommel le 21 juin 1942.

mercredi 20 avril 2011

2966 - le "tout aérien"

... pour mettre en œuvre ces centaines d'avions rapatriés de Russie, Hitler a jeté son dévolu sur un homme énergique, qui y commandait jusque-là la Luftflotte 2.

A 56 ans - il les a fêtés le 30 novembre - le Generalfeldmarschall Albert Kesselring est assurément l'homme de la situation, mais c'est aussi un homme confronté à une tâche particulièrement difficile : neutraliser, et si possible conquérir, une île de Malte contre laquelle les forces de l'Axe butent vainement depuis juin 1940, et qui, depuis cette date, n'a cessé de se renforcer en troupes, avions et canons antiaériens.

Pour réussir pareil pari, Kesselring mise sur une offensive aérienne à outrance : il va falloir pilonner Malte jour et nuit, afin d'user les défenses de l'île, mais aussi bombarder et torpiller systématiquement tous les navires de ravitaillement qui s'en approcheront, afin de l'asphyxier.

Si ce n'est l'ampleur des moyens qu'il se propose de jeter dans la bataille, rien dans cette tactique ne s'éloigne fondamentalement des tentatives de 1940 et 1941 - lesquelles se sont soldées par autant d'échecs cuisants - ce pourquoi le Generalfeldmarschall ne la considère-t-il que comme un préambule obligé à un véritable assaut aéroporté et amphibie, sur le modèle de celui qui a permis au Reich de se rendre maître de la Crète, en mai 1941.

Le problème, c'est que si les généraux allemands - mais aussi alliés ! - continuent de considérer les opérations aéroportées de grande envergure comme le symbole-même de la guerre moderne, Hitler, lui, a été à ce point effaré par les pertes subies en Hollande puis en Crète, et en particulier par les pertes en avions de transport, qu'il s'est juré de ne plus jamais tenter l'aventure.

Fidèle à ses habitudes, le Führer a pourtant décidé... de ne rien décider, ou plus exactement d'attendre que les raids aériens aient eux-mêmes rendu inutile une opération aéroportée qu'il se refuse autant à autoriser tacitement qu'à décommander formellement...

mardi 19 avril 2011

2965 - le retour de la Luftwaffe

... janvier 1942

Fin 1941, grâce au "porte-avions maltais", la situation est devenue intenable pour les forces de l'Axe en Afrique du Nord : faute d'approvisionnements et de renforts, l'Afrika Korps a été ramenée sur ses positions de départ du mois de mars; faute d'essence et de pièces détachées, son aviation de soutien est pour ainsi dire clouée au sol; et sur mer, l'insécurité est devenue telle que le commandement italien n'a eu d'autre choix que d'interdire à ses propres navires l'accès au port de Tripoli.

Une fois de plus contraint par les événements, et soucieux d'éviter un effondrement complet, Hitler s'est néanmoins décidé à intervenir avec fermeté.

Mais avec quoi ? Impossible d'envoyer en Méditerranée les sous-marins dont l'Allemagne a désespérément besoin pour gagner la "Bataille de l'Atlantique", et pas question non plus d'offrir à Rommel les dizaines de milliers de fantassins et les centaines de tanks qu'il réclame : tout cela est plus que jamais indispensable à l'Est, surtout depuis que les Soviétiques ont lancé une vaste contre-offensive autour de Moscou.

Une fois de plus, c'est donc la Luftwaffe qui va devoir jouer les "pompiers du Reich" : de seulement quelques dizaines en novembre 1941, le nombre d'avions à croix gammée présents sur les terrains de Sicile va passer à près de 200 en décembre, et à plus de 400 en mars 1942.

Mais comme le syndrome de la couverture trop courte n'a fait que s'aggraver depuis 1941, tous ces avions doivent nécessairement être arrachés à un autre Front, et plus précisément au Front de l'Est, où on les avait envoyés six mois plus tôt !

lundi 18 avril 2011

2964 - un nouvel espoir

... décembre 1941

A Malte, et comme en 1940, les derniers jours de décembre sont accueillis avec un regain d'optimisme, à peine tempéré par la disparition du porte-avions Ark Royal, compagnon de lutte de la première heure, torpillé le 13 novembre par le sous-marin allemand U-81 après avoir, une fois de plus, largué un nouveau chargement de "Hurricane" à destination de l'île.

Malgré cette tragique disparition, malgré les difficultés d'approvisionnement qui persistent, et malgré les bombes qu'Italiens (et dans une moins grande mesure, Allemands) continuent de faire régulièrement pleuvoir sur leurs têtes, les défenseurs de Malte savent que le bilan joue une fois de plus en leur faveur.

En Afrique du Nord, Rommel, qui, du fait des attaques maltaises, n'a reçu que 8 000 hommes sur les 60 000 réclamés, et seulement une partie de ses approvisionnements, Rommel, donc, vient juste d'être ramené sur sa ligne de départ d'El Agheila (Libye), d'où il s'était élancé en mars.

En URSS, la Wehrmacht, que tout le monde voyait bientôt parader à Moscou, vient pour sa part d'être repoussée par une puissante contre-offensive soviétique qui, secondée par le non moins formidable hiver russe, est à deux doigts de lui faire connaître une nouvelle Berezina, à laquelle elle n'échappera d'ailleurs que par miracle.

Mais c'est à Hawaï, à des milliers de kilomètres de là, que les nouvelles, bien que dramatiques, sont finalement les plus réjouissantes : au matin du 7 décembre, l'Aéronavale japonaise a lancé une attaque sur la grande base de Pearl Harbour, précipitant l'Amérique dans un conflit qu'Hitler, en déclarant lui-même la guerre aux États-Unis quatre jours plus tard, vient de rendre mondial, ce qui, à terme, signifie que Malte pourra elle aussi bénéficier de la manne américaine.

Pourtant, alors que le ciel maltais semble se dégager, les Allemands viennent de prendre la décision de le rendre plus noir que jamais....

dimanche 17 avril 2011

2963 - coup pour coup

... automne 1941

Même si l'étau s'est fortement déserré, les attaques contre Malte, et contre les convois de ravitaillement qui lui sont destinés, n'ont évidemment pas cessé pour autant.

Jour après jour, semaine après semaine, des cargos sont torpillés en mer, des bombes s'abattent sur les habitations de l'île, des cargos sont incendiés dans le port de La Valette, et des avions détruits au sol ou dans les combats aériens qui continuent de faire rage.

Mais désormais menées presque exclusivement par les Italiens, ces attaques n'ont plus l'intensité des premiers mois de 1941, en sorte que l'île, donnée pour morte à la fin mars, ne cesse de reprendre des forces et s'avère bientôt en mesure de rendre coup pour coup... et même au-delà.

A l'automne, alors que les armées allemandes triomphent en URSS, la Méditerranée est devenue le terrain de chasse de l'aviation maltaise qui, non contente de bombarder les terrains et ports d'Italie et de Sicile, s'aventure de plus en plus loin en mer afin de couler les navires occupés à ravitailler l'Afrika Korps.

Et la Royal Navy n'est pas en reste qui, en octobre, profitant de la baisse de régime des germano-italiens, parvient, pour la première fois depuis juin 1940, à stationner une flottille d'intervention - la Force K - à Malte-même, soit deux destroyers et deux croiseurs légers qui, le 8 novembre, vont envoyer par le fond les sept cargos d'un convoi italien !

Fin novembre, sous l'effet conjugué de l'aviation et des navires de surface maltais, près de 60 % des troupes et des approvisionnements destinés à Rommel vont s'en aller tapisser le fond de la Méditerranée, portant le bilan de l'année 1941 à plus 250 000 tonnes de navires, soit un tiers de tout ce qui a quitté les ports italiens à destination de l'Afrique du Nord...

samedi 16 avril 2011

2962 - le syndrome de la couverture trop petite

... juillet 1941

En ce début d'été 1941, la Luftwaffe se trouve pour la première fois dans la désagréable position du dormeur qui, aux prises avec une couverture trop petite, ne pourra jamais recouvrir à la fois ses pieds et le sommet de son corps, et finira donc par mourir de froid.

Pour soutenir les offensives en Grèce (avril), en Crète (mai) puis, surtout, en URSS (22 juin), l'État-major n'a en effet eu d'autre choix, faute de réserves, que de grappiller des avions sur tous les autres théâtres d'opérations, et notamment en Méditerranée occidentale.

Et si quelques bombardiers frappés de la croix gammée continuent d'opérer - surtout de nuit - au-dessus de Malte, la responsabilité d'en découdre avec l'île, mais aussi d'assurer la sécurité du trafic maritime entre l'Italie et la Libye, repose désormais presque exclusivement sur les épaules de la Regia Aeronautica italienne qui, malgré le courage de nombre de ses pilotes, est malheureusement incapable de suffire à la tâche.

En conséquence, après plusieurs mois d'interruption, les convois de ravitaillement britanniques ont pu reprendre : en avril, deux opérations successives ont ainsi permis d'amener à Malte douze puis vingt-trois chasseurs "Hurricane"; quarante-huit autres ont suivi en mai, et encore quarante-huit en juin.

En même temps que les chasseurs, les bombardiers, qui avaient tous dû émigrer en Égypte fin février, ont commencé à réintégrer leurs nids maltais. Et les premiers "Wellington" ont rapidement été suivis de Bristol "Bleinheim" et "Beaufighter", mais aussi de Martin "Maryland" et de Short "Sunderland" de reconnaissance.

Mais le plus important, bien que le moins prestigieux, a encore été le retour progressif, dans le port de La Valette, des cargos et des pétroliers chargés des approvisionnements indispensables à la poursuite de la lutte...

vendredi 15 avril 2011

2961 - Operation Merkur

... Kalamata, 25 avril 1941


Pour les fantassins britanniques, australiens et néo-zélandais qui n'ont pu se sauver par le port de Kalamata, la Bataille de Grèce vient de se solder par un nouveau désastre... et même par un "nouveau Dunkerque", puisque la Royal Navy, pour la deuxième fois en un an, vient de sacrifier plusieurs de ses navires, dont deux destroyers, sans parvenir pour autant à évacuer l'intégralité du corps expéditionnaire,

Ironiquement, parmi les quelque 50 000 hommes qui ont néanmoins réussi à trouver une place sur un navire de transport, et à échapper ainsi à la capture, un bon nombre va se retrouver expédié une centaine de kilomètres plus au sud, et plus précisément en Crète,... île que le Reich est également bien résolu à envahir !

Car pour Hitler, la prise de la Crète est le dernier acte qui viendra non seulement couronner sa campagne victorieuse dans les Balkans, mais qui lui permettra également de sécuriser le flanc sud de sa future campagne contre l'URSS.

Pour s'emparer de cette île, l'État-major a décidé de recourir massivement à des troupes aéroportées qui, le 20 mai 1941, presque un an jour pour jour après leur attaque contre la Hollande (1), seront donc larguées par avions ou déposées par planeurs.

Mais si l'Operation Merkur - dont nous reparlerons prochainement plus en détails - se solde par un nouveau succès allemand, et un troisième Dunkerque pour les Alliés, une fois de plus contraints à rembarquer (2) ! - son coût s'avère tout aussi prohibitif qu'en Hollande, non seulement pour les paras, mais aussi pour la Luftwaffe, qui y perd près de 400 avions, dont plus d'une centaine d'irremplaçables Junkers-52 de transport, lesquels vont cruellement manquer dans les mois et les années à venir.

Et notamment au-dessus de Malte...

(
1) Saviez-vous que... 2783
(2) cette nouvelle défaite coûta à la Royal Navy la bagatelle de six destroyers et trois croiseurs, dont le Gloucester, rescapé de l'Operation Excess en janvier

jeudi 14 avril 2011

2960 - le miracle du printemps

... avril 1941

En cette fin du mois d'avril, les Maltais n'en croient pas encore leurs yeux : alors que la Luftwaffe, qui les matraquait depuis trois mois, était sur le point de l'emporter, ses avions viennent pour ainsi dire de disparaître du ciel !

Pour en comprendre la raison, il faut se projeter plusieurs centaines de kilomètres au Nord-Est et quelques semaines plus tôt, et plus précisément en Albanie, le 6 mars, lorsque l'armée italienne est repartie à l'attaque contre les forces grecques.

Comme à l'automne précédent, cette nouvelle offensive a une fois de plus été contrée par les Grecs, et s'est par ailleurs s'est avérée si coûteuse en hommes (plus de 12 000 tués) que Mussolini n'a eu d'autre choix que de jeter l'éponge après seulement deux semaines de combats.

Mais contrairement à l'automne précédent, l'Allemagne nazie n'a cette fois eu d'autre choix que d'intervenir, pour sauver la mise à l'allié italien, bien sûr, mais aussi parce qu'Hitler, à seulement quelques semaines d'envahir l'URSS, ne peut se permettre de voir les Britanniques, désormais alliés des Grecs, menacer directement le flanc sud de ses armées, et en particulier les gisements de pétrole roumains, indispensables à l'effort de guerre allemand.

Le 6 avril, depuis la Bulgarie, mais aussi la Yougoslavie (qu'elle a traversée en trombe), la Wehrmacht a donc pénétré en territoire grec.

La Wehrmacht mais aussi la Lufwaffe, pour laquelle Malte n'est plus qu'un objectif très secondaire... et un objectif qui ne mérite certes plus pareille mobilisation de chasseurs et de bombardiers, désormais bien plus utiles ailleurs...

mercredi 13 avril 2011

2959 - le matraquage

... mars 1941

Depuis le début du mois de janvier, les défenses de Malte n'ont cessé de s'affaiblir du fait des attaques continuelles des appareils germano-italiens, mais aussi faute d'un réapprovisionnement devenu sinon impossible, du moins par trop coûteux en hommes et en navires.

Le 26 février, un nouveau bombardement du terrain de Luqa a provoqué de telles destructions au sol que les derniers Vickers "Wellington" encore présents n'ont eu d'autre choix que de déménager à Alexandrie.

Comme à l'été 1940, la force offensive de Malte ne repose donc plus que sur une poignée de vieux biplans "Swordfish", dont la destruction éventuelle ne représenterait certes pas une grande perte pour l'Empire britannique, mais dont les capacités fort limitées ne menacent désormais plus le trafic maritime ennemi.

Et de fait, entre janvier et mars, le nombre de cargos de l'Axe qui ont rejoint Tripoli (Libye) a été multiplié par trois, ce qui, le 24 mars, a permis à l'Afrika Korps nouvellement constituée de partir à la reconquête des territoires abandonnés par les Italiens au cours de l'automne précédent.

A Malte-même, la défense aérienne ne repose plus, fin mars, que sur huit chasseurs "Hurricane" bien fatigués et qui ne peuvent plus grand-chose contre le matraquage qu'Allemands et Italiens continuent de mener contre l'île.

Mais alors que la situation semble une nouvelle fois désespérée, la Luftwaffe va, presque du jour au lendemain, quasiment disparaître du ciel maltais...

mardi 12 avril 2011

2958 - à la Pyrrhus

... 26 janvier 1941

Avec le retour de l'Illustrious à Alexandrie, Excess s'achève donc sur un succès des Britanniques, lesquels ont non seulement réussi à ravitailler Malte, mais sont également parvenus à sauver leur porte-avions que tout le monde, à commencer par les Allemands, tenait pourtant pour condamné.

Si on y ajoute le fait qu'en trois semaines d'opérations, les attaques aériennes contre ce dernier bâtiment, contre le reste de la flotte, et contre Malte elle-même, ont coûté près de 90 appareils aux germano-italiens, ce succès a toutes les apparences d'une victoire.

Mais c'est une victoire à la Pyrrhus, dont le coût paraît définitivement condamner toute nouvelle tentative de secourir Malte, puisqu'en plus de la perte du destroyer Gallant et du croiseur léger Southampton (1), les Britanniques vont également devoir se passer de leur précieux porte-avions qui, après un bref séjour à Alexandrie, prendra immédiatement la route d'une chantier naval américain (2) dont il ne ressortira qu'en mai de l'année suivante.

Dans les semaines qui vont suivre, le ravitaillement de Malte ne pourra donc plus s'effectuer que par sous-marins, lesquels - on s'en doute - sont loin de pouvoir satisfaire aux besoins, même les plus essentiels.

Comme les Allemands et les Italiens, de leur côté, continuent régulièrement de bombarder l'île, les défenses de celle-ci ne vont cesser de s'affaiblir...

(1) la dénomination "léger" appliquée à un croiseur ne fait pas référence à son tonnage, mais bien au calibre de son armement. Les croiseurs dotés de canons d'un calibre inférieur à 8 pouces (203mm) étaient considérés comme des croiseurs "légers" même s'il leur arrivait d'être plus pesants que des croiseurs "lourds".

(2) les USA étaient encore neutres à cette époque

lundi 11 avril 2011

2957 - achever le travail

... si l'Illustrious a réussi à rallier Malte, les Britanniques n'en ont hélas pas fini avec les malheurs, puisqu'en plus des graves dommages causés à leur porte-avions, ils doivent également déplorer la perte, le même jour, du destroyer Gallant (1), qui a sauté sur une mine au large de l'île italienne de Pantelleria, en plein Détroit de Sicile.

Et ce n'est fini puisque, le lendemain, les "Stuka", décidément très en verve, vont réussir à endommager le croiseur Gloucester (un 10 000 tonnes de la classe Town) (2) et surtout à placer plusieurs bombes sur son jumeau, le Southampton, que les Britanniques n'auront d'autre choix que de saborder peu après.

Mais à Malte-même, l'Illustrious est loin d'être tiré d'affaire, puisque les aviateurs allemands sont bien résolus à achever le travail, et donc à détruire au port ce navire qu'ils n'ont pu couler en mer : le 16 janvier, "Stuka", Heinkel 111 et autres Junkers 88 vont ainsi pilonner La Valette, où des équipes d'ouvriers s'efforcent tant bien que mal de remettre le grand navire en état de naviguer.

Malgré quelques coups au but ou à proximité, les aviateurs allemands, constamment gênés par les chasseurs de Malte, vont néanmoins changer de tactique et plutôt s'en prendre aux terrains d'où partent ces derniers, terrains qui, les 18 et 19 janvier, sont à leur tour ravagés par des dizaines de tonnes de bombes... lesquelles s'avèrent néanmoins insuffisantes puisque, deux jours plus tard, des "Wellington" réussissent à en décoller et, répliquant du tac au tac, à s'en aller bombarder les terrains germano-italiens de Sicile !

De toute manière, la messe est bientôt dite puisque, dans la nuit du 23 janvier, l'Illustrious parvient enfin à quitter Malte pour Alexandrie, où il arrive deux jours plus tard...

(1) remorqué jusqu'à Malte, et échoué sur une plage, le Gallant s'y trouvait encore en avril 1942, lorsqu'un nouveau bombardement le rendit cette fois irréparable
(2) miraculé de l'attaque du 11 janvier, le Gloucester sera néanmoins coulé, par d'autres Stuka, le 22 mai suivant, au large de la Crète

dimanche 10 avril 2011

2956 - Excess

... 10 janvier 1941

Parti de Gibraltar quatre jours auparavant, le convoi de ravitaillement britannique a réussi à franchir le Détroit de Sicile, puis à rallier le port de La Valette, sans que les "Sparviero" de la Regia Aeronautica basés en Sardaigne soient en mesure de les en empêcher ni même d'endommager les navires groupés autour du porte-avions Ark Royal.

Mais à l'Est de Malte, la seconde partie de l'Opération Excess se passe beaucoup moins, lorsque trois escadrilles de "Stuka" allemands font soudainement leur apparition au-dessus de l'Illustrious.

"Nous étions, écrira l'amiral Cunningham, trop intéressés par ces attaques en piqué d'un genre nouveau [du moins en Méditerranée] pour prendre le temps d'avoir peur... nous ne pûmes qu'admirer leur adresse et leur précision" (1)

Et de fait, la précision des pilotes de la Luftwaffe est diabolique, puisqu'en quelques minutes six bombes de 500 kilos s'abattent sur le malheureux porte-avions britannique qui, en flammes, gouvernail et ascenseurs bloqués, est réduit à l'état d'épave sur le point de couler !

Impossible de revenir à Alexandrie dans ces conditions - le navire sombrerait bien avant d'y arriver - le seul espoir est donc de rallier La Valette, dont le port n'est certes qu'à une centaine de kilomètres, mais qui, depuis juin 1940, est constamment bombardé par les aviations italienne et maintenant allemandes !

Parvenu à Malte par miracle, le grand porte-avions est aussitôt envahi par des hordes d'ouvriers qui, pendant plusieurs jours, vont s'efforcer de le remettre en état de prendre la mer, afin qu'il puisse rallier Alexandrie par ses propres moyens.

Les Allemands, on s'en doute, sont bien décidé à l'en empêcher

(1) cité par J. Mordal, 25 siècles de guerre sur mer, tome 2, page 159

samedi 9 avril 2011

2955 - bloquer le Détroit

... début janvier, et pendant plusieurs semaines, les bombardiers de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica vont donc se relayer au-dessus de Malte, où ils accumuleront ruines et désolations... mais sans parvenir pour autant à pousser les défenseurs à la reddition.

Homme d'expérience, le général Geisler ne se fait d'ailleurs aucune illusion quant à l'efficacité de simples bombes conventionnelles sur la résistance des Britanniques, ce pourquoi il préfère de loin miser sur la véritable spécialité du Fliegerkorps X (mais aussi des Aerosiluranti italiens) : la lutte anti-navires.

Pour Geisler, tout l'affaire repose en fait sur la maîtrise de l'Air en Méditerranée, et particulièrement au-dessus du Détroit de Sicile, par lequel doivent obligatoirement transiter les convois britanniques partis de Gibraltar pour rallier Malte.

Si l'on parvient à empêcher le passage de tout navire de ravitaillement à travers ce détroit, qui en son point le plus étroit ne fait qu'une centaine de kilomètres, l'île sera rapidement réduite à merci, ou cessera du moins de représenter une quelconque menace pour le trafic maritime germano-italien à destination de l'Afrique du Nord.

L'occasion de mettre cette belle théorie en pratique va se présenter dès la seconde semaine de janvier, avec l'appareillage d'un convoi britannique placé, à l'Ouest du Détroit, sous la protection du porte-avions Ark Royal et, à l'Est de celui-ci, sous celle de l'Illustrious...

Les Britanniques, qui n'aiment rien tant que de donner un nom à toute chose, ont baptisé cette nouvelle et double opération du nom d'"Excess"

Ils ne savent pas encore à quel point il est malvenu...

vendredi 8 avril 2011

2954 - une difficile cohabitation

... comme il fallait s'y attendre, la cohabitation des aviateurs allemands (et plus tard des tankistes et fantassins allemands) avec leurs homologues italiens est loin d'être aisée.

Outre l'inévitable barrière de la langue et de la culture, il y a bien sûr le sentiment de supériorité des Allemands qui, du simple soldat au maréchal, et à de rares exceptions-près, sont convaincus de valoir bien davantage, et d'être de bien meilleurs combattants, que ces malheureux alliés italiens aussi agités qu'inefficaces sur le champ de bataille.

A l'instar de la quasi-totalité des hommes placés sous son commandement, le général Hans-Ferdinand Geisler, descendu de Norvège avec le Fliegerkorps X de lutte anti-navires, est donc convaincu de réussir là où les Italiens ont échoué, c-à-d d'annihiler les défenses de Malte et, surtout, de la priver de toute possibilité de ravitaillement par la mer.

Même s'ils ont tout intérêt à voir les Allemands réussir dans leurs entreprises, les Italiens - on s'en doute - s'accommodent assez mal d'une pareille arrogance,... et d'autant moins qu'en Méditerranée, ils continuent, et continueront jusqu'en septembre 1943, à représenter l'essentiel des effectifs dans l'Aviation, l'Infanterie et, bien entendu, la Marine.

Ce sont donc des Allemands très sûrs d'eux, et des Italiens passablement amers qui, en ce début de janvier 1941, vont repartir à l'assaut du ciel de Malte...