... pour mettre en œuvre ces centaines d'avions rapatriés de Russie, Hitler a jeté son dévolu sur un homme énergique, qui y commandait jusque-là la Luftflotte 2.
A 56 ans - il les a fêtés le 30 novembre - le Generalfeldmarschall Albert Kesselring est assurément l'homme de la situation, mais c'est aussi un homme confronté à une tâche particulièrement difficile : neutraliser, et si possible conquérir, une île de Malte contre laquelle les forces de l'Axe butent vainement depuis juin 1940, et qui, depuis cette date, n'a cessé de se renforcer en troupes, avions et canons antiaériens.
Pour réussir pareil pari, Kesselring mise sur une offensive aérienne à outrance : il va falloir pilonner Malte jour et nuit, afin d'user les défenses de l'île, mais aussi bombarder et torpiller systématiquement tous les navires de ravitaillement qui s'en approcheront, afin de l'asphyxier.
Si ce n'est l'ampleur des moyens qu'il se propose de jeter dans la bataille, rien dans cette tactique ne s'éloigne fondamentalement des tentatives de 1940 et 1941 - lesquelles se sont soldées par autant d'échecs cuisants - ce pourquoi le Generalfeldmarschall ne la considère-t-il que comme un préambule obligé à un véritable assaut aéroporté et amphibie, sur le modèle de celui qui a permis au Reich de se rendre maître de la Crète, en mai 1941.
Le problème, c'est que si les généraux allemands - mais aussi alliés ! - continuent de considérer les opérations aéroportées de grande envergure comme le symbole-même de la guerre moderne, Hitler, lui, a été à ce point effaré par les pertes subies en Hollande puis en Crète, et en particulier par les pertes en avions de transport, qu'il s'est juré de ne plus jamais tenter l'aventure.
Fidèle à ses habitudes, le Führer a pourtant décidé... de ne rien décider, ou plus exactement d'attendre que les raids aériens aient eux-mêmes rendu inutile une opération aéroportée qu'il se refuse autant à autoriser tacitement qu'à décommander formellement...
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