dimanche 28 février 2010

2548 - démographie guerrière

… avec 67 millions d’habitants en 1939, l’Allemagne nazie est le pays le plus peuplé d’Europe, loin devant ses trois principaux adversaires : la Grande-Bretagne (47 millions) la France (42 millions) et la Pologne (35 millions)

Encore convient-il également y ajouter près de 20 millions de Volksdeutsche (1) ou "Allemands raciaux" : qu’ils soient originaires des Sudètes ou d’Autriche (toutes deux annexées en 1938), de Pologne (en particulier de Dantzig, où ils sont plus de quatre cents mille), d’URSS, des Balkans, ou même d’Alsace-Lorraine, ceux-là ne demandent souvent qu’à se mettre au service du Reich,… et y seront de toute manière contraints par la conscription.

A cet égard, le caractère dictatorial du Troisième Reich représente un formidable avantage, puisqu’il lui permet d’enrôler la population masculine sur des critères bien plus lâches que ceux des démocraties : fin 1944, réduite aux abois, l’Allemagne hitlérienne ira même jusqu’à incorporer tous les hommes âgés de 16 à 60 ans !

Sur le plan des effectifs, démographie vigoureuse et absence totale de scrupules vont donc très vite se conjuguer pour donner des résultats spectaculaires : si la minuscule Reichswehr de 1933 ne compte que 100 000 hommes, la Wehrmacht de 1935 en aligne déjà 500 000… de plus et, à son point culminant, en comptera environ 10 millions, volontaires étrangers non compris !

Au total, près de 18 millions de Reichsdeutsche et Volksdeutsche vont, à un moment ou un autre, se retrouver sous les drapeaux, ce qui représente pas moins d’un homme sur deux, ou encore le quart d’une population estimée à environ 80 millions de personnes !

Si on y ajoute l’appui – qui se révélera cependant bien décevant – de l’Italie (44 millions d’habitants), on se dit que les plans de conquête hitlériens ne sont pas dénués de logique, surtout si l’on considère que, jusqu’à l’été 1940, Hitler et son État-major parviendront, autant par chance que par habileté manœuvrière, à éliminer successivement la Pologne et la France, et ce sans encourir de pertes exagérées.

Encore faut-il ne pas tenter le diable…

(1) Saviez-vous que… 2444 à 2449

samedi 27 février 2010

2547 - le déterminisme des armes

… à l’uchronie s’oppose le déterminisme : si la Seconde Guerre mondiale a connu le dénouement que l’on sait, c’est tout simplement parce qu’il ne pouvait en être autre autrement, parce qu’en s’y engageant dans un contexte par trop défavorable, et contre des forces supérieures aux leurs, l’Allemagne, l’Italie et le Japon se condamnaient à perdre, et ce quelle que soit la puissance de la "Volonté" constamment martelée par le Führer.

Dans l’approche déterministe, et n’en déplaise aux âmes romantiques, c’est la démographie, la logistique, l’industrie, la richesse, la topographie, la superficie du pays, ou encore la présence - ou l’absence - de ressources naturelles qui, bien davantage que le courage des combattants ou le supposé "génie militaire" des chefs, conditionnent la victoire ou la défaite.

Dans une guerre symétrique et conventionnelle, la manière la plus simple – et la plus sûre – de remporter une bataille, et finalement la guerre elle-même, est encore... d’aligner plus de combattants que l’adversaire !

On pourra toujours objecter qu’aux Amériques d’abord, aux Indes ensuite, Espagnols puis Britanniques ont pu, avec des effectifs dérisoires, conquérir et coloniser d’immenses territoires souvent densément peuplés, ou encore que le "génie militaire" d’Hannibal Barca ou de Napoléon Bonaparte a souvent permis aux Carthaginois ou aux Français de remporter d’éclatantes victoires contre des adversaires disposant pourtant d’une confortable supériorité numérique.

Mais Espagnols et Britanniques ne menaient pas des guerres symétriques, et bénéficiaient au contraire d’une immense supériorité technologique et organisationnelle, alors que Carthaginois et Français ont bel et bien finis écrasés sous le nombre de leurs adversaires, aussi bien dotés qu’eux en matière d’armement ou de commandement.

Le nombre de soldats mobilisables pour la guerre dépendant toujours de la démographie du Temps de Paix, comment se présentait la situation en 1939, au moment où Hitler, Mussolini et Hiro-Hito s’apprêtaient à partir à la conquête du monde ?

vendredi 26 février 2010

2546 - actions et réactions

… l’issue de la guerre aurait-elle vraiment pu être différente ?

Toute action engendrant nécessairement une réaction, d'autres décisions politiques au sein des pays de l’Axe, ou encore l’entrée en service plus précoce de nouveaux types d’armements, tout cela aurait obligatoirement entraîné, dans le camp allié, d'autres ripostes politiques, ou précipité l’arrivée d’armements équivalents, en sorte que l’on en serait sans doute revenu au même point,... c.-à-d. au même et implacable constat de déséquilibre arithmétique qui, comme nous allons le voir, ne pouvait que précipiter à plus ou moins brève échéance la chute de Berlin, Rome et Tokyo.

C’est particulièrement vrai dans le domaine technologique, où tous ceux qui regrettent l'apparition "trop tardive" de tel ou tel tank ou avion allemand "révolutionnaire" (comme le Horten IX) raisonnent toujours dans l'absolu et font semblant d’ignorer qu’au même moment, alliés occidentaux et soviétiques alignaient des tanks et des avions sans doute moins performants mais quant à eux disponibles en quantités industrielles, tout en disposant, dans leurs centres d’essais, d'armes souvent bien plus prometteuses que celles qu’Allemands et Japonais produisaient à grand-peine et quasiment au compte-gouttes.

A supposer donc que les responsables de la Luftwaffe aient cru plus tôt au véritable potentiel de l’avion à réaction, et soient parvenus à lancer la fabrication en série du Messerschmitt 262 en 1943 plutôt qu’en 1944, il y a fort à parier que Britanniques et Américains auraient, de leur côté, précipité la venue du de Havilland Vampire ou du Lockheed P80, l’un et l’autre plus fiables, plus faciles à piloter et globalement plus modernes que le chasseur allemand.

Lorsqu’on sait d’autre part que cet avion, malgré ses qualités, était si peu au point qu’aucune des puissances victorieuses ne chercha, après-guerre, à en reprendre la fabrication en l’état, quel crédit peut-on prêter aux uchronies qui en font l’arme "miracle" et la condition d’une victoire du Reich sur ses adversaires ?

N’y aurait-il pas plutôt des évidences mathématiques fort simples, qui rendent vaines toute tentative d’uchronie, et condamnaient dès lors l’Allemagne, l’Italie et le Japon à une défaite certaine ?

jeudi 25 février 2010

2545 - Uchronies

… plus que toute autre, la Seconde Guerre mondiale se prête à un nombre infini d’uchronies, où chacun – romancier, essayiste ou même historien – se plaît à imaginer une fin "différente", dans laquelle l’Allemagne et le Japon seraient sorties victorieuses du conflit "si telle décision avait été prise", "si telle erreur n’avait pas été commise" ou encore si "tel événement était survenu à tel moment plutôt qu’à tel autre".

Si Hitler, soulignent-ils, s’était lancé à l’assaut de l’URSS dès le début du mois de mai 1941 - comme il en avait d’ailleurs l’intention - plutôt que de se porter au secours de son allié Mussolini, alors empêtré en Grèce, l’Opération Barbarossa aurait pu être lancée six semaines plus tôt, ce qui aurait permis à la Wehrmacht d’atteindre Moscou avant la venue de l’hiver et – peut-être – de remporter ainsi une victoire décisive à l’Est, en brisant le moral des Soviétiques.

De même, si l’Allemagne nazie, qui le 27 août 1939 avait assisté au premier vol du Heinkel 178, si l’Allemagne nazie avait cru au potentiel du moteur à réaction plutôt que de n’y voir qu’un coûteuse caprice d'ingénieur, ou si Hitler, fin 1943, ne s’était pas entêté à faire du Messerschmitt 262 un bombardier horizontal, la Luftwaffe, affirment-ils, aurait alors pu disposer de plusieurs centaines d’invincibles chasseurs à réaction bien avant que les bombardiers britanniques et américains ne soient en mesure d’incinérer villes et industries allemandes.

De même encore, le cours de la Guerre du Pacifique n’aurait-il pas été complètement différent si les porte-avions américains s’étaient trouvés – comme ils l’auraient d’ailleurs dû – dans la rade de Pearl Harbor au matin du 7 décembre 1941 ? ou si, à Midway, six mois plus tard, les porte-avions japonais étaient quant à eux parvenus – il s’en était fallu de seulement dix minutes ! – à lancer leur deuxième vague d’attaque (1) avant l’arrivée des ultimes bombardiers en piqué américains, qui allaient expédier trois d’entre eux par le fond ?

Avec des "si", dit-on, on peut refaire le Monde, et pourquoi pas la guerre elle-même.

Rien n'est pourtant moins certain...

(1) Saviez-vous que... 666 à 676

mercredi 24 février 2010

2544 - un échec complet

... si bon nombre de volontaires étrangers, - particulièrement à l'Ouest - continuèrent à combattre pour le Troisième Reich - et même à s'enrôler sous son drapeau ! - et ce bien après que tout espoir de victoire ait depuis longtemps disparu, d'autres jugèrent cependant plus sage de quitter le navire nazi avant qu'il ne coule et ne les entraîne dans sa chute.

Ce fut particulièrement vrai des volontaires "exotiques" - comme les Indiens ou les musulmans du Proche-Orient, des Balkans ou d'URSS.

Membres de l'Indische Legion, des Freies Arabien ou encore de la SS-Handschar, ceux-là ne s'étaient en effet engagés que par opportunisme, quand ce n'était pas par hasard, et n'avaient souvent d'autre utilité que celle de servir les sombres desseins d'une Propagande allemande qui se plaisait à affirmer que le combat du Reich contre le "Judéo-bolchevisme" n'était pas seulement le combat des Allemands et des Volksdeutsche, mais plutôt celui du Bien contre le Mal, de la civilisation et du Progrès contre la barbarie et la décadence.

Pareille Propagande aurait cependant été bien plus efficace si elle avait été menée plus tôt, et surtout si elle s'était accompagnée d'un véritablement changement dans les mentalités, et notamment dans celle des officiers et sous-officiers chargés de commander les volontaires étrangers.

Or ceux-ci, conditionnés par des années de discours racistes, n'avaient souvent que mépris pour les hommes placés sous leur commandement.

Et comment pouvait-il en être autrement lorsque les Reichsdeutsche de "l'ancien Reich" allaient jusqu'à dédaigner ouvertement les Volksdeutsche originaires de Tchécoslovaquie, de Pologne ou des Balkans, ces hommes pour lesquels Hitler était entré en guerre et qui. presque du jour au lendemain, s'étaient retrouvés à la fois "citoyens allemands" et soumis à la conscription obligatoire dans la Wehrmacht ou la Waffen-SS ?

C'est ce sentiment de supériorité raciale qui, plus que toute autre chose, explique l'échec de l'Allemagne nazie dans les Pays baltes, en Ukraine et, plus généralement, chez toutes les populations qui, au fond, étaient plutôt bien contentes d'être débarrassées de la tutelle de Moscou et de ses commissaires politiques, mais qui allaient vite apprendre à les regretter.

Ne voyant les "territoires de l'Est" que comme une terre à coloniser et un réservoir d'esclaves à exploiter, le Reich laissa passer sa chance, et se retrouva au final sans les uns ni les autres...

mardi 23 février 2010

2543 - et pour conclure...

... après guerre, constamment méprisés voire traqués dans leur pays, nombre de soldats perdus se demandèrent sans doute si tout cela, au fond, en valait la peine.

Sur le plan militaire, la réponse est assurément négative : à aucun moment les volontaires étrangers ne furent en mesure de permettre à l'Allemagne de gagner la guerre, et on peut même douter qu'ils l'aient réellement prolongée plus de quelques jours.

L'explication tient évidemment à la faiblesse de leurs effectifs : Hitler n'a jamais voulu que les "Légions étrangères" représentent autre chose qu'une petite force d'appoint pour la Wehrmacht et la Waffen-SS. Et quand bien même l'aurait-il souhaité qu'on peut là encore douter qu'il serait jamais parvenu à trouver suffisamment de volontaires dans les pays occupés.

Ce fut particulièrement vrai à l'Ouest, où le volontariat ne concerna jamais qu'une infime minorité d'aventuriers, de têtes brûlées et de désœuvrés, que leurs propres compatriotes fuyaient souvent comme la peste.

Les modestes performances militaires de la Légion Wallonie des débuts et, plus encore, de la LVF, ne doivent cependant pas faire illusion : bien que peu nombreux, ces volontaires-là étaient souvent très motivés sur le plan politique et pouvaient, lorsqu'ils avaient la chance d'évoluer dans de véritables unités de combat - comme la SS-Wiking - faire preuve de réelles qualités militaires.

Tout le contraire en somme des Hiwis et Osttruppen, soldats au volontariat plus que douteux, et aux convictions nationale-socialistes pour le moins légères.

Mal commandés, pauvrement armés, et considérés comme peu fiables, les "volontaires de l'Est", le plus souvent recrutés parmi les prisonniers de guerre soviétiques, servaient essentiellement à traquer et assassiner Juifs et communistes, particulièrement dans les Balkans.

Mais le Reich, en plus de les mépriser ouvertement, se méfiait tellement d'eux qu'il préféra, contre tout logique militaire, les disperser un peu partout, et en particulier dans des endroits - comme le Mur de l'Atlantique - qui ne verraient jamais le moindre soldat soviétique.

On peut toujours affirmer qu'en agissant de la sorte, ils déchargeaient les Allemands de ces tâches, leur permettant ainsi de vaquer à des occupations plus utiles - comme affronter l'Armée rouge.

Piètre consolation néanmoins en regard des moyens requis pour les former et les équiper et, surtout, en regard du potentiel que représentaient ces hommes et qu'illustra la bonne tenue de l'"Armée Vlassov", laquelle ne fut cependant engagée que dans les derniers jours du conflit, soit bien trop tard pour qu'elle soit en mesure d'influer sur le cours des événements.

lundi 22 février 2010

2542 - règlement de comptes dans les Balkans.

... il n'y a cependant pas que les "citoyens soviétiques" qui vont faire les frais d'un rapatriement forcé.

Il y a aussi tous les Yougoslaves qui, de 1941 à 1945, n'ont cessé de se battre tantôt en faveur, tantôt contre les Allemands, mais toujours entre eux, et ce jusqu'à l'apparition des Partisans communistes de Josip Broz Tito, c-à-d d'une force suffisamment puissante pour unifier les clans... et solder les comptes de tous ceux qui refusent de lui prêter allégeance.

En mai 1945, donc, près d'un demi-million de soldats mais surtout de civils croates, serbes, bosniaques ou slovènes, chassés tant par les Partisans que par l'Armée rouge, ont fini par échouer près de Bleiburg, petit village sis entre l'Autriche et la Slovénie.

Certains, comme Nikola Mandic (1), Premier ministre du désormais défunt État Indépendant de Croatie, vont s'efforcer de négocier une capitulation avec les Britanniques,.

Mais ceux-ci, une fois de plus, se montrent inflexibles et préfèrent laisser ces réfugiés se faire tailler en pièces par les Partisans et au terme de ce qu'on appellera simplement le "Massacre de Bleiburg" tant il est vrai que, dans cette guerre, on n'en est plus à un massacre-prés.

Des dizaines de milliers de personnes vont ainsi mourir dans ce qui ne sera jamais qu'un des innombrables règlements de comptes balkaniques, lesquels vont encore durer des mois et reprendront deux générations plus tard, lors de la désintégration de la Yougoslavie...

(1) Nikola Mandic sera exécuté à Zagreb un mois plus tard

dimanche 21 février 2010

2541 - le massacre des Cosaques de Lienz

... à la fin de la guerre, près de 60 000 Cosaques, venus avec leurs familles, s'étaient rendus aux forces britanniques stationnées en Autriche.

S'ils avaient accepté de déposer les armes près de Lienz, c'était dans l'espoir de pouvoir un jour reprendre le combat, aux côtés de ces mêmes Britanniques, contre l'Armée rouge ou, du moins, dans celui d'être autorisés à demeurer dans une région où leurs familles étaient venues s'établir, de 1943 à 1944.

Mais les Britanniques ne l'entendent hélas pas de cette oreille...

Au cours de ce qu'on appellera bientôt "le massacre des Cosaques de Lienz", les Cosaques sont poussés avec femmes et enfants dans les wagons à bestiaux qui doivent les amener vers les abattoirs soviétiques.

La confusion est totale. Les femmes hurlent, les hommes se battent, et c'est à coups de matraques, de baïonnettes, et finalement de fusils, que les Britanniques réussissent finalement à les faire monter dans les wagons.

Plusieurs centaines de Cosaques sont tués, comme le seront bientôt, mais sous des balles soviétiques, la majorité de ceux qui ont finalement accepté de prendre la route

Arguant du fait qu'ils se sont engagés pour combattre les soldats allemands et pas pour matraquer des femmes et des enfants, certains soldats britanniques se rebiffent néanmoins, et sont discrètement mis à l'écart de ce qui va constituer un des épisodes les moins glorieux - et les plus secrets - de l'Histoire militaire britannique.

Dans les tragédies les plus noires, il y a cependant toujours un au moins un bref éclat de lumière. En tant qu'aristocrate prussien, Helmuth von Pannwitz n'est évidemment pas visé par l'ordre d'expulsion des "citoyens soviétiques". Mais en tant que dernier commandant de la 1e Kosaken Division, il se sent obligé de partager le sort de ses hommes, et se livre donc volontairement aux Soviétiques, qui le pendront en janvier 1947...

samedi 20 février 2010

2540 - "sans égard au désir des intéressés de retourner ou non en Russie"

... à la Conférence de Téhéran, fin 1943, Churchill a exprimé sa préoccupation à l'égard des prisonniers de guerre occidentaux

Bon nombre de ceux-ci sont en effet détenus dans des camps qui, à l'instar du célèbre Stalag Luft III (1) sont situés dans des zones qui seront plus que probablement libérées par l'Armée rouge et non par les forces anglo-américaines.

Staline ne risque-t-il pas - et c'est d'ailleurs ce qui va arriver - de se servir de ces centaines de milliers de Britanniques, Américains ou Français comme monnaie d'échange, afin d'obtenir le rapatriement des citoyens soviétiques qui, ayant ou non œuvré au profit du Reich, ont quant à eux toutes les chances de se retrouver dans des territoires sous administration occidentale ?

Vu le lourd passif de l'URSS en matière de Droits de l'Homme, et aussi le sort réservé par les Soviétiques aux prisonniers de guerre allemands (2), qui doivent tous "expier leurs crimes" d'une manière ou d'une autre, il ne faut pas grand effort d'imagination pour deviner celui qui sera réservé aux citoyens soviétiques - et a fortiori à ceux d'entre eux ayant pris les armes au profit de l'Allemagne - s'ils retombent entre les mains de Staline.

Comme on ne peut pas non plus compter sur la candeur de ces derniers, leur rapatriement sera donc forcé, ce que reconnaît le Département d'État américain dés septembre 1944, en soulignant que le dit rapatriement sera effectué "sans égard au désir des intéressés de retourner ou non en Russie" (3)

En conséquence, dés la mi-avril 1945, les Alliés occidentaux vont se mettre à rassembler, puis à expulser manu militari vers l'URSS, tous les "citoyens soviétiques", en ce et y compris les ressortissants des États baltes qui n'ont pourtant été "soviétiques" que moins d'un an, soit d'août 1940 à juillet 1941 !

Pour faire bonne mesure, on va également y ajouter les binationaux (par exemple les Russes titulaires d'un passeport français ou britannique) et, bien entendu, les femmes et les enfants, avant d"expédier le tout par wagons entiers vers l'URSS et, souvent, une mort certaine...

(1) immortalisé en 1963 par le film "La Grande Évasion"
(2) sur quelque 3 millions de soldats allemands faits prisonniers par les Russes, seule la moitié revit l'Allemagne en vie, dix ans plus tard

(3) Ailsby, op. cit., pages 181-182

vendredi 19 février 2010

2539 - la nécessaire fuite vers l'Ouest

... le Temps apaise les passions et relativise toute chose.

Le Temps est le meilleur allié des soldats perdus, qui brûlent papiers militaires et uniformes, changent d’identité, s’inventent une nouvelle vie et un nouveau passé, et s'efforcent de se faire oublier dans une autre province, un autre pays, voire un autre continent que le leur.

A l'Est, où plus d'un million de personnes ont servi comme Hiwi ou Osttruppen, la première priorité est cependant de se glisser parmi les innombrables réfugiés en route vers l'Ouest ou, à tout le moins, de ne se rendre qu'aux Britanniques ou aux Américains et pas aux hommes de Staline ou Tito, lesquels ont en effet la fâcheuse habitude d'exécuter en masse et sans s'embarrasser d'un quelconque tribunal.

Mais Staline a prévu la manoeuvre : dès la Conférence de Téhéran (28 novembre au 01 décembre 1943), le Petit Père des Peuples a exigé le retour de tous les "traîtres" à la fin du conflit.

Un diktat que les Alliés occidentaux ont fini par accepter à la Conférence de Yalta (4 au 11 février 1945), en reconnaissant que "tous les citoyens soviétiques" se trouvant dans les zones libérées par les forces opérant sous le commandement des États-Unis seraient, aussitôt après leur libération, "séparés des prisonniers de guerre ennemis et détenus séparément dans des camps de concentration jusqu'à ce qu'ils soient rendus aux autorités soviétiques", lesquelles pourraient de surcroît contrôler et administrer ces camps "en accord avec les lois militaire de leur pays" (1)

Le problème, c'est qu'une définition aussi large inclut non seulement les Soviétiques qui ont effectivement endossé un uniforme allemand, mais aussi leurs familles - en particulier les familles cosaques - également passées à l'Ouest.

Elle inclut en outre les Soviétiques, hommes ou femmes, prisonniers de guerre ou travailleurs forcés, qui ont passé toute la guerre dans un camp, une usine, ou même une ferme allemande et qui, pour beaucoup, n'ont aucune envie de retourner en URSS, où le régime les a déclarés héroïquement morts au combat...

(1) Ailsby, op. cit., page 181

jeudi 18 février 2010

2538 - nombreuses mais rarement capitales

… l’immense majorité des peines prononcées ne sont pourtant pas capitales.

En Norvège, où Vidkun Quisling avait fait de la Collaboration une affaire d’État, la Peine de Mort, officiellement abolie en 1870, est immédiatement réinstaurée, mais n’aboutira néanmoins qu’à l’exécution de 25 personnes - dont Quisling lui-même – les "soldats perdus" norvégiens étant quant à eux condamnés à des peines allant de quatre ans (pour les simples soldats) à dix ans d’emprisonnement (pour Arthur Quist, ancien commandant de la Legion Norwegen)

En Belgique, où 100 000 personnes ont été arrêtées, seules 4 000 seront finalement condamnées à mort, et un peu plus de 200 réellement exécutées. S’étant rendus aux Américains près de Schwerin le 2 mai 1945, les survivants de la SS-Langemarck seront quant à eux rapatriés à l’automne, et passés à tabac tout au long des 5 kilomètres séparant la gare du camp de militaire de Beverloo, dont la plupart sortiront néanmoins libres quelques mois plus tard.

En Hollande, où la Collaboration a été particulièrement massive, quelque 60 000 personnes qui ont endossé un uniforme allemand, y compris de la Waffen-SS, vont simplement voir leurs biens saisis, avant d'être eux-mêmes déchus de leur citoyenneté hollandaise.

En France, les tribunaux prononceront plus de 6 000 condamnations à mort, les deux-tiers par contumace, ce qui, en pratique, aboutira à l’exécution de quelque 800 personnes, de l’ancien Président du Conseil Pierre Laval au journaliste et écrivain Robert Brasillach, en passant par l’ancien chef de la Milice Joseph Darnand ou l’ancien délégué général de Vichy Fernand de Brinon.

Pour des raisons politiques, on s’abstiendra néanmoins d’exécuter Philippe Pétain qui, gracié par son successeur – le général De Gaulle – s’éteindra paisiblement à l’île d’Yeu, le 23 juillet 1951, à l’âge de 95 ans.

Quant aux survivants de la LVF, puis de la SS-Charlermagne, ceux-là se verront souvent offrir le choix entre l’emprisonnement en France et un service armé en Indochine, où ils auront au moins la chance de pouvoir enfin combattre l’ennemi dans un authentique uniforme français…

mercredi 17 février 2010

2537 - Vae Victis

… en Europe de l’Ouest, les premières journées de Libération sont synonymes de chaos.

Surgis de Dieu sait où, de supposés résistants surgissent en trombe, afin d’arrêter de tout aussi supposés "traîtres" ou "Collaborateurs", qu’ils battent à mort, pendent ou fusillent, avec ou sans simulacre de procès.

Rien qu’en France, on estime ainsi à près de 10 000 ceux et celles qui vont faire les frais de cette "épuration extrajudiciaire", et qui seront exécutés avant que les véritables tribunaux, civils ou militaires, puissent se remettre au travail dans une atmosphère un peu plus sereine.

Pour autant, les années de guerre et d’Occupation ont créé une telle quantité de rancunes et de frustrations que les dits tribunaux en subissent forcément l’influence, et prononcent des peines dont la sévérité n’a souvent d’égale que la faiblesse des arguments invoqués et l’indigence des preuves présentées.

Et comment pourrait-il en être autrement lorsqu’on n’hésite pas, comme à Nuremberg, à réécrire le Droit pénal et le Droit de la guerre, ou à exhumer des peines qui n’ont plus été appliquées depuis des décennies ?

En Hollande, on va ainsi réhabiliter la Peine de Mort, qui n’a plus été appliquée depuis 1873, pour condamner 138 personnes, et finalement en exécuter 36, dont Anton Mussert , fondateur et chef du du NSB (Nationaal-Socialistische Beweging) néerlandais.

On ira encore plus loin au Danemark, en réintroduisant, le 1er juin 1945, une Peine de Mort pourtant officiellement abolie depuis 1895, ce qui permettra d’en condamner 112 et d’en exécuter 46, dont Knud Børge Martinsen, ancien commandant du Freikorps Danmark de volontaires danois.

Beaucoup de condamnations à mort sont cependant prononcées par contumace, les accusés ayant tout simplement disparus sans laisser de trace, ou ayant pris la précaution de mettre la plus grande distance possible entre eux et leurs compatriotes, à l’image du SS-Obersturmbannführer Léon Degrelle, qu’un tribunal militaire de Bruxelles a condamné à mort le 29 décembre 1944 mais qui s’est réfugié en Espagne en avril 1945, et n’en bougera plus jusqu’à sa mort, en mars 1994…

mardi 16 février 2010

2536 - "Davon geht die Welt nicht unter..."

…"Davon geht die Welt nicht unter...", chantait Zarah Leander


Et de fait, si l’univers mental de nombre de volontaires étrangers s’est écroulé en même temps que le Troisième Reich, le Monde, lui, n’a pas disparu pour autant et n’a d’ailleurs pas attendu la Chute finale pour se rappeler à leur bon souvenir… et leur demander des comptes.

Dans toute l’Europe libérée, c’est désormais la chasse aux "traîtres", aux "Collaborateurs" et, bien entendu, aux "soldats perdus", c.-à-d. à tous ceux qui ont pris les armes au profit des perdants.

On leur reproche d’avoir endossé un "uniforme étranger",… en oubliant ces Français, Belges, Hollandais, Polonais et tant d'autres, qui en ont fait tout autant en se mettant pour leur part au service de Londres, Washington ou Moscou.

On les accuse d’être des "hors-la-loi",… sans tenir compte du fait qu’ils se sont bien souvent engagés avec le plein accord, et même à la demande expresse, des autorités légales de leur propre pays, autorités dont la légitimité valait bien celle des politiciens ou des "généraux-à-titre-temporaire" alors réfugiés à Londres ou à Moscou.

On les dénonce comme "criminels de guerre", ce qui est parfois vrai mais pas systématique et demanderait tout de même à être démontré en bonne et due forme devant un tribunal … ce qui pourrait cependant s’avérer dangereux puisque chaque camp a en vérité tué, pillé, violé, bombardé et incendié sans vergogne. In fine, dans cette guerre qui a fait 50 millions de morts, accuser quelqu’un d’un crime revient toujours, pour reprendre une célèbre réplique de cinéma, "à dresser des contraventions pour excès de vitesse aux 24 Heures du Mans"…

Seuls des tribunaux siégeant en toute impartialité, et dans des pays neutres, seraient véritablement en mesure de juger des responsabilités, et de déterminer les peines. Mais de tout cela il n’est pas question, surtout dans les premières semaines de l’après-guerre, et particulièrement à l’Est, où l’arrestation d’un "traître" - réel ou non – se traduit presque invariablement par une exécution sommaire, éventuellement précédée d’une séance de torture plus ou moins longue.

En définitive, la meilleure chance de survie des soldats perdus est encore de disparaître dans la Nature, au moins le temps nécessaire pour permettre à la Justice pour retrouver une sérénité normale…

lundi 15 février 2010

2535 - L’heure de l’universelle malédiction

… A l’annonce de la mort d’Hitler, certains volontaires étrangers tentent – le plus souvent en vain - de s’enfuir de la nasse.

Grièvement blessé lors d'une tentative de repli à travers la Spree, Eugène Vanlot va ainsi agoniser pendant trois jours dans la cave d'un immeuble en ruines. Blessé lui aussi, puis capturé par les Russes, Henri Fenet sera finalement livré aux autorités françaises, lesquelles le condamneront à 40 ans de prison (1)

Le 2 mai 1945, les ultimes volontaires étrangers rendent enfin les armes dans une capitale du Reich qui n’est plus qu’un immense amas de cadavres et de ruines fumantes.

"Au milieu de cette foule de soldats rouges, écrira Fennet, nous éprouvons au-dedans de nous-mêmes comme une brûlure atroce, la sensation physique de la défaite et de l’esclavage dont la contrainte s’abat sur nous. C’est l’heure de l’universelle malédiction : nous y sommes préparés (1)

Et de fait, c'est maintenant l'heure du Vae Victis, de ce Malheur au Vaincu que résume à elle seule l'affaire de Bad Reichenhall.

Le 8 mai 1945, alors que la signature officielle de la capitulation n'est plus qu'une question d'heures, douze survivants de la Charlemagne sont capturés (2) à Bad Reichenhall (Bavière) par les hommes de la 2ème Division Blindée française.

L'affaire paraît suffisamment grave pour précipiter la venue du général Leclerc, qui, en guise de préambule, et sidéré de découvrir qu'ils sont Français comme lui, les invective et leur demande pourquoi ils portent un uniforme allemand. Du tac au tac, un de ceux-ci lui demande alors pourquoi il porte, lui, un uniforme américain…

La saillie ulcère le général, qui ordonne qu'ils soient immédiatement fusillés sans jugement, et même, selon certains témoignages, qu'ils soient fusillés dans le dos.

Conduits à l'écart, et fusillés par un peloton improvisé à la va-vite, plusieurs d'entre eux tombent sous les balles en criant "Vive la France"...

(1) Henri Fenet sera néanmoins libéré en 1949. Il mourra le 14 septembre 2002, à l'âge de 83 ans.
(2) Giolitto, page 517
(3) une autre version soutient qu'ils se seraient rendus aux Américains, lesquels les auraient ensuite livrés aux Français; une autre encore qu'ils auraient échappé à la surveillance des Américains mais auraient été repris par les Français

dimanche 14 février 2010

2534 - la dernière Cène

... à mesure que les derniers défenseurs de Berlin refluent vers le centre de la capitale, la répression, loin de s'atténuer, gagne encore en férocité : les SS n'hésitent pas à pénétrer en trombe dans toutes les maisons où apparaît un drapeau blanc, et à exécuter immédiatement tous les hommes qui s'y trouvent.

Dans ce pandémonium infernal, les quelques centaines de SS français jouent un rôle particulièrement efficace, détruisant à eux seuls plus d'une cinquantaine de tanks russes dans le secteur de la Chancellerie.

L'homme le plus performant dans cette discipline très particulière s'appele Eugène Vanlot, un jeune plombier de 20 ans, qui en détruit huit à lui tout seul.

Dans l'après-midi du 29 avril 1945, il se voit même décerner une des dernières Croix de Chevalier à être attribuées tandis que son son supérieur, le chef de bataillon Henri Fenet, est également décoré, pour avoir lui aussi détruit cinq chars russes à coups de Panzerfaust.

Pour fêter l'événement entre damnés de la même cause perdue, un SS suédois de la Nordland, comme surgi de nulle part, apporte trois bouteilles de vin français, récupérées Dieu sait où..

Le lendemain, les derniers survivants de la SS Nordland, retranchés au Ministère de l'Air, dans la Wilhemstrasse, voient subitement débarquer une vingtaine de leurs camarades, menés par un SS de la Charlemagne.

"Tous riaient comme s'ils venaient de gagner la guerre. Ils étaient allés à la chasse aux blindés soviétiques autour de la gare d'Anhalter et affirmaient que l'endroit était maintenant devenu un cimetière de chars" (1)

Dans ce combat que chacun sait sans espoir, certains volontaires étrangers finissent par se réfugier dans les caves des rares brasseries encore debout, s’enivrent une dernière fois, puis se suicident au pistolet ou à la grenade…

(1) Anthony Beevor, La Chute de Berlin, page 392

samedi 13 février 2010

2533 - l'ironie suprême

… ayant réveillé Henri Fenet - le dernier chef de bataillon encore présent - Krukenberg et deux à trois cents volontaires montent dans les camions.

En chemin, ils ne cessent de croiser des milliers de civils fuyant dans la direction opposée, mais aussi bon nombre de soldats de la Wehrmacht qui, goguenards ou simplement incrédules, ne cessent de les interpeller en leur criant qu'ils s'en vont dans la mauvaise direction !

Il faut dire que pour s'emparer de Berlin, Joseph Staline a mobilisé pas moins de 2,5 millions de soldats, 41 600 canons et mortiers, 6 250 tanks et canons automoteurs, et... 7 500 avions de combat (!)

En face, il ne reste guère que quelque 45 000 hommes de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, 40 000 membres de la Volkssturm (pour la plupart dépourvus d'armement ou d'une quelconque expérience du combat), et... une soixantaine de chars bientôt à court d'essence (!)

Et l’ironie suprême est de constater qu’en ce printemps 1945, la moitié des officiers et soldats de la Waffen-SS qui défendent les ultimes mètres carrés du Reich millénaire sont en réalité... des volontaires étrangers.

Français de la Charlemagne, Scandinaves ou Volksdeutsche de la Nordland, Lettons, Baltes, Belges,... toute l'Europe du national-socialisme s'est pour ainsi dire donnée rendez-vous à Berlin pour le grand final d'un Troisième Reich dont l'ultime paradoxe est sans doute qu'après avoir voulu conquérir toutes les nations européennes, il trouve à présent ses ultimes défenseurs parmi chaque nation d'Europe.

Et ces combattants étrangers, soldats perdus d'une guerre perdue, se battent avec d'autant plus d'acharnement qu'ils se savent, à la différence de leurs compagnons d'armes allemands, dans l'impossibilité de pouvoir simplement "rentrer chez eux" : leur choix se limitant en vérité entre une balle russe ou le peloton d'exécution que ne manqueront pas de leur proposer leurs propres compatriotes.

Arrivés à Berlin contre toute attente, et pourrait-on dire contre la Raison, Krukenberg et ses SS français se sont installés dans un wagon de métro abandonné, non sans avoir au préalable pillé les magasins d'alimentation avoisinants.

Ils sont rejoints par quelques SS suédois, qui ont quant à eux volé quelques transporteurs de troupes blindés à l'armée rouge. Les uns et les autres se retrouvent finalement affectés à la défense de la Chancellerie.

A leur manière, ils incarnent l'Europe...

vendredi 12 février 2010

2532 - la voie du sacrifice

… le 25 février 1945, les hommes de la Charlemagne sont enfin rendus à Hammerstein, pour un premier affrontement qui se révèle immédiatement désastreux : à un contre dix, et ne disposant que de leur arme individuelle et de quelques Panzerfaust, ils sont vite submergés et doivent battre en retraite par petits groupes largement dispersés.

Sur les quelque 4 500 hommes qui se sont lancés dans l'opération, plus de 2 000 sont tués, blessés ou portés disparus (!). Et pour les survivants, débute alors une interminable retraite de 80 kms, dans le froid et la neige.

Mais le 1er mars, un nouvel ordre arrive : se diriger vers Körlin pour "fixer et contenir l'avance russe", comme l’affirment prosaïquement les ordres, bien qu'il s'agisse en fait, et selon les propres termes de Krukenberg d'une mission "de sacrifice" visant à couvrir le plus longtemps possible la retraite des troupes allemandes cheminant vers le port de Kolberg, seule voie possible pour sortir de Poméranie et échapper à l’Armée rouge.

Le 4 mars, la Charlemagne entre donc en action à Körlin, et subit une nouvelle défaite, laquelle l'oblige à retraiter de nuit, et à abandonner les blessés sur place, avec la quasi-certitude qu'ils seront achevés par les troupes russes dans les minutes suivantes.

Début avril, alors que beaucoup de survivants ont préféré jeter l'éponge devant une lutte aussi inégale, la Charlemagne est réduite à un unique régiment, qui ne compte plus que quelques centaines d'hommes valides, presque totalement dépourvus d'armements.


A quoi bon continuer ? Fin mars, même les journalistes des Actualités allemandes, qui couvrent pourtant le conflit depuis septembre 1939, ont préféré jeter l'éponge, après un dernier reportage - qu'ils ont tenté de rendre triomphal - sur l'évacuation de centaines de milliers de réfugiés originaires de Poméranie et de Prusse orientale.

Pour autant, Krukenberg, décidément indestructible, entend bien se battre jusqu'au bout, et préfère voir le bon côté des choses : "La lutte nous a unifiés", déclare-t-il à ses hommes."Le fait que notre division ait été réduite par de glorieux combats doit nous inciter davantage encore à ne former qu'un bloc, qu'une équipe"

Au matin du 24 avril, Krukenberg reçoit l'ordre de prendre le commandement de la SS Nordland, laquelle se bat maintenant à l'intérieur de Berlin, désormais encerclé par les Soviétiques.

Reste à savoir comment s'y rendre….