mercredi 17 février 2010

2537 - Vae Victis

… en Europe de l’Ouest, les premières journées de Libération sont synonymes de chaos.

Surgis de Dieu sait où, de supposés résistants surgissent en trombe, afin d’arrêter de tout aussi supposés "traîtres" ou "Collaborateurs", qu’ils battent à mort, pendent ou fusillent, avec ou sans simulacre de procès.

Rien qu’en France, on estime ainsi à près de 10 000 ceux et celles qui vont faire les frais de cette "épuration extrajudiciaire", et qui seront exécutés avant que les véritables tribunaux, civils ou militaires, puissent se remettre au travail dans une atmosphère un peu plus sereine.

Pour autant, les années de guerre et d’Occupation ont créé une telle quantité de rancunes et de frustrations que les dits tribunaux en subissent forcément l’influence, et prononcent des peines dont la sévérité n’a souvent d’égale que la faiblesse des arguments invoqués et l’indigence des preuves présentées.

Et comment pourrait-il en être autrement lorsqu’on n’hésite pas, comme à Nuremberg, à réécrire le Droit pénal et le Droit de la guerre, ou à exhumer des peines qui n’ont plus été appliquées depuis des décennies ?

En Hollande, on va ainsi réhabiliter la Peine de Mort, qui n’a plus été appliquée depuis 1873, pour condamner 138 personnes, et finalement en exécuter 36, dont Anton Mussert , fondateur et chef du du NSB (Nationaal-Socialistische Beweging) néerlandais.

On ira encore plus loin au Danemark, en réintroduisant, le 1er juin 1945, une Peine de Mort pourtant officiellement abolie depuis 1895, ce qui permettra d’en condamner 112 et d’en exécuter 46, dont Knud Børge Martinsen, ancien commandant du Freikorps Danmark de volontaires danois.

Beaucoup de condamnations à mort sont cependant prononcées par contumace, les accusés ayant tout simplement disparus sans laisser de trace, ou ayant pris la précaution de mettre la plus grande distance possible entre eux et leurs compatriotes, à l’image du SS-Obersturmbannführer Léon Degrelle, qu’un tribunal militaire de Bruxelles a condamné à mort le 29 décembre 1944 mais qui s’est réfugié en Espagne en avril 1945, et n’en bougera plus jusqu’à sa mort, en mars 1994…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Détail qui tue (c'est le cas de le dire) le grand cinéaste danois Carl théodor Dreyer tourna en 1946 un très célèbre court métrage sur la sécurité routière (De Naede Fergen , en français "ils attrapèrent le bac)...on y voit un jeune couple en moto prendre tous les risques pour ne pas rater la correspondance avec un ferry de l'archipel d'AAborg ...ils font la course avec une camionnette pilotée à tombeau ouvert par une sorte de vampire aux traits émaciés...et embarquent bien sur le ferry à la fin ...mais à bord de deux cercueils..
Pour ce Film, tourné sans trucages (et sans casques, ce n'était pas obligatoire), Dreyer, profitant du rétablissement temporaire de la peine capitale, avait pensé filmer directement la sortie de route de la moto à pleine vitesse et avait osé demander au gouvernement danois (commanditaire du film) deux condamnés à mort pour faits de collaboration ...qui auraient été graciés en cas de survie (!)

Ce fut refusé et Dreyer se tourna vers un plan B (Il filma un pilote moto professionnel, joseph Koch et sa charmante épouse,prenant les pires risques sur des routes de campagnes encombrées de charrettes à boeufs et de tracteurs, en faisant une ellipse sur l'accident mortel)...et ce fut le sidecar où était installée la caméra qui sortit de la route à pleine vitesse, blessant le chef opérateur et le pilote du side - car.
Dreyer qui surveillait le tournage de loin accourut à toutes jambes ...mais se précipita d'abord sur la caméra (miraculeusement intacte) avant de s'inquiéter de son chef opérateur Jorgen Roos qui avait un bras et quelques côtes cassés ....

Pas vraiment un ange de compassion, ce génie du cinéma, et au delà de l'anecdote cela indique l'état d'esprit qui régnait au Danemark en période d'épuration post 2° guerre mondiale.