lundi 15 février 2010

2535 - L’heure de l’universelle malédiction

… A l’annonce de la mort d’Hitler, certains volontaires étrangers tentent – le plus souvent en vain - de s’enfuir de la nasse.

Grièvement blessé lors d'une tentative de repli à travers la Spree, Eugène Vanlot va ainsi agoniser pendant trois jours dans la cave d'un immeuble en ruines. Blessé lui aussi, puis capturé par les Russes, Henri Fenet sera finalement livré aux autorités françaises, lesquelles le condamneront à 40 ans de prison (1)

Le 2 mai 1945, les ultimes volontaires étrangers rendent enfin les armes dans une capitale du Reich qui n’est plus qu’un immense amas de cadavres et de ruines fumantes.

"Au milieu de cette foule de soldats rouges, écrira Fennet, nous éprouvons au-dedans de nous-mêmes comme une brûlure atroce, la sensation physique de la défaite et de l’esclavage dont la contrainte s’abat sur nous. C’est l’heure de l’universelle malédiction : nous y sommes préparés (1)

Et de fait, c'est maintenant l'heure du Vae Victis, de ce Malheur au Vaincu que résume à elle seule l'affaire de Bad Reichenhall.

Le 8 mai 1945, alors que la signature officielle de la capitulation n'est plus qu'une question d'heures, douze survivants de la Charlemagne sont capturés (2) à Bad Reichenhall (Bavière) par les hommes de la 2ème Division Blindée française.

L'affaire paraît suffisamment grave pour précipiter la venue du général Leclerc, qui, en guise de préambule, et sidéré de découvrir qu'ils sont Français comme lui, les invective et leur demande pourquoi ils portent un uniforme allemand. Du tac au tac, un de ceux-ci lui demande alors pourquoi il porte, lui, un uniforme américain…

La saillie ulcère le général, qui ordonne qu'ils soient immédiatement fusillés sans jugement, et même, selon certains témoignages, qu'ils soient fusillés dans le dos.

Conduits à l'écart, et fusillés par un peloton improvisé à la va-vite, plusieurs d'entre eux tombent sous les balles en criant "Vive la France"...

(1) Henri Fenet sera néanmoins libéré en 1949. Il mourra le 14 septembre 2002, à l'âge de 83 ans.
(2) Giolitto, page 517
(3) une autre version soutient qu'ils se seraient rendus aux Américains, lesquels les auraient ensuite livrés aux Français; une autre encore qu'ils auraient échappé à la surveillance des Américains mais auraient été repris par les Français

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