mercredi 30 avril 2003

58 - des résultats contrastés

... le 6 mars 1944, *aucun* des objectifs que les Américains avaient prévus de bombarder à Berlin ne fut atteint.

Pour autant, la mission ne fut pas considérée comme un échec. D'abord, parce qu'elle démontra que la capitale du Grand Reich était désormais vulnérable, de jour comme de nuit. Ensuite, et surtout, parce qu'elle contraignit la Luftwaffe à lancer ses meilleurs pilotes à la poursuite des bombardiers américains, pilotes qui se firent étriller par la chasse américaine.

Lors de ces engagements, la Luftwaffe perdit en effet 47 avions de chasse et 36 aviateurs, contre 11 avions aux Américains. Bien que faibles dans l'absolu, il fut en réalité très difficile de compenser ces pertes, de retrouver des pilotes ayant la même expérience que ceux tués en combat aérien : deux jours plus tard, les Américains rebombardaient Berlin alors que la plupart des unités de chasse allemandes, déjà à court d'effectifs, ne retrouvèrent jamais leur dotation de pilotes confirmés...

mardi 29 avril 2003

57 - surtout des civils

... le premier raid américain sur Berlin (6 mars 1944) se traduisit par la mort d'une dizaine de militaires allemands et celle de... 345 citadins berlinois, qu'on n'appelait pas encore "civils innocents"

lundi 28 avril 2003

56 - Objectif Berlin !

... lors de leur premier raid sur Berlin (6 mars 1944), les Américains perdirent 70 bombardiers quadrimoteurs B17 et B24, ainsi que 701 aviateurs, dont 411 furent faits prisonniers.

A lui seul, le 13th Combat Wing perdit 11 bombardiers B17 sur... 15

dimanche 27 avril 2003

55 - bombarder les villes

... au printemps 1944, et malgré un début de délocalisation, la ville de Berlin était presque entièrement dédiée à la production de guerre et abritait encore la moitié de l'industrie électromécanique allemande, avec des usines comme AEG (radios, isolateurs, générateurs), Telefunken (radios, radars) ou Robert Bosch (allumages pour véhicules et avions)

Berlin était aussi le troisième centre de production de roulements à billes d'Allemagne, un important centre de constructions aéronautique, avec les usines Heinkel (26 bombardiers quadrimoteurs Heinkel 177 par mois), Henschel (avions d'assaut Henschel 129 et bombardiers Junkers 88), Focke-Wulf, Dornier et Flettner, l'usine de moteurs d'avions Argus (fabriquant les pulsoréacteurs propulsant les bientôt célèbres fusées V1), et l'immense usine de Daimler-Benz à Genshagen, qui fabriquait à elle seule 20% des moteurs d'avions allemands.

De leur côté, Auto-Union (qui s'appellerait un jour Audi) et Alkett produisaient en grande série les blindés et canons automoteurs dessinés, notamment, par Ferdinand Porsche et dont Maybach, installé à Tempelhof, fabriquait les moteurs.

Des milliers de camions et de véhicules militaires de toutes sortes sortaient également des usines Demag à Staaken, Büssing et Nationale Automobile à Oberschöneweide.

Outre son indéniable aspect psychologique, bombarder la capitale de "l'Empire du Mal" cadrait donc parfaitement avec les théories stratégiques défendues par Giulio Douhet dès le début des années 1920 : frapper l'ennemi derrière la ligne de front, réduire sa production militaire et convaincre les citadins (qui travaillaient presque exclusivement pour l'effort de guerre et qu'on n'appelait pas encore "civils innocents") à réclamer une paix rapide...

samedi 26 avril 2003

54 - la théorie de Douhet

... si le concept du bombardement opéré sur des villes, afin de miner le moral des populations, a été étudié par les Britanniques dès 1918 (lorsque, progrès technologiques aidant, on a commencé à entrevoir la possibilité de disposer d'avions suffisamment performants pour porter le fer loin du front), l'Histoire a surtout retenu le nom de l'Italien Giulio Douhet comme le "père" du bombardement stratégique.

Comme beaucoup d'autres, Douhet avait été frappé par la longueur et l'effroyable coût humain de la Première guerre mondiale, où la seule bataille de Verdun (1916) fit un million de morts sans que l'un ou l'autre des belligérants parvienne à en tirer avantage.

Pour Douhet, ce carnage inutile s'expliquait d'abord et avant tout par le fait que la guerre, aussi meurtrière qu'elle ait été, n'avait jamais empêché les citadins (qu'on appellerait un jour "civils innocents") de mener une vie normale, de s'amuser dans leurs villes, de fréquenter cinémas, restaurants et théatres, ni, surtout, de travailler jour et nuit à la production de nouvelles armes qui, utilisées quelques dizaines de kilomètres plus loin, faisaient mourir des millions de soldats supplémentaires.

En bombardant les villes, on pouvait dès lors espérer faire coup double.

Comme les usines d'armements, et de manière générale les usines tout court, étaient à cette époque généralement situées au coeur même des villes, bombarder les villes reviendrait donc, de facto, à réduire ou même à supprimer complètement la production d'armements nouveaux. Privée d'obus, de cartouches, de canons, de véhicules, l'armée ennemie serait bientôt rendue incapable de combattre, ce qui l'obligerait à demander la paix, épargnant ainsi de nombreuses vies humaines.

De plus, le bombardement des villes attenterait gravement au moral des citadins qui, considérant que la Mort ne faisait pas partie de leur contrat de travail - à la différence de celui des militaires - et constatant de visu la destruction de leurs propres maisons et foyers - contrairement aux militaires - exerceraient davantage d'influence que ces derniers sur les "décideurs politiques". En d'autres termes, on pouvait s'attendre, selon Douhet, à ce que le bombardement de civils encourage ceux-ci à réclamer, et à obtenir, une paix rapide.

vendredi 25 avril 2003

53 - voir Manille et mourir

... en février 1945, les civils innocents de Manille (Philippines) furent victimes d'un des épisodes les plus sanglants de la 2ème Guerre Mondiale, lorsque les 17 000 soldats de l'amiral Iwabushi refusèrent de suivre les consignes du général Yamashita qui avait décidé de déclarer Manille "ville ouverte"

S'accrochant rue par rue, maison par maison, massacrant systématiquement tous les civils qui se trouvaient dans leur ligne de tir, les pourchassant jusque dans les églises, les Japonais recréèrent Stalingrad au beau milieu des Philippines.

Après un mois de furieux combats, Manille n'était plus qu'un immense champ de ruines qui avait coûté la vie à un millier de soldats américains et à près de 100 000 civils philippins

Quant aux 17 000 hommes de l'amiral Iwabushi, pas un seul n'avait survécu, préférant une mort glorieuse à la défaite, et le suicide au déshonneur de la reddition.

jeudi 24 avril 2003

52 - gouverner, c'est prévoir

"Bien avant la guerre, les usines [d'armements japonaises] avaient été aménagées dans des zones fortement urbanisées (...) Plus grave encore, la concentration des usines et des ateliers de sous-traitance autour des grands centres urbains, que les B29 prirent pour cibles dès l'automne 1944.

Dans ce domaine, le Japon paya durement l'imprévoyance générale tant des autorités trop confiantes que des constructeurs trop peu concernés par les problèmes de sécurité. Les grands centres industriels connus des Américains constituèrent de véritables invitations au bombardement

(...) Une fois de plus, la prise de conscience fut trop tardive. Les déplacements d'usines furent entrepris dans la plus grande précipitation, sous les bombes. En 1945, il résulta de ce chaos une chute sensible de la production"
(Le Fana de l'Aviation, Hors Série no
3, page 88)

mardi 22 avril 2003

51 - pour quelques nuages de plus

... à Hiroshima, dans des conditions de bombardement parfaites (approche rectiligne à vitesse et altitude constantes, pas de nuages), la cible visée - un dépôt de l'armée et des quais d'embarquement situés au beau milieu de la ville - fut ratée d'environ 300 mètres, ce qui correspondait à la précision normale du viseur Norden

A Nagasaki, en revanche, sous un ciel couvert, la cible visée fut ratée d'environ... 2 000 mètres.

En fait, Nagasaki n'aurait même jamais dû être détruite puisqu'au décollage, c'était l'arsenal de Kokura (un rectangle de 1500 m x 700 m) qui était visé.

Hélas, de très mauvaises conditions météorologiques au dessus de Kokura obligèrent le B29 à se détourner vers des objectifs secondaires. L'essence diminuant rapidement, il fallut hoisir entre bombarder Nagasaki quasiment à l'aveuglette, ou prendre le cap retour vers Tinian, avec la bombe.

Pour des raisons de sécurité, un atterrissage à Tinian avec cette bombe était totalement exclu. Et pas question non plus de se débarrasser au dessus de l'océan d'un engin qui, non content d'avoir coûté une fortune, n'existait plus, après le largage effectué sur Hiroshima, qu'en un seul exemplaire.

A Nagasaki, ce jour-là, la vie s'est jouée à quelques nuages près...

lundi 21 avril 2003

50 - soyez précis !

... lors de la 2ème guerre mondiale, la précision des bombardements stratégiques était un concept très relatif. Considéré comme le viseur le plus précis de l'époque, le Norden américain permettait, en théorie, à un bombardier opérant à 6 000 mètres d'altitude de placer ses bombes à environ 300 mètres (trois terrains de football) du point visé,... à condition qu'une fois la cible identifiée, l'avion maintienne un vol horizontal et parfaitement rectiligne durant trois minutes (!)

Hélas, dans la réalité des combats, la cible était souvent cachée par les nuages ou la fumée, les mouvements de l'avion rendus désordonnés par les explosions de la DCA ennemie, en sorte que l'imprécision des bombardements pouvait être... cinq fois supérieure (1 500 mètres)

Si l'objectif était entièrement couvert par les nuages, rendant la visée à vue impossible, les bombardiers alliés pouvaient recourir aux radars H2S ou H2X mis au point par les Britanniques. Mais le bombardement au radar étant encore moins précis que le bombardement à
vue, une distance des impacts à moins de 1 500 mètres du point visé était considérée comme bonne.

L'imprécision était encore plus grande pour les bombardiers britanniques opérant de nuit : en 1943, seuls 25% des équipages du Bomber Command était capables, de nuit, de placer leurs bombes à moins de 3 000 mètres du point visé (!)

Constatant cette imprécision, et l'absence d'usines ennemies s'étendant sur plus de 3 000 mètres, les États-majors n'eurent plus lechoix, s'ils voulaient éviter que leurs bombes se retrouvent dans les champs de pommes de terre, qu'entre renoncer à bombarder... ou trouver des cibles s'étendant sur plus de 3 000 mètres, autrement dit des villes.

Sans surprise, ils choisirent de bombarder les villes, comme le recommandaient des théoriciens comme Douhet, dès le début des années '20...

dimanche 20 avril 2003

49 - le prix d'un civil

... en 1944, en Allemagne, la plupart des "civils innocents" tués lors des bombardements anglo-américains travaillaient en fait... dans les usines d'armements allemandes.

L'armée ayant dépouillé les usines de la plupart des ouvriers en âge de combattre, ceux-ci avaient été remplacés par des femmes, des volontaires étrangers, des prisonniers de guerre ou des déportés.

Ainsi, sur les 12 500 personnes employées par l'usine d'aviation Henschel à Johannisthal (Berlin), on comptait 4 000 femmes, 875 déportés et 5 250 volontaires ou travailleurs déportés, provenant des territoires occupés par le Reich.

Durant les bombardements, ces "civils innocents" disposaient rarement d'abris convenables. Par exemple, chez Telefunken, à Steglitz (où l'on produisait les radars Mannheim), si les prototypes, composants expérimentaux et plans étaient déplacés à la moindre alerte vers un bunker bétonné dans le sous-sol, les ouvriers et ouvrières devaient pour leur part se contenter de tranchées simplement creusées dans le sol...

Dans un pays en guerre, les radars militaires sont bien plus importants que les civils qui les construisent.

samedi 19 avril 2003

48 - l'important, c'est de gagner

... cherchant à déchiffrer les mystères du "suivisme allemand", qui avait vu pays entier renoncer à la démocratie pour se tenir derrière son Führer jusqu'à la fin , les experts du SHAEF interrogèrent plus de 300 généraux allemands capturés. Dans les conclusions de leur rapport on peut lire :

"Ces généraux approuvent tout acte qui réussit. Le succès est bon. Ce qui ne réussit pas est mauvais. Il était, par exemple, mauvais de persécuter les Juifs avant la guerre car cela a dressé les Anglo-américains contre l'Allemagne. Il aurait été bon d'ajourner la campagne antijuive pour ne la commencer que lorsque l'Allemagne aurait eu gagné la guerre".

Le général Blumentritt ajoutait même que si les nazis n'avaient pas persécuté les Juifs dès 1933, des savants tels qu'Einstein "auraient pu aider l'Allemagne à produire de meilleures armes", et même à finaliser la bombe atomique, étudiée à l'Institut Kaiser Wilhelm de Berlin.

De même, "il était mauvais de bombarder l'Angleterre en 1940. Si l'on s'en était abstenu, la Grande-Bretagne se serait jointe à Hitler dans la guerre contre la Russie. Il était mauvais de traiter les Russes et les Polonais comme du bétail, car maintenant, ils vont traiter les Allemands de la même façon (...) Il ne s'agit pas là de déclarations isolées de généraux pronazis, mais des réflexions de presque tous ces hommes. Qu'il soit moralement inadmissible d'exterminer une race ou de massacrer les prisonniers leur apparaît à peine. La seule horreur qu'ils ressentent à l'endroit des crimes allemands est qu'ils pourraient eux-mêmes, par quelque monstrueuse injustice, en être accusés par les Alliés"

vendredi 18 avril 2003

47 - le City of Benarès

... dès les premiers bombardements allemands sur l'Angleterre, le gouvernement britannique, soucieux d'épargner des pertes inutiles à sa population civile, entreprit d'évacuer les enfants vers les pays alliés d'outre-mer.

C'est ainsi que le British Government's Children's Overseas Resettlement Scheme expédia 1530 enfants au Canada, 577 en Australie, 353 en Afrique du Sud, 202 en Nouvelle Zélande et 838 aux États-Unis.

Hélas, le 17 septembre 1940, le torpillage du "City of Benares", transportant 400 passagers et 99 enfants évacués vers le Canada, mit un terme brutal à ce programme.

Parti de Liverpool à destination de Montréal le 13 septembre 1940, le "City of Benares" fut torpillé en pleine nuit par le sous-marin U-48, et expédié par le fond en quelques minutes. Des rares canots que l'on eut le temps de mettre à flots, la plupart se retournèrent sur une mer houleuse, précipitant leurs occupants dans l'eau glacée de l'Atlantique, ou les écrasant contre la coque du paquebot en train de sombrer.

Au final, 325 personnes, dont 77 enfants innocents, périrent dans cette tragédie qui incita le gouvernement britannique à annuler immédiatement son programme de réinstallation outre-mer,... condamnant par la même des centaines d'autres enfants innocents à périr dans les bombardements au cours des années ultérieures.

jeudi 17 avril 2003

46 - drowning by numbers

... en Tchétchénie (800 000 habitants), et selon le dernier rapport du gouvernement pro-russe (!), l'armée russe d'occupation exécute, en moyenne, et dans l'indifférence planétaire, 100 civils tchétchénes chaque semaine, ou encore 5 200 chaque année.

Rapportés à la population palestinienne de Gaza et des Territoires occupés (2,6 millions d'habitants), cela autoriserait l'armée israélienne d'occupation à exécuter, dans d'indifférence planétaire, 300 civils palestiniens chaque semaine, ou encore 16 000 chaque année.

Quant aux forces d'occupation américaines présentes en Irak (26 millions d'habitants), elles pourraient exécuter 3 000 civils irakiens chaque semaine, ou encore 160 000 chaque année, sans que le monde s'en émeuve...

Au fond, le "Bien" et le "Mal", c'est juste une question de mathématiques...

mercredi 16 avril 2003

45 - le Bien et le Mal, c'est juste une question de mathématiques

... en Tchétchénie (800 000 habitants), l'armée russe entretient, depuis trois ans et demi, dans l'indifférence planétaire et onusienne, une force d'occupation de 100 000 militaires, censés "rétablir l'ordre"

Rapporté à la population palestinienne de Gaza et des Territoires occupés (2,6 millions d'habitants), cela reviendrait, pour l'armée israélienne, à y entretenir en permanence, dans l'indifférence planétaire et onusienne, une force d'occupation de plus de 300 000 hommes,... soit deux fois les effectifs de son armée.

Quant à l'armée américaine présente en Irak (26 millions d'habitants), elle pourrait carrément y maintenir , toujours dans l'indifférence planétaire et onusienne, une force d'occupation de trois millions de soldats...

Au fond, le "Bien" et le "Mal", c'est juste une question de mathématiques...

mardi 15 avril 2003

44 - pillez pour nous

... en 1945, chaque soldat de l'armée rouge avait l'autorisation d'envoyer, chez lui, un colis postal mensuel de 5 kilos,... qui constituait évidemment une véritable incitation au pillage.

Les officiers, eux, pouvaient envoyer le double.

Pour les généraux et cadres du SMERSH, il n'y avait évidemment aucune limite, mais ils ne s'abaissaient pas à piller eux-mêmes : leurs subalternes s'en chargeaient pour eux...

lundi 14 avril 2003

43 - tous les prisonniers sont égaux, mais certains nettement plus que d'autres

... en libérant un camp de prisonniers de guerre près Torn (Allemagne) en mars 1945, les troupes russes se rendirent compte que les prisonniers de guerre américains, britanniques et français paraissaient en bonne santé : "Ils avaient plus l'air de gens en vacances que de prisonniers de guerre, alors que les détenus soviétiques étaient décharnés, enveloppés dans des couvertures"

Dans ce camp, les prisonniers occidentaux n'avaient pas à travailler, étaient autorisés à jouer au football et recevaient des colis de vivres de la Croix Rouge.

En revanche, dans la partie "russe" du camp, 17 000 prisonniers soviétiques avaient été assassinés ou étaient morts de faim ou de maladie

Si tous les prisonniers de guerre sont égaux face à la Convention de Genève, certains sont beaucoup plus égaux que d'autres...

dimanche 13 avril 2003

42 - la méthode russe

... si la Tchetchenie est 30 fois plus petite et 30 fois moins peuplée que l'Irak, il fallut pourtant un mois à la redoutable armée russe pour se rendre maîtres de la minuscule ville de Grozny, et ce malgré l'extraordinaire disproportion de leurs moyens (tanks, canons, avions, hélicoptères de combat) par rapport à ceux des Tchétchénes, simplement armés de Kalachnikovs et de quelques grenades.

Pendant un mois, les Russes pilonnèrent Grozny au canon, au napalm et sous les bombes à fragmentation, l'investirent rue par rue, maison par maison, tuèrent des milliers de civils innocents, transformèrent la ville entière, en ce compris les hôpitaux, en amas de ruines fumantes,... tout en y laissant eux-mêmes 5 000 hommes.

En mars dernier, fort de cette riche expérience, Sergueï Ivanov, ministre russe de la Défense et proche de l'ex colonel du KGB Vladimir Poutine, n'hésita donc pas à mettre les Américains au défi d'avoir les "nerfs" assez solides pour recourir aux "bombardements massifs" sur Bagdad : deux anciens généraux russes ne s'étaient-ils d'ailleurs pas vantés publiquement d'avoir contribué à l'élaboration du plan de défense de la capitale irakienne ? Collaboration qui, quelques jours avant le début des frappes américaines, leur valut du este une jolie médaille, remise à Bagdad par le ministre irakien de la Défense...

Pour le général Vladislav Atchalov, l'un des récompensés, l'unique moyen de prendre Bagdad tait "de raser la ville par des bombardements massifs".

Comme à Grozny.

Selon l'expert Pavel Falgenhauer, "La pire issue possible de la guerre en Irak pour les militaires russes, était une victoire rapide [des Américains] avec peu de pertes". Une victoire qui, par contre-coup, aurait couvert de ridicule l'armée russe en général, et ses chefs en particulier...

samedi 12 avril 2003

41 - exclusion sociale

... fin avril 1945, si chaque soldat de l'armée rouge rêvait d'être celui qui planterait enfin le drapeau rouge sur le Reichstag, certaines nationalités, comme les Kalmouks, les Tartares et - déjà - les Tchétchénes, étaient rigoureusement exclues car, dans l'armée des prolétaires unis, il était interdit de recommander pour le titre de Héros de l'Union soviétique tout membre d'un groupe ethnique mis à l'index...

vendredi 11 avril 2003

40 - Mirages sur l'Orient

... en novembre 1956, engagée dans l'Opération Mousquetaires (l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez), la France "prêta" à Israël, en échange de sa collaboration, 36 chasseurs-bombardiers de l'Armée de l'Air, ainsi qu'une cinquantaine de pilotes français.

Hâtivement repeints aux couleurs israéliennes, mais toujours pilotés par des militaires français, ces avions opérèrent secrètement, et illégalement, durant toute la durée du conflit, protégeant l'espace aérien israélien, et bombardant régulièrement des cibles égyptiennes.

Onze ans plus tard, préparant l'Opération Moked (Focalisation), c-à-d l'attaque préventive de l'aviation égyptienne sur ses bases, l'État-major israélien se trouva confronté à un problème : comment obtenir de bonnes photographies aériennes (notamment infrarouges) des aérodromes égyptiens et du futur champ de bataille, alors qu'aucun de ses avions, presque exclusivement français, n'était conçu, ni même adapté, pour la reconnaissance.

La solution fut trouvée ou États-Unis, ou plutôt en Allemagne, sous la forme de 6 RF-4C (version de reconnaissance du Phantom II), appartenant à la 26ème escadre de reconnaissance tactique basée à Ramstein.

Au printemps 1967, sous couvert d'un exercice OTAN, ces avions et leurs pilotes américains s'envolèrent pour l'Espagne, d'où ils repartirent secrètement pour Israël en compagnie d'un C-141 de reconnaissance stratégique.

Comme cela avait été le cas onze ans auparavant, des cocardes israéliennes furent hâtivement apposées sur ces avions qui, les jours suivants, et toujours menés par leurs pilotes américains, photographièrent illégalement l'Égypte sous toutes ses coutures, pour le plus grand plaisir des planificateurs israéliens.

Le 12 juin, la guerre terminée et gagnée, ces vrais-faux avions israéliens récupérèrent leurs marquages américains avant de regagner tranquillement Ramstein via l'Espagne.

Deux ans plus tard, la France ayant entretemps changé d'alliance, les Phantom II étaient de retour sous les cieux israéliens, où ils remplacèrent progressivement Vautour, Mystère et Mirage français.

jeudi 10 avril 2003

39 - une nouvelle guerre préventive

... au printemps 1967, la décision égyptienne de bloquer le Détroit de Tiran, d'imposer le retrait des Casques bleus présents dans le Sinaï depuis la crise de Suez (1956), suivie par l'annonce d'un pacte militaire instaurant un commandement unifié des armées égyptiennes, syriennes, jordaniennes et irakiennes, incita le gouvernement israélien à lancer une "guerre préventive" contre ces pays.

Pour ce faire, le gouvernement israélien n'eut qu'à ressortir des tiroirs les plans de l'Opération "Moked" (Focalisation), étudiée depuis le début des années '60, et pour laquelle les aviateurs israéliens, formés en France et équipés presque exclusivement d'avions français, s'étaient longuement préparés.

Le 5 juin 1967, donc, l'aviation israélienne lança une "attaque préventive" contre les aéroports égyptiens, rééditant ainsi, avec le même succès, l'Opération Mousquetaires (l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez) menée par les aviations françaises et britanniques onze ans auparavant.

mercredi 9 avril 2003

37 - le prélude à Moked

... en trois jours de pilonnage intensif à la bombe, à la roquette et au napalm, les coalisés franco-britanniques engagés dans l'Opération Mousquetaires (l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez) parvinrent à anéantir, le plus souvent au sol, des centaines d'avions égyptiens.

Cette leçon ne fut pas oubliée par les Israéliens - leurs alliés d'alors.

Peu de temps après, les stratèges israéliens commencèrent en effet à dresser les plans de l'Operation "Moked" (Focalisation), c-à-d le déclenchement d'une "guerre préventive" contre les pays ennemis d'Israël, et en particulier contre leurs composantes aériennes, que les pilotes israéliens, formés en France et dotés d'avions presque exclusivement français, détruiraient au sol, dès les premières minutes de la guerre.

mardi 8 avril 2003

36 - succès militaire, désastre politque

... si l'Opération Mousquetaires de 1956 fut un indéniable succès militaire, elle tourna en revanche très rapidement au désastre politique pour les coalisés franco-britanniques, stipendiés dans le monde entier pour leur agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies et dans le seul but de plaire aux riches actionnaires du Canal de Suez.

Très vite en effet, l'URSS menace d'intervenir aux côtés de l'Égypte. "Les Russes bluffent, n'est-ce pas ?" demande le Français Guy Mollet, Président du Conseil, au Belge Paul Henri Spaak, Ministre des Affaires étrangères et grand entremetteur européen. "Je n'en suis pas si sûr", rétorque le Belge.

Aux États-Unis, le Président Eisenhower, qui depuis des semaines s'efforce de trouver une solution diplomatique à la nationalisation du Canal et à la fermeture du Détroit de Tiran, est furieux de ce qu'il considère comme une "trahison" de ses alliés.

Aux Nations Unies, les États-Unis font voter, dans l'urgence absolue, une ésolution exigeant le cessez-le-feu et le retrait immédiat des armées trangères. Cette résolution est votée à l'unanimité, mais la France, membre permanent du Conseil de Sécurité, y appose aussitôt son veto.

Pire : alors que les Britanniques, qui commencent à mesurer le courroux de leur puissant parrain d'Outre Atlantique, se montrent de plus en plus réticents, la France s'entête et maintient le débarquement sur les côtes égyptiennes, qui s'opère dans la nuit du 5 au 6 novembre 1956.

Un débarquement réussi, mais un débarquement pour rien : 24 heures plus tard, le 7 novembre 1956, la France et la Grande-Bretagne doivent finalement se rendre à la raison, et céder aux injonctions de Moscou et de Washington qui, dans cette affaire, ont manifestement décidé de leur faire comprendre une bonne fois pour toutes qu'ils n'avaient plus leur place dans la cour des grands.

Pour Londres, et plus encore pour Paris, l'affaire est un désastre financier qui s'achève dans l'humiliation : moins d'un mois plus tard, les dernières troupes coalisées rembarquent sous les quolibets de la population égyptienne. Le Canal de Suez restera égyptien et pour l'Europe toute entière, c'est désormais l'heure de l'effacement...

lundi 7 avril 2003

35 - les lois de la guerre

... lorsqu'ils débarquèrent à Port-Saïd le 6 novembre 1956 dans le
cadre de l'Opération Mousquetaires ((l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez), les coalisés franco-britanniques furent tout surpris, et même franchement choqués, de découvrir que le gouvernement Nasser avait fait distribuer des armes à la population civile.

Un tel comportement, estimèrent-ils, violait les lois de la Guerre...

dimanche 6 avril 2003

34 - un guerre meurtrière

... durant l'Opération Mousquetaires (l'agression illégitime de l'Égypte, ans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez), les forces aériennes franco-britanniques menèrent 2 465 missions d'attaque et de bombardement, tirant 600 000 obus, 5 500 roquettes et 2 300 bombes sur des aérodromes ou des casernes, mais aussi sur des ponts, des routes, des voies de chemin de fer, et même les installations de la radio nationale égyptienne.

Plusieurs milliers d'Égyptiens (dont un nombre indéterminé de civils innocents) périrent dans cette guerre d'une semaine, qui ne coûta aux franco-britanniques que 32 tués et 129 blessés.

samedi 5 avril 2003

33 - de gros dommages collatéraux

... le 2 novembre 1956, dans le cadre de l'Opération Mousquetaires (l'agression illégitime de l'Égypte, sans mandat des Nations Unies, pour se réapproprier le Canal de Suez), les forces aériennes franco-britanniques continuèrent leurs frappes illégales sur les aérodromes égyptiens, mais aussi sur les ponts, les routes, les voies ferrées et.... l'émetteur de Radio Le Caire, qui fut endommagé par un raid de 18 Canberra britanniques, escortés de 12 Thunderstreak français.

Même si on le qualifierait sans doute aujourd'hui de "violation de la Convention de Genève" (voire de "Crime de Guerre"), le bombardement de la station de radio égyptienne fut un succès. Hélas, au cours de cette attaque ciblée (on ne disait pas encore "chirurgicale"), une des prisons de la capitale égyptienne fut également touchée par erreur, entraînant la mort d'une centaine de prisonniers et de gardiens innocents qui, de nos jours, se verraient certainement baptisés du doux nom de "dommages ollatéraux"

En début de matinée, des Avenger de la flottille 9F de l'Aéronavale française avaient également tiré une salve de roquettes sur ce qu'ils avaient identifié comme étant "une vedette lance-torpille égyptienne", mais qui s'avéra en réalité... le sous-marin français La Créole (!), lequel s'en tira en plongeant en catastrophe à cette époque bénie où personne n'évoquait les "tirs amicaux"

En fin de matinée, le camp de Huckstep (situé entre Le Caire et le Canal de Suez) fut lui aussi "traité" par des vagues successives d'avions, qui attaquèrent à la roquette, au canon, et bien entendu au napalm, chose que personne ne considérait alors comme un "Crime contre l'Humanité"

Outre un nombre indéterminé de soldats et de civils égyptiens innocents, ce violent engagement carbonisa près de 200 véhicules,...dont une douzaine de chars "Centurion", vendus par l'Angleterre à l'Égypte quelques mois uparavant (!)

Une vente qui, curieusement, n'indigna personne à l'époque...

vendredi 4 avril 2003

32 - pieds nickelés à Suez

... pour prix de sa collaboration à l'Opération Mousquetaires (l'attaque illégitime de l'Égypte par la France et l'Angleterre, destinée à restituer le Canal de Suez à ses riches actionnaires franco-britanniques, sans mandat des Nations Unies), Israël exigea, et obtint, la fourniture de grandes quantités de matériel militaire, et notamment de plusieurs dizaines d'avions de combat français, dont certains, pour gagner du temps, furent directement prélevés sur les stocks de l'Armée de l'Air française, et hâtivement repeints aux couleurs israéliennes.

Manquant malgré tout de pilotes confirmés, et craignant des représailles égyptiennes, Israël exigea, et obtint là encore, le "prêt" de plusieurs escadrilles de chasse de l'Armée de l'Air, au complet,... avec leurs ilotes (!)

Pour éviter d'être identifiés, ces avions français furent également repeints aux couleurs d'Israël. Quant aux pilotes français, ils reçurent l'ordre officiel et militaire de ne pas quitter les bases israéliennes et, s'ils prenaient l'air, de se débarrasser de tout document ou papier attestant leur nationalité.

Dès l'expiration de l'utimatum, le 1er novembre 1956, des F84 de l'Armée de l'Air française, opérant avec des pilotes français mais sous cocardes israéliennes, attaquèrent des blindés égyptiens à Bir Gifgafa.

Pendant ce temps, chasseurs et bombardiers français "authentiques" opéraient en compagnie de leurs homologues sous le ciel égyptien. Au soir du 1er novembre, Britanniques et Français avaient effectué plus de 450 sorties offensives et détruit 140 avions égyptiens au sol, toujours sans le moindre mandat des Nations Unies...

jeudi 3 avril 2003

31 - Les trois mousquetaires

... en 1956, rendus furieux par la nationalisation du Canal de Suez, les actionnaires franco-britanniques de cette compagnie s'en allèrent trouver leurs gouvernements respectifs pour exiger, et obtenir, une intervention militaire destinée à leur rendre la propriété du Canal.

L'Égypte étant pays souverain reconnu par les Nations Unies et le Droit international, il fallait bien trouver un prétexte pour justifier cette guerre aussi unilatérale qu'illégitime, n'ayant pour seul objectif que de restituer à de riches actionnaires privés leur rente de situation.

La France et l'Angleterre s'entendirent donc avec Israël, dont le gouvernement avait, lui aussi, moult griefs envers l'Égypte.

Selon l'accord - aussi secret qu'illégal - conclu entre ces trois nations, Israël envahirait l'Égypte et y mènerait des attaques plus ou moins ciblées et génératrices de dommages collatéraux. Plus que jamais soucieuses d'éviter un désastre humanitaire, et surtout de garantir la sécurité du Canal et les intérêts des actionnaires, la France et l'Angleterre adresseraient ensuite un ultimatum aux deux belligérants, leur enjoignant de mettre fin aux combats. Cet accord serait immédiatement accepté par Israël... et fort logiquement rejeté par l'Égypte (puisque entérinant la présence israélienne sur son territoire et celle de militaires franco-britanniques "gardiens de la Paix" autour du Canal), ce qui, par voie de conséquence, légitimerait l'intervention militaire franco-britannique, objet de la manoeuvre.

Le jour dit, 29 octobre 1956, l'armée israélienne attaqua donc l'Égypte dans le Sinaï. Le lendemain, la Grande-Bretagne et la France lancèrent leur ultimatum, exigeant le cessez-le-feu et le retrait des belligérants à 10 miles de part et d'autre du Canal, sous peine d'une intervention militaire franco-britannique... dans les 12 heures suivantes (!)

Israël accepta. L'Égypte, comme prévu, refusa. Peu après, la France et la Grande-Bretagne attaquèrent et envahirent l'Égypte, sans mandat des Nations Unies et au mépris du Droit international.

L'Opération Mousquetaires venait de commencer...

mercredi 2 avril 2003

30 - pas de quartier !

... le 3 mai 1945, trois jours après le suicide d'Adolf Hitler, des Typhoons de la Royal Air Force attaquèrent à la roquette plusieurs navires de commerce allemands mouillés en baie de Lübeck (Baltique).

Parmi eux, se trouvait le paquebot de 27 000 tonnes Cap Arcona, qui venait d'embarquer... plus de 4 500 déportés et prisonniers de guerre des camps de concentration de Neuengamme, de Stutthof et de ora-Mittelbau. Autrement dit des Alliés, bientôt victime de ce que l'on appelerait aujourd'hui des "tirs amis"

"Les SS maintenaient les prisonniers au-dessous de l'entrepont du navire incendié et rempli de fumée, et les menaçaient avec le tir de leurs mitrailleuses. Parmi ceux-là, presque tous les prisonniers y furent tués. Beaucoup de canots de sauvetage étaient percés et, de toute façon, les prisonniers ne savaient pas comment les descendre. Un seul canot de sauvetage fut mis à la mer.

Dans une panique indescriptible, les déportés qui ne furent pas tués durant l'attaque ni brûlés ni noyés dans leur prison renversée, se ruèrent sur le pont, se jetèrent à l'eau, tentèrent de s'accrocher à une planche flottante ou aux canots allemands de la base-école des Sous-mariniers, mais la plupart se noyèrent. Quelques prisonniers furent récupérés dans un canot en dépit de l'ordre donné par le commandant de garnison de Neustadt, le capitaine de frégate Heinrich Schmidt et de son quartier général de la base-école des Sous-mariniers, de ne pas secourir de prisonniers.

Les autres déportés nageant dans la Mer Baltique glaciale furent mitraillés par les canons de 20 mm des chasseurs-bombardiers "Typhoons" qui, volant au ras des flots, revinrent à plusieurs reprises. Sur la plage, ils subirent le tir des mitrailleuses des Verdammten SS.

En atteignant Neustadt, les derniers rescapés prièrent les troupes britanniques d'envoyer d'urgence des canots de sauvetage. Des 4 500 déportés de camps de concentration à bord, 350 survécurent. Des 600 gardes, SS et infanterie de marine, des 24 femmes SS et des 70 membres d'équipage, approximativement 490 furent sauvés dont, parmi eux, le capitaine Bertram et son officier en second Dommenget"

mardi 1 avril 2003

29 - Convention de Genève ?

... sur les quelque 300 000 soldats allemands qui se présentèrent devant Stalingrad, 210 000 moururent de froid, d'épuisement, de maladie ou sous la mitraille russe.

Sur les 90 000 qui furent faits prisonniers, seuls... 5 000 revirent inalement l'Allemagne,... 10 ans après la fin de la guerre