lundi 21 avril 2003

50 - soyez précis !

... lors de la 2ème guerre mondiale, la précision des bombardements stratégiques était un concept très relatif. Considéré comme le viseur le plus précis de l'époque, le Norden américain permettait, en théorie, à un bombardier opérant à 6 000 mètres d'altitude de placer ses bombes à environ 300 mètres (trois terrains de football) du point visé,... à condition qu'une fois la cible identifiée, l'avion maintienne un vol horizontal et parfaitement rectiligne durant trois minutes (!)

Hélas, dans la réalité des combats, la cible était souvent cachée par les nuages ou la fumée, les mouvements de l'avion rendus désordonnés par les explosions de la DCA ennemie, en sorte que l'imprécision des bombardements pouvait être... cinq fois supérieure (1 500 mètres)

Si l'objectif était entièrement couvert par les nuages, rendant la visée à vue impossible, les bombardiers alliés pouvaient recourir aux radars H2S ou H2X mis au point par les Britanniques. Mais le bombardement au radar étant encore moins précis que le bombardement à
vue, une distance des impacts à moins de 1 500 mètres du point visé était considérée comme bonne.

L'imprécision était encore plus grande pour les bombardiers britanniques opérant de nuit : en 1943, seuls 25% des équipages du Bomber Command était capables, de nuit, de placer leurs bombes à moins de 3 000 mètres du point visé (!)

Constatant cette imprécision, et l'absence d'usines ennemies s'étendant sur plus de 3 000 mètres, les États-majors n'eurent plus lechoix, s'ils voulaient éviter que leurs bombes se retrouvent dans les champs de pommes de terre, qu'entre renoncer à bombarder... ou trouver des cibles s'étendant sur plus de 3 000 mètres, autrement dit des villes.

Sans surprise, ils choisirent de bombarder les villes, comme le recommandaient des théoriciens comme Douhet, dès le début des années '20...

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