dimanche 27 avril 2003

55 - bombarder les villes

... au printemps 1944, et malgré un début de délocalisation, la ville de Berlin était presque entièrement dédiée à la production de guerre et abritait encore la moitié de l'industrie électromécanique allemande, avec des usines comme AEG (radios, isolateurs, générateurs), Telefunken (radios, radars) ou Robert Bosch (allumages pour véhicules et avions)

Berlin était aussi le troisième centre de production de roulements à billes d'Allemagne, un important centre de constructions aéronautique, avec les usines Heinkel (26 bombardiers quadrimoteurs Heinkel 177 par mois), Henschel (avions d'assaut Henschel 129 et bombardiers Junkers 88), Focke-Wulf, Dornier et Flettner, l'usine de moteurs d'avions Argus (fabriquant les pulsoréacteurs propulsant les bientôt célèbres fusées V1), et l'immense usine de Daimler-Benz à Genshagen, qui fabriquait à elle seule 20% des moteurs d'avions allemands.

De leur côté, Auto-Union (qui s'appellerait un jour Audi) et Alkett produisaient en grande série les blindés et canons automoteurs dessinés, notamment, par Ferdinand Porsche et dont Maybach, installé à Tempelhof, fabriquait les moteurs.

Des milliers de camions et de véhicules militaires de toutes sortes sortaient également des usines Demag à Staaken, Büssing et Nationale Automobile à Oberschöneweide.

Outre son indéniable aspect psychologique, bombarder la capitale de "l'Empire du Mal" cadrait donc parfaitement avec les théories stratégiques défendues par Giulio Douhet dès le début des années 1920 : frapper l'ennemi derrière la ligne de front, réduire sa production militaire et convaincre les citadins (qui travaillaient presque exclusivement pour l'effort de guerre et qu'on n'appelait pas encore "civils innocents") à réclamer une paix rapide...

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