dimanche 31 juillet 2016

4905 - "Tous les dirigeants ou commissaires bolcheviques doivent être immédiatement liquidés"

"Tous les dirigeants ou commissaires bolcheviques doivent être immédiatement liquidés"
... Berlin, 03 mars 1941

C’est l’impossibilité de l’emporter - ou du moins de l’emporter rapidement - en URSS, et donc d’y découvrir à brève échéance cet "espace""relocaliser" les millions de Juifs d’Europe qui va, sinon provoquer, du moins précipiter, leur extermination.

Mais des mois avant le déclenchement effectif de l'Opération BarbarossaHimmler, Heydrich, et tous les hauts responsables militaires savent déjà que cette nouvelle guerre à l'Est s'annonce fondamentalement différente de ce qu'elle a été - et continuera d'être - à l'Ouest.

De fait, dès le 03 mars, le général Jodl, chef du bureau des opérations de l'OKW, donne le ton de cette future campagne, en soulignant d'emblée que "Tous les dirigeants ou commissaires bolcheviques doivent être immédiatement liquidés" (1).

Une perspective qui va clairement à l'encontre de ces "Lois de la Guerre" auxquelles la Wehrmacht s'est pourtant jusqu'ici montrée fort attachée, mais une perspective à laquelle adhère pleinement le feld-maréchal Brauchitsch qui, le 27 mars, devant ses commandants réunis, les informe du fait qu'il "doit être bien clair pour les troupes que le combat sera livré de race à race et se mènera avec la sévérité nécessaire" (2)

Trois jours plus tard, à la Chancellerie du Reich, Hitler livre lui aussi sa propre "vision" de cette future guerre à l'Est...

"Nous devons oublier", déclare-t-il, "la notion de camaraderie entre soldats. Un communiste n'est un camarade ni avant ni après la bataille. C'est une guerre d'anéantissement. (...) Les commissaires et les hommes de la Guepeou sont des criminels et c'est comme tels qu'il faut les traiter (...) Les commandants doivent faire l'effort de surmonter tous leurs scrupules personnels" (3)

(1) Benoît Lemay, "Erich von Manstein, le stratège d'Hitler", page 211
(2) ibid, page 212
(3) ibid, pp 212-213

samedi 30 juillet 2016

4904 - "En tout cas, ce serait plus plaisant que de les laisser mourir de faim"

"En tout cas, ce serait plus plaisant que de les laisser mourir de faim"
... et puisque rien n'a été prévu pour pallier le manque de logements, ou augmenter les rations alimentaires chichement livrées, la mortalité au sein des dits ghettos est vite devenue effrayante, ce qui, quelque part, offre au moins un avantage : celui de... diminuer quelque peu la surpopulation, et de répondre ainsi au désir des autorités du Reich de se débarrasser des Juifs par tous les moyens possibles !

Reste que les conditions, en particulier sanitaires, sont telles dans les ghettos qu'elles inquiètent jusqu'aux nazis les plus convaincus qui, par crainte d'émeutes, d'épidémies - en particulier de typhus - voire même pour des raisons humanitaires (!), ne cessent de réclamer une "solution" plus rapide à cette surpopulation  !

Dans une lettre adressée à nul autre que l'inévitable Adolf Eichmann, et datée du 16 juillet, le SS-Sturmbannführer [major] Rolf-Heinz Höppner (1) écrit ainsi que "Le danger existe, cet hiver, qu'on ne puisse plus nourrir tous les Juifs". "Il y a lieu de considérer sérieusement", ajoute-t-il, "si la solution la plus humaine ne serait pas de liquider les juifs inaptes au travail au moyen de quelque système rapide. En tout cas, ce serait plus plaisant que de les laisser mourir de faim" (2)

Au même moment, et sans davantage d'états d'âme, l'économiste Helmut Meinhold, en arrive quant à lui à la conclusion que six millions de Polonais sont également "en excédant par rapport aux besoins" [de travail futur] et constituent par là-même des "fardeaux" (Ballastexistenzen) pour le Reich...

(1) condamné à la prison à vie en 1949, Höppner fut libéré en 1957
(2) Goldhagen, op. cit.

vendredi 29 juillet 2016

4903 - "Je ne sais plus que faire"

"Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien"
… mais en attendant de mettre la main sur ce territoire de cocagne suffisamment éloigné et surtout suffisamment vaste pour y expédier tous les Juifs d’Europe, que faire de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants dont l'Allemagne mais aussi les pays qu'elle occupe ne veulent plus,... si ce n'est continuer à les entasser dans des ghettos ?

Or les dits ghettos, conçus comme de simples et très provisoires "camps de transit", ne sont ni équipés ni dimensionnés pour héberger et nourrir pareille multitude durant plusieurs semaines ni, a fortiori, pendant plusieurs années !

"(...) les trains déversaient les gens sur les marchés, à la gare, n'importe où", déclarera ainsi Fritz Artl, chef du Service de la Population auprès du Gouvernement général de Pologne. "Tout le monde s'en fichait. Nous avons reçu un coup de fil du responsable de district qui se plaignait : "Je ne sais plus que faire [des Juifs]. Ils sont encore arrivés par centaines. Je n'ai ni toit ni vivre ni rien"" (1).

De fait, depuis l'automne de 1939, et en application de la gigantesque politique de "reingénierie ethnique" menée par Himmler, des centaines de milliers de Juifs ont déjà été "réinstallés" dans ces ghettos polonais surpeuplés, où ils ont dû se trouver une place - et un toit - au milieu des Juifs locaux qui, on s'en doute, n'ont nullement apprécié l'irruption de ces nouveaux venus dans les pièces minuscules où ils logeaient déjà à huit ou neuf, et survivaient avec presque rien,..

(1) Goldhagen, op. cit.

jeudi 28 juillet 2016

4902 - une option plus morale

Enfant mourant de faim sur un trottoir du ghetto de Varsovie, septembre 1941
… Berlin, 24 janvier 1941

Mais bien que premier intéressé par l'épouvantable situation des ghettos, Reinhard Heydrich ne parle pas encore "extermination" lorsque, le 24 janvier 1941, il s’en vient présenter à Hermann Goering la première ébauche de sa "Solution finale à la question juive", une "solution" où les Juifs seront à terme tous déportés à l’Est, dans "un territoire encore à déterminer" mais forcément situé quelque part en URSS vu l’échec de toutes les autres options, et aussi la volonté à présent affichée par Hitler d’envahir le Pays des Soviets à brève échéance suite à l’échec de la Bataille d’Angleterre (1)

Bien sûr - et de cela personne n’est dupe - les conditions de déportation, puis de survie, des Juifs ainsi "relocalisés" seront telles qu'il est inévitable qu'une bonne partie, et probablement la plus grande partie, d'entre eux mourra dans l’aventure.

Mais qu'importe : considérée du seul point de vue de l'esprit, la "relocalisation", même entachée d'innombrables cadavres, constitue une option bien plus "morale", et certainement plus digne d'une nation "civilisée" comme l'Allemagne, que le génocide pur et simple de millions d'hommes, de femmes et d'enfants !

Remaniée à plusieurs reprises dans les semaines et les mois suivants, l'"Endlösung der Judenfrage", sera formellement approuvée par Goering le 31 juillet suivant, soit un mois après le début de l'Invasion de l'URSS, conférant ainsi à Heydrich le blanc-seing qu'il réclame depuis 1939...

(1) dans l’esprit d’Hitler, une victoire contre l’URSS était à présent impérative pour convaincre les Anglais de signer une paix de compromis, et pour dissuader les Américains de se ranger à leurs côtés et contre l’Allemagne

mercredi 27 juillet 2016

4901 - quand s'évanouissent les espoirs de relocalisation

Ce n'était pas prévu au départ, mais tous les chemin pris depuis 1933 finiraient ici...
... la Shoah, le génocide de millions de Juifs, n'est donc pas une décision mûrement réfléchie, élaborée en petit comité, et en un instant bien précis : c'est au contraire le résultat chaotique d'une infernale et interminable succession d'initiatives maladroites, prises sur le terrain par quantités de gens, mais ayant toutes fini par déboucher, et même par provoquer, des d'impasses de plus en plus inextricables.

En parfait nazi, Himmler voulait lui aussi "que les Juifs fichent le camp d'Allemagne", mais il n'avait jamais pensé les expédier tous, femmes et enfants compris, dans des chambres à gaz.

Pendant des années, le Reichsführer n'avait en effet rien envisagé d'autre qu'une simple "relocalisation" des Juifs le plus loin possible des frontières du Reich, une "relocalisation" certes forcée et, à mesure que se fermaient les opportunités offertes par les pays limitrophes, de plus en plus brutale, donc coûteuse en vies humaines, mais une "relocalisation" qui excluait en tout cas le génocide au sens strict.

Mais à chaque nouvelle conquête, le Reich ne s'est hélas pas contenté d'agrandir son "espace vital" : il a également considérablement accru le nombre de Juifs à "relocaliser" et, en conséquence, rendu cette "relocalisation" de plus en plus illusoire, ne laissant plus au final que l'option de l'extermination pure et dure.

Et cette extermination des Juifs, impossible à concevoir en 1920, et même en 1933, est à présent d'autant plus envisageable que déjà pratiquée à grande échelle sur les handicapés et malades mentaux allemands. 

Bientôt, quand la situation dans les ghettos sera devenue intenable, et que s'évanouira le dernier espoir de trouver un "espace" où "relocaliser" les Juifs, elle s'imposera d'elle-même comme une évidence...

mardi 26 juillet 2016

4900 - l'inexorable marche au génocide

L'autorisation d'Hitler pour l'Aktion T4 ; une simple page qui tua plus de 70 000 personnes...
... dans l’impitoyable logique nazie, et plus encore que les Juifs sains de corps et d’esprit, les malades et handicapés mentaux allemands menacent non seulement la "pureté" et la "vigueur" du "sang allemand", mais mobilisent également - et c'est bien là le problème - un nombre appréciable de médecins, d'infirmières, de lits d'hôpitaux et de ressources diverses, lesquelles trouveraient assurément une application bien plus utile ailleurs, et en particulier en temps de guerre… 

Exit donc la stérilisation forcée, et place à l'euthanasie non moins forcée !

Mais même dans ce régime dictatorial qu'est le Troisième Reich, on ne peut se contenter d'une vague autorisation orale du Führer pour mettre sur pied une organisation appelée à bouleverser l'ordre social traditionnel en se chargeant de mettre à mort des dizaines de milliers d'Allemands désormais reconnus comme "inutiles" : même si la Loi ne veut plus dire grand-chose, elle continue néanmoins de primer, ce pourquoi Hitler, tel un moderne Louis XVI, signe donc, en octobre 1939, une simple autorisation écrite, prudemment antidatée au 1er septembre, soit au jour-même de la déclaration de guerre à la Pologne,... qui en justifie donc la finalité !

Dans les deux ans qui suivent, la plupart des malades et handicapés sélectionnés, soit plus de soixante-dix mille personnes, sont secrètement convoyés vers des asiles spécialisés, et exterminés au monoxyde de carbone.

En Poméranie, le gauleiter Franz Schwede-Coburg préfère pourtant recourir aux bonnes vieilles méthodes,... et fait tout simplement fusiller les siens par la SS, tandis qu'en Prusse orientale, Erich Koch se montre plus imaginatif encore, et fait tester pour la première fois des unités de gazage mobiles - autrement dit des camions à gaz - qui vont bientôt resservir au plus grand "bénéfice" des Juifs...

lundi 25 juillet 2016

4899 - une solution "non bureaucratique"

Les malades mentaux coûtaient trop cher : on décida de les éliminer...
… tout commence au début 1939 par cette lettre d'un père de Leipzig suppliant son Führer bien-aimé d'autoriser les médecins à euthanasier son fils né aveugle, sans avant-bras gauche, et avec une jambe difforme.

Et Hitler, déjà fort bien disposé à l'égard de l'"idée", de réclamer aussitôt de son médecin personnel - le docteur Karl Brandt (1) - qu'il accède au désir de ce père éploré puis, par extension, à toutes les demandes similaires.

Mais tout Führer soit-il, Hitler craint malgré tout la réaction - prévisible - de ses compatriotes et des églises allemandes à l'égard d'un tel programme, ce pourquoi il insiste sur l'absolue nécessité d'une "solution totalement non bureaucratique de ce problème" (sic), laquelle aboutit bientôt à la création d'une fort secrète "Commission du Reich pour l'enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves" qui, dans un premier temps, assassine par injection de barbituriques de cinq à huit mille enfants handicapés.

En août, la machine de mort est rodée et peut désormais passer à la vitesse supérieure... avec le plein assentiment des médecins qui, contrairement à ce que l'on aimerait imaginer aujourd'hui, ne se font nullement prier pour appliquer les directives de l'État

"Un nombre appréciable de médecins fut convoqué à la Chancellerie du Reich afin de solliciter leurs points de vue sur un tel programme. Dans leur écrasante majorité, ils se dirent favorables et prêts à coopérer. Ils laissèrent entendre que le nombre "d'éligibles" pourrait se situer autour de soixante mille patients" (2)

(1) condamné à mort après guerre, Karl Brandt fut exécuté à la prison de Landsberg, le 2 juin 1948
(2) Kershaw, op cit

dimanche 24 juillet 2016

4898 - de la "gêne" à "l'élimination"

"60 000 RM : le coût d'une maladie héréditaire", affiche 1938
... pour Himmler, et pour les Nazis en général, le "sang juif" est "naturellement inférieur" au "sang allemand.

Mais lorsque ce "sang allemand" en principe si "supérieur" connaît des ratés, et engendre malgré tout des malades mentaux ou des enfants handicapés, ceux-ci ne sont qu'odieuses insultes à la théorie, en même temps que des vies "non-productives", donc "gênantes".

De la "gêne" à "l'élimination" , c-à-d à l’euthanasie forcée, il n’y a qu’une simple étape qui, et pour ne parler que de l'Allemagne, a d'ailleurs été théorisée dès les années 1920 par des gens comme le juriste Karl Binding ou le psychiatre Alfred Hoche.

Mais à cette époque du moins, Hitler ne se prononce pas ouvertement en sa faveur et prône plutôt la stérilisation forcée de tous ceux et celles qui sont susceptibles "d'affaiblir le sang allemand" : entre 1933 et 1939, près de 400 000 Allemands, diagnostiqués - à tort ou à raison - comme schizophrènes, épileptiques ou même simplement alcooliques chroniques, seront ainsi stérilisés contre leur gré.

Reste que même rendus incapable de procréer, ces malheureux continuent de coûter fort cher au "si généreux" système de Santé du Reich !

L'euthanasie mettrait certes un terme définitif à tout cela, mais les réticences de la population et des églises à l'égard de cette "Vernichtung lebensunwerten Lebens"  - de cette "destruction de la vie qui ne mérite pas de vivre" - sont telles que "l'action d'euthanasie", qu’on appellera un jour "Aktion T4" (1), reste essentiellement dans le domaine de "l'idée" et doit attendre le début de l'année 1939 pour enfin voir le jour et se développer dans un cadre officiel...

(1) dite "T4", en raison de l'implantation de son quartier général au 4 de la Tiergarten Strasse, à Berlin

samedi 23 juillet 2016

4897 - le "génocide soft"

Madagascar : une terre désolée où les Juifs auraient été condamnés à y périr...
... aussi séduisante soit-elle, "l’hypothèse Madagascar" paraît donc condamnée dès le départ tant elle exigerait de circonstances favorables et en vérité impossibles à réunir, et, de fait, plus personne n'en parlera après le début de l'invasion de l'URSS, en juin 1941.

Souvent passée sous silence, si ce n'est par de vagues notes de bas de page, cette hypothèse vite avortée n’en est pas moins révélatrice du changement radical qui en train de s’opérer au sein de l’appareil nazi, où tout le monde comprend, et admet désormais, que la déportation forcée de plus trois millions de Juifs européens, quand bien-même serait-elle techniquement et politiquement possible, se traduirait en pratique... par la mort à plus ou moins brève échéance de la quasi-totalité de ces derniers.

D'impasse en impasse, et de radicalisation en radicalisation, chacun en est donc arrivé, à la fin de cette année 1940, à envisager sans trop de complexe un génocide que l'on pourrait qualifier de "soft", soit la mort "naturelle", en quelques mois ou quelques années, et par maladie, épuisement et inanition, de millions d'hommes, de femmes et d'enfants dont le seul crime est d'être nés Juifs !

La "Solution finale à la Question juin", c-à-d les exécutions de masse, les chambres à gaz et les fours crématoires, ne constituera en définitive rien de plus qu’une étape supplémentaire dans ce long processus de maturation qui, pour un homme comme Himmler, a commencé bien avant 1933.

Et  qui, en fait, est déjà d'application depuis 1939...

vendredi 22 juillet 2016

4896 - "l’hypothèse Madagascar"

Madagascar : suffisamment loin de tout pour devenir la "Réserve des Juifs"
… évoquée avant-même la Chute de la France, et notamment par le Ministre des Affaires étrangères von Ribbentrop, "l’hypothèse Madagascar" a évidemment de quoi satisfaire toute l’Allemagne nazie.

Voilà en effet une colonie à laquelle la France de Vichy n’attache guère d’importance et que la plupart des Allemands seraient incapables de situer sur une carte, une ile qui, à vol d’oiseau, se situe à plus de 8 000 kms de Berlin - autant dire à l’autre bout du monde - et aussi, et surtout, une terre désolée, dépourvue d’infrastructure, et au climat à ce point inhospitalier qu’on peut être sûr d’y voir les Juifs dépérir en grand-nombre !

Et sur ordre d’Heydrich, et sans plus attendre, voilà le toujours si dévoué et infatigable Adolf Eichmann qui entreprend de questionner les directeurs de la Hapag et de la Norddeutsche Lloyd sur la capacité et la disponibilité de leurs navires, et de réunir toutes les informations climatiques, ethnologiques et économiques disponibles sur Madagascar !

Reste que l’assentiment de Vichy, qui fin octobre a déjà poussé des cris d'orfraie après avoir été contraint d'accueillir moins de six mille Juifs allemands expulsés de Baden, est loin d’être acquis

Reste aussi, et surtout, que pour d'évidentes raisons logistiques et militaires, la dite hypothèse n’a aucune chance de se réaliser avant plusieurs années, c-à-d avant la "Victoire finale" du Reich et le retour d’une Paix, qu’Heydrich lui-même n’envisage pas avant 1942…

jeudi 21 juillet 2016

4895 - la "Réserve des Juifs d'Europe"

Soldats allemands, à Bruxelles. La Belgique aussi avait ses Juifs "indésirables"...
... mais contre toute attente, la Bataille d'Angleterre ne se déroule que dans les Airs et se solde, pour la première fois, par une défaite allemande, laissant ainsi Heydrich sur sa faim.

Qu'importe : en France, mais aussi en Belgique, en Hollande, au Luxembourg, ou encore au Danemark et en Norvège, le grand patron du RSHA se retrouve de toute manière avec quantités de nouveaux  "ennemis" et surtout, et dans la plus pure logique du cercle vicieux,... avec des centaines de milliers de Juifs supplémentaires !

Car à tous les Juifs originaires de ces pays désormais conquis par le Reich sont naturellement venus s'ajouter tous les Juifs allemands qui y avaient trouvé refuge depuis 1933 !

Et pour le Reich, qu'ils soient Français, Belges, Norvégiens, ou alors ex-citoyens allemands, ces Juifs ne sont aujourd'hui pas plus "désirables" à Paris, Bruxelles ou Oslo qu'ils ne l'étaient hier à Berlin, Francfort ou Essen, ce qui ramène une fois de plus au premier plan - et avec encore davantage d'acuité ! - la question de leur "relocalisation" en un endroit suffisamment éloigné des délicats regards aryens... et étant bien entendu - ce qui n'arrange nullement les choses - que même placés sous la botte et le contrôle total du Reich, aucun des pays à présent occupés n'a la moindre envie de devenir la "Réserve des Juifs d'Europe", et aurait même plutôt tendance, pour des raisons de politique intérieure, à vouloir se débarrasser de ses propres Juifs en les refilant au Reich !

La colonie française de Madagascar, pourtant, semble offrir un certain potentiel...

mercredi 20 juillet 2016

4894 - l'allégresse et la frustration

Parade de soldats allemands, dans Paris
 ... en tant qu'Allemands, Himmler et Heydrich ne peuvent évidemment que se féliciter de l'extraordinaire succès de la Bataille de France.

Mais en tant que responsables de la SS,  ils ne peuvent aussi que regretter de voir la Wehrmacht s'en attribuer tous les lauriers... et les dividendes.

Et le plus marri des deux est sans conteste Heydrich qui, pour une fois dépassé par la vitesse des événements, n'a pas eu le temps de "placer ses pions" et a donc dû se contenter de voir la dite Wehrmacht mettre la main sur tous les leviers de commande et, avec l’assentiment d’Hitler, imposer à l'Ouest une administration militaire d’occupation fort "classique", qui se maintiendra aussi longtemps que l'Occupation elle-même, ne laissant ainsi aux hommes en noir que des miettes de Pouvoir.

Mais Heydrich ne serait pas Heydrich s'il ne cherchait déjà à prendre sa revanche à l'occasion de la future conquête de la Grande-Bretagne !

Dès l'été de 1940, ses services entreprennent en effet de dresser des listes de milliers de citoyens britanniques - dont Winston Churchill - que plusieurs Einsatzgruppen, placés sous le commandement du docteur Franz Six, chef de l'Amt VII (1), devront arrêter dès les premières heures de l'Invasion...

(1) Franz Six, chef de l'Amt VII, c-à-d du département recherche et documentation du RSHA, était docteur en Philosophie

mardi 19 juillet 2016

4893 - la fierté d'être Allemand, à l'été 1940

Hitler à Paris... et en Mercedes, 23 juin 1940
…  "Vaincre la France aussi rapidement que nous l’avions fait semblait quasiment miraculeux (…) Il n’était pas nécessaire d’être nazi pour se réjouir. Et, s’il faut dire la vérité, c’est à l’été 1940 que j’ai été le plus près d’avoir bonne opinion des nazis. En effet, être nazi ne semblait guère avoir d’importance à ce moment-là. Brusquement, nous nous sentions tous de nouveau fiers d’être allemands"

Placés par l’écrivain Philip Kerr dans la bouche de son héros, le très anti-nazi kommissar Bernhard Günther (1), ces propos résument à merveille l’opinion de la quasi-totalité des Allemands en cet été de 1940.

Des propos que, dans son télégramme adressé au Führer, la grande actrice et cinéaste Leni Riefenstahl exprime de manière plus dithyrambique encore

[C’est] "Avec une joie indescriptible, profondément émus et emplis d'une brûlante gratitude, [que] nous vivons avec vous, mon Führer, votre plus grande victoire et la plus grande victoire de l'Allemagne (...) Plus que tout ce que pourrait concevoir l'imagination humaine, vous accomplissez des actes sans pareils dans l'Histoire de l'Humanité (...) Vous adresser tous nos vœux de réussite est beaucoup trop peu pour vous faire comprendre les sentiments qui m'animent"

Car la voilà enfin vaincue et humiliée, cette France perfide et arrogante, que l’on avait combattu en vain pendant quatre ans et qui, avec l’aide des "Bolcheviks" et des "Juifs", avait fini par imposer le désastreux Armistice de 1918 et l’encore plus scandaleux Traité de Versailles de 1919 !

Désormais, c’est le Reich, celui d’Adolf Hitler et de tous les Allemands, qui dictera sa Loi aux Français, et c’est la SS, celle d’Himmler et d’Heydrich, qui se chargera de la leur rentrer dans la gorge !

La SS ? Vraiment ?

(1) Philip Kerr, Vert-de-gris

lundi 18 juillet 2016

4892 - "les pertes, ça n'a pas d'importance"

Theodor Eicke, chef de la Totenkopf, "les pertes, ça n'a pas d'importance"
... mai-juin 1940

Au déclenchement de la Campagne de France, celle qui s'appelle désormais officiellement "Waffen-SS", aligne trois divisions d'Infanterie... contre cent-trente-sept pour l'Armée régulière.

Avec des effectifs aussi réduits, les hommes d'Himmler ne peuvent évidemment prétendre à un rôle de premier plan, et ne se distinguent en fait - et hélas - que par leur brutalité, et en particulier par quelques exécutions sommaires de prisonniers de guerre, notamment à Béthune et Wormhout, qui, bien que couvertes par la hiérarchie, n'ont probablement pas été ordonnées par elle,... contrairement à ce que l'on verra dans un an à l'Est.

Mais si les SS se montrent impitoyables à l'égard de leurs adversaires, ils le sont d'abord et avant tout envers eux-mêmes.

"Une violente querelle éclata entre le général Hoepner [de la Wehrmacht] et Eicke [commandant de la SS-Totenkopf] à cause de la désinvolture de ce dernier. Eicke tenta de justifier sa stratégie en affirmant que "les pertes, ça n'a pas d'importance", ce qui déclencha la fureur de Hoepner, au point qu'il traita son interlocuteur de "boucher" (1)"

Qu'importe : comme en Pologne un an auparavant, c'est en vainqueurs que les hommes en noir défilent bientôt dans les villes et villages français...

(1) Knopp, la SS, page 286

dimanche 17 juillet 2016

4891 - bon sang ne saurait périr

Albert Speer et ses enfants : exemple-type du "sang allemand" à préserver...
... on ne peut comprendre ce qui va suivre, on ne peut comprendre la Shoah, sans réaliser l'importance primordiale que revêt le "sang", c-à-d le facteur racial, aux yeux des Nazis en général, et d'Himmler en particulier.

Pour le Reichsführer, il y a en effet le "bon" sang, celui des Allemands et des autres peuples nordiques, qui doit être préservé à tout prix, et le "mauvais", celui des Slaves et, surtout, des Juifs, que l'on peut, que l'on doit, verser en abondance.

Parce qu'il est naturellement "meilleur", le sang allemand doit nécessairement l'emporter, et pour l'avenir de la Civilisation, a de toute manière, comme le proclamera Himmler en 1943 - nous y reviendrons -  le devoir de le faire.

Dans son discours au Reichstag du 30 janvier 1939, Hitler n'a d'ailleurs pas dit autre chose : "s’il devait arriver", a-t-il déclaré, "que la finance juive internationale réussisse encore une fois à précipiter les peuples dans une nouvelle guerre mondiale, cela n’aurait pas pour effet d’amener la bolchevisation du globe et le triomphe des Juifs mais bien, au contraire, l’anéantissement de la race juive d’Europe".

En ce début de 1940, l'Allemagne l'a jusqu'ici très facilement emporté et à un coût humain minime, mais qu'arriverait-il si elle venait au bout du compte à perdre la guerre ? ou même si elle se retrouvait victorieuse mais complètement exsangue ? 

Le sang juif en profiterait alors pour s'imposer non seulement en Allemagne mais aussi dans toute l'Europe,... une perspective à ce point terrifiante qu'il faut trouver le moyen de l'empêcher à n'importe quel prix...

samedi 16 juillet 2016

4890 - l'Himmler aux deux visages.

Hedwig Potthast : épouse officieuse, et très épisodique, d'Himmler
... en regard de l'épouvantable tragédie que constituent la Shoah et la 2ème G.M. dans son ensemble, les problèmes familiaux d'Heinrich Himmler ne relèvent évidemment que de l'anecdote, mais ils n'en illustrent pas moins, et une fois de plus, le formidable "paradoxe Himmler"

Car enfin, voilà un homme qui, sans le moindre état d'âme, a déjà fait arrêter, emprisonner, torturer et assassiner des milliers d'individus, en ce compris ses plus anciens camarades, et qui s'apprête à en faire de même avec des millions d'autres, mais qui n'a d'autre choix que de se cacher aux yeux de tous, et particulièrement de son épouse, pour entretenir ce qui ne relève en fait que d'une insignifiante aventure extra-conjugale, par ailleurs menée avec une lenteur et une mièvrerie infinies.

Voilà un homme qui, en public, et depuis des années, condamne avec virulence le carcan du mariage traditionnel et prône au contraire l'amour libre, voire-même la polygamie,  mais un homme qui, en privé, se montre incroyablement petit-bourgeois et soucieux du qu'en-dira-t'on, qui n'ose affronter son épouse, et encore moins lui réclamer le divorce, et qui se contente d'offrir à sa maîtresse un petit nid douillet, mais surtout fort discret, à Grunewald d'abord, à Berchtesgaden ensuite, où lui-même ne se rend pour ainsi dire jamais, préférant entretenir "l'Amour" par quelques lettres et de fort nombreux coups de téléphone qui ne l'engagent guère et ne lui coûtent certes pas grand-chose.

Voilà un homme qui réclame la reconnaissance et des droits égaux pour les enfants adoptés et illégitimes, mais qui ignore complètement son propre fils adoptif et, de sa propre progéniture, préfère de très loin sa fille aînée et seule enfant légitime...

Plus que tout autre haut responsable du parti nazi, Heinrich Himmler a deux visages

Et face à un même sang rouge, il ne voit que le "bon" d'un côté et le "mauvais" de l'autre...

vendredi 15 juillet 2016

4889 - l'indispensable descendance

Helge Potthast, fils d'Himmler, en 1944
... comme Himmler ne peut divorcer de Margarete, et qu'il n'a de toute manière que fort peu de temps à consacrer au beau sexe, sa relation avec Hedwig est donc vouée à rester aussi discrète qu'épisodique et de fait, bien que séparée d'Himmler depuis de nombreux mois, l'épouse légitime n'entendra parler de sa rivale qu'au début de 1941 !

Et ce n'est qu'une fois son épouse au courant du pot-aux-roses, et après que sa maîtresse ait elle-même officiellement démissionné de son poste de secrétaire, qu'Himmler pourra enfin passer de la parole aux actes, et se remettre à perpétuer la "race aryenne".

De ses efforts, et de ceux d'Hedwig, naîtront, le 15 février 1942, un fils, Helge - qui héritera des maladies chroniques de son père ! - et, le 20 juillet 1944 - jour de l'attentat contre Hitler - une fille, Nanette-Dorothea.

Bien que meurtrier de masse n'ayant que faire des millions de femmes et d'enfants promis à l'abattoir parce que "racialement inférieurs", Himmler demeurera, jusqu'à la fin, un bon père pour ses enfants et, dans la mesure de ses (faibles) disponibilités, très proche de Hedwig et même de Margarete, ses épouses officieuses et officielles.

Mais en 1933, autre devoir envers la Patrie, Himmler a également adopté Gerhard von der Ahe, le fils, alors âgé de 5 ans, d'un officier SS décédé, un enfant qui se révélera hélas fort mauvais élève et auquel le Reichsführer ne s'intéressera guère, lui préférant de loin sa propre progéniture, et en particulier sa fille aînée, qu'il continuera jusqu'à sa mort à appeler Püppi...

jeudi 14 juillet 2016

4888 - la concubine

Hedwig Potthast, future maîtresse d'Himmler, en 1933
... maladroit avec les femmes, et manquant terriblement d'assurance, Heinrich Himmler n'a connu sa première expérience sexuelle qu'à 27 ans, lorsqu'il a épousé, en juillet 1928, Margarete Siegroth (née Boden), une divorcée de sept ans son aînée.

De leur union - que nul n'oserait qualifier de passionnelle - est née, en août 1929. une seule et unique fille, Gudrun

Himmler étant bien plus préoccupé par le développement du NSDAP et de la SS que par le sexe, sa contribution à l'essor de la race aryenne aurait pu en rester là si entre-temps devenu Reichsführer-SS, il n'avait rencontré, en 1934, une jeune secrétaire de 22 ans, Hedwig Potthast.

Modeste employée au siège central de la Gestapo de la Prinz-Albrecht-Straße, Hedwig a été promue secrétaire particulière d'Himmler en 1936, avant de devenir sa maîtresse trois ans plus tard, au terme d'un processus où le Reichsführer, fidèle à ses habitudes, s'est révélé aussi lent que brouillon et naïvement romantique, ne lui avouant finalement son amour qu'à la Noël de 1938, et tentant ensuite, et durant plusieurs mois, de le garder platonique, histoire bien sûr de ne pas prêter le flanc à la critique mais aussi, et peut-être surtout, pour ne pas susciter l'ire de Margarete.

Mais même chez les SS les plus endurcis, la chair est faible, et Himmler a finalement succombé à la passion,... ou du moins à ce qui, chez lui, s'en révèle le plus proche.

Très petit-bourgeois en dépit de toutes ses tirades paganistes et pro-polygamie, il se verrait bien épouser Hedwig et lui faire de nombreux enfants mais, hélas, ses nombreuses activités professionnelles ne lui laissent que fort peu de temps pour une vie de couple et, de toute manière, ni Margarete, ni Hitler, ne consentiraient jamais à un divorce, ce qui condamne donc la malheureuse Hedwig à rester simple concubine, et ses éventuels enfants à demeurer à jamais illégitimes...

mercredi 13 juillet 2016

4887 - au sceau de l'eugénisme

Himmler et sa fille : le rêve d'une "race parfaite"...
... n'en déplaise aux amateurs de sensationnalisme ou de nazisploitation, les centres Lebensborn visent donc, d'abord et avant tout, à offrir abri et protection à la future mère  qui, parce que célibataire ou épouse adultère, se retrouve trop souvent ostracisée et en proie à d'immenses difficultés matérielles dans cette Allemagne encore largement dominée par le poids des Églises et des traditions.

Ils visent aussi à offrir un meilleur avenir à son enfant, autrement victime des mêmes préjugés et qui, si sa mère ne désire pas le garder, est alors adopté par une famille allemande "méritante".

Charitable a priori, l'initiative n'en est pas moins marquée au sceau de l'eugénisme, puisqu'exclusivement réservée aux mères et aux enfants "racialement convenables", et ce afin, sinon d'améliorer la "race", du moins de la "préserver", en lui évitant par exemple quantités d'avortements.

Si les lectures de jeunesse d'Himmler et sa formation d'ingénieur agronome ne sont sans doute pas  étrangères à son obsession pour la "race aryenne" et son développement, sa haine viscérale du christianisme et, a contrario, son intérêt pour le paganisme germanique, peuvent quant à eux expliquer sa sollicitude, constamment rappelée dans ses discours et ses écrits, envers les enfants illégitimes, c-à-d conçus en dehors des liens sacrés du mariage exclusif entre un homme et une femme.

Encore que la situation personnelle du Reichsführer dans ce domaine prête elle-même à bien des interprétations...

mardi 12 juillet 2016

4886 - la Fontaine de Vie

... s'agissant de la Lebensborn, de la "Fontaine de Vie", il est difficile, aujourd'hui encore, de discerner le vrai du faux, et la réalité du fantasme, tant cette organisation, fondée par Himmler en décembre 1935, a elle-même vu son rôle, son importance et ses missions varier au fil du temps et des pays où le Reichsführer a cherché à l'implanter.

Organisés et financées par la SS, et à la fois maternités et crèches, les centres Lebensborn visent à l'origine à permettre à de pures Aryennes, majoritairement célibataires, d'accoucher en toute discrétion d'enfants qui, issus de pères appartenant à "l'élite raciale" du Reich - et en particulier à la SS - peuvent ensuite adoptés par des couples remplissant eux aussi les "critères raciaux" requis.

Dit autrement, ces centres visent d'abord et avant tout à accorder une légitimité, et un avenir, à des enfants adultérins, et constituent à ce titre une sorte d'alternative légale à l'avortement.

Dans les années suivantes, les centres Lebensborn se chargeront aussi d'élever, et souvent de "germaniser", des enfants issus de l'union de soldats allemands et de femmes des pays occupés, ainsi que des enfants jugés "racialement convenables" mais devenus orphelins, ou alors carrément arrachés, dans les pays occupés, à leurs deux parents légitimes.

On estime généralement entre dix et vingt mille le nombre d'enfants nés dans les Lebensborne avant la Capitulation allemande, et à un nombre dix fois supérieur ceux qui furent pris en charge par cette organisation afin d'être "germanisés" puis confiés à des familles allemandes.

Bien que très populaire dans la littérature et le cinéma d'après-guerre, l'existence, au sein de ces Lebensborne, de bordels, voire de véritables "haras humains", où des femmes, volontaires ou non, auraient reçu pour mission d'engendrer des "enfants parfaits" ne repose en revanche sur aucune preuve tangible, et ne relève probablement que de la simple légende...

lundi 11 juillet 2016

4885 - le Principe de Réalité

De chères têtes blondes... en attente d'un mari forcément aryen
... pour Himmler, tout remplacement de "sang allemand" - et a fortiori de sang SS - par du "sang étranger" constituerait une abomination, en sorte que tout recours à des maris venus de l'étranger est exclus par principe.

Pour offrir à chaque femme allemande la possibilité de trouver un époux, et de favoriser ainsi la natalité, ne reste donc plus que l'option de la polygamie.

Mais même 20 ans plus tard, et dans l'Allemagne d'Hitler, pareille option se heurtera inévitablement, et une fois de plus, à l'opposition farouche des Églises, mais aussi des juristes et, il faut bien le dire, de la quasi-totalité des Allemands !

Violemment antichrétien, et même carrément partisan d'un retour au paganisme germanique des Temps anciens, Himmler n'a évidemment que faire de l'opinion des premières et, en tant que chef-de-file d'un régime totalitaire, se verrait bien passer en force face aux seconds.

Mais il y a, hélas, le bon vieux Principe de Réalité, et en particulier cette volonté maintes fois exprimée du Führer de ne pas s'aliéner les Églises, et encore moins sa propre population, à présent invitée au sacrifice suprême pour cause de nouvelle guerre mondiale !

Depuis 1935, Himmler pense néanmoins avoir trouvé une alternative...

dimanche 10 juillet 2016

4884 - l'Utopie au Pouvoir

Après la 1ère G.M. la polygamie avait été envisagée comme moyen de repopulation
... au lendemain de la Première Guerre mondiale, quantités de femmes en âge de procréer s'étaient déjà retrouvées condamnées au veuvage ou au célibat, mais aussi, et souvent, à la misère, du fait de la disparition sur les champs de bataille de la fine fleur de la gent masculine.

En France comme en Allemagne, et parce qu'il en allait de la "Survie de la Nation" comme de sa "place dans le Monde", ce triste constat avait poussé les "repopulationnistes" à rechercher le meilleur moyen de compenser au plus vite le déficit de naissances et de maris, ce qui, selon eux, ne pouvait être accompli que par l'importation massive de mâles venus de l'étranger,... ou l'introduction de la polygamie.

Les deux options posaient cependant de considérables difficultés pratiques : sous peine de diluer irrémédiablement le "sang" français ou allemand, il était évidemment exclus d'importer des maris africains ou asiatiques,... mais alors comment trouver, dans une Europe elle-même exsangue ou une Amérique du Nord déjà terre d'émigration, suffisamment de candidats blancs et chrétiens ? et comment - et à quel prix - les intégrer rapidement à la langue, aux valeurs et aux coutumes de la société d'accueil ?

La polygamie, c-à-d le fait d'autoriser un Français ou un Allemand "de souche" à posséder et entretenir plusieurs partenaires féminines, était quant à elle condamnée par les Églises, allait à l'encontre de plusieurs millénaires de lois et de traditions, et exigeait de toute manière une refonte plus ou moins complète du Droit patrimonial.

En pratique donc, et tant en France qu'en Allemagne ou dans d'autres pays européens, aucune de ces deux options n'avait jamais dépassé le stade de l'Utopie...

samedi 9 juillet 2016

4883 - le potentiel reproductif

Les SS : une "élite raciale" dont Himmler entendait "perpétuer le sang"...
… parce qu’ils forment, selon Himmler, "l’élite raciale"  de la Nation, et parce qu’ils vont maintenant mourir en très grand nombre, les SS sont plus que jamais invités à procréer, mais - et la précision est capitale - à la stricte condition que cela se fasse dans le respect "du sang allemand".

Depuis janvier 1932, et comme nous l’avons vu, tout SS désirant se marier se doit d’avoir obtenu au préalable l’assentiment du Reichsführer, ou plus exactement d’un "Bureau de la Race" chargé d’évaluer les "qualités" (1) de la future épouse, ce qui, en pratique, réduit déjà notablement le potentiel - on n'ose écrire le cheptel - reproductif...

Mais malgré tous les efforts des fonctionnaires d’Himmler, il peut toutefois arriver que le fruit d'un mariage entre deux Aryens supposément parfaits se révèle malgré tout "non-conforme" aux attentes, ou tarde simplement à venir, par exemple parce que l'un ou l'autre des conjoints se révèle stérile.

Au sens du Droit allemand et, a fortiori, pour les Églises protestante et catholique, tout cela ne constitue cependant pas un motif de divorce valide, ce qui, du coup, force les conjoints à demeurer unis mais sans enfant... ou alors à concevoir "ailleurs" une progéniture que le Droit et les Églises considèrent illégitime, et que la société frappe souvent d'ostracisme.

Mais le vrai problème, du point de vue de la perpétuation de la "race", ce sont néanmoins toutes ces femmes allemandes pourtant fertiles et en tout point conformes aux "standards "aryens",... et cependant condamnées à ne jamais trouver d'époux et de géniteur...

(1) en plus des "qualités raciales" proprement dites, l'état de santé, ou encore le casier judiciaire de la candidate, étaient également considérés

vendredi 8 juillet 2016

4882 - repeupler l'Allemagne

... de nombreux enfants et futurs soldats du Reich
... mais qu'elle soit "brutale" ou "civilisée", la guerre en Europe - qui n'en est encore qu'à ses tous débuts ! - va assurément faire de très nombreux morts.

Si le décès des "ennemis du Reich", et en premier lieu des Juifs, ne chagrine en rien Himmler, il en va cependant tout autrement du décès des Allemands, et en particulier de ses propres SS qui, autant par fanatisme que par inexpérience, semblent dores et déjà condamnés à disparaître en grand nombre.

Et cette inévitable perte de précieux "sang allemand" se doit évidemment d'être compensée !

Dans ce domaine aussi, Himmler a des idées,... qu'il entend promouvoir par tous les moyens possibles, y compris les plus choquants.

Pour lui, une vigoureuse politique nataliste est en effet indispensable à la survie du Troisième Reich, et doit passer non seulement par une répression forcenée de l'avortement, mais aussi par la promotion du rôle traditionnel de la femme, l'encouragement des SS à procréer - mais uniquement "dans le respect du sang allemand" - et même... la polygamie.

Si ces idées sur la meilleure manière de (re)peupler l'Allemagne-d'après-la-guerre n'ont rien de très inédites - l'avortement est alors interdit et réprimé dans le monde entier, et les propagandistes du docteur Goebbels, et le bon docteur lui-même (1), ne l'ont certes pas attendu pour vanter les formidables mérites de la femme gardienne du foyer et des traditions - les deux dernières méritent néanmoins qu'on s'y attarde quelque peu, ne serait-ce qu'en fonction de ce qu'elles nous apprennent sur Himmler lui-même...

(1) l'épouse du Ministre de la Propagande était elle-même mère de sept enfants

jeudi 7 juillet 2016

4881 - la nécessaire "retenue"

Troupes allemandes débarquant à Narvik. Le début de la guerre à l'Ouest...
... Norvège, 9 avril 1940

Car bien que le plus souvent classées sans suite, les exactions commises par la SS-en-armes, et plus encore par les Einsatzgruppen d'Heydrich, lors de la Campagne de Pologne ont malgré tout laissé des traces au sein de la Wehrmacht.  

Hommes de grande culture, et pour la plupart issus des plus hautes sphères de la société allemande, les généraux et officiers supérieurs de l'Armée régulière ne sont en effet nullement disposés à avaliser la répétition de semblables comportements au détriment cette fois de leurs adversaires de l'Ouest de l'Europe. 

Et de fait, débutée le 9 avril 1940 par la Campagne de Norvège, la guerre à l'Ouest s'annonce d'emblée fort différente de celle déjà menée à l'Est puisque, au grand déplaisir d'Himmler et Heydrich, l'Armée régulière a cette fois exigé - et obtenu - d'Hitler que les Einsatzgruppen n'en fassent pas partie, et que l'administration des territoires conquis ne se retrouve pas sous le contrôle direct de la SS 

Et si le Führer, quelques semaines après le début de l'invasion, finira par revenir sur sa décision, et donc par autoriser la présence en sol norvégien de soldats SS, et même d'un Einsatzgruppe au complet, ceux-ci devront néanmoins faire preuve de bien davantage de "retenue" qu'en Pologne. 

Une "retenue" qu'Heydrich expliquera d'ailleurs à sa manière, en soulignant à ses troupes qu'il ne s'agit plus cette fois d'une expédition militaire "en territoire ennemi", mais bien d'une "mission de police" à mener dans un pays "placé sous la protection du Reich allemand" et dans lequel il convient donc d'agir "avec tact et la plus grande adresse" (1) 

(1) Gerwarth, op. cit, page 175

mercredi 6 juillet 2016

4880 - les deux faces d'une même guerre

Soldats allemands exécutant des civils polonais. Image typique de la guerre à l'Est
... avec l'échec de Georg Elser, la poursuite de la guerre est donc inévitable, mais en définitive, de quelle guerre parle-t-on ?

Car en Europe, il n'y a pas une, mais bien deux guerres, dont il importe, avant de poursuivre, de bien saisir les différences, ne serait-ce que pour mieux comprendre le rôle qu'Himmler et ses hommes vont pouvoir y jouer

La première, qui a débuté en Pologne et va bientôt se poursuivre en Yougoslavie et en URSS, est considérée comme obligatoire et s'est dès le début distinguée par sa très grande brutalité - pour ne pas dire sa formidable sauvagerie.

C'est en effet là, à l'Est, qu'Hitler, mais aussi les Nazis dans leur ensemble, entendent gagner leur précieux lebensraum, ne serait-ce que parce qu'ils estiment que le dit "espace" n'est pour l'heure occupé que par des Slaves et des Juifs, autrement dit des untermenschen dénués de toute valeur et de toute culture, et donc juste bons à leur servir, au mieux, de jardiniers et de domestiques.

La seconde, que l'on aurait préféré éviter, va se mener à l'Ouest, contre la France, la Grande-Bretagne, mais aussi la Belgique, la Hollande ou encore la Norvège, soit autant de nations qui, malgré leurs "défauts", et en particulier leur refus de reconnaître les "justes revendications" du Reich et de son Führer, n'en sont pas moins considérées par chaque Allemand, et par Hitler lui-même, comme des nations "civilisées", analogues à l'Allemagne, avec lesquelles il importe donc de ne mener qu'une guerre de même nature.

Et cette idée d'une guerre "civilisée" est particulièrement vivace au sein de l'Armée...

mardi 5 juillet 2016

4879 - l'inévitable théorie du complot

...  arrêté près de Constance lors d'un banal contrôle de routine alors qu'il tente de passer en Suisse, Georg Elser passe immédiatement aux aveux et, comme Marinus van der Lubbe et Herschel Grynszpan avant lui, déclare avoir agi seul et de sa propre initiative.

Une version que personne au sein de l'appareil répressif nazi n'est évidemment disposé à entendre !

Car comment admettre qu'un homme isolé (1), par ailleurs simple prolétaire on ne peut plus ordinaire, soit parvenu à se jouer de l'État le plus policier d'Europe, et à commettre un attentat qui aurait pu changer sinon la face du Monde, du moins l'issue de la guerre...

Pour Himmler, pour Heydrich, et à vrai dire pour tout le monde en Allemagne, cet attentat est au contraire le résultat d'un "complot", ourdi cette fois par les services secrets britanniques, dont deux agents viennent d'ailleurs d'être arrêtés près de Venlo (Hollande) puis transférés en Allemagne, en complète violation du Droit international (2)

Elser, lui, n'en démord pas : emprisonné et tenu au secret, d'abord à Saschenhausen puis à Dachau, il va cependant, et tout comme Grynszpan, bénéficier d'un "traitement de faveur" dans l'attente d'un procès-spectacle qui, lui non plus, ne verra pourtant jamais le jour

La guerre, cette guerre à laquelle il voulait précisément mettre un terme (3), va donc se poursuivre...

(1) Vingt-cinq ans plus tard, à Dallas, on verra également des millions de personnes refuser la thèse d'un assassin isolé, pour y voir la main des Russes, de Castro, de la CIA ou d'un lobby aussi mystérieux que tout-puissant
(2) la Hollande était encore neutre à cette époque
(3) en avril 1945, Georg Elser sera sorti de sa cellule, et abattu avant l'arrivée des troupes américaines.

lundi 4 juillet 2016

4878 - à 10 minutes-près

La Burgerbraukeller. Hitler aurait dû y mourir, Il en était sorti depuis 10 minutes...
... Munich, Burgerbraukeller, 8 novembre 1939, 21h20

Le 6 novembre 1939, soit deux jours avant le discours du Führer, Georg Elser touche enfin au but, dépose sa bombe dans le pilier, puis arme le mécanisme d'horlogerie, réglé sur 21h20, c-à-d en fonction des précédents discours d'Hitler, lesquels débutent traditionnellement vers 20h30 pour se terminer deux heures plus tard.

Le problème, c'est qu'en cette année 1939, et du fait de la guerre, Hitler a décidé d'annuler son discours aux "vieux compagnons du temps de la Lutte", et de plutôt laisser à son secrétaire, Rudolf Hess, le soin de parler à sa place !

Tous les efforts du pauvre Elser auront donc été vains... sauf qu'à la dernière minute, Hitler, cédant aux suppliques des plus anciens militants du Parti, se ravise et accepte finalement de prononcer sa traditionnelle allocution !

Il y met cependant une condition, qui va s'avérer décisive : celle d'être de retour à Berlin le soir-même. Mais comme la nuit et le brouillard rendent tout décollage impossible, cela implique donc prendre le train de 21h30, ce qui, en conséquence, impose d'avancer, et de raccourcir, sa prestation...

Le 8 novembre, et contrairement aux années précédentes, le discours débute donc à 20h10 pour se terminer à 21h07, en sorte que quand la bombe explose, pulvérisant la tribune, provoquant l'effondrement d'une partie de la toiture, et faisant huit morts et une soixantaine de blessés, il y a déjà une dizaine de minutes que le Führer a quitté la brasserie...

dimanche 3 juillet 2016

4877 - trop... et pas assez

Georg Elser, en 1936
... aujourd'hui encore, les grosses organisations policières comme le RSHA sont fort mal outillées pour appréhender l'individuel, c-à-d pour faire face à l'acte isolé du "terroriste" (ou du "résistant") qui, sain d'esprit ou non, et à l'instar d'un  Marinus van der Lubbe (l'incendiaire du Reichstag), d'un Herschel Grynszpan (l'assassin du conseiller vom Rath) ou d'un Anders Behring Breivik (auteur des attentats du 22 juillet 2011 en Norvège) est résolu à n'agir que seul et de sa propre initiative

C'est ce qui explique pourquoi Georg Elser, modeste menuisier né le 4 janvier 1903 dans le Württemberg, a totalement échappé à l'attention des hommes d'Heydrich alors qu'il réfléchit, depuis au moins 1938, au moyen d'assassiner Hitler lors de son traditionnel discours du 8 novembre à la Bürgerbraukeller de Munich.

En 1938, donc, Elser est venu en repérage dans cette célèbre salle où les Nazis se rassemblent chaque année pour commémorer le putsch manqué de 1923, et un examen des lieux l'a rapidement convaincu de la possibilité de placer une bombe à l'intérieur d'un des piliers placés derrière la tribune où se tient traditionnellement le Führer

Dans les mois suivants, Elser y est retourné à plusieurs reprises, a exécuté des croquis, volé des explosifs à l'usine d'armements où il travaille, et finalement réalisé une maquette de la bombe et de son mécanisme d'explosion qu'il a testé - avec succès - dans le jardin de ses parents.

En aout 1939, il est revenu à Munich et, chaque nuit, sans jamais être découvert, s'est volontairement laissé enfermer dans la Bürgerbraukeller afin d'évider un pilier derrière la tribune où doit se tenir Hitler.

Après quasiment un mois (!) de travail minutieux, il a fini par dégager un espace suffisant pour y placer une bombe,... tout en prenant bien soin d'installer au passage une plaque de fer destinée à empêcher la cavité de sonner creux au cas où quelqu'un viendrait à la heurter...

samedi 2 juillet 2016

4876 - et finalement vint le RSHA

Organigramme du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) en 1941
... mais pour l'heure, nous n'en sommes pas encore là puisque l'apprenti pilote de chasse Reinhard Heydrich n'a en vérité d'autre choix que de consacrer l'essentiel de son énergie au "Front intérieur", celui de la Pologne occupée bien sûr, mais aussi celui de l'Allemagne-même, où toutes les forces de sécurité doivent désormais agir "de manière coordonnée" et "implacable" contre les saboteurs, les opposants, les "défaitistes" et, plus généralement, tous ceux qui "nuisent ou portent atteinte" à l'effort de guerre allemand. 

Pour y arriver, Heydrich a obtenu d'Himmler la création d'une nouvelle structure : le Reichssicherheitshauptamt, ou "Office central de la sécurité du Reich" (RSHA)

Formellement mis sur pied le 27 septembre 1939, celui-ci combine à présent sous une seule autorité - la sienne - les tâches de la SIPO (c-à-d de la Gestapo et de la KRIPO) avec celles du SD 

"Par opposition à un appareil policier conventionnel, l'objectif du RSHA n'était pas seulement de poursuivre les criminels, mais aussi de nettoyer préventivement (sic) l'État et la société des ennemis politiques et raciaux, et par là-même d'agir comme instrument-clé pour la réalisation d'un utopique Ordre Nouveau" (1) 

Un "Ordre Nouveau" pourtant menacé par un bien modeste menuisier solitaire...

(1) Gerwarth, op.cit., page 162

vendredi 1 juillet 2016

4875 - la thèse et l'antithèse

Heydrich, dans son Messerschmitt 109 personnel, en 1941
… sportif accompli, et redoutable escrimeur, Heydrich est déjà l’antithèse d’Himmler, et l’idéal SS incarné, mais tout cela, ainsi que son rôle de premier plan dans l’appareil répressif nazi, ne suffit manifestement pas à assouvir son goût pour l’action et le danger, ce pourquoi a-t-il fini par embrasser également une carrière d’aviateur à une époque – le milieu des années 1930 – où l’Aviation relève encore d’une activité à très haut risque.

Breveté pilote, il a ensuite réclamé, et obtenu, de pouvoir servir comme mitrailleur-naviguant sur des bombardiers engagés dans la Campagne de Pologne, et l’expérience lui a tellement plu qu’il s’est à présent mis dans la tête… de devenir pilote de chasse au sein de la Luftwaffe !

Un pilote de chasse à temps évidemment fort partiel vu l’ampleur de ses responsabilités au sein du SD, et un pilote de chasse qui, à l’évidence, n’apportera pas grand-chose à l’effort de guerre allemand, mais un pilote de chasse tout de même et surtout avec tous les risques que cela implique puisqu’il se retrouvera blessé à plusieurs reprises lors d’accidents, et même abattu à l’été 1941 derrière les lignes soviétiques, un incident dont il ne se sortira du reste que par miracle et qui lui vaudra par la suite d’être définitivement interdit de vol par Hitler lui-même.

Pilote sans palmarès, mais néanmoins courageux, Heydrich continuera pourtant de voler – bien que fort loin du Front – chaque fois que possible et, en tant que Reichsprotektor de Bohème-Moravie, s’obstinera à ne circuler qu’en voiture découverte, et sans escorte, histoire de montrer à ses sujets qu’il ne les craint en rien, bien inutile bravade qui lui vaudra d’ailleurs, en juin 1942, de périr des suites d’un attentat à la grenade perpétré dans une rue de Prague…