dimanche 8 septembre 2024

8037 - ... à l'autre

Le Reichenberg : un V1 piloté jusqu'à la cible et - théorioquement - évacuable en vol...
... au sein de la Luftwaffe, les plus irréductibles, ou les plus nazis, veulent pourtant encore y croire, mais à mesure que les jours passent et que la situation, autant sur Terre que dans les Airs, se dégrade et devient plus désespérée, les concepts dont ils accouchent se font eux-mêmes de plus en plus désespérés et délirants.

Si le Me-163 à moteur-fusée, qui va pourtant tuer bien plus de pilotes allemands qu’il n’aura réussi à abattre de bombardiers américains (!), paraissait encore "raisonnable" face au Bachem Natter, le Fieseler Fi-103R "Reichenberg" est en revanche de la même veine que ce dernier,... et n’offre lui aussi qu’une probabilité de survie infime à celui qui est supposé le mener jusqu’au but, lequel, cette fois, n’est pas un bombardier américain, mais bien une cible terrestre bien définie et de petite dimension, comme un pont ou une centrale électrique, qu’un V1 ordinaire, sur lequel le Reichenberg est d’ailleurs conçu, est incapable d’atteindre, du fait de sa très grande imprécision.

En pratique, donc, le Reichenberg n’est rien d’autre qu’un V1 sur lequel on a greffé une verrière et un semblant de poste de pilotage seulement accessible à un pilote de (très) petite taille, et que ce dernier est supposé évacuer en parachute juste avant que l’engin, qui a conservé sa charge explosive habituelle d’une tonne, frappe la cible !

Et non contente d’être déjà périlleuse dans son principe-même, l’évacuation est ici rendue quasi-impossible par la présence, derrière la verrière, du pulso-réacteur Argus, qui a toutes les chances de frapper mortellement le pilote dès que celui-ci tentera de s’extraire du cockpit, vu qu’il n’existe aucune forme de siège éjectable !

En pratique donc, et malgré près de 200 exemplaires construits, le Reichenberg ne sera lui non plus jamais utilisé au combat,... là encore pour le plus grand bien de ses utilisateurs potentiels...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Le Délire est également dans l'autre camp: Lorsque le Bomber command de "Butcher" Harris aura incinéré à peu près toutes les villes allemandes, les bombardiers anglais s'en prendront, début avril 1945 à l'île frisonne d'Héligoland , verrou de l'accès à la Baltique, qui était devenue britannique après les guerres napoléoniennes (la politique du contrôle ces détroits, comme pour Gibraltar) mais qui était redevenue Allemande du temps de Bismarck. Ce bombardement , motivé par des considérations stratégiques vieilles de plus d'un siècle et demi sera un magistral loupé... https://aviateurs.e-monsite.com/pages/de-1939-a-1945/promenade-en-mer-du-nord-beaucoup-de-bombes-a-l-eau.html ....Mais la farce ne s'arrête pas là, en 1946 La Royal Navy qui occupait l'île, après évacuation des habitants y fait creuser des tunnels et y entasse des milliers de tonnes d'explosifs (classiques) pour une puissance équivalente à celle de la bombe d'Hiroshima, espérant annihiler l'île symbole , Là encore, un échec, même si un bon bout des falaises finit au fond de la Mer du Nord. Les habitants,et leurs vaches frisonnes, réoccuperont leur île au début des années 50.