mardi 16 juillet 2024

7983 - le dieu des pilotes solitaires et des causes désespérées...

Prilller et son Fw-190 : quelques secondes pour entrer dans l'Histoire...
... au matin du 6 juin 1944, donc, Priller reçoit l'ordre de mettre son escadre en alerte et de mener une reconnaissance offensive sur le littoral normand.

Le problème, c'est que sur son terrain de Lille, le malheureux Priller ne dispose en tout et pour tout que... de deux malheureux Fw-190 - le sien et celui de son ailier - puisque, 48 heures auparavant, ses trois escadrilles ont en effet été expédiées sur d'autres terrains, à Reims, Biarritz et Metz.

C'est donc en compagnie de son seul ailier, et à vrai dire sans espoir d'en revenir vivant, que Priller décolle vers 08h30 en direction de la Normandie, dans un ciel qui grouille littéralement d'avions alliés. 

Mais comme il existe apparemment un dieu pour les pilotes solitaires et les causes désespérées, les deux hommes, qui volent en rase-mottes, et à près de 600 km/h, parviennent à échapper à la vigilance des uns et des autres et finissent même par se retrouver au dessus de Sword Beach, où les Britanniques sont occupés à débarquer.

En quelques secondes, les casiers à munitions des deux Fw-190 sont vides, mais n'ont évidemment pas causé grand tort aux fantassins britanniques, lesquels se sont aussitôt jetés au sol. Cette importante mission patriotique accomplie, il est à présent temps de dégager, et toujours plein gaz, de s'enfuir à tire-d'aile vers Creil, où les deux hommes atterrissent peu après,... sans la moindre égratignure.

Dans les heures qui suivent, d'autres appareils de la Luftwaffe vont cependant passer également à l'attaque, mais toujours au compte-gouttes, toujours en ordre dispersé, et donc avec une efficacité dérisoire. A la nuit, une quarantaine de bombardiers Junkers 88, escortés de quelques bimoteurs Messerschmitt 110, bombardent ainsi Omaha Beach... et se font littéralement massacrer par la DCA et la chasse de nuit alliée, qui en envoient une dizaine au tapis.

Pour les aviateurs allemands, le seul espoir réside à présent, et une fois de plus, dans l'arrivée de renforts venus d'Italie, de Scandinavie et surtout du Front de l'Est. Mais si les avions peuvent voler quasiment en ligne droite vers la Normandie, leurs mécaniciens et armuriers, eux, vont malheureusement devoir voyager par la route, au prix de détours aussi nombreux que compliqués...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour et compliments pour le blog

Joseph (dit Pips) Priller n'était pas un pilote ordinaire: Avec un palmarès de quasi 100 victoires qui plus est acquises sur le front ouest et majoritairement contre des spitfires c'était un des experten ..les plus expérimentés, ce qui lui avait valu de prendre du galon et ne l'empêchait pas d'avoir son franc parler vis à vis de sa hiérarchie (tout comme Adolf Galland qui avait un nombre de victoires à peine supérieur) et de voler le plus souvent possible malgré les tâches administratives de commandement. Il survécut à la guerre contrairement à son coéquipier Wodarczyk, un relatif "bleu", qui se fera tuer lors de l'offensive des Ardennes.

Le transport des mécanos par la route est effectivement un facteur limitant dans l'efficacité de la Luftwaffe, d'autant plus que les mouvements de Résistance ont mis en oeuvre le plan"tortue" qui vise à retarder par des escarmouches les convois motorisés ou ferroviaires allemands (la division d'élite SS Das Reich mit un temps fou pour rejoindre la Normandie depuis le sud de la France , en comettant au passage les atrocités de Tulle et d'Oradour sur Glane)