mardi 30 avril 2019

6008 - "Les Dardanelles l'ont hanté pour le restant de ses jours"

Churchill, en chasseur maladroit, caricature de 1920
… Londres, 25 mai 1915

Car cette guerre qui se prolonge en Europe, et l'ampleur des pertes que l'on est occupé à subir aux Dardanelles, c-à-d dans une opération qui devait en principe être aussi rapide que facile, ont mis le gouvernement de Herbert Henry Asquith sous pression !

En ces temps difficiles où le pays a plus que jamais besoin de tous ses enfants, ne conviendrait-il pas d’en finir avec les jeux politiques et de former un véritable gouvernement d'union nationale, où l'on offrirait quelques sièges aux Conservateurs, par trop occupés en ce moment à tirer à boulets rouges sur le gouvernement ?

Mais qui dit offrir des sièges aux uns implique nécessairement d'en retirer aux autres, et en particulier à Winston Churchill qui, de plus ardent défenseur d'une attaque sur les détroits est tout naturellement devenu le plus grand responsable de son échec !

Et comme les Conservateurs exigent du reste le départ du Premier Lord de l’Amirauté comme préalable obligé à toute participation, Churchill est sacrifié le 25 mai, et remplacé à son poste par le Conservateur Arthur James Balfour, 67 ans et vieux routier de la politique britannique (1) 

"Les Dardanelles l'ont hanté pour le restant de ses jours. Il y a toujours cru. Quand il a quitté l'Amirauté, il se croyait fini… " dira de lui son épouse.

De fait, "l’Affaire des Dardanelles", qui pour beaucoup est devenue synonyme "d’Affaire Churchill", va le hanter durant de nombreuses années. Mais elle va aussi - et on l’oublie trop souvent ! - hanter les dizaines de milliers de malheureux qui auront eu l’infortune d’y participer, et malgré tout la chance d’y survivre.

Car les combats, eux, sont encore loin d’être terminés…

(1) Arthur Balfour est surtout connu pour sa lettre ouverte de décembre 1917, dite "Déclaration Balfour", où l’intéressé, entretemps devenu Ministre des Affaires étrangères, déclare que la Grande-Bretagne se prononce en faveur de l'établissement, en Palestine, d'un foyer national juif.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour, compliments pour votre choix d'illustrations.

La caricature de David Low (pas vraiment pro-Churchill, même si Patriote et créateur du Colonel Blimp, l'archétype du scrogneugneu militaire british, avec ses moustaches en défenses de morse) .

Le cartoon pourrait inclure un autre chat: "Tonypandy" du nom de ce village minier gallois où Churchill fit sans pitié massacrer des mineurs de charbon grévistes...

On a retenu l'homme au cigare faisant le V de la victoire, mais on a un peu oublié le récactionnaire patenté partisan de la manière forte , le "Boucher de Tonypandy"

Anonyme a dit...

Bonjour!

Parmi les traumatisés de Gallipoli, il y a (indirectement, car il fit la 1° GM sur le front des Flandres) le Général US Lucas qui fit totalement foirer le débarquement d'Anzio en 1943, par excès de prudence (Il fortifia sa tête de pont sur le rivage au lieu de fonccer vers Rome et Milan (voire le Brenner et la Bavière). Il avait déclaré que l'affaire d'Anzio avait :"a strong odour of Gallipoli" et pêha par excès de prudence.

En fait au moment de la chute de Mussolini et de la mise en place de Badoglio il y avait une fenêtre d'oppoetunité exploitable d'une petite dizaine de jours...Churchill le savait (grâce aux décodages Ultra / Enigma, mais pas Lucas (américain et pas dans ce secret des Dieux).

Churchill fut très peu charitable en disant: "J'avais espéré voir un chat sauvage se déchaîner dans les montagnes et au foinal on a seulement eu une baleine échoée sur les plages.

Par ricochet la malédiction de Gallipoli a frappé une deuxième fois Churchill, car l'attaque indirecte par l'Italie était sa dernière carte pour mener le jeu militaro doplomatique à l'anglaise...après Anzio, le Leadership passera entre les mains américaines et l'empire britannique s'écroulera progressivement.