mercredi 1 mai 2019

6009 - "on ne peut songer à reculer, il y a la mer derrière soi"

Fosse commune, à Gallipoli
… en termes sportifs, on dirait du limogeage de Churchill qu’il correspond à celui de l’entraîneur-chef rendu responsable de tous les insuccès de l’équipe.

Mais si l’entraîneur Churchill s’est vu montrer la porte, personne ne sait hélas comment remettre l’équipe Gallipoli sur le chemin de la victoire.

De la victoire… ou de l’absence de défaite ?

Car à Londres comme à Paris, chacun commence à comprendre que cette Bataille de Gallipoli est tout bonnement impossible à gagner, mais que le problème, comme l’avait fort bien deviné Kitchener, c’est que "L’effet d’une défaite dans l’Orient serait très sérieux"

Dit autrement, la victoire est militairement impossible, mais la défaite est politiquement inacceptable !

Alors on continue de faire la guerre, et des milliers d’hommes continuent de mourir, simplement parce qu’on ne sait rien faire d’autre !

Un capitaine français résume ainsi la situation : "Dimanche 9 mai, le champ de bataille est couvert de cadavres. Les blessés sont au milieu des morts, gémissant et demandant du secours. Ceux qui, apitoyés par tant de misère, tentent un effort, un geste pour se porter à leur aide, sont tués impitoyablement, lorsqu’ils se découvrent. On assiste impuissant à des agonies longues et terribles. Il semble que tout le monde soit effrayé, désemparé devant le chiffre considérable des pertes, devant la responsabilité d’un tel carnage, loin de France, loin de tout secours. 

(…) Et cependant, il faut tenir coûte que coûte : on creuse des tranchées en hâte, on fait des trous dans le sol dans lesquels on s’agrippe (…) car on ne peut songer à reculer, il y a la mer derrière soi"

(1) Schiavon, op cit pages 77-78

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