vendredi 9 décembre 2016

5036 - brûler tous les ponts

"nous sommes tous conscients qu’il n’existe plus d’échappatoire", Goebbels
... à Posen, et par la suite en une demi-douzaine d’autres occasion, Heinrich Himmler a en effet transgressé une des règles fondamentales de la Solution finale à la question juive : ne jamais en parler de manière directe, mais plutôt l’évoquer par mots-clés et toujours de manière elliptique. 

Car après tout, et même si le régime nazi considère publiquement, et depuis fort longtemps, les Juifs comme des infra-humains, l’Allemagne demeure une nation occidentale de grande culture, une nation européenne elle aussi héritière des Lumières, la patrie de Goethe, de Kant, ou de Beethoven, et qui, à ces différents titres, ne saurait publiquement déclarer qu’elle est occupée à assassiner des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, et même à rayer un peuple entier de la surface de la Terre !

Le Reichsführer n’a certes pas été jusqu’à avouer une telle monstruosité à la radio allemande, ou devant la Presse internationale, mais la transgression n’en est pas moins considérable, et la seule manière de la justifier réside sans doute dans sa volonté de rappeler aux plus hauts dignitaires du pays, et notamment à Albert Speer (1), que l’ampleur des crimes déjà commis par le Reich tout entier, et au nom de ce même Reich, exclu toute échappatoire, que chacun en est individuellement et collectivement responsable, et qu’il est donc vain de chercher à s’y soustraire et de commencer à imaginer une défense en prévision d’un éventuel tribunal d’après-guerre. 

En mars 1943, donc bien avant ce fameux discours de Posen auquel il a lui-même assisté (2), Joseph Goebbels avait déjà exprimé la même idée, en soulignant dans son journal que "en ce qui concerne la question juive, nous sommes tous conscients qu’il n’existe plus d’échappatoire. Et c’est très bien ainsi. Un mouvement et un peuple qui ont détruit tous les ponts derrière eux se battent mieux que ceux qui conservent une possibilité de retraite"

(1) Après-guerre, et jusqu’à sa mort en 1981, Albert Speer ne cessera de nier sa présence à ce fameux discours d’Himmler du 6 octobre 1943, et d’affirmer qu’il avait quitté la Conférence aussitôt après son discours de la matinée, soit bien avant qu’Himmler ne prononce le sien
(2) "En ce qui concerne la question juive, Himmler nous a livré un portrait sans détour (…) Il a plaidé pour la solution la plus radicale et la plus brutale, en d’autres mots exterminer les Juifs avec armes et bagages (…) Et nous devons endosser la responsabilité de résoudre entièrement ce problème de notre vivant car les générations futures n’oseront assurément plus l’adresser avec le courage et la détermination dont nous sommes capables aujourd’hui (Goebbels, 9 octobre 1943)

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour,

Il n'y a que moi à voir un "problème" dans cet article?
Malgré tout, je suis curieux de connaître la source du texte.

Anonyme a dit...

Bonjour!
J'ai lu les mémoires d'Albert Speer....qui "semblent" "relativement" franches (il a joué la carte de l'attitude de franchise, et du repentir, pour sauver sa peau à Nurenberg et çà lui a plutôt réussi)...mais franchement, dans ses mémoires, on mesure le niveau et le degré d'intervention de ce super technocrate et il n'y a quasiment rien sur le sujet...

Pourtant rien ne lui échappait , et surtout pas la logistique et les transports par rail (qui transportaient des milliers et des milliers de juifs vers les camps de la mort) , pas plus que les usines d'armement (qui utilisaient de la Main d'Oeuvre concentrationnaire), il était toujours en tournée d'inspection en avion , en auto...comment aurait il pu ignorer la déportation puis l'extermination des déportés juifs...La même remarque vaut pour Dornberger et Von Braun à propos du programme des missiles V2 . Certes ils étaient plus souvent à Peenemunde (le centre d'essais High-tech) ou à Blizna qu'à la sinistre usine de Dora Nodhausen, mais ils l'ont pourtant visitée plusieurs fois(pour comprendre les défauts et les ratages des V1 de série par rapport aux prototypes "cousus main fabriqués à peenemunde)...et c'est la même omerta, la même modestie de violette...