lundi 21 novembre 2016

5018 - le cancre de l'antisémitisme

Himmler, Goebbels, Mussolini et Frank, en 1938
... et même dans un domaine pourtant aussi "exclusif" à la SS que "l'évacuation" des Juifs d'Europe, l'affaire ne se déroule pas aussi rondement qu'Himmler le souhaiterait !

En Allemagne, bien qu'ostracisés et victimes d'innombrables abus et spoliations, les Juifs "protégés" ou mariés à un conjoint allemand ne font que rarement l'objet d'une mesure "d'évacuation", et ce en raison - comme nous l'avons vu - de la réticence des autorités à appliquer cette mesure pourtant prévue par la Conférence de Wannsee de janvier 1942 !

Mais dans les pays occupés, ou même alliés de l'Allemagne (!), les autorités locales semblent également s'ingénier à multiplier les atermoiements,... à la grande fureur d'Himmler qui ne cesse ne s'en indigner auprès des Affaires étrangères.

Et c'est particulièrement vrai de l'Italie, véritable cancre de l'antisémitisme et, à ce titre, bête noire du Reichsführer !

Dans ses nombreuses lettres à von Ribbentrop, Himmler souligne en effet que la mansuétude des Italiens, non seulement à l'égard de leurs propres Juifs mais aussi de ceux vivants dans les zones d'occupation italiennes, fournit "en France comme à travers toute l'Europe, l'occasion rêvée à de nombreux cercles pour ne rien faire,  puisqu'ils peuvent arguer que même notre propre partenaire de l'Axe n'est pas prêt à coopérer sur la question juive".

En février 1943, il lui réclame "instamment" de "faire pression sur les Italiens pour qu'ils cessent de saboter les mesures du Bureau central aux affaires juives" attendu que "nos efforts pour convaincre les gouvernements croates, roumains, bulgares et slovaques de déporter leurs Juifs rencontrent de sérieuses difficultés du fait de l'attitude du gouvernement italien".

Mais tous les efforts d'Himmler sont vains, et il faudra attendre la Capitulation italienne, en septembre, immédiatement suivie par l'occupation par la Wehrmacht de toute l'Italie du Nord, pour que les Juifs italiens commencent enfin à tomber entre les mains du Reichsführer...

(1) Longerich, op cit, page 663

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour! blog comme toujours intéressant et distancié.
Le degré de racisme et d'antisémitisme du régime fasciste a toujours fait l'objet de controverses ....ce qui est certain c'est que les lois raciales n'ont été promulguées que tardivement (1938) alors que Mussolini avait pris le pouvoir en 1922. Il est aussi bien connu que Margherita Sarfatti, une intellectuelle juive qui fut une des plus notables maîtresses du Duce a joué un grand rôle dans sa formation intellectuelle.
Il est non moins certain que Mussolini a rédigé lui - même la majeure partie de ces lois et qu'une purge a eu lieu dans les universités, les professeurs juifs étant interdits d'exercice.
Il est aussi probable que le pape Pie XII ait été beaucoup plus antisémite et pro-allemand que son prédécesseur

Quant au traitement des juifs dans les zônes d'occupation italiennes,il suffit de voir l'exemple de la Corse (mémoires du chanteur Antoine Ciosi): Le haut commandement italien rafla une petite centaine de juifs dans la région de Bastia avant de les "déporter" dans le village d'Asco, un village perché dans la montagne auquel on n'accède que par une unique route tortueuse qui finit en cul-de sac devant un hameau qui deviendra plus tard une (très modeste) station de ski.
Les juifs déportés à Asco étaient prisonniers sur parole, casernés dans l'école du village dont ils avaient la clé et vivaient comme ils pouvaient en cultivant des lopins de terre aux alentours et en cuisant du pain de farine de chataîgne (sort commun à tous les corses occupés). Ils n'étaient pas vraiment gardés et pouvaient, à la moindre alerte, disparaître dans le maquis.
En réalité les occupants italiens en Corse (60 000 soldats pour 200 000 habitants!) savaient pertinemment que la guerre était perdue et avaient cultivé un art très italien de faire semblant d'obéir aux ordres tout en les détournant.

(Ceci à l'ecxception d' une petite frange de "chemises noires" fanatisées qui se signalèrent par une répression féroce des résistants).

Lors du passage éclair des allemands en Corse (après l'évacuation de la Sardaigne par les nazis) le haut commandement italien local joua la montre, fit l'idiot,et au final les juifs d'Asco retournèrent tranquillement chez eux dès l'automne 1943.