dimanche 20 novembre 2016

5017 - "Il n'appartient pas à la police d'interférer dans les conflits entre les patriotes allemands et les aviateurs-terroristes britanniques ou américains contraints à se parachuter"

Himmler, visitant un camp de prisonniers soviétiques, 1941
… avec les premières défaites de la Wehrmacht, et le retrait simultané d’Hitler de la vie comme des affaires publiques, Himmler bénéficie de nouvelles et nombreuses opportunités d’accroître encore son rôle et son influence. 

Reste que dans cette étrange dictature qu’est le Troisième Reich, le pouvoir réel du Reichsführer souffre toujours d’importantes limitations. 

Dans le domaine de l’Armement, par exemple, toutes ses tentatives pour faire de la SS une nouvelle puissance industrielle se sont fracassées - comme nous l’avons vu - sur le véritable mur constitué par Albert Speer et les grands patrons allemands qui, jusqu’à la fin, réussiront à le tenir à distance.

Mais le traitement des prisonniers de guerre constitue également une importante source de frustrations : si la SS et la Wehrmacht collaborent main dans la main à l'Est, et au plus grand dam des prisonniers soviétiques, condamnés à mourir comme des mouches (1) ou même à servir de cobayes humains (2), il en va tout autrement des prisonniers occidentaux, en particulier britanniques et américains jalousement, et exclusivement, gardés, et dans des conditions "raisonnables", par la Wehrmacht ou la Luftwaffe.

De dépit, Himmler ne va d'ailleurs pas hésiter, à l'été 1943, à cautionner le lynchage spontané de tous les aviateurs occidentaux tombés en territoire allemand

"Il n'appartient pas à la police", écrira-t-il, "d'interférer dans les conflits (sic) entre les patriotes allemands et les aviateurs-terroristes britanniques ou américains contraints à se parachuter", une directive que son subordonné, Heinrich "Gestapo" Müller, avait déjà devancé dès le 4 mars 1943, en soulignant "qu'à l'exception des Britanniques et des Américains, les prisonniers de guerre évadés devaient, sitôt capturés, être transférés entre les mains de la police de sécurité et du SD, lesquels les enverraient ensuite à Mauthausen pour y être fusillés" (4)

(1) sur les quelque 5,7 millions de militaires soviétiques capturés sur le Front de l'Est, 3,3 millions, soit 57%, moururent en captivité
(2) le 3 septembre 1941, 600 d'entre eux avaient notamment "inauguré" les chambres à gaz d'Auschwitz
(3) sur les 232 000 de militaires britanniques et américains capturés à l'Ouest, seuls 8 348, soit moins de 4%, moururent en captivité
(4) Longerich, op cit, page 662

Aucun commentaire: