lundi 7 novembre 2016

5004 - "profitez bien de la guerre"

Meilleur restaurant de Berlin, le Horcher dut fermer ses portes après Stalingrad
... "Ce fut Goebbels qui, durant les semaines qui suivirent Stalingrad, prit les initiatives 

(...) avec un constant souci du spectaculaire et du symbolique. Le revêtement de cuivre de la Porte de Brandebourg fut retiré en grande pompe pour servir à l'industrie de guerre. On interdit les manifestations sportives professionnelles. Les magasins de luxe, bijouteries comprises, furent fermés. Tous les magazines de mode durent cesser de paraître. 

 (...) Des cabarets et des restaurants de luxe comme Horcher, le Quartier Latin, le Neva Grill (...) furent fermés. Lorsqu'ils rouvrirent, les clients y furent invités à se limiter au Felküchengerichte, l'ordinaire de la cuisine roulante. (...) Goering, toutefois, s'arrangea pour que Horcher, son restaurant favori, rouvre sous la forme d'un mess des officiers de la Luftwaffe. 

 (...) Des slogans de propagande nazie apparaissaient de plus en plus nombreux sur les murs, mais ils étaient parfois accompagnés de certains graffitis dus au mauvais esprit berlinois comme "Profitez bien de la guerre. La paix risque d'être pire" (1) 

Et de fait, partout en Allemagne, chacun craint à présent que les innombrables atrocités dont l'armée s'est rendue coupable à l'Est, et dont on a tout de même largement entendu parler, ne finissent par se retourner contre le peuple allemand tout entier. 

 "Un aubergiste de la Forêt Noire en permission du Front de l'Est déclara (...) "Si on nous fait payer le quart de ce que nous faisons en Russie et en Pologne (...), nous allons souffrir et nous mériterons de souffrir" (2) 

Devant Hitler et Goebbels, la voie de la "guerre totale" jusqu'à la victoire ou l'anéantissement... total est désormais grande ouverte et Himmler, sans surprise, a bien l'intention d'en profiter… 

(1) Beevor, Stalingrad, pages 534-535 
(2) ibid, page 535

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, remarquable blog, un des meilleurs témoignages sur le Berlin de cette époque est dans le bouquin du journaliste Howard K Smith , Last train from Berlin...

Les correspondants de guerre américains, soigneusement désinformés par Goebbels (et dont les bureaux étaient régulièrement et spectaculairement perquisitionnés par la Gestapo) en étaient réduits à se fier aux petits indices (disparition des bons vins, des cigarettes,devantures fermées ...etc) pour connaître l'état moral et matériel réel de l'Allemagne en guerre...

Le tableau que dresse Smith (sous le titre malicieux de "Walhalla in transition" ) est remarquablement factuel et montre bien que pas mal d'obéissants allemands étaient conscients que les choses tournaient mal ...malgré la propagande de Goebbels et de son sbire le Dr Dietrich.