lundi 31 octobre 2016

4997 - "il y a actuellement au moins 1,5 million d’ennemis mortels qui vivent et se déplacent librement dans la zone jusque-là inoccupée de la France"

La "zone libre" : un nouveau terrain de chasse pour les hommes d'Himmler
… réalisée sans la moindre perte, et à vrai dire sans la moindre résistance, l’occupation de la "zone libre" n’en constitue pas moins l’aveu d’un échec : pour la première fois depuis 1938, l’Allemagne nazie se retrouve en effet sur la défensive et contrainte de mobiliser des troupes non pas pour envahir ses voisins mais bien pour parer l’éventuelle invasion de ses adversaires !

Mais ironiquement, cette occupation, et cet échec, offrent néanmoins d’agréables perspectives à Himmler et à ses SS !

Depuis des mois, le Reichsführer considérait en effet le Sud de la France comme un véritable sanctuaire "d’ennemis", que le régime de Vichy ne traquait que fort mollement et sans véritable résultat.

Avec la Gestapo désormais en mesure d’opérer sans entrave d’un bout à l’autre de l’Hexagone, Himmler est convaincu d’être en mesure de faire beaucoup mieux que la police par trop timorée et idéologiquement peu fiable du Maréchal Pétain.

Dès le 14 novembre, il ordonne donc à Helmut Knochen (1), responsable du SD en France, de lui envoyer "des rapports quotidiens sur les arrestations des chefs et des éléments politiquement dangereux du précédent régime", avant d’ajouter que "tous les efforts doivent être déployés  pour s’emparer de ces dangereux opposants".

Le 10 décembre, devant Hitler, Himmler souligne qu'"il y a actuellement au moins 1,5 million d’ennemis mortels qui vivent et se déplacent librement dans la zone jusque-là inoccupée de la France, dont de 600 000 à 700 000 Juifs, de 500 000 à 600 000 Italiens antifascistes (…) qui représentent une menace non négligeable sur les approvisionnements et la sécurité des forces germano-italiennes en Méditerranée" (1)

A la fin de janvier 1943, joignant le geste à la parole, les Allemands, aidés par les policiers français de René Bousquet, bouclent Marseille et détruisent une partie du Vieux Port, considéré comme un "nid d’ennemis", raflant près de 6 000 personnes au passage…

(1) Livré à la France en 1947, et condamné à mort à plusieurs reprises, Helmut Knochen sera néanmoins, tout comme Carl Oberg, finalement gracié par le général De Gaulle en 1962. Devenu courtier d’assurances en Allemagne, il mourra en 1975
(2)  Longerich, op.cit., page 647

1 commentaire:

Anonyme a dit...

La SS en France n'a pas fait que traquer les résistants et les torturer, avec l'aide de policiers véreux (Bonny) de truands psychopathes(Chamberlin dit Lafont, Abel Danos, Pierre Loutrel, futur Pierrot le fou), ou encore rafler et déporter les juifs et les communistes.

Les "bureaux d'achat" de la SS , avec Oberg comme PDG (avec l'aide d'affairistes très louches , comme Joanovici) ont littéralement mis la France au pillage en s'y taillant un empire économique exclusif.

L'aspect économique de la SS - Société Anonyme (comme il a pu exister un syndicat du crime mafieux plaisamment dénommé Murder Incorporated aux USA) est moins connu mais de bons auteurs en ont souligné le côté envahissant.

Le journaliste américain Howard K Smith , corespondant des radios US en Allemagne avait déjà noté (dans son "last train from berlin"que les nationaux-socialistes allemands étaient des ploutocrates de la pire espèce, ne s'embarrassant d'aucun réglement boursier comparable à ce que l'administration Roosevelt avait mis en place après le krach de 1929.

De même le Colonel Dornberger , l'homme des V2 et de Peenemunde a raconté dans son livre la prise en main financière des usines de fusées par la SS de Kammler(une véritable privatisation du domaine militaire) ...on croirait lire le récit d'une OPA moderne sur une firme de première importance (tout y est , y compruis la manipulation des cours de bourse et le truquage des bilans)