samedi 2 avril 2016

4785 - la quête des pleins pouvoirs

05 mars 1933 : après l'incendie du Reichstag, le NSDAP obtient 44% des voix
... mars 1933

Avec 44% des suffrages aux élections du 5 mars, et l'appui de ses différents partenaires nationalistes, Hitler peut à présent gouverner seul et sans trop se soucier des convenances démocratiques.  

Mais la menace Hindenburg n'a pas disparu, pas plus d'ailleurs que celle des socio-démocrates du SPD ni, plus généralement, de tous ceux qui, à l'image de von Papen, et parce qu'ils n'ont jusque-là soutenu le nazisme que du bout des lèvres et uniquement comme bouclier contre le bolchevisme, risquent, une fois ce péril écarté, de se retourner contre lui.

Pour assurer sa position, Hitler va alors réclamer des parlementaires une loi spéciale d'habilitation, la
Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich vom 24. März 1933 ( "Loi du 24 mars 1933 édictée en vue de remédier à la détresse du peuple et du Reich") lui conférant les pleins pouvoirs.

Mais une telle loi exige néanmoins un vote aux deux-tiers de l'assemblée, tâche a priori impossible puisque les Nazis et leurs alliés ne représentent qu'un peu plus de la moitié des parlementaires.  

L'éviction des députés communistes, à présent emprisonnés ou en fuite, ne modifie pas suffisamment la donne.  Et comme le ralliement des socio-démocrates du SPD - que Hitler haït presque autant que les Juifs et les communistes - est par principe exclu, ne reste donc plus aux Nazis qu'à "persuader" les nombreux petits partis siégeant au Reichstag - désormais hébergé au Kroll Opera - de voter en faveur du projet... .

"Une svastika géante dominait la salle. Des hommes en armes de la SA, de la SS et du Stalhlen gardaient toutes les issues et cernaient l'édifice. Ils donnaient aux députés un aperçu de ce qui allait suivre si la loi d'habilitation ne recueillait pas suffisamment de voix. (...) "Afin d'obtenir la majorité des deux-tiers, Frick (2) avait calculé que, si l'on décomptait purement et simplement les députés communistes, il suffirait de 378 voix et non plus 432. Au besoin, ajouta Goering, on pourrait éjecter de la chambre quelques socio-démocrates"  (...) Le Ministre de l'Intérieur du Reich proposa également une manipulation éhontée de la procédure du Reichstag afin de s'assurer de la majorité qualifie requise. Les députés absents sans excuse seraient considérés comme présents (...) L'absentéisme comme forme de protestation était donc exclu" (1)

(1) Kershaw, op cit, page 662

2 commentaires:

Anonyme a dit...

44% des suffrages exprimé,mais connaissez vous l'abstention en savez vous si les femmes votaient à l'époque?il serait intéressant de savoir le pourcentage d'allemand ayant voté pour le NSDAP. sachant que les parties extrémiste on tendance à plus mobiliser leur électorat que les parti "traditionnel"

Unknown a dit...

Encore un détail linguistique...
Opéra se dite Oper en Allemand. C'est donc "l'opéra Kroll" en Français ou bien le "Krolloper" en Allemand.
cf: https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ra_Kroll