vendredi 1 avril 2016

4784 - dans l'ombre

Röhm, Goering et Himmler, en 1933
... ironiquement, et alors que la seule évocation de leurs initiales glacera bientôt d'effroi l'Allemagne puis l'Europe entière, la SS d'Himmler et le petit SD d'Heydrich ne jouent aucun rôle dans ces événements décisifs, puisque c'est la police régulière - celle de la République - par ailleurs aidée de bataillons entiers de volontaires SA, qui se charge de traquer, d'arrêter et d'incarcérer les communistes et leurs sympathisants supposés.

Et il faut attendre le 5 mars, et le résultat des nouvelles élections au Reichstag, pour qu'Himmler puisse enfin sortir de l'ombre : après s'être vu confier le poste de chef de la police de Munich, le Reichsführer-SS prend bientôt le contrôle de toute la police politique de Bavière, qu'il cède le 9 mars à Heydrich, lequel, avec sa détermination coutumière, entreprend alors de la transformer en appareil répressif modèle, recrutant avec soin ses subordonnés, parmi lesquels figure un certain Heinrich Muller appelé à devenir patron de la tristement célèbre Gestapo. 

Muller n'est pas nazi - il ne le deviendra officiellement qu'en mai 1939 - mais qu'importe : Heydrich, dont le nazisme et l'antisémitisme véritables sont eux-mêmes pour le moins sujets à caution, s'intéresse bien davantage aux compétences et à l'efficacité de ses collaborateurs qu'a leurs opinions idéologiques... 

Dans le même temps, le premier "camp de concentration" est inauguré à Dachau, à une quinzaine de kilomètres de Munich, 

Si l'ordinaire y est déjà extraordinairement brutal, et les décès par maladie, inanition ou "accident" fort nombreux, la véritable particularité de Dachau est ailleurs : celui qui a le malheur d'y entrer connait certes la date de son incarcération,... mais jamais sa durée (!), en sorte que sa libération, si elle survient, le pousse - et c'est bien là tour l'intérêt du système - à se montrer reconnaissant envers ses geôliers et le régime politique qui l'a pourtant expédié en enfer et qui peut à tout moment l'y renvoyer sans jugement et pour une durée tout aussi indéterminée..

Aucun commentaire: