mercredi 13 janvier 2016

4705 - le Yamato repensé : ... jusqu'au suicide final

Énorme échec militaire, le Yamato n'apporta rien à l'effort de guerre nippon
... même si les ultimes traversées du Bismarck et du duo Prince of Wales/Repulse ont souvent été qualifiées de "missions-suicides", elles ne l'ont néanmoins été qu'à posteriori car, bien que conscients des dangers encourus, ni la Kriegsmarine, ni la Royal Navy, ni surtout les équipages, ne s'attendaient, au moment de l'appareillage, à ce que l'affaire se solde inévitablement par la perte des navires concernés et de la plus grande partie de leurs officiers et marins.

A l'inverse, Ten-gō Sakusen fut conçue dès le départ comme un suicide collectif, dont toute possibilité de victoire, et même de survie (!), était exclue par principe, et dont les prémisses s'avéraient si irréalistes qu'elles en devenaient parfaitement fantaisistes

Car même s'il avait réussi à rallier Okinawa sans être coulé ou fortement endommagé en route, comment le Yamato aurait-il pu forcer le blocus des cuirassés et croiseurs américains ? Comment aurait-il réussi, ensuite, à s'échouer sur la plage prévue ? Et une fois ses machines hors-service, comment aurait-on pu continuer à pointer les tourelles et à élever les canons ? Et comment ses derniers survivants seraient-ils finalement parvenus, à découvert, et sans la moindre embarcation, à rejoindre la terre ferme et les défenseurs de l'île ?

La Marine impériale, il est vrai. était confrontée à un épouvantable dilemme qui, quelle que soit l'option choisie - prendre la mer ou demeurer au port - ne pouvait se traduire que par la destruction du super-cuirassé. 

Militairement parlant, seule la première option offrait encore un semblant d'intérêt, mais encore aurait-il fallu l'organiser avec un minimum de rigueur et d'objectivité, c-à-d sans lyrisme excessif et rappels incessants à "l'Honneur"

Lancer le Yamato, mais aussi le Yahagi et les destroyers d'escorte, contre l'un des innombrables convois américains occupés à sillonner le Pacifique se serait assurément avéré bien plus payant que de les expédier tous vers Okinawa et l'Invincible armada ennemie qui s'y trouvait rassemblée

Mais "l'Honneur" - ou du moins l'idée que l'on s'en faisait à Tokyo - en décida hélas autrement...

2 commentaires:

Rémi a dit...

Bonjour,

lorsque vous évoquez une attaque de convoi comment un navire qui n'a plus de carburant et en engloutit d'immenses quantité peut-il espérer frapper un convoi par nature évasif?
Malheureusement dans la situation logistique du Japon frapper l'armada américaine faisait pour moi plus de sens:
L'ile ne va pas s'en aller, le Yamato peut donc utiliser son carburant à se battre au lieu de chercher sa cible.
Evidement il n'atteindra pas la plage, mais on peu espérer qu'il coule quelque navire au passage surtout si on sait lui donner la surprise.
Et c'est là que le plan péche:
-Transmission des ordres par radio alors que sur le Japo on aurait pu transmettre par téléphone.
-Faire une sortie de nuit et si possible par mauvais temps. Je ne connait pas la météo sur place, mais la seule chance d'un cuirrassé sous l'aviation était de frapper lorsque le temps pose les avions au sol. Une sorte de bataille des ardennes navale.
C'est plus là que l'affaire à péchée car sinon perdre un navire et un précieux carburant pour ne rien couler me parait un très mauvais calucl dans la situation du Japon en 45. Le carburant étant presque plus précieux que les armes.

MC a dit...

En effet, comme le dit Rémi, les sorties inutiles contre les convois en Mer du Nord des croiseurs et cuirassé allemands en sont l'exemple, avec des conditions d'évasions des convois bien moins favorables dans le cercle polaire que dans le Pacifique.