mercredi 19 août 2015

4538 - la règle du 5/5/3

… il n’est pas surprenant que le Traité de Washington ait été dénoncé par les milieux nationalistes japonais avant-même que son encre ne soit sèche : à cette époque où le nombre de cuirassé et le calibre de leurs canons sont encore source de fierté - et d’anxiété - nationale, toute réduction de l'une ou de l'autre ne peut en effet être perçue que comme une défaite, a fortiori si elle ne s’accompagne pas d’un effort comparable au sein des autres pays signataires.

Car même s’ils devront se résoudre à ferrailler une partie de leur flotte, Britanniques et Américains conserveront tout de même18 cuirassés et croiseurs de bataille chacun alors que les Japonais, eux, devront se contenter d’un ratio de 60% (également connu comme la règle du 5/5/3) qui, en pratique, condamne donc leur Marine impériale à ne posséder que 10 navires de ligne au maximum, chiffre insuffisant en cas d’alliance - probable - entre Londres et Washington dans le Pacifique.

Qu’importe que le Japon, qui en 1921 a consacré un tiers (!) de son budget national rien que bâtir et entretenir sa marine de guerre, n’ait en réalité pas les ressources techniques et financières pour poursuivre dans cette voie ni, a fortiori, pour construire une flotte plus grande : ce qui compte, c’est le fait de se le voir interdire formellement, d’être considérée comme une nation de second ordre, et condamnée à le rester.

C’est là, dans cette différence de traitement aussitôt perçue comme une injustice et comme une humiliation supplémentaire infligée par l’Homme blanc, que se trouve l’acte de naissance officieux du Yamato qui, pour l’heure, et puisque toute nouvelle construction est interdite pour au moins dix ans, n’existe encore que dans les limbes mais qui devra, un jour, laver l’honneur de la Nation toute entière…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour , excellent blog...détail comique, avec leur bloc passerelle tout à l'arrière , les Nelson et Rodney issus du traité de Washington (quiengendra aussi des croiseurs américains très mal foutus (relire le Winds of War d'Herman Wouk) avaient une silhouette rappelant (vaguement) un pétrolier...les humoristes de la marne britannique (il n'en manque pas parmi les officiers et matelots) les avaient rebaptisés plaisamment Nelsol et Rodnol (le suffixe -ol pour huile était couramment utilisé pour nommer les pétroliers tant civils que militaires dans les années 30...voir le Speedol Star des aventures de Tintin au pays de l'or noir...)

Les mêmes humoristes se déchaîneront après guerre sur les sous marins anglais expérimentaux à peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée) extrapolés des recherches allemandes de l'ingénieur Walther ( le U1407 rebaptisé HMS Meteorite après capture) ...qui donnaient 30 noeuds en plongée mais fort peu de temps et ne demandaient qu'à exploser à a moindre étincelle.

Nommés officiellement HMS Explorer (explorateur) et HMS Excalibur ...leurs équipages qui vivaient dans la trouille permanente les rebaptisèrent illico HMS Exploder (explosant) et HMS Excruciator (Tortionnaire)....on évacue le stress comme on peut...
Finalement la propulsion atomique , chère à l'amiral américain Rickover apparaît bien plus tranquille en comparaison.