mardi 4 août 2015

4523 - les racines du mal

… en installant une base navale et militaire à Singapour, et en transformant l’île toute entière en place-forte, la Grande-Bretagne entendait faire contrepoids à l’expansionnisme japonais dans la région.

Mais en ne lui offrant pas les moyens de résister seule en cas de conflit, elle la rendait tributaire d’une aide qui ne pouvait venir que de Grande-Bretagne ou des États-Unis, ce qui, dans le meilleur des cas, prendrait nécessairement des semaines, et peut-être même des mois

Si pareille conception avait encore un sens au lendemain de la 1ère G.M, ce n’était plus le cas en 1941, vu les progrès réalisés par l’Aviation, et avec des bombardiers japonais désormais stationnés en Indochine et parfaitement capables de rallier Singapour d’un seul coup d’aile pour y semer la mort.

Pour affronter cette nouvelle menace, les Britanniques auraient dû, au strict minimum, expédier de nombreuses escadrilles de chasse et de bombardement sur l’île, mais en décembre 1941, on y comptait moins de 200 appareils, dont aucun ne pouvait être considéré comme modernes et qui, de fait, furent rapidement écrasés sous le poids et la qualité de leurs adversaires japonais.

Ce sous-équipement aérien avait son pendant naval : jusqu’à l’arrivée du Prince of Wales et du Repulse… six jours avant le début des hostilités (!), la Royal Navy n’avait jamais voulu y stationner un bâtiment plus gros qu’un simple croiseur, en sorte que c’est réduits à eux-mêmes, et à quatre fort modestes destroyers, que ces derniers appareillèrent le 8 décembre 1941 pour leur ultime voyage.

Cette insouciance, et ce manque de moyens, pouvaient bien sûr s’expliquer par les impératifs de la guerre en Europe, qui drainait depuis deux ans l’essentiel des ressources humaines et matérielles de l’Empire, mais aussi, et peut-être surtout, par l’infatuation traditionnelle des Occidentaux, et particulièrement des Britanniques, à l’égard des Asiatiques, donc des Japonais, presque unanimement considérés comme des combattants de piètre valeur, de surcroît aussi mal commandés qu’équipés.

A Singapour comme dans tout l’Extrême-Orient, cette sous-estimation chronique du véritable potentiel de l’adversaire eut des conséquences catastrophiques dès les premières minutes du conflit et, en gros, durant les six mois suivants…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

On repense à la célèbre phrase de Nicolas II à propos de la guerre Russo - Japonaise et de Port-Arthur...

"Chasser les singes jaunes à coups de casquette"....sauf que les singes jaunes (les japonais)avaient fait construire d'excellents arsenaux navals et une première génération de navires de guerre sur plans français (détachement par la marine française de l'ingénieur Emile Bertin au Japon) , avaient défait la marine chinoise dans les dernières années du XIX° siècle, puis s'étaient équipés d'une seconde génération de navires de combat (sur plans anglais, ou achetés sur étagère dans les chantiers anglais)....avant de devenir pleinement autonomes et de lancer des navires ausi modernes que ceux de la royal Navy, mais conçus et construits au Japon.

Sur ce plan là les gouvernements conservateurs anglais de l'entre deux guerres (Baldwin, Chamberlain...etc ont une sacrée responsabilité) l'avertissement était sur le mur depuis...pas mal de temps