mercredi 21 janvier 2015

4338 - une seule question...

… après la tragique disparition du Hood, deux commissions d’enquête, et par la suite d’innombrables chercheurs privés, tentèrent de comprendre ce qui avait bien pu provoquer la mort de quelque 1 500 hommes, et la destruction d’un bâtiment de 50 000 tonnes, en seulement quelques secondes.

Mais comme au Jutland vingt-cinq ans auparavant, les rares survivants du naufrage, ainsi que les quelques témoins qui y assistèrent sur les autres bâtiments, ne purent fournir que des informations anecdotiques, ce qui, faute de toute preuve matérielle - et en particulier de toute possibilité d’examiner l’épave du navire (1) - laissa - et laisse toujours - place à la spéculation.

Le fait que la destruction du Hood ait suivi de quelques secondes la cinquième salve du Bismarck incita évidemment à penser qu’un 380mm de ce dernier avait réussi à percer le pont blindé - notoirement trop mince - puis explosé à l’intérieur d’une des soutes à munitions des obus de 102mm, y déclenchant une réaction en chaîne catastrophique.

Parce qu’elle flattait autant l’orgueil des Britanniques que celui des Allemands, cette théorie fut - et demeure - la plus largement acceptée,… malgré les voix de ceux qui firent observer que les obus AP du Bismarck étaient défectueux et se contentaient la plupart du temps de traverser les blindages sans exploser (2), ou encore qu’à la distance - environ 13 000 mètres - où s’effectua le tir fatal, il était virtuellement impossible, d’un point de vue balistique, qu’un obus du Bismarck ait été en mesure de percer un blindage horizontal.

Une théorie plus iconoclaste attribua plutôt la destruction du Hood à un "petit", 203mm du Prinz Eugen qui, au début de l’engagement, avait réussi, comme nous l'avons vu, à produire sur le pont des embarcations un incendie impossible à circonscrire immédiatement, du fait de l’explosion des munitions qui s'y trouvaient.

Cet incendie aurait alors pu se communiquer à une soute à munitions par l’intermédiaire d’un monte-charges ou d’un conduit de ventilation.

(1) les fragments de celle-ci ne furent découverts qu’en 2001, par près de 3 000 mètres de fond.
(2) sur les quatre obus de 380mm ayant frappé le Prince of Wales, deux n’explosèrent pas, et un troisième seulement partiellement.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Les Epaves des gros croiseurs de bataille du Jutland ont été examinées il y a quelques années et celle du Hood,l'a été plus récemment, rendue accessible par les progrès en matière de détection sous marine et de plongée (il sagit de ROV, des bathyscaphes robots filoguidés).
Dans les deux cas les épaves sont coupées en deux ou trois tronçons séparés par des champs de débris immenses , très éparpillés... le bloc passerelle de commandement du Hood est à plusieurs centaines de mètres du tronçon central
Le fait que les navires aient explosé en pleine vitesse alors que , par exemple, le Titanic était stoppé au moment de son naufrage a probablement joué un rôle dans cet "émiettement" mais le fait pointe quand même vers une explosion des soutes à munitions et il est étrange que la Royal Navy n'ait as mieux tiré les enseignements du Jutland (le Hood était un descendant direct des Indefatigable et Queen Mary de 14-18) .
Par comparaison, l'épave du Bismarck , explorée par Ballard est relativement intacte (seule une petite partie de l'arrière est arrachée et les tourelles -qui sont juste posées sur leurs roulements- se sont dégagées dans le plongeon....