mercredi 15 octobre 2014

4240 - son avenir sur l'eau

… 1888

Mais pour comprendre l’histoire - et la tragédie - du Bismarck, pour comprendre "comment on en est arrivé là", il faut, comme souvent, remonter de longues années en arrière, et plus précisément à la fin du 19ème siècle, lorsque l’Allemagne enfin unifiée sous Otto von Bismarck se met soudain à voir son avenir sur l’eau,… vision a priori contre-nature puisque cette nation, continentale par excellence et "rejetée par la géographie dans un coin de la Mer du Nord"  (1), ne possède ni expérience ni moyens maritimes !

Mais comme tant d’autres avant elle, l’Allemagne a également succombé à la fièvre coloniale : quel que soit leur pays d’origine, économistes et politologues sont en effet tous convaincus qu’il ne peut y avoir de développement durable sans colonies et comptoirs commerciaux en Afrique ou en Asie, lesquels, soutiennent-ils, absorberont les surplus industriels de la métropole tout en fournissant à celle-ci les matières premières bon marché - et si possible gratuites ! - dont elle a besoin.

A cela s’ajoute le vieux réflexe impérialiste du "si l’autre en a, il m’en faut aussi et même davantage" : après tout, si la minuscule Belgique de seulement 30 000 km2 - ou plus exactement son Roi (2) - dispose, au beau milieu de l’Afrique, d’un territoire 70 fois plus grand que celui de la métropole, pourquoi la Grande Allemagne du nouveau Kaiser Guillaume II, qui monte sur le trône le 15 juin 1888, s’en priverait-elle ?

Reste que cette volonté se heurte à de douloureux détails pratiques…

(1) Mordal, 25 siècles de guerre sur Mer, tome 2, page 80
(2) en 1908, suite aux pressions internationales, et particulièrement à celles de la Grande-Bretagne, le Roi Léopold II fut contraint de revendre l’État Indépendant du Congo (EIC), qui était en fait sa propriété privée, à l’État belge.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Aucune expérience maritime..c'est un peu vite dit , sans remonter jusqu'aux descendants de vikings ou à la Hanse, la Prusse de Guillaume II avait une marine de commerce très active.
Les grands voiliers allemands (Laiesz, les fameux Flying P clippers) concurrençaient les français de l'armement Bordes sur la ligne du Chili (le nitrate de soude de l'Atacama, qui , d'engrais chimique deviendra la matière première des poudres et explosifs de la guerre de 14) et les paquebots allemands de la Hapag et de la Norddeuschter Lloyd concurrencent sévèremnt la Cunard et la White star. Anglo américaines, bien aidées par un décret impérial qui canalisait l'émigration des peuples d'Europe Centrale vers les USA en les obligeant à prendre passage sur des paquebots allemands.
L'Allemagne disposait donc d'une réserve navale compétente (à défaut d'être pléthorique) et de chantiers navals (Vulkan, AG Weser, Blohm und Voss...) très à la pointe de la technique.