2948 - du défensif à l'offensif

... pendant plus de deux ans, c'est donc par mer, et après avoir décollé depuis le pont d'un porte-avions, que la quasi-totalité des avions de chasse vont parvenir jusqu'à Malte.

Si la méthode est efficace, elle n'en est pas moins risquée, et va à plusieurs reprises déboucher sur de véritables tragédies, dont la plus sérieuse se produit le 17 novembre 1940, lorsque douze "Hurricane" décollent à nouveau de l'Argus sous l'escorte et la direction de deux "Skua" : lancés bien trop loin de Malte, huit "Hurricane" et un "Skua" vont tomber en panne d'essence et s'abîmer en Méditerranée, privant ainsi Malte de deux-tiers des renforts prévus,... et sans que les pilotes italiens aient eu à tirer une seule balle !

En tant que "porte-avions incoulable", Malte ne servirait cependant à rien si on n'y stationnait que des chasseurs, c-à-d des armes de pure défense.

Pour que l'île puisse jouer le rôle que souhaite Churchill, il lui faut des armes offensives, autrement dit des bombardiers et des avions-torpilleurs capables de s'en prendre aux ports, aux terrains d'aviation et, surtout, au trafic maritime des Italiens.

A l'été 1940, les moyens disponibles pour cet usage se limitent à une douzaine d'antédiluviens biplans Fairey "Swordfish", certes vaillants (1) - mais aux capacités malgré tout limitées, et au demeurant extrêmement vulnérables.

Heureusement, le Bomber Command dispose de nombreux bombardiers bimoteurs qui, eux, ont la possibilité de rallier directement Malte en décollant depuis Gibraltar ou Alexandrie. Fin octobre, une douzaine de Vickers "Wellington" vont ainsi atterrir à Malte, et entreprendre les premiers raids contre Naples (au Nord) ou Tripoli (au Sud).

Ce n'est que le début.

(1) bien que totalement démodés, les biplans Swordfish seront responsables de l'immobilisation d'une bonne partie de la flotte italienne à Tarente (11 novembre 1940) et participeront à la destruction du cuirassé Bismarck (26 mai 1941), entre autres...