2938 - bien en deça des attentes

... pendant des semaines, la défense antiaérienne de Malte va donc reposer, pour l'essentiel, sur quelques dizaines de canons, et aussi trois ou quatre Sea Gladiator démodés, sous-armés et sous-motorisés... mais finalement pas davantage que les Fiat CR-32 et CR-42, et guère moins que les Macchi MC-200 italiens.

Rarement en l'air à plus de deux exemplaires en même temps, constamment réparés et même reconstruits entre eux et avec toutes les pièces sur lesquelles on parvient à mettre la main, ces avions déjà d'un autre âge ne peuvent évidemment remporter que quelques victoires symboliques, qui suffisent néanmoins à remonter le moral des défenseurs,... et d'autant plus qu'en face, et contre toute attente, les Italiens sont loin d'être à la fête.

Sur le Front des Alpes, l'Infanterie italienne, qui combat encore comme en 1915, est en effet facilement repoussée par des Français pourtant inférieurs en nombre alors que, dans les airs, la Regia Aeronautica essuie pour sa part de lourdes pertes dans une succession d'attaques et de bombardements aussi inefficaces que mal coordonnés.

Mais le plus inquiétant - du moins pour l'avenir - va se produire sur mer où quelques navires français surannés (dont le vieux cuirassé Lorraine) parviennent à pilonner Gênes, puis le port italien de Bardia (Libye), sans que la Regia Marina intervienne.

Si les performances italiennes sont donc, en ce début de conflit, loin de correspondre aux attentes du Duce, et aussi aux moyens dont il dispose, l'armistice franco-allemand du 22 juin, suivi, deux jours plus tard, de l'armistice franco-italien, lui permet néanmoins de présenter à son peuple un bilan final satisfaisant, et même - à présent la France éliminée du jeu - d'entretenir de gros espoirs pour la suite des opérations en Méditerranée.

Des espoirs qui, malheureusement pour lui, vont tous se fracasser sur les rochers de Malte...