Avec davantage d’expérience, Urquhart aurait également porté attention à quantités de détails logistiques en apparence anodins mais pourtant capitaux dans une opération menée aussi loin derrière les lignes ennemies.
Car à peine au sol, les paras britanniques ont constaté avec horreur qu’aucune de leurs nombreuses radios de campagne ne fonctionne (1), et qu’il est donc impossible de coordonner les actions des uns et des autres et, a fortiori, de contacter l’Aviation pour obtenir un support aérien (2) !
On dispose bien de deux Jeeps équipées d’émetteurs VHF, mais ceux-ci demeurent tout aussi muets, et vont de toute manière bientôt être détruits par des tirs de mortiers allemands, ce qui va pousser Urquhart à prendre lui-même la route d’Arnhem, décision certes courageuse mais qui se serait avérée bien plus pertinente s’il avait pensé au préalable à informer ses différents subordonnés de la conduite à tenir advenant une rupture des communications ou sa propre disparition !
"Urquhart, qui était parti à la recherche de ses unités largement dispersées, ne put être contacté par aucun de ses commandants d’unités durant les 36 premières heures de la bataille. Comme il n’avait pas pris soin de préciser la chaîne de commandement à ses subordonnés (ce qui témoignait à nouveau de son manque d’expérience des opérations aéroportées), il y eut une grande confusion sur qui devait assumer le commandement après sa disparition, ainsi qu’un manque général de coordination sur qui devait faire quoi une fois que les troupes au sol commencèrent à réaliser qu’elles faisaient face à une sérieuse opposition"
Mais chez les Britanniques, il n’y a malheureusement pas qu’Urquhart à faire preuve d’amateurisme.
"Bien qu’il y ait eu des bacs qui opéraient le long du Rhin au Sud d’Arnhem, et que des photographies de ces derniers aient été présentées lors des briefings, les commandants britanniques agirent comme s’ils en ignoraient l’existence alors que l’un d’eux, à Driel, aurait facilement pu être utilisé pour rallier le côté allemand [Sud] du pont". (3)
Au soir du 17 septembre, la partie est donc particulièrement mal engagée à Arnhem, où une poignée de paras tient le côté Nord du Pont, mais sans le moindre espoir de s’emparer du côté Sud ni de recevoir rapidement le renfort de leurs camarades eux aussi encerclés par les troupes allemandes et en proie à un désarroi certain…
(1) Après l’échec de l’opération, plusieurs théories seront avancées pour expliquer la défaillance de toutes les radios britanniques - des taches solaires à une usure prématurée des batteries, en passant par l’emploi de fréquences différentes et inadéquates. L’explication la plus vraisemblable étant probablement une combinaison de tous ces différents facteurs
(2) De leur côté, les aviateurs avaient reçu pour instructions de ne pas tenir compte des signaux visuels
(3) Mosier, op cit, pp 252-253
1 commentaire:
il emblerait que les 116 épisodes de ce sujet soient passés à la trappe...est-il possible de les rétablir?
Bravo pour ce blog instructif et distancié...
Publier un commentaire