mardi 28 septembre 2010

2762 - la réponse de l’Amérique au problème des morts américains

Hiroshima, 06 août 1945, 08h16

Un éclair aveuglant déchire le ciel. Plus brillant que mille soleil, il va, en quelques secondes, incinérer cette ville de 250 000 habitants.

Trois jours plus tard, c’est au tour de Nagasaki de subir la Loi atomique.

C’est la réponse de l’Amérique aux kamikazes qui se précipitent sur ses navires; c'est la réponse de l’Amérique aux combattants fanatisés qui, aux Philippines ou ailleurs, continuent de préférer la mort à la reddition; c'est la réponse de l’Amérique au problème des morts américains.

Au soir du 9 août, l’Empereur Hirohito, confronté à la perspective d’une totale annihilation de son peuple, accepte enfin de sortir de son silence et de faire préparer l’acte de Capitulation sans condition exigé par les Alliés depuis la Conférence de Potsdam, le 26 juillet.

La déclaration, enregistrée sur un disque phonographique, doit être radiodiffusée dans la matinée du 15 août.

Mais le 14 au soir, un groupe de militaires jusqu’au-boutistes lance un coup d’État et investit le Palais impérial dans le but de détruire l’enregistrement et d’empêcher ainsi une reddition qu’ils considèrent déshonorante.

Ils ne le trouveront pas

Au matin du 15, la rébellion est matée. A 11h00, malgré une ultime tentative des putschistes, dirigée cette fois contre les bâtiments de la NHK, l’allocution de l’Empereur-dieu est diffusée à la radio et, pour la première fois de leur vie, les citoyens japonais entendent la voix de leur souverain.

Dans les heures qui suivent, des dizaines d’officiers et de personnalités politiques se font harakiri, incapables d’accepter la défaite.

Mais si le Japon a perdu la guerre, reste maintenant à organiser les détails de la reddition, et donc de passer par le suprême spécialiste des cérémonies à grand spectacle…

4 commentaires:

Laurentz a dit...

Bonjour

Pour être exact, le suicide à la japonaise correspond au terme "suppuku" car le terme "harakiri" est une très ancienne faute de traduction et ne veut donc rien dire en japonais.

Félicitations pour la qualité de ce blog qui doit vous demander un temps conséquent pour sa réalisation. J'aime beaucoup votre ligne éditoriale "Il n'y a pas de super-héros, seulement des humains avec toutes leurs limites."

Jérémy a dit...

Petite coquille : "allocation" au lieu d'"allocution".

Je ne peux m'empêcher de me demander combien de temps la guerre du Pacifique aurait encore duré si le Japon avait persisté dans sa logique suicidaire, ou si le putsch avait réussi ... Bien entendu, l'issue aurait été la même, mais le Japon se serait-il relevé aussi vite ?...

Dernière remarque, je suis souvent interpelé par la différence de qualité entre les photos américaines et japonaises qui datent de la même époque. Le Japon n'était donc pas au niveau dans ce domaine ? Ou bien y a-t-il une autre raison ?

D'Iberville a dit...

@Jeremy : pour les photos, il y a en fait plusieurs explications : le matériel bien sûr (le Japon était alors à la traîne dans ce domaine), le très petit nombre de soldats (ou même d'officiers) qui possédaient un appareil photo individuel, et - last but not least - le caractère dictatorial et paranoïaque du régime, qui n'incitait personne à se livrer à une activité qui aurait pu passer pour de l'espionnage"

Notez du reste que ce problème de (mauvaise) qualité des photos et de (très) petit nombre de photos se retrouve également, et pour les mêmes raisons, en URSS

Jérémy a dit...

Merci pour les renseignements supplémentaires, en effet cela explique tout !

Et surtout merci pour la qualité des articles !