Uniformément peints en blanc, et frappés de croix vert foncé, deux bombardiers Mitsubishi G4M "Betty" amorcent leur dernier virage pour s’aligner sur la piste de Ie Shima, minuscule île proche d'Okinawa et devenue américaine le 24 avril précédent.
A leur bord, une petite délégation d’officiels et de militaires nippons, venus régler les détails de la capitulation de leur pays.
Car si l’expression "capitulation sans condition" se passe de toute analyse sémantique, reste tout de même à déterminer le jour et le lieu de la cérémonie, le déroulé du protocole, les détails de la future Occupation du pays et, last but not least, les noms de ceux qui, d’un côté comme de l’autre, seront amenés à signer l’acte officiel qui mettra enfin un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale.
Et avec qui d’autre discuter que le grand MacArthur en personne, le vainqueur des Philippines, la légende vivante dont l’État-major prépare d’ailleurs, et depuis des mois, l’invasion du Japon…
Mais, en grand seigneur, MacArthur, qui depuis plusieurs semaines a réinstallé ses pénates à Manille, n’entend certes pas se déplacer lui-même pour recevoir la délégation des vaincus. Ce sont donc ces derniers qui vont devoir se rendre jusqu’à lui par avion.
Lorsque les deux "Betty", qui ont reçu le nom de code de "Bataan I" et "Bataan II" - admirez à nouveau la puissance du symbole (1) – s’immobilisent enfin en bout de piste, ils sont aussitôt ceinturés par des dizaines de policiers militaires américains, tant chacun continue de craindre une attaque-suicide.
Les Japonais, de leur côté, n’en mènent pas large non plus, et c’est sans trop savoir à quoi s’attendre qu’ils embarquent finalement à bord d’un C-54 quadrimoteur, qui met aussitôt le cap sur la capitale des Philippines et du seigneur MacArthur…
(1) "Bataan" était également le nom du B-17 (puis du C-54) personnel de MacArthur
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