… si elle s’avérait incapable de produire de petits chasseurs monomoteurs en quantités suffisantes, comment l’industrie aéronautique italienne aurait-elle pu fabriquer un nombre simplement "raisonnable" d’avions de transport et de bombardiers moyens ou lourds, tous autrement plus gros et plus complexes ?
Comme en Allemagne, le Transport aérien militaire fut rapidement sacrifié au profit de réalisations sans doute plus "prestigieuses " mais pas forcément plus utiles à la conduite de la guerre.
Des appareils pourtant aussi indispensables que les trimoteurs Savoia-Marchetti 75 ou Fiat G-12 ne furent ainsi fabriqués qu’à respectivement 95 et 30 exemplaires contre plus de 10 000 pour le seul C-47 bimoteur américain (1), de performances équivalentes !
La guerre étant d'abord et avant tout affaire de logistique, comment l'Armée de Terre italienne, elle-même sous-équipée, aurait-elle ou faire mieux sans la garantie d'un minimum d'approvisionnements ?Et à quoi bon développer un bombardier lourd comme le Piaggio P-108, quand on n'a pas les moyens de le fabriquer ?
Quadrimoteur à aile basse, le P-108 se voulait l'égal du B-17 américain, auquel il ressemblait d'ailleurs beaucoup,... mais la cadence de production en moins puisque cet avion, commandé en 1938, n'entra en service qu'à l'été de 1941, pour n'être finalement fabriqué qu'à... 25 exemplaires, contre 12 000 pour son lointain cousin d'Outre-Atlantique !
De par leurs dimensions, les P-108 représentaient à n'en point douter de merveilleux instrument de Propagande, mais sur un plan purement militaire, à quoi pouvaient bien servir une vingtaine de bombardiers lourds contre des adversaires capables d'en aligner cent fois plus ?Et de fait, à l'exception de quelques rares missions de combat, la contribution du P-108 à l'effort de guerre italien fut nulle, la plupart des avions succombant les uns après les autres par accidents ou sous les coups de l'ennemi, sans le moindre espoir de voir arriver des remplaçants...
(1) le C-47 était la version militaire du Douglas DC-3
1 commentaire:
Pire encore, c'est sur un P 108 que le fils de Mussolini, Bruno , aviateur chevronné qui avait combattu en Espagne dans l'aviation franquiste se tua on ne peut plus stupidement à la suite d'une panne de moteurs. Le père en reçut un gros coup au moral....
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