
... de 1939 à 1945, la production allemande s'éleva à environ 120 000 aéronefs de tous types.
Une performance remarquable dans l'absolu, mais qui doit tout de même être fortement relativisée, en raison d'abord du tonnage moyen de ces appareils : la moitié d'entre eux furent en effet des chasseurs, donc des engins que leur petite taille et leur faible poids rendaient faciles à fabriquer en grande série.
Parmi ces chasseurs, 55 % furent des Messerschmitt 109 qui, à lui seul, représenta donc plus du quart de la production aéronautique allemande !Monomoteur d'environ 2.5 tonnes, le Me-109 était entré en service en 1937. Mais si sa production se poursuivit jusqu'à la Capitulation, pour atteindre les 33 000 exemplaires, ce fut moins à cause de ses performances que de sa facilité de construction : dès 1943, l'engin était en effet dépassé tant en autonomie qu'en puissance de feu.
Son successeur désigné, le Focke-Wulf 190, répondait à la plupart des critiques adressées à son devancier, mais ne parvint jamais à le supplanter, malgré une production qui atteignit près de 20 000 exemplaires.A côté de ces deux machines légères et faciles à fabriquer, l'Allemagne nazie tenta également l'aventure des chasseurs lourds, puis des chasseurs à réaction, autrement plus complexes et, du moins en principe, plus performants.
Mais les chiffres démontrent clairement qu'il lui était impossible de concilier complexité et quantité: si la production du bimoteur Messerschmitt 110 dépassa les 5 000 exemplaires, celle de ses successeurs, comme le Messerschmitt 410 ou le Messerschmitt 262 (à réaction) dépassa rarement le millier d'exemplaires, tandis que celle des Heinkel 219 ou Dornier 335 fut, avec respectivement moins de 300 et 40 exemplaires, purement anecdotique...
2 commentaires:
L'Allemagne nazie dut faire face à une double problématique : plus la guerre avançait, et plus le besoin en matériel de guerre croissait, mais avec des moyens de production de plus en plus réduits (main d'œuvre, matières premières, acheminement du matériel, assemblage, etc.) et un manque croissant de personnel pour les mener au combat.
Pour la seule Luftwaffe, le matériel était de moins en moins performant et les pilotes inexpérimentés. La qualité de l'essence, essentielle pour un chasseur, n'était plus celle du début de la guerre lorsqu'elle fut disponible pour les unités de chasse et la dotation en munitions fut elle aussi dramatiquement réduite.
Ce qui explique en partie l'accroissement vertigineux des pertes dans les derniers mois de la guerre, les plus meurtrières pour le IIIe Reich.
Bonjour,
Bien qu'en accord avec votre analyse, il faut pour les deux derniers exemple relativiser la faiblesse de leurs productions.
Concernant le He219, celui-ci fut longtemps, victime d'une belle gabegie, comme les nazis savaient en faire, repoussant d'un an et demi son entrée en service, et cela à un moment charnière, c-a-d au début des bombardements massifs nocturnes; présent plus tôt il aurait (peut-être) convaincu les britanniques d'abandonner cette stratégie.
Au sujet du Do335, sa production fut purement et simplement rejetée au moment de sa présentation car trop révolutionnaire au yeux des principaux responsables du ministère de l'air.
Ce dernier exemple est d'ailleurs la démonstration du décalage avec la réalité qui régnait parmi les responsables du RLM. Entre 40 et 42, quand ils pouvaient se permettre d'explorer de nouvelles voies, ils ont persisté à rester dans les chemins balisés, alors qu'à partir de 44, quand il fallait avant tout des solutions éprouvées, ils se sont engouffrés dans des voies inconnues, prétendument miraculeuses; bah oui, faut bien inventer quelque chose pour éviter la colère du grand chef...
Pour conclure, et même si ces deux avions avaient étés exceptionnels en opération (ce qui reste à prouver), cela n'aurait probablement fait que repousser de quelques mois l'issue d'un conflit qui fut avant tout une guerre d'attrition.
Cordialement,
Dragan Skrbic
PS: c'est un vrai plaisir de lire votre blog, au point qu'il m'arrive de l'éviter pendant des jours, juste pour ingurgiter plusieurs articles d'affilée.
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