
... au début 1943, la production allemande d'avions de chasse dépassa pour la première fois celle des bombardiers, et ne cessa de croître par la suite, à mesure que déclinait celle des bombardiers.
Aussi logique que prévisible, cette évolution s'expliquait bien sûr par la hausse parallèle, et encore plus spectaculaire, du bombardement allié : pour protéger ses troupes au sol, mais aussi ses villes, ses industries, ses raffineries ou ses ports, de plus en plus souvent pris pour cible, le Reich n'avait d'autre choix que d'augmenter son potentiel défensif, donc la production de chasseurs, ce qui allait cependant avoir des conséquences dramatiques sur les autres composantes de la production aéronautique, à commencer par le Transport.
Déjà parent pauvre en 1939, celui-ci n'avait cessé de décliner au fil des saignées vécues en Hollande (1940), à Stalingrad (1942) ou en Méditerranée (de 1941 à 1943).En 1943, il n'était plus que l'ombre de lui-même mais reposait toujours, pour l'essentiel, sur le vénérable trimoteur Junkers 52, apparu en 1932.
Lent et très vulnérable, ce dernier aurait dû être remplacé dès 1940 mais, faute de moyens et d'alternative, sa production, et son emploi, se poursuivirent néanmoins vaille que vaille jusqu'à la fin de la guerre.
Lent et très vulnérable, ce dernier aurait dû être remplacé dès 1940 mais, faute de moyens et d'alternative, sa production, et son emploi, se poursuivirent néanmoins vaille que vaille jusqu'à la fin de la guerre.
Le cas du quadrimoteur Focke-Wulf 200 est encore plus symptomatique : conçu pour le service transatlantique de la Lufthansa, le beau mais très fragile oiseau fut mobilisé en 1939 mais, faute de priorité, sa production atteignit à peine 275 exemplaires... quatre fois moins que celle du C-54 américain (1)Sévèrement bridé dans ses ambitions, le Transport militaire tenta néanmoins d'innover, en utilisant notamment des planeurs de combat qui, malgré leurs qualités, n'en étaient pas moins de piètres ersatz de véritables avions, dont la mise en oeuvre exigeait par ailleurs des appareils de remorquage puissants... que la Luftwaffe ne possédait qu'en nombre extrêmement limité.
Pour tracter le monstrueux Messerschmitt 321 de 12 tonnes, il fallut même se résoudre, faute de mieux, à souder deux bimoteur Heinkel 111 l'un contre l'autre et autour d'un cinquième moteur.Cette solution s'avérant pour le moins bancale, et surtout très vulnérable en vol, on décida ensuite de transformer le planeur lui-même en avion hexamoteur - le Me-323 - qui, à peine moins vulnérable que son devancier (2), fut retiré du service début 1944, après moins de 250 exemplaires fabriqués...
(1) le C-54 était la version militaire du Douglas DC-4
(2) le 22 avril 1943, sur 27 Me-323 qui traversaient le Détroit de Sicile, 21 furent abattus en quelques minutes par la Royal Air Force...
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