2572 - l'obligation d'innover

... pour l'Industrie de guerre japonaise, la plus grande menace ne résidait pourtant ni dans l'obligation d'importer par voie de mer la quasi-totalité des matières premières, ni dans l'insouciance des autorités en matière de sécurité du pays et de ses approvisionnements.

La plus grande menace était plutôt culturelle.

Depuis l’ère Meiji, à la fin du 19ème siècle, le Japon était certes sorti de son isolement pour s’ouvrir aux techniques occidentales, en ce compris aux armements modernes, mais cette ouverture s'était effectuée en achetant, puis en copiant, ce qui se faisait ailleurs.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les cuirassés nippons avaient ainsi été construits en Grande-Bretagne. Jusqu’au début des années 1920, les avions avaient été importés d’Europe, et principalement de France, et leurs moteurs simplement copiés, légalement ou non, sur les Bristol britanniques ou les Wright ou Pratt & Whitney américains, jusqu'à la fin des années 1930.

Copier avait évidemment l'avantage d'être facile et économique, mais lorsque la guerre éclaterait, les industriels et ingénieurs nippons se verraient alors, et pour la première fois, contraints d’innover et de trouver par eux-mêmes, et dans l’urgence, des solutions à des problèmes inédits et fort complexes, tels l’obligation de doubler la puissance des moteurs d'avions afin de permettre l’emport d’un semblant de blindage et d’un armement enfin performant.

Dans un pays où le conformisme était roi, on pouvait douter qu’ils y parviendraient…