jeudi 25 mars 2010

2573 - artisanat industriel

… des trois puissances de l’Axe, l’Italie était sans conteste le parent pauvre.

Sur le papier, l’affaire ne se présentait pourtant pas si mal : l'Armée de Terre avait correctement combattu - quoique sans prouesses particulières - lors de la Première Guerre mondiale; la Marine disposait de bâtiments modernes - comme le cuirassé Littorio - et l'Aviation n'avait cessé d'accumuler les records tout au long des années 1920 et 1930

Mais à lui seul, l’hydravion monoplan Macchi MC-72, qui en 1934 avait pulvérisé le record du monde de vitesse avec 709 kms/h, résumait parfaitement le drame de l’industrie italienne : véritable pièce d’orfèvrerie, son incroyable moteur à 24 cylindres en V avait beau développer près de 3 000 CV, le chasseur italien le plus moderne alors en service – le Fiat CR-32 – était encore un biplan et devait quant à lui se contenter d'un fort modeste V12 de seulement 600 CV, avec lequel il resterait en service jusqu'en 1942 !

Dit autrement, l’industrie italienne était parfaitement en mesure de faire aussi bien que l’Allemagne, le Japon ou encore la Grande-Bretagne,... mais elle ne pouvait quasiment le faire que sur commande spéciale, et à la pièce, et se contentait pour le reste de fabriquer en (petites) séries des engins certes éprouvés mais de plus en plus démodés, comme le CR-42, héritier du précédent mais toujours biplan et apparu en 1938... trois ans après le premier vol du Messerschmitt 109 !

Sous-capitalisées, sous-équipées, les usines italiennes pratiquaient donc une sorte "d’artisanat industriel", qui pouvait encore faire illusion en Temps de Paix, mais trouverait très vite ses limites lorsque la guerre contraindrait les chaînes de montage à monter en cadence et à produire en masse des armements bien plus performants.

En pratique, il fallut d'ailleurs très vite se résoudre à faire appel à l'expertise de l'allié allemand. Ainsi, dès 1939, les plans et quelques exemplaires du Daimler-Benz DB-601 allemand - V-12 de 1 200 CV - avaient été achetés outre-Rhin, afin de motoriser le nouveau chasseur Macchi C-202.

Rebaptisé Ra-1000, ce moteur germano-italien devait être construit sous licence par Alfa-Roméo dans une nouvelle usine ultra-moderne mais dont la productivité s'avéra si décevante qu'il fallut non seulement continuer à importer des DB-601 allemands, mais aussi poursuivre, en parallèle, la fabrication des appareils et des moteurs de la génération précédente...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellent blog...les avions de record italiens dans la Coupe Schneider étaient des machines de course pure, très raffinés mais intransposables en avion de combat, contrairement au Supermarine S6 qui estl'ancètre conceptuel du Spitfire.

Quand on parle de moteur Fiat de 3000 Cv (le chef d'oeuvre du très fascite ingénieur Tranquillo Zerbi....on omet de dire qu'il y a un truc...!

Il s'agit en fait de 2 moteurs V12 de 1500 Cv chacun (puissance enviable mais pas exceptionnelle) savamment accouplés sur une boîte d'engrenages complexe qui entraîne 2 hélices bipales coaxiales et contrarotatives.
De plus c'était un faiseur de veuves, et seuls De Bernardi et Agello, le recordman, réussirent à ne pas se tuer sur cette ferrari volante sublime mais caractérielle qui tua quelques pilotes de l'escadrille de haute performance (et de haute propagande ) voulue par le flamboyant ministre de l'air italien Italo Balbo.

Il y a eu encore plus délirant: Dans la coupe Schneider , Piaggio , faute de moteur puissants avait imaginé de concourir avec un hydravion du....sans le moindre flotteur (et donc sans l'invraisemblable traînée aérodynamique qui va avec ) mais équipé de deux... hydrofoils, une solution d'une ébouriffante modernité (les italiens avec l'ingénieur Forlanini avaient défriché le domaine de l'Hydrofoil bien longtemps avant tabarly, Alain Thébaut ou encore le très rapide mais très caractériel Bras d'or, le chasseur de sous marins futuriste de la marine canadienne)....
Le proifesseur nimbus à l'origine de ce mostre était l'ingénieur Luigi Pegna.
Cette solution découiffante supposait , pour déjauger, une hélice marine embrayée sur l'arrière du moteur (et déconnectable en vol et une hélice bipale (sagement calée à l'horizontale le temps de déjauger sur les patins et de cabrer la machine....

Inutilisable sur un plan d'eau un tant soit peu clapoteux (comme le Solent entre Southampton et l'Ile de Wight) le piaggio Pegna PC7 ne vola jamais,victimes de soucis d'embrayages, même si des modèles réduits construits dans les années 80 - 90 ont validé l'idée de l'ingeniere Pegna.

A la base de ce délire (brièvement testé par Mario de Bernardi) il y avait en effet la faiblesse des moteurs italiens face à la cavalerie anglaise, un obstacle qu'il fallait bien tenter de contourner par une solution farfelue, comme pour la voiture de course Chapparal des années 70, collée au sol par un monstrueux aspirateur et des jupes rasant le bitume...