jeudi 25 février 2010

2545 - Uchronies

… plus que toute autre, la Seconde Guerre mondiale se prête à un nombre infini d’uchronies, où chacun – romancier, essayiste ou même historien – se plaît à imaginer une fin "différente", dans laquelle l’Allemagne et le Japon seraient sorties victorieuses du conflit "si telle décision avait été prise", "si telle erreur n’avait pas été commise" ou encore si "tel événement était survenu à tel moment plutôt qu’à tel autre".

Si Hitler, soulignent-ils, s’était lancé à l’assaut de l’URSS dès le début du mois de mai 1941 - comme il en avait d’ailleurs l’intention - plutôt que de se porter au secours de son allié Mussolini, alors empêtré en Grèce, l’Opération Barbarossa aurait pu être lancée six semaines plus tôt, ce qui aurait permis à la Wehrmacht d’atteindre Moscou avant la venue de l’hiver et – peut-être – de remporter ainsi une victoire décisive à l’Est, en brisant le moral des Soviétiques.

De même, si l’Allemagne nazie, qui le 27 août 1939 avait assisté au premier vol du Heinkel 178, si l’Allemagne nazie avait cru au potentiel du moteur à réaction plutôt que de n’y voir qu’un coûteuse caprice d'ingénieur, ou si Hitler, fin 1943, ne s’était pas entêté à faire du Messerschmitt 262 un bombardier horizontal, la Luftwaffe, affirment-ils, aurait alors pu disposer de plusieurs centaines d’invincibles chasseurs à réaction bien avant que les bombardiers britanniques et américains ne soient en mesure d’incinérer villes et industries allemandes.

De même encore, le cours de la Guerre du Pacifique n’aurait-il pas été complètement différent si les porte-avions américains s’étaient trouvés – comme ils l’auraient d’ailleurs dû – dans la rade de Pearl Harbor au matin du 7 décembre 1941 ? ou si, à Midway, six mois plus tard, les porte-avions japonais étaient quant à eux parvenus – il s’en était fallu de seulement dix minutes ! – à lancer leur deuxième vague d’attaque (1) avant l’arrivée des ultimes bombardiers en piqué américains, qui allaient expédier trois d’entre eux par le fond ?

Avec des "si", dit-on, on peut refaire le Monde, et pourquoi pas la guerre elle-même.

Rien n'est pourtant moins certain...

(1) Saviez-vous que... 666 à 676

5 commentaires:

omen999 a dit...

Les supputations concernant l'influence des jets allemands et des choix d'Hitler dans ce domaine font partie des légendes qui ont vraiment la vie dure.
Les efforts de développement de BMW et de JUMO à compter de l'année 1939 ont été réels et constants dans ce domaine. C'est bien plus la nouveauté, dans un domaine où tout était à défricher, que le manque de moyens qui est à l'origine des retards constatés.
Quant à l'influence d'Hitler et de ses Führerbefehlen, il suffira de relever que la décision d'industrialiser le jumo 004 n'a été prise qu'en juin 1944 et que sa production en nombre significatif n'interviendra qu'à partir de septembre... (je n'ai pas les chiffres sous la main, mais je peux les retrouver)
Comme je l'ai évoqué précédemment dans un autre commentaire, le rôle potentiellement déterminant des jets allemands aurait consisté dans l'emploi d'une poignée de Me 262 de présérie pour des missions de reconnaissance au-dessus des ports alliés en mai et début juin 44 car à cette époque les Fernaufklärungsgruppen étaient aveugles...

Guillaume a dit...

Entièrement d'accord avec les propos d'omen999.

De plus, il était plus important d'arrêter les blindés Russes plutôt que d'obtenir une très hypothétique maîtrise du ciel au dessus du Reich.

C'est une décision stratégique (si tenté qu'elle fut prise) qui n'est donc pas dénuée de sens, bien au contraire.

Frédéric a dit...

La guerre est aussi, et surtout dans les années 1940, une affaire d'hommes politique.

Un autre que Churchill aurait put accepter que la Grande Bretagne accepte la perche lancé par Hitler après la débâcle de mai 1940.

A Berlin, l'Europe, a Londres, le retour au ''splendide isolement'' et à l'Empire...

Les États-Unis n'auraient plus eu de raison valable d'affronter Hitler.

La résistance britannique à la ''clé'' politique essentiel permettant que les USA et l'URSS se retrouvent dans le même camps, si le gouvernement anglais avait baissé les bras, qui sait comment se serait terminé le XXe S.

D'Iberville a dit...

Ce pourquoi d'ailleurs je fixe le point de "non retour" à décembre 1941 : avec l'invasion de l'URSS et l'attaque japonaise contre Pearl Harbour, la guerre était devenue mondiale, et cette guerre-là, l'Axe ne pouvait que la perdre...

Midomar a dit...

Les anglais n'ont pas l'habitude de laisser un pays dominer entièrement l'Europe continentale... et de s'en contenter.

Napoleon peut en témoigner.