mardi 16 février 2010

2536 - "Davon geht die Welt nicht unter..."

…"Davon geht die Welt nicht unter...", chantait Zarah Leander


Et de fait, si l’univers mental de nombre de volontaires étrangers s’est écroulé en même temps que le Troisième Reich, le Monde, lui, n’a pas disparu pour autant et n’a d’ailleurs pas attendu la Chute finale pour se rappeler à leur bon souvenir… et leur demander des comptes.

Dans toute l’Europe libérée, c’est désormais la chasse aux "traîtres", aux "Collaborateurs" et, bien entendu, aux "soldats perdus", c.-à-d. à tous ceux qui ont pris les armes au profit des perdants.

On leur reproche d’avoir endossé un "uniforme étranger",… en oubliant ces Français, Belges, Hollandais, Polonais et tant d'autres, qui en ont fait tout autant en se mettant pour leur part au service de Londres, Washington ou Moscou.

On les accuse d’être des "hors-la-loi",… sans tenir compte du fait qu’ils se sont bien souvent engagés avec le plein accord, et même à la demande expresse, des autorités légales de leur propre pays, autorités dont la légitimité valait bien celle des politiciens ou des "généraux-à-titre-temporaire" alors réfugiés à Londres ou à Moscou.

On les dénonce comme "criminels de guerre", ce qui est parfois vrai mais pas systématique et demanderait tout de même à être démontré en bonne et due forme devant un tribunal … ce qui pourrait cependant s’avérer dangereux puisque chaque camp a en vérité tué, pillé, violé, bombardé et incendié sans vergogne. In fine, dans cette guerre qui a fait 50 millions de morts, accuser quelqu’un d’un crime revient toujours, pour reprendre une célèbre réplique de cinéma, "à dresser des contraventions pour excès de vitesse aux 24 Heures du Mans"…

Seuls des tribunaux siégeant en toute impartialité, et dans des pays neutres, seraient véritablement en mesure de juger des responsabilités, et de déterminer les peines. Mais de tout cela il n’est pas question, surtout dans les premières semaines de l’après-guerre, et particulièrement à l’Est, où l’arrestation d’un "traître" - réel ou non – se traduit presque invariablement par une exécution sommaire, éventuellement précédée d’une séance de torture plus ou moins longue.

En définitive, la meilleure chance de survie des soldats perdus est encore de disparaître dans la Nature, au moins le temps nécessaire pour permettre à la Justice pour retrouver une sérénité normale…

4 commentaires:

Anonyme a dit...

A ceci près que la France, la Belgique, les Pays-Bas se trouvaient toujours en état de guerre avec le Reich en 1941, 42, 43, 44 et 45, aucun traité de paix n'étant intervenu.

Par conséquent, endosser l'uniforme de l'ennemi, qui occupe son propre pays, était effectivement un crime grave, sans comparaison possible avec le fait de continuer la guerre sous l'uniforme d'un pays allié avec pour but de libérer le territoire national d'une occupation étrangère.

Anonyme a dit...

excellente série comme d'habitude.
Je vous lis chaque soir de Nantes en France.
Merci

D'Iberville a dit...

Les choses n'étaient pas aussi simples à l'époque qu'elles le sont aujourd'hui.

A l'époque, il y avait des politiciens, des fonctionnaires, des juges, des policiers, des journalistes etc. pour proposer, voter, appliquer, encenser toutes sortes de lois et règlements favorables à l'Occupant...

Anonyme a dit...

Non, autant j'apprécie votre blog, autant je ne puis être d'accord avec votre positionnement sur la question de ces personnes ayant revêtu l'uniforme de l'ennemi.
Non pas au nom d'une posture morale élaborée en ce début du XXIème siècle, mais au nom de ce qui fut reconnu comme admissible ou pas dès cette époque de l'occupation.

Prendre acte de la défaite militaire, admettre que l'armée d'occupation avait des droits résultant de sa victoire militaire était une chose admise, certes à contrecoeur, par la majorité de la population.

Mais revêtir l'uniforme ennemi était, dès cette époque, et par l'immense majorité des populations française, belge, néerlandaise, etc... considéré comme une infamie, comme le démontre le caractère très minoritaire de ce comportement. Vous l'avez d'ailleurs souligné dans de précédents billets.

Donc, dire que revêtir l'uniforme ennemi était en quelque sorte, le pendant compréhensible, ou explicable, du comportement consistant à endosser celui des Alliés, c'est à mon sens commettre une erreur d'interprétation historique.

Ce n'était pas vécu comme celà, dès les années 1940.