mercredi 2 décembre 2009

2460 - l'exploitation du nationalisme flamand

… par rapport aux Pays-Bas, la Belgique néerlandophone offre, du point de vue allemand, un attrait supplémentaire, puisqu’on y trouve quantités de nationalistes qui, depuis la création de l’État belge un siècle plus tôt, n’ont jamais accepté la domination francophone, et sont donc tout disposés à se mettre au service de celui qui leur promettra et la disparition de la Belgique et la création d’un État flamand indépendant.

Lors de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne a déjà tenté d’exploiter ce ressentiment à son profit (1), en mettant en place une Flamenpolitik visant à germaniser la Belgique, et créant, en février 1917, un "Conseil de Flandre" qui va proclamer l’autonomie de cette région,... que la défaite allemande et l’armistice de novembre 1918 feront néanmoins aussitôt revenir dans le giron de l’État belge unitaire (2).

Ce n’est pourtant que partie remise, puisqu’en octobre 1931, le Verbond der Dietse Nationaal - Solidaristen (Verdinaso ou Dinaso) du député Joris Van Severen reprend le nationalisme flamand à son compte, en y ajoutant une solide dose d’un fascisme désormais dans l’air du temps.

Très vite, et à l’image de tous les mouvements fascistes, le Dinaso va lui aussi se doter d’une section d’assaut – la Dinaso Militie (puis Dinaso Militante Orde (DMO)) – là encore calquée sur la SA allemande.

Alors que l'ascension du Dinaso paraît irrésistible, le déclenchement de la 2ème G.M. va cependant lui porter un coup mortel : arrêté par les autorités belges comme membre d’une prétendue "cinquième colonne", Joris Van Severen est ensuite transféré en France, où des soldats français l’exécutent le 20 mai, 1940 dans des circonstances demeurées assez floues.

Le Dinaso se retrouve donc décapité, mais, la nature ayant horreur du vide, la voie est maintenant toute tracée pour un autre parti nationaliste : le Vlaams Nationaal Verbond (VNV) de Staf De Clercq (3) lequel a remporté près de 15% des suffrages flamands aux élections de 1939, et comptera plus de 100 000 adhérents à la fin de 1942.

Reprenant en gros l’idéologie et les objectifs du Dinaso, mais en y ajoutant un ultra-catholicisme de bon aloi, le VNV va devenir pour les Allemands la "courroie de transmission" idéale, et même la seule lorsqu'un décret de mai 1941 forcera les partis politiques encore "autorisés" (c.-à-d. de facto les seuls partis collaborationnistes) à fusionner avec lui.

Si le VNV a désormais les mains libres pour appliquer les politiques du Reich, nombre de Flamands n’ont pourtant pas attendu son feu vert (et celui de Berlin) pour les appliquer : en septembre 1940, à Antwerpen, Ward Herman et René Lagrou ont jeté les bases de la future SS-Vlaanderen qui, en novembre 1941, compte déjà plus de 1 500 membres…

(1) à l’exception d’une minuscule zone derrière l’Yser, toute la Belgique fut occupée par l’Allemagne durant quatre ans
(2) condamnés pour Haute Trahison, les chefs de ce Conseil de Flandre furent libérés en mars 1929
(3) Staf De Clercq mourut d'un cancer en octobre 1942. Son successeur à la tête du VNV, Hendrik Elias, fut condamné à la prison à vie mais libéré en décembre 1959

1 commentaire:

omen999 a dit...

"Joris Van Severen est ensuite transféré en France, où des soldats français l’exécutent le 20 mai, 1940 dans des circonstances demeurées assez floues"
elles sont au contraire parfaitement connues puisque 58 des 79 "internés administratifs belges" survivront au massacre d'Abbeville. Le principal responsable, le capitaine Marcel Dingeon, architecte mobilisé de la ville d'Abbeville se suicidera en 1941 avant son procès, le lieutenant René Caron et le sergent-chef François Mollet seront quant à eux fusillés en 1942 pour crimes de guerre par un tribunal militaire allemand. Cette exécution, sans doute rédemptive aux yeux de la municipalité, vaudra à l'enfant du pays de voir son nom donné à la rue où s'était déroulé le drame, exemple à ma connaissance unique dans l'histoire de la ww2.
Ironie supplémentaire, parmi les autres victimes figuraient des militants italiens anti-fascistes, un entraineur canadien de hockey, le conducteur du véhicule réquisitionné pour le transport des internés...
Enfin, certains survivants notamment des juifs étrangers (non belges) seront finalement mis à l'abri dans des camps de concentration en Allemagne