jeudi 14 mai 2009

2258 - à quoi bon ?

... seule la volonté hitlérienne de "restaurer la grandeur de l'Allemagne" et de "venger l'humiliation de Versailles" peut expliquer pourquoi le régime nazi, dans la seconde moitié des années 1930, va dépenser une véritable fortune pour refabriquer, quasiment à l'identique, le légendaire "Wilhelm Geschütz" (ou "Canon de Paris") de 1917,... alors-même que le dit régime dispose déjà d'une aviation de bombardement capable de délivrer beaucoup plus d'explosifs à une bien plus grande distance !

Bien sûr, par rapport à son ancêtre, le nouveau "K-12", également dû à Krupp, est une meilleure arme, en particulier dans le domaine du transport. Si le "Canon de Paris" ne pouvait voyager qu'en pièces détachées avant d'être laborieusement remonté sur un affût spécial installé sur un site tout aussi laborieusement préparé, le K-12 peut quant à lui se déplacer en un seul morceau, sur son propre berceau soutenu par deux bogies ferroviaires, et même tirer depuis celui-ci.

A lui seul, le tube est déjà une merveille d'ingénierie, puisqu'il se passe désormais de haubanage malgré sa longueur de 33 mètres, inférieure de seulement trois mètres à celle de son prédécesseur. Mais c'est son articulation sur le berceau qui s'avère la plus fascinante. Pour lui donner une élévation allant jusqu'à 55 degrés, les ingénieurs de Krupp, après plusieurs tâtonnements, ont en effet imaginé un mécanisme hydraulique qui, une fois la pièce arrivée à l'endroit voulu, élève le berceau du canon au dessus de ses deux bogies (1)

Le problème, c'est qu'en dépit de toutes ces prouesses, et malgré les 20 années de progrès techniques qui les séparent, le K-12, dont le premier exemplaire est livré en 1939, ne fait pas mieux, au chapitre des performances que le Wilhelm Geschütz de 1917. Et même plutôt moins bien puisque son projectile - qui est toujours un pauvre 210mm d'une centaine de kilos seulement - ne parvient pas à égaler les portées records de son prédécesseur : bien qu'il jaillisse lui aussi du tube à plus de 1 500 mètres/seconde, l'obus porte à peine à plus de 100 kilomètres.

Construit à deux exemplaires seulement, le K-12 ne constitue donc, au mieux, qu'une arme de Propagande pour le Reich et, au pire qu'un gâchis monumental,... surtout si l'on considère que, durant toute la guerre, ces deux pièces de 300 tonnes, installées le long des côtes de la Manche, ne tireront qu'une centaine d'obus (!) vers l'Angleterre, sans le moindre effet notable...

(1) dépourvue de ce mécanisme, la première version du K-12 imposait de creuser une fosse en dessous du berceau afin de garantir une garde au sol suffisante à la culasse.

1 commentaire:

omen999 a dit...

"A lui seul, le tube est déjà une merveille d'ingénierie, puisqu'il se passe désormais de haubanage"
bin non, le haubanage existe toujours mais il a été conçu avec tellement de soin qu'il est devenu extrèmement discret. (on le distingue sur une des photos de votre article et il existe d'autres photos du k-12 où il est clairement visible)
par ailleurs et pour revenir sur le choix des obus à ceinture d'acier "pré-rainuré" pour les canons à très longue portée, la raison de celui-ci tenait au fait qu'une ceinture traditionnelle en cuivre faisait "déraper" l'obus qui ne prenait plus les rayures sous l'effet de la pression excessive de la chambre
c'est pourquoi les français avaient envisagé des obus à ceintures multiples pour leur TLP, manifestement en vain...
ce n'est pas par hasard si l'ami Bull avait retenu une âme lisse pour son projet de super-canon