mardi 10 février 2009

2165 - exaspération

... du point de vue du soldat allemand combattant en Normandie - le seul point de vue qui nous intéresse ici - ces nouvelles "armes miracles" qui, du fait de leur imprécision, ne peuvent frapper que des grandes villes à l'exclusion de tout objectif militaire, ces "armes miracles" n'offrent strictement aucun intérêt.

Contrairement aux renforts de Panzers, les V1 et V2 ne le soulagent en effet du poids d'aucun navire, d'aucun tank ni d'aucun soldat allié.

Tout au plus l'interception des V1 mobilise-t-elle quelques centaines d'artilleurs et de canons de DCA, ainsi que quelques dizaines de pilotes et d'avions de chasse, que les dits Alliés pourraient utiliser ailleurs, et notamment en Normandie.

Quant aux V2, le fait qu'ils volent à plusieurs fois la vitesse du son les rend impossibles à intercepter,... ce qui ne mobilise donc aucune défense.

De toute manière, en cette fin de printemps 1944, il faut à Hitler une solide dose de naïveté, ou de désespoir, pour s'imaginer que ces fusées vont à elles seules renverser le cours de la guerre et forcer une Angleterre qui vient de débarquer en Normandie à désormais accepter une paix séparée...

Les Britanniques s'en irritent néanmoins. Pour eux, "C'était une arme perfide et lâche parce que ce moyen de destruction agissait sans le moindre combat. Il n'y avait à bord aucun pilote pour risquer sa vie" (1)

En juillet, l'exaspération de Churchill est même telle qu'il se reprend à envisager l'utilisation des gaz de combat, dont il avait par ailleurs été un chaud partisan lors des révoltes irakiennes de 1919 (2)

"[Churchill] était prêt, en réponse, à intimider l'ennemi au moyen d'attaques au gaz de grande envergure si une telle politique assurait la victoire. Des officiers supérieurs de l'armée de l'air, même Portal, préconisèrent la modération. "Ces satanées fusées idiotes", comme les nommait Harris, provoquaient moins de dégâts qu'une seule mission du Bomber Command contre n'importe quelle ville allemande. Churchill ne se laissa pas démonter, quelques escadres s'entraînaient déjà prudemment à opérer avec du gaz. Le maréchal de l'air Tedder, fit valoir ses objections (...) il ne voyait pas l'avantage qu'il y aurait à employer les gaz peu de temps avant l'entrée des armées alliées en territoire allemand" (3)

(1) ibid, page 119
(2) "Je ne comprends pas ces réticences à l'emploi du gaz [en Irak]. Je suis fortement en faveur de l'utilisation du gaz toxique contre les tribus barbares... L'effet moral sera bon. On diffusera une terreur vivace"

(3) ibid, page 119

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Petite correction : le V2 n'était pas supersonique, et encore moins multisonique, une prouesse difficile à réaliser encore aujourd'hui. Ce qui rendait son interception difficile était tout bêtement sa trajectoire balistique. D'une part son arrivée "en chute" est beaucoup moins aisée à intercepter pour la DCA et les chasseurs qu'une trajectoire "horizontale" de V1, d'autre part, cette chute terminale augmente d'autant la vitesse du missile.

D'Iberville a dit...

J'ai le regret de vous signaler que vous faites erreur : le V2, comme la plupart des missiles actuels, etait bel et bien supersonique

http://fr.wikipedia.org/wiki/V2_(missile)
http://www.v2rocket.com/start/makeup/design.html

Anonyme a dit...

Au temps pour moi, le V2 était bien supersonique en phase terminale. Mais bisonique, ce serait extrêmement surprenant.
Pour info, la plupart des missiles de croisière actuels (Tomahawk, exocet) sont bien sagement subsoniques. Ils sont "lents" car leur cible est loin: Mach1, ça pompe ! de même, la plupart des missiles air-air ne sont rapide que parce qu'ils sont tirés depuis une plate-forme elle-même rapide (ils gagnent en vitesse assez progressivement).
En revanche, les missiles d'interception sol-air sont tous supersoniques. D'ailleurs celui que je vends fait mach3.