... quels que soient les matériels dont on dispose et les stratégies qu'on se propose de mettre en oeuvre, il faut de toute manière entraîner les hommes - et en particulier les fantassins - à la tâche qui les attend,.. ce qui est loin d'être évident.
Dès l'automne 1943, Britanniques, Canadiens et Américains organisent donc des exercices visant à débarquer sur des plages hostiles et à neutraliser des fortifications bétonnées. Et les résultats sont loin d'être encourageants : manque de coordination entre les différents corps de bataille, indiscipline des troupes, faiblesse du commandement,... tout contribue à transformer ces exercices en vastes revues de tout ce qui risque de mal tourner lors du débarquement réel.
Comme le souligne l'aide de camp d'Eisenhower : "L'absence de coriacité et de vivacité des jeunes officiers américains (...) m'inquiète. Ils ont l'air de considérer la guerre comme une grande manoeuvre dans laquelle ils prendront du bon temps (...) Beaucoup de colonels m'ont aussi fait souffrir. Ils sont gras, gris et vieux. (...) Je me souviens qu'en pleine aube, dans une mer calme, notre LCI voguant tranquillement a eu sa proue presque emportée par une péniche (...) nous ne l'avons évitée que de quelques centimètres alors qu'il faisait plein jour. (...) Tout au long de l'hiver, chaque manoeuvre amphibie alla plus mal que la dernière : au lieu de faire des progrès, on paraissait, au contraire, reculer de plus en plus" (1)
Et pour couronner le tout, il y a les accidents - certains exercices s'effectuent à balles réelles - et même des attaques allemandes : le 28 avril 1944, des vedettes lance-torpilles en maraude parviennent ainsi à percer l'écran dressé par les destroyers qui protègent l'exercice Tiger, et à envoyer par le fond deux LST chargés de troupes. Plus de 600 soldats américains, qui s'entraînaient pour le débarquement à Utah Beach, meurent par noyade.
Pour ne pas démoraliser leurs camarades, et leurs familles au pays, la censure s'empare immédiatement de l'affaire. Les corps de ces infortunés sont discrètement repêchés un à un, puis tout aussi discrètement enterrés au bulldozer dans le Devon,... avant d'être imputés, cinq semaines plus tard, au bilan du véritable débarquement sur Utah Beach qui, paradoxalement, se révélera moins meurtrier que l'exercice qui l'a précédé...
(1) Wieviorka, pages 146-147
Dès l'automne 1943, Britanniques, Canadiens et Américains organisent donc des exercices visant à débarquer sur des plages hostiles et à neutraliser des fortifications bétonnées. Et les résultats sont loin d'être encourageants : manque de coordination entre les différents corps de bataille, indiscipline des troupes, faiblesse du commandement,... tout contribue à transformer ces exercices en vastes revues de tout ce qui risque de mal tourner lors du débarquement réel.
Comme le souligne l'aide de camp d'Eisenhower : "L'absence de coriacité et de vivacité des jeunes officiers américains (...) m'inquiète. Ils ont l'air de considérer la guerre comme une grande manoeuvre dans laquelle ils prendront du bon temps (...) Beaucoup de colonels m'ont aussi fait souffrir. Ils sont gras, gris et vieux. (...) Je me souviens qu'en pleine aube, dans une mer calme, notre LCI voguant tranquillement a eu sa proue presque emportée par une péniche (...) nous ne l'avons évitée que de quelques centimètres alors qu'il faisait plein jour. (...) Tout au long de l'hiver, chaque manoeuvre amphibie alla plus mal que la dernière : au lieu de faire des progrès, on paraissait, au contraire, reculer de plus en plus" (1)
Et pour couronner le tout, il y a les accidents - certains exercices s'effectuent à balles réelles - et même des attaques allemandes : le 28 avril 1944, des vedettes lance-torpilles en maraude parviennent ainsi à percer l'écran dressé par les destroyers qui protègent l'exercice Tiger, et à envoyer par le fond deux LST chargés de troupes. Plus de 600 soldats américains, qui s'entraînaient pour le débarquement à Utah Beach, meurent par noyade.
Pour ne pas démoraliser leurs camarades, et leurs familles au pays, la censure s'empare immédiatement de l'affaire. Les corps de ces infortunés sont discrètement repêchés un à un, puis tout aussi discrètement enterrés au bulldozer dans le Devon,... avant d'être imputés, cinq semaines plus tard, au bilan du véritable débarquement sur Utah Beach qui, paradoxalement, se révélera moins meurtrier que l'exercice qui l'a précédé...
(1) Wieviorka, pages 146-147
1 commentaire:
le pire est que parmi les cadavres anglais il y avait ceux d'officiers dont certains étaient porteurs de plans (partiels mais interprétables) du débarquement...
Eisenhower craignait que les cadavres en question aient pu être repêchés par les équipages des scnellbooten allemands (qui avaienty tourné en rond dans la baie après leur attaque)...il fallut se livrer à une vaste pêche aux cadavres dans la baie de Lympne et ce n'est que tous les cadavres furent enfin repêchés avec leurs plans que le feu vert fut donné pour continuer "Overlord" (Jean françois Deniau in Le bureau des secrets perdus)
Publier un commentaire