samedi 20 septembre 2008

2022 - "tout ce que nous avons finalement eu était une baleine échouée"

... le 22 janvier 1944, Britanniques et Américains débarquent donc à Anzio et Nettuno, sur les arrières de la Ligne Gustav,... sans rencontrer la moindre résistance allemande.

Mais loin de rassurer le général Lucas, cette incroyable absence de résistance, et à vrai dire de tout soldat allemand, le convainc au contraire qu'il est tombé dans un piège, dont les mâchoires mortelles peuvent se refermer sur lui d'un instant à l'autre.

Alors, au lieu de marcher sur Rome, Britanniques et Américains se contentent de faire débarquer leur matériel et de creuser des tranchées. En une semaine, ils ne progressent que de dix kilomètres vers l'intérieur des terres.

Les Allemands n'en demandaient pas tant : bien que totalement surpris par cette manoeuvre, Kesselring réagit à nouveau avec la vitesse d'un train express : en trois jours, les troupes alliées se retrouvent encerclées par trois divisions allemandes, et pilonnées sans relâche par de l'artillerie à longue portée, dont les célèbres Anzio Annie de 280mm, que l'Aviation alliée, malgré tous ses efforts, ne parviendra jamais à détruire.

Pour les Allemands, qui contemplent le site du débarquement depuis les collines avoisinantes, Anzio va alors devenir, et pendant quatre mois, le plus grand camp de prisonniers de guerre alliés en Europe. Un camp dont ils n'ont certes pas les moyens de s'emparer, mais dont ils ne doivent du moins nullement se préoccuper de l'intendance, puisque ce sont les Alliés eux-mêmes qui y pourvoient !

Le jugement de Churchill sera moins ironique mais beaucoup plus lapidaire : "J'avais espéré que nous ayons lancé un chat sauvage sur le rivage, mais tout ce que nous avons finalement eu était une baleine échouée"...

(1) il s'agissait de canons de type K5 sur voie ferrée, tirant un projectile de 280mm et de 250 kg à une distance maximale de 60 kms, à raison de 12 coups par heure. En juin 1944, les Américains s'emparèrent de ces canons que les Allemands, qui ne pouvaient les emporter dans leur retraite, avaient sabotés. Expédiés aux USA, leurs pièces servirent à reconstruire un canon complet, aujourd'hui exposé à l'Aberdeen Proving Ground, dans le Maryland.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, excellente lecture que ce blog, l'attitude du Général Lucas a été une des grosses déceptions de Churchill, qui espérait bien mener "sa guerre" sans trop dépendre des américains le problème c'est que Lucas était obsédé par le souvenir du débarquement de Gallipoli et du fiasco des Dardannelles durant la gurre de 14-18 (un fiasco qui avait d'ailleurs coûté son poste de ministre à Churchill).

D'après le bouquin de Jean François Deniau "le bureau des secrets perdus" , Churchill savait pertinemment que les troupes allemandes n'étaient pas encore prêtes à repousser le débarquement, grâce aux interceptions Ultrasecrètes Enigma et que Lucas avait une fenêtre d'opportunité d'une petite semaine pour foncer vers Rome et/ou prendre les allemands à revers dans le sud....seulement , il n'osa pas éventer le secret des décodages d'Enigma car il y avait encore plus à perdre sur ce plan là, notamment sur le front de la bataile de l'Atlantique si les allemands changeaient leurs procédures de codage secrets.