... "La guerre continue !", s'exclame virilememt le maréchal Pietro Badoglio dès sa nomination au poste de Chef de l'État suite à l'arrestation de Benito Mussolini.Il importe en effet de donner rapidement des gages à l'encombrant allié allemand, fort inquiet de l'évolution de la situation en Italie.
Mais en réalité, Badoglio, son nouveau gouvernement, et la Maison de Savoie, multiplient déjà les contacts avec les Alliés occidentaux dans le but d'arracher un armistice, suivi d'un éventuel retournement d'alliance.
Pour eux, et il faut bien le dire pour une bonne partie des soldats et des citoyens italiens, il est en effet clair que la guerre est perdue et que la seule chose qui importe dorénavant est de sauver ce qui peut encore l'être,... en commençant par leur propre peaux, leurs positions et privilèges.
Pour Londres et Washington, la chute de Mussolini, suivie d'un probable désengagement des forces armées italiennes, constitue assurément une bonne nouvelle.
Le problème, c'est qu'ils ne disposent pas encore des moyens militaires qui leur permettraient de débarquer et d'occuper directement l'Italie continentale, et aussi - et peut-être surtout - qu'il leur est bien difficile de comprendre la logique et les véritables intentions de Rome, qui multiplie autant les tergiversations que les émissaires... dont personne ne sait s'ils sont réellement habilités à négocier.
Les Italiens, qui craignent - non sans raison - de voir débouler les Panzers sitôt la nouvelle de l'armistice parvenue aux oreilles de Hitler, réclament en effet des garanties, et en particulier un débarquement massif des forces anglo-américaines en Italie, ainsi que l'envoi de milliers de parachutistes à Rome sitôt leur signature apposée sur le document d'armistice.
S'ensuivent alors des semaines de tractations dans la plus pure tradition de la comedia dell'arte. Pour finir, le 3 septembre 1943, le général Castellano accepte enfin d'apposer sa signature...
1 commentaire:
Badoglio, ou le traitre que tout le monde aime détester...
Les résistants d'italie du nord (sous domination de la RSI ) tenaient les montagnes tandis que les fascistes paradaient dans les villes et lançaient des expéditions punitives et que des bandits de droit commun opportunistes prospéraient dans le no mans'land entre les deux camps....
Un des chefsde la Résistance , un brave jeune homme piémontais, géomètre de son état , Benvenuto (Nuto) Revelli, décoré pour ses exploits guerriers sur le front russe avec l 'ARMIR, le corps expéditionnaire italien en russie (Il était chasseur alpin, une troupe d'élite qui fut fort mal employée...en plus d'être habillée avec des uniformes en laine viscose artificielle pas vraiment confortable sous ces climats) et qui passa à la résistance antifasciste (et sera dûment décoré pour cela en 1945 d'une seconde médaille d'argent pour valeur militaire!!!) a composé une chanson intitulée la Badoglieide (l ' épopée de Badoglio, en référence à l'Eneide de Virgile) ....
Drôle autant que grossière (c'est un détournement d'une chanson d'étudiants toscans - et les toscans ont la réputation de jurer et de blasphémer à tout bout de champ!!!!)
La Badoglieide dénonce les liens de Badoglio avec Mussolini (dès les années 20), ses cafouillages militaires,son implication dans le coup de poignard dansle dos donné en 1940 à la France (la foireuse campagne des Alpes) son retournement de veste (Il démissionna après la sanglante et pitoyable campagne de Grèce et se retira dans son village natal de Grazano en se posant comme recours pour l'après Mussolini), sa reprise en main de l'Italie du sud en s'appuyant sur des miliciens fascistes à peine repentis (Comme le Général Enrico Adami Rossi , qui fit tirer sur les grévistes et livra Milan clefs en mains à Kesselring)...et finit (ô optimisme !) en annonçant triomphalement que des temps nouveaux vont arriver, que le peuple n'est plus assez bête pour se laisser berner et que les vieilles badernes comme Badoglio seront rejetées aux poubelles de l'Histoire ....
Au passage le Roi Victor Emmanuel III - Cul et Chemise avec Badoglio et organisateur de la révolution de palais qui destitua Mussolini- en prend aussi pour son grade....
Le plus étonnant de l'affaire c'est que cette chanson saignante et satirique , violemment engagée à gauche était aussi chantée par les fascistes pur jus de la république de Salo (qui avaient quand même changé quelques paroles qui ne leur plaisaient pas ) ...Les miliciens de la république d'opérette italo allemande de Salo étaient pourtant lancés dans des combats impitoyables et sanglants contre les partisans (Communistes, Garibaldiens , Socialistes ou "actionnistes" -le parti de Ferruccio Parri...démocrates Chrétiens menés par Enrico Mattei (le futur condottiere du pétrole)-à l'époque ils n'étaient pas encore des corrompus)...
Bref Badoglio était vomi par les forces agissantes de l'Italie (aux deux extrèmes de l'échiquier politique) et pas vraiment soutenu par la majorité silencieuse qui le considérait comme la marionnette des alliés, ou comme un couard dépssé parles évènements qu'il feignait d'organiser...il fut d'ailleurs assez vite remplacé par un politicien civil modéré et consensuel, Ivanoe Bonomi
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