samedi 2 février 2008

1791 - l'affaire de Bad Reichenhall

... à elle seule, l'affaire de Bad Reichenhall résume les limites du Droit dans les conflits armés, tout autant que la relativité des prétentions à la supériorité morale des vainqueurs sur les vaincus.

Le 8 mai 1945, douze survivants de la Charlemagne sont capturés (1) à Bad Reichenhall (Bavière) par les hommes de la 2ème Division Blindée française.

A ce moment, la signature officielle de la capitulation n'est plus qu'une question d'heures, mais l'affaire paraît suffisamment grave pour précipiter la venue du général Leclerc, commandant de la 2ème DB

Les prisonniers sont amenés devant Leclerc qui, en guise de préambule, les invective en leur demandant pourquoi ils portent un uniforme allemand. Du tac au tac, un des prisonniers lui demande alors pourquoi il porte, lui, un uniforme américain.

La saillie ulcère Leclerc, qui ordonne immédiatement qu'ils soient fusillés sans jugement, et même, selon certains, qu'ils soient fusillés dans le dos.

Ceux-ci sont alors conduits à l'écart, et fusillés par un peloton improvisé à la va-vite. Plusieurs d'entre eux tombent sous les balles en criant "Vive la France"...

(1) une autre version soutient qu'ils se seraient rendus aux Américains, lesquels les auraient ensuite livrés aux Français; une autre encore qu'ils auraient échappé à la surveillance des Américains mais auraient été repris par les Français

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, compliments pour le blog.
Concernant l'affaire de Bad Reichenall, il faut probablement contextualiser:

Leclerc, fou furieux de l'insolence de ces soldats perdus du nazisme (qui ont perdu une belle occasion de se taire) ordonne à ses subordonnés : "débarrassez moi de ces gens là" ce qui est probablement pour lui synonyme de 12 balles dans la peau mais pas si formellement précis que "fusillez les".

Les troupes qu'il commande (le Régiment de marche du tchad parfois connu en espagnol sous le nom de "la nueve") ne sont pas des perdreaux du jour : Ce sont des troupes coloniales tchadiennes (pas vraiment des intellectuels raffinés) et l'encadrement est assuré par des réfugiés anarchistes espagnols qui ont mis leur refus d'obéissance entre parenthèse pour servir (avec zèle et efficacité) la cause de l'anti-nazisme et ont probablement le sentiment , en cette toute fin du guerre d'avoir une ultime occasion de venger les atrocités que les catholiques et les troupes coloniales de Franco (bénies par l'archevèque Gomas y Tomas, Cf le livre de Bernanos "les grands cimetières sous la lune)ont fait subir aux Républicains , communistes, anarchistes du camp républicain dans l'atroce guerre civile espagnole.

Les fascistes français de la Charlemagne cristallisent tout ce qu'un "anar" espagnol peut détester (et en particulier l'engagement des partis d'extrême droite français et des cagoulards ) au service de Franco, d'où leur interprétation maximaliste de l'ordre de Leclerc.